Chapitre 6

3169 Words
– Oh ! Lepage !… Silence ! Malheureux !… – Comment, silence ! C’est maintenant que la chose devient intéressante… – Pourquoi me forcez-vous à écouter de pareilles choses que je ne dois pas connaître, Lepage !… Qui ne regardent que vous, Lepage ! – Ah ! Vraiment ! Vous croyez qu’elles ne regardent que moi ?… Eh bien ! mon cher directeur, je me charge de vous guérir de cette fâcheuse erreur ! On n’avait pas plutôt constaté le suicide de Didier qu’une lettre anonyme arrivait au parquet affirmant qu’il y avait eu assassinat. Et CostaRica était dénoncé comme l’auteur… On interrogea cet homme… On trouva immédiatement les preuves flagrantes de son innocence, un alibi incontestable, on ne l’inquiéta même pas… Heureusement pour vous, monsieur le directeur ! – Comment, heureusement pour moi ! répéta terriblement anxieux, Eustache Grimm… Qu’ai-je à faire dans tout ceci, moi ?… – Je dis heureusement pour vous, parce que si Costa-Rica avait été convaincu du crime, il n’eût pas hésité à montrer, pour se trouver des circonstances atténuantes, les deux lettres qu’il avait reçues et qui l’avaient conduit, comme par la main, à l’assassinat ! On n’eût pas tardé à découvrir que la lettre de rendez-vous n’avait pas été écrite par Didier, puisque Didier connaissait à peine la Mouna, ne l’ayant vue que de temps à autre, aux courses, le dimanche, aux côtés de Costa-Rica, book-maker du Pavillon à qui Didier confiait parfois d’assez gros paris… mais Didier n’avait jamais été l’amant de la Mouna et ne pouvait lui donner rendez-vous… – Après ?… – Après, on eût voulu savoir qui avait intérêt à exciter la jalousie bien connue de Costa-Rica et à s’en faire l’instrument d’un crime… On eût voulu savoir qui avait écrit la fausse lettre Didier… – On eût peut-être découvert que c’était vous !… – On n’eût rien découvert du tout pour cette lettre-là ; malheureusement pour vous, il y avait l’autre, la lettre d’avertissement, la lettre anonyme… – Toujours écrite par vous misérable ! – Oui… toujours écrite par moi… Mais voyez la malheureuse, la triste, la regrettable coïncidence… Écrite par moi sur du papier de votre bureau, monsieur le directeur ! – De mon bureau ! – Oui, vous avez du papier spécial, fait pour vous et qu’on ne trouve que chez vous, monsieur le directeur ! Entendez-moi bien ! – Oh ! je vous entends ! Je vous entends, râla Eustache Grimm, mais que prouve contre moi ce papier que vous m’avez volé ? – Il ne prouverait pas évidemment grand-chose, reprit Lepage, si, par une autre regrettable coïncidence, la lettre anonyme, mon cher directeur, qui est écrit sur votre papier, n’était également… de votre écriture ! Eustache Grimm d’abord crut qu’il comprenait mal, et on l’entendit souffler bruyamment. Puis la vérité de la terrible situation dut envahir tout à coup son cerveau congestionné, car il se précipita comme un fou sur Lepage, les mains en avant, les doigts crochus… Mais son ventre l’arrêta dans son élan, et, du reste, le bureau était une suffisante barrière entre M. le directeur et M. l’employé. Celui-ci, impassible, continuait : – Vous comprenez, monsieur le directeur, qu’avec le joli talent dont je dispose, il ne m’est pas plus difficile d’imiter votre écriture que celle de Didier… Que dis-je, imiter ?… faire de votre écriture !