Goodbye Mother

1452 Words
La Consul Voelkel se plante devant son Fils, visiblement mécontente.  Julian plisse les yeux en me voyant trébucher.  Son esprit n’est que colère et il serre les poings.  Je plonge mon regard dans le sien.  Je refuse d’être la cause d’un désaccord entre eux.  La salle est redevenue silencieuse.   -          Elle s’est sûrement inquiétée pour toi.  Elle a sûrement peur que tu l’abandonnes.  Tu es son Fils, Julian.   -          Tu ne la connais pas pour la défendre ainsi.  Elle vient de te bousculer alors que tu es la femme que j’aime.  Rejoins Lena.  Reste loin d’elle, je te prie.    Il me ferme ensuite son esprit et se tourne vers sa mère.  Il s’incline poliment devant elle avant de lui offrir son bras.  Elle le repousse en lui criant qu’il était trop tard pour bien agir.  Respectant la demande de Julian, je m’éloigne sans porter attention à ce qu’elle lui disait.  Je sais toutefois que ses paroles sont dures et blessantes car je vois ma moitié serrer les mâchoires à l’occasion.  Il l’écoute sans broncher.  Un énorme frisson parcourt le corps de Julian tout à coup, puis elle le gifle si fort que j’en ressens le choc sur ma joue.  Je sursaute dans un cri.  Son regard se durcit mais il reste de marbre devant elle.    -          Partez maintenant Mère.  Nous n’avons plus rien à nous dire, lui dit Julian en anglais d’une voix forte et neutre.    Elle le regarde longuement avant de marcher vers la sortie.  Semblant changer d’idée, elle s’avance vers moi.  Aussitôt, Lena se place entre nous.  Mais la Consul me dit par-dessus son épaule :   -          Vous pouvez être fière de vous, jeune sotte, dit-elle avec dédain.  Vous venez de gâcher son avenir en le gardant près de vous.  Il aurait mieux fait de choisir Virginia lors de cette Assemblée.   Estomaquée, je ravale difficilement l’envie de me jeter sur elle.  Lena lui demande poliment de passer son chemin et d’aller emmerder quelqu’un d’autre.  Mais Julian ne l’entend pas de cette façon.  Son esprit est désormais grand ouvert.  Il suit sa Mère jusque dans le couloir et la plaque violemment contre un mur.   -          Je vous interdis de vous adresser à elle sur ce ton, hurle-t-il dans sa voix vampirique, nous saisissant tous par surprise.    L’agressivité dans sa voix dépasse largement ce que nous connaissons tous de lui.  Je vois le Maréchal O’Sullivan ainsi que le Cerbère se diriger vers le corridor.  Tous deux s’immobilisent devant les portes de la grande salle avant de les fermer.  Je croyais qu’ils allaient arrêter Julian qui s’en prend tout de même à une position de pouvoir de notre société dans un lieu où la violence est interdite.  Je réalise qu’ils ne font que leur donner une certaine intimité.   -          Cette femme pourrait fort bien être une ennemie de ta ville, me dit Lena sans me regarder.  Je crois que ton chéri commence à en prendre conscience.   Cette révélation me surprend.  Je veux lui répondre, mais au même moment, les pensées de Julian se juxtaposent si clairement aux miennes que je n’arrive plus à penser adéquatement.  Je me prends la tête en grimaçant de douleur.    -          Rébecca n’a rien à voir dans ma décision.  Vous savez depuis le début que je suis malheureux loin d’elle.  J’ai respecté votre demande, sans tenter d’y résister, de rester à vos côtés toutes ces années et regardez où cela nous a mené.  Nous sommes vulnérables lorsque nous sommes séparés.  L’histoire vient de nous le confirmer.  Je ne peux pas retourner dans la ville où mon propre Évêque m’a trahi en se servant de moi pour assouvir la vengeance d’un être détraqué.  Mettez-vous à ma place.  Vous ne pouvez me garder pour vous plus longtemps.  Je ne vous appartiens plus, Mère.  Comprenez-le.  Je ne veux pas croire que vous soyez celle que les rumeurs laissent entendre.  