Chapitre 2

860 Words
Chapitre 2 — Pff, ce que je déteste ce genre de cérémonie ! fit Mary en sortant du commissariat. Avec Gertrude et Fortin, ils s’étaient retrouvés sur le parking, derrière le bâtiment. — Tout de même, protesta Gertrude, une promotion comme celle-là, ça se fête ! Visiblement, elle était encore sur son petit nuage. — Tu as raison, dit Mary, aussi je vous propose de terminer la soirée chez moi. Je crois qu’Amandine nous a préparé une surprise. — Moi, fit Fortin, j’adore les surprises d’Amandine ! Mary aperçut Passepoil qui sortait du commissariat. Elle le héla : — Hé, Albert ! Celui qu’elle avait depuis longtemps baptisé « le lieutenant informatique » s’approcha d’une démarche hésitante. — Co… Commandant, balbutia-t-il. — Albert, on va finir la soirée chez moi, tu veux venir avec nous ? — M… moi ? — Oui, toi. Après tout, tu as pris une part prépondérante dans notre dernière enquête, celle qui nous a valu notre promotion. Mary avait su qu’elle devait cet avancement au rapport élogieux qu’avait fait Christian Chaigneau, ce pétulant procureur de la République qui avait participé de très près à la prise du château Barbe-Torte.3 Avancement que Ludovic Mervent, l’éminence grise du président de la République, avait appuyé de tout son poids. Pris au dépourvu, Albert balbutia : — Ben… ben… Mary demanda : — Tu as ton portable ? — V… voui… — Alors appelle ta mère pour lui dire que tu ne rentreras pas dîner. Subjugué, Passepoil s’exécuta et les quatre flics montèrent dans la DS 3 de Mary. Tout naturellement, Fortin prit le volant. Quand ils débarquèrent venelle du Pain-Cuit, ils furent accueillis par une Amandine radieuse qui avait disposé une table de fête. Sur une nappe immaculée, les verres scintillaient à la lueur des bougies fichées par trois dans deux chandeliers d’argent. Fortin huma les fumets qui s’échappaient de la cuisine et s’exclama : — ça sent bon ! Quelle est la surprise du chef ? — Oh, c’est tout simple, dit cette dernière en rosissant de bonheur, je vous ai préparé un pot-au-feu. Vous aimez ça, monsieur Fortin ? Elle avait un faible pour les hommes qui savent se tenir à table et, sur ce plan, le capitaine Fortin ne craignait personne. — Vous savez bien que j’adore tout ce que vous faites, Amandine ! répondit Fortin dans un accès de galanterie. Mary interrompit ces civilités : — Vous commencez à connaître mon équipe, Amandine… — Je connais surtout monsieur Fortin… répondit Amandine en rosissant encore. Elle vouait au nouveau capitaine une dévotion particulière car il était le protecteur de Mary. — Eh bien, Gertrude est désormais le lieutenant Le Quintrec et voici notre petit génie de l’informatique, le lieutenant Albert Passepoil, dont je vous ai souvent parlé… Se retournant vers le timide « génie » qui s’efforçait de se dissimuler derrière l’imposante carrure de Fortin, elle poursuivit : — Albert, je te présente Amandine Trépon, ma plus fidèle amie, à qui je dois de ne pas mourir de faim. — Elle exagère ! protesta Amandine. Passepoil, troublé d’être ainsi mis en avant, bredouilla en rougissant : — Ma… ma… Madame… Un nouvel arrivant poussa la porte, un bouquet de fleurs à la main : — Il ne manquait plus que lui, s’exclama Mary. Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, voici Yann Charpentier, mon homme de cœur. Yann s’inclina devant Mary en lui présentant le bouquet. Amandine en eut la larme à l’œil, larme qu’elle essuya avec un coin de son tablier en soupirant : — Que c’est romantique ! D’un geste de prestidigitateur, Yann Charpentier sortit un autre bouquet qu’il tenait derrière son dos : — Celui-ci est pour vous, Amandine ! Amandine en bégaya d’émotion : — Mon Dieu, monsieur Yann, c’est trop gentil ! Il se mit à rire : — Mais non, rien n’est trop beau pour vous, Mesdames ! Après avoir fait la bise aux dames, serré la main des hommes, Yann s’installa entre Mary et Amandine. Fortin lui faisait face avec à sa gauche Gertrude qui, elle-même, côtoyait Albert Passepoil. Amandine s’était réservé le haut bout de la table car elle entendait faire le service. Elle demanda avec entrain : — Tout le monde est là ? — C’est complet ! dit Fortin. — Pourtant, objecta Mary, il manque quelqu’un ! Fortin fronça les sourcils. — Eh bien, le patron ! lança-t-elle. Le front du grand se rembrunit : — Tu veux dire le commissaire ? — Exactement ! Cette promotion, c’est aussi à lui que nous la devons. Il aurait bien mérité d’être parmi nous. Le capitaine Fortin réfléchit et jeta : — C’est mieux comme ça ! — Tu as peut-être raison, reconnut Mary. D’ailleurs, madame Fabien n’aurait pas été contente. Et, quand madame Fabien n’est pas contente… Fortin termina la phrase restée en suspens : — Le patron est de mauvais poil ! Mary leva son verre : — On va tout de même porter un toast à sa santé ! — Au patron ! dit Fortin. Il ne voyait aucun inconvénient à boire à la santé du commissaire Fabien, mais il préférait nettement que ce soit en son absence. Amandine risqua : — Peut-être auriez-vous dû inviter également votre papa, Mary ? — C’est que je l’ai fait, répliqua Mary, mais allez donc savoir sur quelle mer du globe il navigue en ce moment ! — Je croyais qu’il était à la retraite, dit Fortin. — Il l’est ! confirma Mary. Seulement comme il se trouve mal dès qu’il n’a plus le pont d’un navire sous les pieds, il a entamé une seconde carrière en tant que commandant du yacht d’un émir. Elle eut, du bras, un geste désinvolte pour évacuer l’ombre du commandant Le Ster. Ce mouvement d’humeur chagrina Amandine qui était secrètement amoureuse de l’impétueux Jean-Marie, maître après Dieu d’une unité de plaisance grande comme un petit paquebot. Ce fut une joyeuse soirée, mais elle ne se prolongea pas au-delà de minuit. Chacun avait eu son compte d’émotions et, après avoir remercié Mary et complimenté Amandine, tout le monde regagna ses pénates. 3. Voir État de siège pour Mary Lester, même auteur, même collection.
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