Chapitre 2

988 Words
2 Plus tard ce soir-là, Carmen se carra dans son siège et écouta les autres femmes raconter les différentes choses que les enfants — petits et grands — faisaient. Elle avait parfois du mal à croire qu’elles étaient toutes ici, sur une planète extraterrestre, aimées par des hommes truculents. L’espace d’un instant, une vague de tristesse la submergea. Elle fut si intense, si douloureuse, qu’elle se leva et sortit sur le balcon des quartiers de Paul et Morian. Carmen agrippa la rambarde en pierre et leva les yeux vers les étoiles. Tout comme elle, Paul Grove, le père de sa meilleure amie Trisha, et Morian, la mère de Creon et ses quatre frères, avaient trouvé l’amour après avoir perdu quelqu’un. Elle se demanda vaguement s’ils ressentaient toujours cette tristesse et cette douleur accablantes qui accompagnaient les souvenirs. Un petit sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu’elle sentit les mains de Creon glisser autour de sa taille. Il les serra étroitement autour d’elle et l’attira contre la chaleur de son corps. Elle se détendit contre lui et continua à regarder les étoiles. — J’ai senti ta douleur, murmura-t-il, frottant son menton contre ses courts cheveux blonds avant de se pencher pour déposer un b****r contre la marque à peine visible du dragon dans son cou. Je serai toujours là pour toi, Carmen. — Je sais, murmura-t-elle, des larmes lui brûlant les yeux en entendant l’amour dans sa voix. J’y pense encore et ça m’affecte parfois violemment ; heureusement plus aussi souvent qu’avant. Vous avoir, les filles et toi, m’a aidé à guérir. Elle se tourna dans ses bras, leva les yeux vers lui, puis tendit une main et la posa contre sa joue. — Je ne peux pas l’oublier, Creon, je ne peux pas les oublier. Creon tourna la tête et déposa un b****r dans sa paume. Elle savoura la chaleur et ce tendre contact. Son amour pour lui gonfla en elle et elle glissa sa main pour venir emmêler ses doigts dans ses cheveux. — Je ne te demanderai jamais d’oublier Scott ou l’enfant que tu as perdu. J’aimerais seulement pouvoir te protéger de la douleur, murmura-t-il. — Tu le fais déjà, répondit Carmen en venant à la rencontre de ses lèvres lorsqu’il se pencha pour l’embrasser. C’était vrai, il la protégeait de la douleur. À son arrivée sur la planète, la douleur était insoutenable. Le meurtre de son premier mari, Scott, et la perte de leur bébé en raison des graves blessures qu’elle avait subies l’avaient brisée. Dans son chagrin, elle ne parvenait à penser qu’à une chose : la vengeance. Plusieurs années avaient été nécessaires mais elle avait fini par trouver la paix. Elle n’était pas venue avec sa propre mort comme elle l’avait cru mais en retrouvant l’amour avec un mâle extraterrestre qui avait refusé de l’abandonner. Un frisson de désir traversa Carmen quand Creon gémit et la serra contre son corps. Elle resserra ses mains dans ses cheveux et leurs souffles se mêlèrent, devenant de plus en plus rapides avec la chaleur du feu de dragon. — Je t’ai dit qu’ils se feraient des bisous. Y font ça quand ils croivent qu’on regarde pas. Le corps de Creon fut secoué d’un rire étouffé et il s’éloigna à contrecœur des lèvres de Carmen. Il appuya son front contre le sien et ferma les yeux, inspirant profondément pour calmer son corps excité. Les filles étaient devenues assez observatrices, allant même jusqu’à demander pourquoi le pantalon de papa poussait sur le devant et pas les leurs. — Qu’est-ce qu’il y a, Spring ? demanda Carmen en penchant la tête pour regarder derrière l’épaule de Creon. — C’est l’heure de l’histoire, dit Spring en levant les yeux vers sa mère et son père. T’as dit qu’on pouvait avoir des biscuits avec l’histoire. — On arrive, lui promit Carmen. Va demander à tante Ariel si elle peut servir le lait. — D’accord, répondit Spring, ravie. — Il a quoi ton papa ? murmura Jabir en jetant un coup d’œil à Creon tout en fronçant les sourcils. — Il attend que son pantalon il grandit plus, dit Spring. Ça fait ça quand il fait des bisous à maman. — Oh, dit Jabir en fixant le dos de Creon. Le pantalon du mien il fait ça que le matin. Carment tourna son visage contre l’épaule de Creon afin d’étouffer son rire. C’était trop. L’image de la tête de Creon la première fois que les filles l’avaient vu le matin lui traversa l’esprit et elle fut prise d’un fou-rire incontrôlable. — Je crois qu’avoir des filles est bien plus difficile que je ne l’avais imaginé, finit par dire Creon d’un ton piteux. — Et ça ne va faire qu’empirer, rétorqua Carmen en prenant de grandes inspirations entre deux éclats de rire. Pauvre Ariel, j’imagine très bien sa tête quand Jabir n’arrivait pas à comprendre ce qui se passait la première fois. Les épaules de Creon furent secouées de tremblements lorsqu’il se remit à rire. Carmen adorait écouter son rire. Elle se mit sur la pointe des pieds et déposa un nouveau b****r sur ses lèvres. — Tu es prêt ? demanda-t-elle en le regardant avec des yeux rieurs. — Oui, mais je te préviens, on sort en douce ce soir. Mon dragon est d’humeur joueuse, répondit Creon, la lâchant à contrecœur avant de reculer. — Je pense qu’on peut arranger ça, murmura Carmen en caressant le devant de son pantalon avec un sourire séducteur. — Super ! C’est reparti ! marmonna Creon en lançant un regard noir à son pantalon dans lequel se formait de nouveau une bosse. J’arrive dans quelques minutes. Carmen laissa échapper un rire ravi et hocha la tête. Elle regarda Creon par-dessus son épaule quand il se tourna pour regarder les étoiles dans le but d’apaiser son corps. Voilà de quoi elle avait besoin pour la tirer de ses souvenirs mélancoliques : de nouveaux souvenirs emplis de rires.
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