Pas vous.  Je vous en prie.   Sa voix se brise.  J’ai l’impression qu’il se décompose en minuscules pièces.  Je perds le reste de la conversation, retrouvant le contrôle de mon esprit par la même occasion.  Lena me tient par les épaules, le visage inquiet.  J’aimerais lui dire ce que je vis mais je ne trouve pas les mots pour lui expliquer la détresse de Julian.  Il se sent si incompris par le manque d’ouverture de sa créatrice.  Je l’entends dire « Goodbye Mother. » puis un sentiment d’abandon nous envahit.  Je suis triste pour lui.  Je sais ce que c’est que de perdre le lien avec la personne qui a fait de nous ce que nous sommes.  Les Raseri m’ont enlevé mon Père.  Notre lien lui a fait perdre la sienne.  J’espère seulement que pour lui, tout ça n’est que temporaire.    -          Je dois aller le rejoindre, dis-je à Lena.  Il a besoin de moi.    -          Je sais.  Je dois d’abord te parler.  Ça fait déjà trop longtemps que je suis ici, m’annonce Lena.  Munich aussi a besoin de moi.   -          Votre ton sonne le reproche, soupiré-je, un peu triste qu’elle doive déjà nous quitter.    -          Antoine aurait bien été capable de sortir de son urne pour venir m’en faire baver si je n’étais pas restée pour te venger, ma chère nièce, me console-t-elle en me prenant dans ses bras.  Puis elle me murmura dans l’oreille :  Ne fais aucunement confiance à la Mère de Julian.  Je suis persuadée qu’elle œuvrait avec ce Roi déchu.  Garde toujours en tête qu’il restait sa possession si tu perdais tout.    Elle dépose ensuite un b****r sur mon front.   -          Prends bien soin de toi, ma jeune nièce.  Prends soin de lui.  Je crois qu’au-delà de ce qui vous unit, Julian vaut la peine que tu te battes pour lui.  Peu d’Immortels, encore moins les Skugga, afficheraient leurs sentiments comme il l’a fait pour toi cette nuit.  Cours le rejoindre.  Toi et moi savons mieux que quiconque ce qu’il traverse en ce moment.    Je remercie ma tante en la serrant contre moi.  Elle s’était sentie abandonnée par son Père lorsqu’il l’avait confiée aux soins du Cardinal de Bavière, mon arrière-arrière-grand-Père, le tyrannique Reiner.  Depuis, Lena voue une haine envers les Purifiés qui n’avait pour exception que ceux de ma cité.  Ce qu’elle s’expliquait uniquement par le lien qu’ils ont avec moi.  Je la laisse pour aller retrouver Julian dans le corridor.  Monsieur Jdanov m’ouvre la porte de la grande salle en me recommandant d’être prudente.    -          Votre Conjux semble sur le point de perdre le contrôle de sa bête, Première Prêtresse, me confie-t-il à voix basse.  Il grogne et frappe contre le mur depuis que sa Mère l’a planté là.  Elle a été vraiment dure avec lui mais surtout envers vous.  J’avais ordre de ne pas intervenir.  Mais je vous jure que je n’aurais jamais permis que l’on vous traite ainsi dans mon Munitum.  Vous n’êtes pas ce qu’elle prétend.  Rassurez-le.    -          J’y compte bien, Monsieur Jdanov.   Je me précipite vers Julian qui est debout en plein milieu de couloir.  Sa bête le tourmente.  Ses crocs percent sa lèvre inférieure.  Il ne bouge pas, les poings serrés.  Une jalousie maladive lui broie le cœur et la peur se lit dans ses yeux injectés de sang.  J’ignore ce que la Consul lui a dit, mais son venin a clairement fait son effet.  Même lorsque je me retrouve devant lui, c’est comme s’il ne me voyait pas.  Julian est prisonnier de ses pensées toxiques et je ne les comprends pas.  Je ne ressens que l’effet dévastateur sur lui.  Désirant le ramener à moi, je pose mes mains sur ses joues avant de l’embrasser, enveloppant son esprit de tout l’amour que j’éprouve pour lui.  Sans répondre à mon b****r, il m’éloigne de lui, l’air désespéré, le regard un peu fou.   
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