… La preuve, la voilà ! Et, prenant sur le bureau du directeur la plume du directeur, il écrivit sur le papier du directeur, avec l’écriture du directeur, ces mots : « M. Lepage est le plus honnête, le plus travailleur, le plus ponctuel des employés. C’est l’employé modèle. Il mérite une gratification. Je la fixe à cinquante mille francs. C’est pour rien ! » Eustache Grimm regardait son écriture s’allonger sur le papier. Il ouvrait de petits yeux énormes. Rien n’y manquait, ni la boucle affable des fins de mots, ni la barre un peu molle des t, ni la façon d’accentuer, ni rien ! Il n’en fallait pas davantage à un expert pour envoyer un homme à la Guyane ou à l’Abbaye-de-Monte-à-Regret. – Enfin, soyez heureux, monsieur le directeur, acheva Lepage, que je n’aie pas signé la lettre en question, car il n’y a pas une signature au monde que je possède aussi bien que la vôtre !… Et il signa, de la signature d’Eustache Grimm. Eustache Grimm n’en pouvait pas supporter davantage. Il allait certainement rouler sur le parquet quand la porte de son bureau s’ouvrit et l’huissier annonça : – M. le comte de Teramo-Girgenti ! OÙ IL EST PROUVÉ QUE PHILIBERT WAT A BON CŒUR Si, après avoir quitté le boulevard Saint-Germain, vous longez cette partie de la rue Saint-Dominique qui va de la rue de Bellechasse à la rue de Bourgogne, vous ne tardez pas à trouver sur votre droite une guérite décorée aux couleurs nationales et dans laquelle se tient un pioupiou baïonnette au canon. Guérite et pioupiou sont chargés de veiller sur la sécurité d’une vaste cour au fond de laquelle s’élève une bâtisse de pierres de taille, de ce style que l’on pourrait appeler « ministériel ». Cette bâtisse est la demeure du ministre de la guerre. Quand on pénètre dans les bureaux de l’état-major, on est tout de suite impressionné par l’ombre et le silence des couloirs, par l’odeur un peu fade qui se dégage des murs. Nul bruit de sabre qui traîne, d’éperon qui sonne. Là, quand un officier passe, on s’aperçoit qu’il n’est armé que d’une plume. Il y a des gens stupides, qui ne peuvent voir un officier dans un bureau sans dire, par exemple, s’il est colonel : « Pourquoi n’est-il pas à la tête de son régiment ? » ou bien, s’il est général : « Voilà un beau général qui ferait bien à la tête de sa division ! » Eh bien ! Et le service intérieur ? Et les comités ? Et les commissions techniques ? Et les commissions d’études ? Et les commissions de perfectionnement ? Il en faut ! Il en faut ! L’armée ne passe pas tout son temps à se battre, heureusement ! Elle mange, et il lui faut des gamelles ; elle s’habille, et il lui faut des vêtements ; elle se couche, et il lui faut des lits, des lits militaires ! Certes ! Là comme partout ailleurs, on y trouve des brebis galeuses, mais je connais, moi, des officiers d’état-major, qui sont l’honneur de l’armée française. Cependant ce jour-là – le jour où nous pénétrons dans les bureaux de la guerre – ce brigand de Régine était en train de vendre une décoration – car la vente des décorations n’a pas été, comme on pourrait le croire, une invention de la troisième république – et écoutait les doléances de Mme Demouzin. Écoutait-il vraiment la bonne dame ? La tête dans les mains, les coudes sur son bureau, était-ce là attitude de profonde et silencieuse attention, ou simplement de fatigue et de prostration ? Mme Demouzin agitait, assez perplexe, les plumes en points d’interrogation de son extravagant chapeau, et disait : – Je sais, mon cher colonel, je sais le malheur qui vous frappe, et soyez persuadé que nulle plus que moi n’y prend part… Ces pauvres petites… elles étaient si mignonnes… Oh ! elles le sont encore, cher colonel. Il n’est point possible que… Enfin… Vous les retrouverez… Le ciel ne voudra pas !