2 - PDV Douglas

3175 Words
2 - PDV Douglas La douleur, le noir et le néant sont ce qui m’entoure actuellement. De quoi me rendre fou et me laisser avec bon nombre de questions qui s’accumulent dans mon esprit. Qu’est-ce que je fous ici ? Où suis-je même ? Voilà ce que je me demande aussi. Un regard autour de moi ne m’aide en rien, hormis à y voir l’obscurité et seulement ça, aucune chose qui pourrait m’indiquer où je suis. J’essaie alors de me souvenir pourquoi je me trouve là et des brides d’images s’imposent à moi. Ma discussion avec Malicia, la réunion qui a suivi après. Je continue de réfléchir, de faire travailler mon esprit, car cela ne peut pas être la cause de mon état. Non, il s’est forcément passé autre chose. L’inquiétude pointe en moi quand je pense à mon fils qui doit se demander ce qu’il en est. Alors, je me reconcentre et là, ce que je cherche arrive dans mon cerveau en des souvenirs des plus vivaces. L’attaque du Club par les Panthéras et la balle que j’ai prise dans l’épaule par l’un d’eux. À ce souvenir, la douleur dans mon membre se rappelle à moi de manière brutale et me vaut de lâcher un gémissement. Son qui attire les personnes à mes côtés. Je ne saurais dire qui ils sont pour le moment, tant les voix que j’entends sont brouillées et ne m’aident donc pas à les distinguer. Tout ce dont j’ai conscience, c’est qu’une femme tient ma main dans la sienne, la finesse de celle-ci me permet de la dissocier de celles plus grosses et calleuses de mes frangins. Certainement Malicia ou Louane, bien que je préférerais la première, ce qui me prouverait alors qu’elle est restée à mon chevet et pas partie tuer Lorden pour avoir causé mon état. Je ne suis pas con, je sais parfaitement qu’elle va s’en vouloir et chercher à se venger. J’aimerais simplement qu’elle attende que je sois apte à l’aider et non qu’elle le fasse seule. Afin de lui faire sentir que je suis là, je tente de la lui serrer à mon tour. Geste qui me demande une concentration énorme et qui me vaut de grimacer de douleur. Tout mon corps semble ankylosé, comme si cela faisait plusieurs jours que je suis ici, allongé sur ce lit. La douceur sous moi me permet de comprendre, ainsi que l’odeur de la pièce, que je dois certainement être dans un lieu médical. Chose qui m’inquiète, car nous ne faisons jamais appel à l’hôpital, et ce, peu importe notre état. Le Club dispose d’un Doc attitré et grassement payé pour garantir son efficacité et son silence. Il faut au moins ça pour éviter qu’il ne balance, comme la loi l’exige, chaque blessure par balle qu’il doit soigner. Non que cela arrive tous les jours, mais suffisamment pour lui offrir des honoraires raisonnables et lui assurer un train de vie paisible. Après de fructueux efforts et des douleurs dans mon bras, je parviens à bouger légèrement mes doigts, enfin il me semble. J’en ai la confirmation quand je sens l’agitation autour de moi, à la suite de mon mouvement. J’entends la porte se refermer et plus rien, car je sombre de nouveau dans l’inconscience. Ce n’est qu’un bon moment plus tard que mon cerveau paraît moins embrouillé et perçoit un bip. Son que j’ai déjà en horreur, car il me permet de comprendre que je suis à l’hôpital. Merde, j’étais en si mauvais état pour qu’ils doivent en venir à m’emmener ici ? pensais-je avec angoisse. Mon esprit s’inquiète alors pour mon fils. Celui-ci doit être apeuré par ce qui m’arrive, enfin si mes frères ou Mal, lui ont expliqué pourquoi je ne suis pas avec lui. Les connaissant, ils ont dû faire en sorte que Steve ne me voit pas dans cet état. Par chance, il doit être avec Malicia. Au moins, ainsi, il n’était pas seul. Je tente d’ouvrir les yeux, afin de découvrir par moi-même où je suis. Je les plisse, pour éviter une trop forte exposition au jour et suis rassuré d’apercevoir que les rideaux sont tirés. Ce qui me permet alors de les élargir avec plus de facilité. Il faut quelques longues secondes avant que ma vue ne finisse par s’ajuster et ainsi visualiser avec précision que je ne me trouve pas à l’hosto, mais dans une chambre médicale. Je n’ai aucune idée d’où je peux bien être et n’aime pas vraiment ça. Cependant, ma confiance envers les miens me permet de me détendre un minimum, car j’ai bien conscience que s’ils m’ont emmené ici c’est que je ne risque rien. Je ne perds alors pas de temps et fais tout de même le