Bienvenue citoyen Peters

1481 Words
Je me tourne vers Julian et pose ma main sur sa joue.  Je l’embrasse sans réfléchir devant tous les citoyens de la ville.  La chanson venant de se terminer, tous se mettent à applaudir, certains en ululant.  Gênée, je veux reculer d’un pas mais Julian me retient contre lui.  Je comprends que le temps de se cacher est terminé.  Un raclement de gorge nous ramène toutefois rapidement à l’ordre.  Nous nous séparons mais Julian garde son bras autour de ma taille, jusqu’à ce que Cassie me saute au cou.  Nous la remercions d’avoir composé un hommage aussi vibrant.    -          C’est si facile avec vous, s’exclame-t-elle.  Votre lien est une vraie muse.   -          Tu es merveilleuse, ma Lumineuse Enfant, lui rappelé-je, émue.  Je suis tellement fière de toi.  Continue de briller mon Étincelle.    Je la serre encore contre moi en la remerciant encore une fois.  Elle est ma protégée, ma Pupille adorée.  Elle m’est si précieuse.  Elle m’a fait grandir en acceptant de devenir ma Fille adoptive.  Elle me regarde droit dans les yeux en souriant.  Elle me répète à quel point je suis importante pour elle, que si je n’avais pas été là pour lui faire comprendre qui elle est, jamais elle ne pourrait faire ce qu’elle fait aujourd’hui.  En devenant sa Mère, je lui ai offert une meilleure immortalité que ce que lui avait donné son irresponsable créateur et elle avait comblé le vide laissé par la destruction de mon propre Père.  Ensemble, Cassie et moi formons une véritable famille.  Elle dépose un b****r sur ma joue.  Elle enlace ensuite Julian, lui murmure quelques mots à l’oreille avant de lui donner un b****r sur la joue.  Il la fixe intensément, l’air sérieux.    -          Parlez à Lena.  Elle vous en dira plus, dit Cassie simplement en baissant les yeux.    Puis elle s’éloigne, rejoignant sa b***e de jeunes Immortels admirateurs.  Ils l’accueillent tous en l’acclamant et en la félicitant.  Ils ont tous le même âge qu’elle ou sont plus jeunes, sauf un : Yohan, des Chardons Ardents.  Il se tient un peu à l’écart mais la dévore des yeux.  Il se raidit en voyant que je l’ai remarqué.  Il quitte alors la salle, la tête baissée.  Je soupire.    -          Leur histoire ne te regarde pas, me murmure Julian en m’enlaçant par derrière, posant son menton sur mon épaule.  Il n’est pas facile de vous aborder dans votre famille.  Vous êtes si indépendantes.  Elle est déterminée et populaire ta Sirène.  De plus, tu es sa Mère.  Qui voudrait de toi comme belle-maman ?   Je lui assène un coup de coude dans l’estomac qui le fait rigoler.  Mais je me dois de lui donner raison concernant Cassie.  Elle a eu le courage d’inviter Monseigneur à danser lors du bal de clôture de l’Assemblée à Philadelphie, nous prenant tous par surprise, notre Roi le premier.  Ils avaient alors incarné la sagesse et l’insouciance, l’âge et la jeunesse le temps d’une danse.  Il n’y avait que Cassie pour faire ça, qu’une fille de Montréal pour oser, que ma Fille pour faire ce genre d’éclat.    -          Fais gaffe que ta fierté ne t’étouffe pas, Sweety, me taquine Julian.    Je lui souris.  Plusieurs citoyens viennent vers nous alors que nous tentons de nous rendre vers le centre de la salle pour nous présenter au Roi comme le veut la coutume.  Tous semblent soulagés et heureux de me revoir enfin.  Ils connaissent peu Julian mais agissent envers lui avec politesse et courtoisie.  Le Cerbère du Munitum s’approche de nous, un rouleau de cuir à la main.    -          Vos lettres de présentation, déclare-t-il en tendant le rouleau à Julian.  Votre Mère m’a demandé de vous les remettre.   -          Ironiquement, je ne suis pas officiellement en ville, fait Julian avec sérieux.   -          Les membres de la Maison des Imperius aiment que l’on respecte les Traditions, même à Montréal, Premier Prêtre Peters, réplique doucement Monsieur Jdanov.   Julian se raidit en entendant son titre mais se détend aussitôt en jetant un regard vers notre Évêque, près de nous.  