… Avec le pouvoir dont vous disposez… avec la police… avec vos amis, vous les retrouverez… L’ex-colonel, sans lever la tête, arrêta la bonne dame au milieu de ses protestations : – Vous avez voulu absolument me parler de l’affaire Maupin de la Jeannotière, madame Demouzin ; je vous prie, dites-moi vite… vite où nous en sommes… Mme Demouzin fut empêchée de dire un seul mot par l’entrée de l’huissier, derrière lequel on apercevait Philibert Wat. – Ah ! Vous voilà, monsieur Philibert Wat !… L’huissier disparut ; Régine, toujours affalé à son bureau, ne fit pas un mouvement. La mère Demouzin : – Je suis bien aise de vous voir ici, car il faut en finir avec l’affaire Maupin de la Jeannotière… Il a remis soixante mille francs au Chemin de fer, m’a-t-il dit… et s’il n’est point décoré… – Madame Demouzin, interrompit Philibert Wat, vous avez une fâcheuse habitude. – Laquelle, je vous prie ? – Celle de confondre les questions. Si M. Maupin de la Jeannotière est un jour décoré, veuillez croire que ce ne sera point parce qu’il a remis soixante mille francs au Chemin de fer, qui ne vend point de cette marchandise-là. Le Chemin de fer vend de la publicité, comme tout honnête journal qui se respecte. M. Maupin de la Jeannotière est libre de la réclame qu’il juge nécessaire à son commerce ! Et pour le prix qu’il lui plaît ! Inventeur d’une ceinture cartouchière qui présente des avantages indéniables pour le chasseur… – Et pour le soldat, s’écria Mme Demouzin, ne l’oublions pas ! – Justement, et pour le soldat !… Si M. Maupin de la Jeannotière est décoré, il le sera uniquement pour avoir doté l’armée d’une nouvelle ceinture de guerre. Mais encore faut-il que le modèle de cette ceinture cartouchière ait été adopté, ce qui fatalement doit entraîner encore certains frais… C’est cela, madame Demouzin, qu’il faut lui faire comprendre à cet homme… et quand il aura compris, eh bien ! vous viendrez me retrouver… Et Philibert Wat reconduisit Mme Demouzin jusque dans le corridor avec beaucoup moins de brutalité que ne l’aurait fait un Sinnamari. Quand il revint, débarrassé de la vieille, il ouvrit ses bras à Régine qui s’y laissa aller en pleurant, et Philibert Wat pleura avec lui… Oui, Philibert Wat pleurait. Les larmes du gendre du président du conseil ! – Rien encore ? demanda Régine. – Rien ! répondit Philibert Wat. C’était une chose surprenante que ces deux hommes qui pleuraient comme des enfants. Quelle douleur commune pouvait ainsi les unir, eux dont l’amitié semblait n’être faite que de l’indivision de leurs crimes ? Le colonel était retombé sur son fauteuil. – Alice ! Renée ! répétait-il avec un tel accent de désespoir qu’on eût dit qu’en dehors de ces deux noms rien n’attachait plus cet homme à la vie !… Si poignante que soit la douleur de Régine, celle de Philibert Wat, pour plus retenue, en paraît plus grande encore ! Est-ce là vraiment une douleur d’ami ? Et pourtant c’était ainsi ! Philibert Wat pleurait les enfants disparus de son ami, comme s’il avait été le principal intéressé de cette sinistre aventure ! Philibert Wat avait donc un bon cœur ? Mauvais esprit, bon cœur ! Il y a des crapules qui pleurent si facilement, mon Dieu ! – Je suis allé partout, dit Wat. J’ai mis la France policière sens dessus dessous. Tous les commissaires ne s’occupent que de la disparition d’Alice et de Renée ! Les pauvres petites ! J’ai reçu ce matin un mot d’Eustache Grimm me disant que, de son côté, il avait fait l’impossible… Aux EnfantsTrouvés, rien !