tour de la pièce. Personne en vue, ce qui me surprend. Un froncement de sourcils se dessine sur mon visage, car je pensais au moins trouver mon fils, voire même Malicia. Le fait qu’aucun des deux ne soit présent ne me rassure pas et fait accélérer les battements de mon cœur, par conséquent le moniteur cardiaque bip plus fort. La porte s’ouvre alors rapidement et un homme en blouse blanche entre aussitôt. Il se dirige vers l’appareil qu’il éteint avant de se tourner vers moi, pour me parler. — Ravi de vous voir réveillé, Douglas ! — Et moi donc ! Où suis-je ? Depuis combien de temps je suis là ? demandé-je d’une voix rocailleuse. — Oula, doucement ! sourit ce dernier. Déjà, je me présente je suis Chris, le Doc des Snake ! Lieu où vous vous trouvez actuellement et vous y êtes depuis ce matin ! finit-il alors par m’apprendre. — p****n, j’ai l’impression d’avoir dormi pendant des jours pourtant ! l’informé-je avec surprise. — C’est normal, l’anesthésie fait souvent cet effet-là ! On a dû vous opérer dès votre arrivée, car vous avez perdu bien trop de sang et surtout votre cœur s’est arrêté de battre, causant une panique générale, d’ailleurs. — Quoi ? crié-je presque, bien que cela sorte différemment et me fasse tousser. — Doucement, laissez le temps à votre corps de se remettre tranquillement, avant de forcer, Douglas ! Vous avez été gravement blessé, ne l’oubliez pas ! me rappelle-t-il avec sérieux, tout en m’aidant à m’installer en position assise. — Merci, Doc ! Qu’est-ce que vous entendez par panique générale ? lui demandé-je aussitôt avec inquiétude. Mon regard ne quitte pas son visage, afin de détecter toutes réactions qui ne concorderait pas avec sa réponse et s’il chercherait à me dissimuler des éléments. — Vos amis ont eu très peur pour vous, ils vous pensaient mort… Mais heureusement, on a réussi à vous sauver, de justesse certes, mais on y est parvenu… grimace-t-il en avouant ce dernier fait. Bon, je ne remarque rien d’anormal, ou bien il est très doué dans l’art de mentir et cela ne m’arrange pas, car mon instinct se rappelle à moi et me fait savoir qu’il ne me dit pas tout. Je vais pour lui faire part de ça, quand la porte s’ouvre dans un fracas et laisse alors passer mon fils. — Papa ! hurle-t-il, sans se soucier s’il peut ou non le faire. Lorsqu’il me voit réveillé, il court vers le lit et veut monter, sans y arriver, car celui-ci est trop haut pour lui. Chris l’aide sans attendre et mon gamin vient se caler dans mes bras. Par chance, il choisit celui qui est valide. Ainsi, je n’ai aucune difficulté à l’étreindre et déposer un b****r sur son front. Je n’ai pas manqué son inquiétude pendant qu’il filait vers moi et la force qu’il met dans son câlin, me le prouve encore plus. Je m’en veux aussitôt de lui causer autant de souci et de crainte, alors qu’il en a déjà bien assez vécu du haut de ses trois ans. Malheureusement, dans notre milieu, je ne peux lui promettre que ça ne se reproduira plus, car ce serait lui mentir et je souhaite vraiment éviter quand je le peux. — J’ai eu trop peur, Papa… Je me dégage un peu de lui, afin de pouvoir ancrer mon regard au sien, avant de lui répondre et lui offrir un sourire. — Hey… Je suis désolé bonhomme, j’ai eu un petit accident, mais tu vois, je vais mieux maintenant ! lui dis-je alors avec calme. — Oui… me dit-il, mais toujours aussi triste, ce que je ne comprends pas trop. — Que se passe-t-il, Steve ? Pourquoi cette tête ? Il ne me lâche pas des yeux et j’y aperçois des larmes s’y accumuler, avant qu’elles ne finissent par couler sur ses joues. Je m’empresse de les essuyer, pendant qu’il me répond. — J’étais tout seul… Tu n’étais pas là et maman non plus… L’information prend moins de deux secondes avant d’atteindre mon cerveau et me faire froncer les sourcils d’incompréhension, mais aussi d’inquiétude. — Comment ça ? Mal n’était pas avec toi quand je suis arrivé ici ? le questionné-je rapidement. — Si… Mais quand je me suis réveillé, elle n’était plus dans la maison… C’est tata Louane qui était là… Elle est partie… pleure-t-il alors, avant de venir blottir son visage dans mon cou. Alors que je discute avec mon fils, je n’ai pas fait attention que l’on n’était plus seuls. Louane, Cay et Peter sont entrés eux aussi, à la suite de Steve. Le Doc s’est éclipsé par contre. Je plonge mon regard dans les leurs, à tour de