Ce n'était pas une étreinte guidée par des sentiments. C'était une explosion. Une bataille silencieuse entre deux êtres fiers, trop forts, trop blessés, qui s'affrontaient dans le seul langage qu'ils comprenaient à cet instant : celui du feu.
Le dos plaqué contre la bibliothèque, les doigts de Lorenzo serrant ses hanches, Amaya haletait.
-Oh...putain...
- Tu aimes ça hein ? murmura-t-il contre sa peau.
- Je te hais. Répond t-elle.
Amaya mentait car elle ne voulait pas qu'il prend la confiance mais que fond elle adorait.
- Tu regrette s****e? Lui demandes t'il
Amaya le regarda dans les yeux, la respiration saccadée.
- Ce que je regrette, c'est de ne pas t'avoir foutu dehors.
Il sourit, un rictus au coin des lèvres, la main glissant le long de sa cuisse.
- Tu parles trop. Dit-il
Lorenzo accélère ses rythmes et Amaya était complément folle.
- E... Et toi, tu ne respectes rien.
- C'est ce que t'a dit ta cliente ? Guilia ? Qu'elle est victime ?
- Tu l'es pas non plus, Lorenzo.
Il répondit par un coup de rein plus profond, plus affirmé. Amaya étouffa un gémissement et planta ses ongles dans son dos.
- Tu vois ? murmura-t-il. Ton corps me contredit.
- Ferme-la, souffla-t-elle, enroulant ses jambes autour de lui.
- Dis-le, Amaya. Que tu me détestes autant que tu me veux.
- Je te déteste, oui. Je te méprise.
- Mais tu me veux, répéta-t-il, plus bas, plus près.
Elle ne répondit pas tout de suite. Elle le fixa, perdue entre rage et abandon.
- Je te veux... autant que je me hais de te vouloir.
Il l'embrassa avec force. Elle répondit avec violence. Leurs bouches s'étaient trouvées comme leurs colères : trop pleines, trop chargées, trop explosives.
Ils avaient tout renversé. Le bureau, les papiers, le silence.
Et maintenant, le calme revenait. Ils jouissent tous les deux. Comme un souffle après la tempête.
Amaya se redressa, les cheveux en désordre, la peau encore brûlante.
Lorenzo, assis sur le bord du bureau, la fixait. Son regard n'avait pas changé. Il était toujours aussi dur. Mais dans ses pupilles, il y avait quelque chose de neuf. Quelque chose de presque dangereux.
Elle remit doucement sa chemise. Elle ne disait rien.
- On va faire quoi, maintenant ? demanda-t-elle sans le regarder.
Lorenzo alluma une cigarette, le regard fixé sur elle.
- On va rien faire. Tu vas m'oublier. Et je vais essayer de faire pareil.
Elle souffla, un rire amer au bord des lèvres.
Il tira une bouffée, silencieux. Il se contenta de la fixer, longtemps, avant de laisser tomber :
- On se reverra.
Et il sortit. Comme il était entré. Comme une tempête.
Le silence retomba dans le bureau, brutal, presque coupant.
Amaya resta debout au milieu de la pièce, immobile, les bras ballants, les yeux perdus dans le vide. Ses vêtements étaient en désordre, son souffle toujours irrégulier. Le bureau portait les traces du passage de Lorenzo : un coin de chemise resté accroché à la chaise, des papiers froissés au sol, et cette odeur - mélange de parfum, de peau, et de feu.
Elle ferma les yeux un instant.
Qu'est-ce que tu viens de faire, Amaya...
Ses jambes tremblaient légèrement. Pas à cause de fatigue. Mais parce que quelque chose en elle s'était fissuré. Elle, si droite, si disciplinée. Elle, la coach. Celle qui tenait les autres, les guidait, les protégeait de ce genre d'hommes.
Elle venait de tout trahir.
Ses valeurs.
Son éthique.
Et Guilia.
Elle se dirigea lentement vers la salle d'eau attenante. L'eau froide sur son visage la fit sursauter. Elle s'agrippa au lavabo, fixant son reflet dans le miroir.
- C'est pas toi, murmura-t-elle à voix basse.
Et pourtant... c'était elle. Elle n'avait pas été forcée. Elle avait cédé.
À lui. À son regard. À cette façon de parler, de provoquer, de dominer.
Et c'était ça le pire. Elle avait aimé.
Elle se sentait souillée... mais pas par lui.
Par sa propre faiblesse.
Comment avait-elle pu ressentir du désir pour un homme comme Lorenzo Moretti ? Un mari infidèle. Un manipulateur. Un danger.
Et pourtant, dans ses bras, elle s'était sentie vivante. Brûlante. Terriblement femme.
Elle retourna dans son bureau. Chaque objet semblait l'accuser.
Elle s'assit sur le fauteuil en cuir et resta là, sans bouger.
Elle pensa à Guilia. À la manière dont elle parlait de son mari. Aux larmes, aux doutes. Et elle, Amaya, venait de trahir cette confiance.