D’ailleurs, je remarque que Viktor ne nous a pas quitté d’une semelle depuis notre arrivée.  Pas plus que le Maréchal.  Je comprends qu’ils veillent à notre sécurité, appréhendant probablement de possibles représailles contre Julian.  Nous ignorons encore, en ce moment, les informations dont les citoyens disposent sur la situation.  Julian me confirme par la pensée que certaines rumeurs circulent et qu’il se chargerait d’y remédier sous peu.  Il m’embrasse sur la joue. Armé de son rouleau de cuir, Julian se dirige vers le centre de la salle.  Il s’agenouille devant notre Roi, offrant ses lettres de présentation, tête baissée.  Tout le monde se tait.  Le Chancelier Costa descend de l’estrade, prend les lettres de Julian et les remet à Monseigneur.  Sans les ouvrir, notre Roi souhaite la bienvenue au Premier Prêtre de Pittsburgh en lui faisant signe de se relever.  Je note qu’il s’adresse à Julian en français tout comme à chaque fois qu’ils se sont rencontrés.   -          J’aimerais que vous m’octroyez la permission de m’établir dans votre cité, Monseigneur de Cornouailles, demande humblement Julian, restant agenouillé devant lui.  Votre Première Prêtresse a accepté de vivre à mes côtés et j’ai besoin de votre accord pour concrétiser ce projet cher à nos yeux.   Autant ce Skugga pouvait être la discrétion incarnée, autant il pouvait allumer un brasier pour aviser le monde entier de ses intentions.  Lena se glisse à mes côtés et me dit de ranger mes crocs.  Je passe mes doigts sur mes dents, réalisant que tout est normal.  Elle me fait un sourire carnassier avant de reporter son attention sur la scène devant nous.    -          Vous êtes un Purifié, Monsieur Peters.  C’est son Éminence Kovacs qui déterminera s’il vous accepte ou non au sein de sa Congrégation.  La Déesse en a décidé ainsi depuis son arrivée en nos terres.    -          J’ai déjà accepté qu’il soit des nôtres, annonce notre Évêque.    -          Mais je tiens à avoir votre permission d’Ancien et de mentor, Monseigneur, s’interpose Julian.  La première fois que vous m’avez rencontré, vous m’avez clairement fait comprendre que si j’apportais le malheur à Rébecca, je serais heureux d’être mort avec elle.  À mes yeux, j’ai fait bien pire dans les dernières semaines.  Je vous le redemande Monseigneur de Cornouailles : êtes-vous prêt à m’accueillir en tant que citoyen dans VOTRE cité ?   -          Cette fois, il a fait fort, murmure Lena.  Il est vraiment fou de toi.   Je lutte pour ne pas rejoindre Julian devant le Roi.  J’ai tellement envie de l’embrasser.  Je veux qu’il sache que, peu importe la réponse de notre Roi, je l’ai choisi depuis longtemps et que je suis prête à le suivre n’importe où.   -          I know Sweet-cubus.  I love you, me souffle Julian par télépathie, la voix rauque.   -          Je t’aime aussi, chuchoté-je, m’attirant quelques regards étranges.    -          Relevez-vous, jeune Peters, déclare Monseigneur, se levant lui-même de son trône.  Ce qui s’est produit ces dernières semaines n’est en aucun cas de votre faute.  J’espère que vous m’entendez bien et que vous retenez bien ce que vous entendez.  Les êtres infâmes qui vous ont fait subir ces préjudices ont été punis et si quiconque tentait de les venger, nous les considérerions comme des ennemis à notre cité.  Vous nous avez démontré, pendant les 25 années passées auprès de notre Première Prêtresse, que vous adhériez aux valeurs ainsi qu’à la philosophie de Montréal.  Vous fréquentez le virus de la ville, il aurait été étrange que vous n’en soyez pas contaminé, le taquine-t-il, nous mettant tous un peu mal à l’aise.  Vous vous êtes montrés digne d’elle Monsieur Peters.  Bienvenue au nouveau citoyen de Montréal, l’accueille officiellement notre Roi.    -          Je vous remercie Monseigneur de Cornouailles, s’incline Julian avec respect.   Il quitte ensuite le centre de la salle sous les applaudissements.  Je m’élance vers lui, prête à me jeter à son cou, quand je me sens bousculée par quelqu’un qui me dépasse et le rejoint avant moi.   
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