rôle, attendant d’avoir une réponse sur ce qu’il se passe là. Aucun d’eux ne semble vouloir parler le premier, donc je m’empresse d’y remédier en posant une unique question. — Où est-elle ? Tous les trois grimacent et je comprends aussitôt que je ne vais pas aimer la suite et surtout que ma crainte la concernant est fondée. Non qu’elle nous ait abandonnés, mais qu’elle est bel et bien partie tuer Lorden. C’est Cayden qui se décide enfin à me répondre. — Quand on t’a amené ici, tu étais au plus mal et au moment où le van s’est garé devant cette villa, tu as fait un arrêt… J’ai prodigué tout de suite un massage cardiaque, afin que tu ne t’enfonces pas définitivement… Seulement dans la panique, je n’ai pas vu qu’elle était près de la voiture et m’a entendu crier à Peter qu’on te perdait… Elle te croit mort, Mec ! Mal ne nous a pas laissé le temps de faire quoi que ce soit, qu’elle est partie en trombe d’ici, défaite et hors d’elle… Pas besoin d’être devin pour savoir où elle allait… m’explique-t-il avec sérieux. C’est encore pire que je l’imaginais. Si elle me pense mort, alors elle ne va pas en démordre et surtout ne lésinera pas sur ce qu’elle va faire. Se fichant même des répercussions que cela pourrait lui valoir. Je comprends aussi qu’en agissant de la sorte, elle me prouve, ainsi qu’à mes frères et Louane qu’elle m’aime. Merde, comme manière de le faire savoir y a mieux, mais cela ne me déplaît pas pour autant. Pourquoi faire simple quand on peut faire ça de façon plus hors du commun ? Cela me conforte même encore plus, dans l’optique actuelle des choses, qu’elle est celle que je souhaite auprès de nous. Enfin, pour cela, il faut déjà l’empêcher de faire une connerie et surtout la ramener ici. — Ouais, elle t’aime ! Il n’y a pas de doute ! Pour aller affronter un procureur ainsi et vouloir le tuer, je pense qu’on ne peut pas faire mieux pour le faire savoir, confirme alors Peter qui semble avoir compris mon raisonnement. — Aucun de vous n’a essayé de l’arrêter ? De la suivre ? Voire même la trouver ? leur dis-je en cherchant à me redresser pour sortir du lit, afin d’aller moi-même le retrouver. La douleur dans mon épaule me vaut de grimacer, mais je tente d’y faire abstraction. Le tout après avoir posé Steve sur le côté de mon matelas. Seulement, mes amis ne semblent pas de cet avis et me font me réinstaller aussi sec dans le lit. Leurs regards noirs m’empêchent de riposter. Surtout celui du Prez. — Tu vas rester dans ce lit, Doug ! Ou je te jure que je t’y attache ! m’informe Peter, d’une voix ferme et qui n’offre aucune chance de répliquer sans risquer les représailles. — p****n, mais faut aller la chercher ! crié-je avec rage et craignant qu’il ne lui arrive quelque chose. — On a essayé avec Peter, mais elle nous a évités avec soin sur sa moto, grogne alors Cay en réponse. Elle la maîtrise avec tellement d’adresse, que c’en est flippant ! — Mes hommes l’ont suivi et ne vont pas la quitter ! Bullet semble l’avoir pris sous son aile et j’aime autant te dire qu’il ne laissera rien lui arriver et va se charger de la ramener ou du moins de l’aider à revenir en vie, s’il ne peut la convaincre de changer d’avis concernant Lorden ! — J’espère ! grogné-je alors en réponse à Louane. — Ne sois pas jaloux, Doug ! Il ne va pas te la piquer, puis je doute qu’il soit à son goût, se fout-elle de ma gueule. Je me renfrogne encore plus à ses paroles, peu ravi qu’elle se paie ma tronche de cette façon, mais ne dis rien pour cette fois. Une autre chose me vient en tête et je leur en fais part. — L’un d’entre vous l’a prévenu que je ne suis pas mort ? Mais bien vivant et ainsi la faire revenir ici, auprès de nous ! — Son portable est éteint et celui de mes gars aussi, grogne alors Louane. Ils ne doivent pas capter, car Bullet m’a parlé d’un chalet ou je ne sais quoi… Donc, possible qu’ils soient en pleine forêt actuellement ! m’explique-t-elle au mieux. — Essaie de nouveau, Lou ! Où je vais aller moi-même la chercher ! Je ne vais pas rester dans ce lit, Peter ! Pas si elle risque sa vie en se sentant responsable ! Si elle me pense réellement mort, plus rien ne l’arrêtera ! Pas même sa propre existence et il est hors de question que je demeure couché alors que je peux la perdre, Prez ! Pas deux fois, oh que non ! hurlé-je de désespoir et de peur pour ma belle. — OK, calme-toi, Doug ! Je vais