… – Si on ne les retrouve pas, fit Régine, j’en mourrai ! – Et moi aussi, déclara Philibert Wat. Chose singulière. Philibert Wat paraissait sincère. Chose plus singulière encore, le colonel ne s’étonna point de la sincérité de Philibert Wat. Et, tout à coup, la douleur du colonel se fit furieuse : – Mais enfin ! Qu’est-ce que je lui ai fait, qu’est-ce qu’il me veut, ce R. C. ? Pourquoi suis-je marqué comme un débiteur sur les livres ? Le roi des Catacombes ! Ah ! Que ne l’ai-je étranglé l’autre nuit ! – Le coup vient-il vraiment de lui ? demanda Wat. – Comment en douter ? Cette feuille qu’on me laisse entre les mains pendant qu’on me vole les petites… Cette feuille sur laquelle il n’y a que deux initiales, R. C., ne nous renseigne-t-elle point suffisamment ?… – En ce cas, répliqua lugubrement Philibert Wat, nous n’avons plus qu’un espoir… Et je le mets tout entier dans Teramo-Girgenti !… – Teramo-Girgenti ! Vous êtes tous à me parler de votre Teramo-Girgenti… Je ne l’ai jamais vu, moi ! – Et moi, je ne l’ai pas revu depuis que j’ai appris la disparition d’Alice et de Renée… Il doit être en voyage… c’est ce qu’on m’a dit à son hôtel ; il doit revenir incessamment… Je passe chez lui dix fois parjour !… – Et votre Teramo-Girgenti connaît bien ce roi des Catacombes ? – Il a été autrefois son prisonnier. – Et comment s’en est-il tiré ? – Avec cinq millions… – Ah ! Tout ce que je possède pour ravoir Alice et Renée, si c’est de l’argent qu’il lui faut ! Tout ce que je possède… – Et moi aussi ! Cette réplique, qui prouvait le désintéressement hors de proportion de Philibert Wat, n’eut point encore le don d’étonner le colonel. Philibert Wat reprit : – Vous dites : tout ce que je possède ! Vous oubliez donc Régine, que vous ne possédez plus rien… – C’est vrai ! constata le colonel, stupéfait d’avoir oublié ce détail… – Et puisque vous ne possédez plus rien, ce n’est donc pas pour avoir de l’argent que R. C. s’est emparé des petites… – C’est encore vrai !… Mais alors, pourquoi ?… C’est épouvantable ! L’huissier rouvrit la porte du cabinet du colonel, et une femme jeune encore, élégante, distinguée, mais effroyablement pâle sous une voilette épaisse, fit irruption dans la pièce. – Monsieur Wat ! Avez-vous quelque chose de nouveau ? demanda-t-elle tout de suite, d’une voix rauque, sans même faire un signe au colonel. – Rien, madame ! C’était la femme du colonel, c’était la cousine de Sinnamari, c’était la mère d’Alice et de Renée… – Rien ! répéta-t-elle, et Philibert Wat dut la soutenir pour qu’elle ne tombât pas… Mais le comte ?… Vous m’avez dit qu’il devait savoir… Il ne vous a rien dit ? – Le comte, madame, n’est pas revenu… L’huissier entrait encore. – Qu’est-ce ? demanda avec une impatience fébrile le colonel… je ne veux plus recevoir personne ! – C’est Eustache Grimm, fit l’huissier. – Ah ! Eh bien, qu’il entre !… – Mais, c’est qu’il n’est pas seul… – Avec qui est-il ? – Avec M. le comte de Teram… Teramo… – Teramo-Girgenti ! s’écrièrent-ils tous en se précipitant vers la porte… Eustache Grimm et Teramo-Girgenti entrèrent. Le directeur de l’Assistance publique paraissait aussi ému que les trois personnages qu’il trouvait réunis dans le cabinet du colonel Régine. Seul, le comte avait ce calme superbe qui ne l’abandonnait dans aucune circonstance de la vie. À peine avait-il eu le temps de s’incliner profondément devant la colonelle, à laquelle Philibert Wat venait de le présenter, que déjà celui-ci le prenait à partie. « Eh quoi ! Quel était un pareil ami qui disparaissait dans le moment qu’on avait le plus besoin de son secours ?