VIVIVIANE À MERLIN. Champ de la Crau. Hélas ! que je me ressemble peu à moi-même ! Est-ce bien moi qui ai écrit la lettre que tu viens de lire ? Où sont les espérances, les élans invincibles de ce cœur que transportait la moindre brise ? Où sont les lueurs brûlantes qui s’allumaient dans les chaudes nuits d’été ? J’ai vu au bord du ruisseau un peuplier que le tonnerre a enveloppé sans le frapper. L’écorce a été arrachée au vif et dispersée. Les feuilles calcinées tombent en une poussière fine, impalpable qui ne laisse aucune trace sur la terre. Il en est ainsi, Merlin, de mes œuvres, de mes pensées, de mes projets, de mes rêves, de tout ce que j’entreprends. La terre se dépouille ; elle se jonche de débris ; et moi, je reste seule, cent fois plus dépouillée qu’elle. Insensée d’avoir esp