appeler de nouveau, mais en attendant que je revienne, tu restes sagement dans ce lit ! précise aussitôt la Capitaine avec aplomb. J’acquiesce à sa demande et laisse ma tête retomber contre l’oreiller, tout en fermant les yeux afin de tenter de m’apaiser. Mais rien n’y fait, pas même d’avoir mon fils dans mes bras. Je peux aussi sentir chez lui sa peur de perdre sa maman. Aucune chance que l’on s’en remette, si elle ne revient pas en vie. Rien que penser cela fait accélérer les battements de mon cœur. Heureusement que le moniteur est éteint où mes frères flipperaient en entendant leur rapidité. — Je suis certain qu’elle ne fera rien d’irréfléchi, Mec ! tente aussitôt de dire Cay. J’ouvre immédiatement mes yeux pour les planter dans les siens, tout en laissant un rire jaune sortir de mes lèvres. — Parce que si c’était Louane à ma place et que tu l’avais cru morte, tu n’aurais pas réagi pareil, Cay ? Sa grimace me suffit comme réponse, car tous ici, nous aurions fait la même. Pris par le désespoir et la culpabilité. Alors ouais, je ne peux qu’avoir peur de ce qui va découler de tout cela. Ne rien pouvoir faire pour l’aider ou la ramener me bouffe à petit feu et cela n’est pas bon. Je ne suis pas vraiment connu pour mon calme olympien ni ma patience dans ce genre de situation. — On est donc d’accord ! lui dis-je simplement. On est coupé par le retour de Louane. Je dirige alors mon attention sur elle et attends qu’elle m’informe de ce qu’elle sait ou non. — Bon, je n’ai pas réussi à les joindre, nous avertit-elle avec colère, avant de reprendre. J’ai donc laissé un message sur le portable de Bullet, afin d’exiger qu’il me rappelle et qu’ils doivent rappliquer d’urgence, car il y a du nouveau te concernant ! — Pourquoi tu ne lui as pas dit que j’étais en vie ? Là, elle serait revenue ! la questionné-je aussitôt. — Parce qu’ainsi on n’a plus de chance qu’elle vienne, Doug ! Si je lui annonce que tu vas bien, alors elle n’aura pas forcément envie de rentrer ! Enfin, pas tant que Lorden pourra encore causer des problèmes ! m’explique-t-elle et je ne peux qu’avouer que c’est bien pensé de sa part. — Ouais, vu comme ça, c’est clair, mais qui nous dit que justement cela ne provoquera pas l’effet inverse ? — Rien ! Mais la peur pour Steve, de le savoir seul à gérer la situation et ta perte, si tel est le cas, suffira à la faire revenir, Doug ! Elle l’aime trop pour qu’il passe après sa vendetta ! Crois-moi, mon instinct de maman me trompe rarement et perso c’est exactement ce que je ferai et penserai… finit-elle par nous avouer et pour le coup, je ne peux que lui faire confiance et espérer que oui, elle a raison. L’attente va être la plus longue de ma vie, car jusque-là nous n’avons encore aucune idée de s’ils ont eu ou non le message ni quand est-ce qu’ils l’auront. Mon humeur et mon inquiétude vont monter en flèche et ne pas jouer en ma faveur ni celle de mes amis. Une chose de sûre, c’est qu’une fois qu’elle sera là, à mes côtés, je ne vais pas manquer d’avoir une bonne discussion avec elle. Lui avouer qu’elle compte bien trop pour nous deux pour qu’on la laisse faire une telle connerie et surtout, lui faire comprendre que maintenant on est une famille. Il faut qu’elle l’entende et l’accepte afin qu’enfin on puisse vivre pleinement. J’ai bien l’intention cette fois-ci de lui révéler réellement mes sentiments, afin qu’elle en soit certaine et admette en retour les siens. Même si, ce deuxième point ne sera pas le plus facile, selon moi, car elle semble trop craintive pour permettre à quiconque de s’approcher d’elle. Cependant, il va falloir qu’elle se mette en tête que je suis maintenant là et ne compte pas disparaître ou la laisser filer. Dès qu’elle aura accepté tout cela, on pourra alors commencer à agir et surtout trouver le moyen de nous venger ensemble. Non plus chacun de notre côté, car j’ai bien l’intention de l’aider. Puis, rien qu’à voir comment les choses se passent jusque-là, autant dire que ce n’est pas la meilleure solution que de faire cavalier seul. Dès que cela sera fait, on pourra enfin être tranquille. Une fois cette ordure hors d’état de nuire. C’est sur cette dernière pensée que je me sens partir et m’endors avec mon fils toujours contre moi, mes amis auprès de moi et bientôt, je l’espère, ma belle avec nous.
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