… » Dans le trajet de l’Assistance publique au ministère de la guerre, le directeur-adjoint de l’Assistance publique avait mis Teramo-Girgenti (que Wat lui avait dit être l’ami de R. C.) au courant de l’étrange acharnement avec lequel le ténébreux R. C. s’immisçait dans les comptes de son administration sans qu’il pût en deviner la cause, et il avait entretenu aussi le comte du service que l’on attendait de lui dans l’affaire de l’enlèvement des jumelles. R. C., l’incroyable R. C., se révélait comme leur ennemi commun. – Oui, notre ennemi ! Et pourquoi ? gémissait Eustache Grimm. – Notre ennemi à tous ! appuya Philibert Wat. Le comte leva les yeux sur le premier gendre de France et ne put s’empêcher de marquer quelque étonnement de le voir si pâle et si défait. – Nous sommes tous au désespoir ici, fit Wat ! Voyez dans quel état nous a mis l’acte infâme de votre ami R. C. – R. C. n’est point mon ami, protesta Teramo-Girgenti. – Nous n’avons plus d’espoir qu’en vous ! fit la pauvre mère, qui dévorait du regard le comte impassible. Si ce que notre ami, M. Wat nous a raconté de vous est exact, vous pouvez tout pour nous sauver !… Quant à moi, si mes filles ne me sont pas rendues avant vingt-quatre heures, je me tue… Vous pouvez dire cela de ma part, monsieur, à votre ami R. C. ! » Je vous demande pardon, monsieur, mais je ne puis entendre parler de ce R. C., de ce roi des voleurs, sans devenir folle !… Qu’est-ce que je lui ai fait, moi, à cet homme-là, pour qu’il me prenne mes enfants ? À moi, à moi, la femme du colonel Régine, la cousine du procureur impérial ! Soudain, la malheureuse s’arrêta, le regard vacillant, comme si elle venait d’apercevoir quelque chose qui l’épouvantait. – Oh ! dit-elle… c’est peut-être à cause de cela ! – Madame, fit le comte, qui n’eut point l’air d’avoir entendu cette dernière exclamation… j’ai eu l’honneur déjà de me présenter chez monsieur votre cousin, pour qui j’avais une lettre de recommandation. N’est-ce point à lui que vous devriez vous adresser ? Il m’a eu l’air d’un fort bon parent ! – On voit bien que vous ne le connaissez pas encore ! Ceci fut dit avec une telle violence que Régine jugea de son devoir d’intervenir : – Oh ! Lucie !… – Vous, fit Lucie, sans interrompre sa colère, vous le connaissez !… Vous vous connaissez bien tous les deux !… – Mon amie, murmura Philibert Wat, la douleur vous égare… Cette scène fut troublée par l’entrée de l’huissier qui annonçait à Régine que le ministre de la guerre le demandait. Sitôt qu’il fut sortit, sa femme se précipita sur Teramo, lui prit les mains, les serra avec fièvre : – Monsieur ! Il faut nous sauver ! Puisque vous connaissez R. C., dites-lui, dites-lui bien que moi, moi, je ne suis pas son ennemie ! Et qu’il n’a pas le droit de se venger sur moi de ce qu’il peut avoir à reprocher aux autres !… Ah ! je m’entends bien et vous m’entendrez et vous me comprendrez !… Mon mari et mon cousin ont des ennemis terribles, terribles ! R. C. doit être un de ceux-là !… Il doit y avoir eu entre eux des choses !… Est-ce qu’on peut savoir avec mon mari, avec mon cousin ?… Mais moi, monsieur, moi, je n’aime pas mon mari et je déteste mon cousin, qui m’a mariée à ce Régine !… Laissez-moi, Wat ! Laissez-moi ! Il est difficile d’interrompre une femme en colère, surtout quand elle dit du mal de son mari, mais quand la fureur de la femme est doublée du désespoir de la mère, alors il n’est point de digue pour un tel flot. Le souci unique de son honneur n’est plus une barrière et le mouvement de sa rage emporte tout. Ainsi, le comte fut-il mis, à son corps défendant, au courant de la situation ménagère de ce pauvre Régine, le plus cyniquement du monde.
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