Elle avait franchi une ligne. Une ligne qu'elle croyait infranchissable.
Elle ne pleura pas. Mais un poids lourd s'installa dans sa poitrine.
Elle savait une chose maintenant.
Ce n'était pas qu'un simple écart.
C'était le début de quelque chose.
Quelque chose de sombre.
Quelque chose qu'elle ne pouvait plus ignorer.
●
Trois jours.
Trois jours qu'Amaya n'avait plus mis les pieds dans son cabinet. Trois jours qu'elle restait enfermée chez elle, le téléphone éteint, les rideaux tirés, les pensées figées sur une seule chose : lui.
Lorenzo Moretti.
Elle avait beau vouloir se convaincre qu'il ne s'agissait que d'un moment d'égarement, qu'elle avait cédé sous la pression, qu'elle ne referait plus jamais ça... son corps, lui, se souvenait. Chaque frisson. Chaque caresse. Chaque soupir échappé malgré elle. C'était ancré, logé quelque part entre ses reins et sa poitrine.
Elle avait aimé ça.
Elle s'en voulait de l'avoir aimé.
Mais elle n'allait pas rester là, cachée, honteuse, fuyante. Ce n'était pas elle. Elle n'était pas faible. Elle n'était pas peureuse.
●
Une semaine s'était écoulée.
Ce matin-là, elle s'était levée plus tôt que d'habitude. Une douche glacée, un jean brut, une chemise blanche propre. Un peu de rouge sur les lèvres, comme une armure. Puis elle avait marché jusqu'à la boulangerie du coin, pris un café noir et un pain aux amandes.
Elle se sentait encore un peu floue, mais debout. C'était déjà ça.
Et puis, arrivée devant le cabinet, elle s'arrêta net.
Guilia était là. Assise sur la marche, les yeux gonflés, le visage fatigué, les mains jointes nerveusement.
Le cœur d'Amaya manqua un battement.
- Guilia...
La voix lui échappa, trop basse, comme si son propre corps refusait ce face-à-face.
Guilia releva la tête d'un coup. Elle se leva précipitamment.
- Tu es là... enfin... Amaya, pourquoi tu viens plus ici ? Je venais tous les jours, je t'appelais, je t'envoyais des messages. Tu réponds plus à rien. Tu sais même pas dans quel état je suis. Tu sais même pas...
Sa voix trembla.
Amaya détourna le regard, le cœur au bord des lèvres.
Elle ne pouvait pas la regarder en face. Pas maintenant.
- Guilia... calme-toi, d'accord ? Viens. On va rentrer.
- Mais pourquoi tu me regardes pas ? Pourquoi tu parles comme ça, comme si j'étais n'importe qui ? T'as toujours été là pour moi, alors pourquoi maintenant tu m'abandonnes ?
Amaya sentit une brûlure au fond de la gorge. Elle ouvrit la porte du cabinet. Le silence entre elles était lourd. Coupable.
- T'as faim ? demanda-t-elle doucement.
- J'ai rien mangé depuis hier. Mais c'est pas ça le souci, Amaya. C'est pas la nourriture qui va me sauver. J'ai besoin de toi. J'ai besoin que tu m'écoutes. Que tu m'aides.
Amaya acquiesça, presque mécaniquement.
- Viens dans le bureau. On va parler.
Elles entrèrent. La lumière douce du matin traversait les stores à moitié fermés. Amaya referma la porte derrière elle.
Elle sentait que cette conversation allait être l'une des plus dures de sa vie.
Car la femme qu'elle s'apprêtait à aider...
était la femme de l'homme qu'elle avait trahi.
Amaya fit signe à Guilia de s'installer sur le fauteuil face à elle. Elle posa son sac, tenta de retrouver un peu de contenance, et s'assit à son tour. Un silence étrange s'installa.
Guilia essuya ses joues du bout des doigts.
- J'ai l'air pathétique, hein ?
- Non, dit Amaya. Tu as l'air perdue. Et t'as bien fait de venir.
Elle prit une inspiration, replaça une mèche derrière son oreille. Son cœur cognait contre sa cage thoracique, mais elle s'efforçait de le masquer.
- Je t'écoute, Guilia. Dis-moi ce qui se passe.
Guilia hésita, puis se lança.
- J'ai fait ce que tu m'as dit. J'ai fouillé. J'ai trouvé des trucs, des documents, des comptes. Et surtout... des photos. De femmes. Pas moi. Pas récentes non plus. Mais... ça m'a dégoûtée. Ça m'a brisée.
Amaya sentit son estomac se nouer.
Elle murmura :
- Tu lui en as parlé ?
- Oui. Il a crié. Il m'a insultée. Il m'a dit que c'était toi qui m'avais monté la tête. Qu'avant toi, j'étais une femme tranquille. Que maintenant je suis paranoïaque, froide, méfiante. Il t'a insultée, Amaya. Comme s'il te connaissait.
Un frisson parcourut le dos d'Amaya.
A suivre