Alina
Je me réveille en sursaut, le cœur battant à tout rompre. L’obscurité de la pièce m’enveloppe, et la fraîcheur de la nuit glisse sur ma peau nue. Damon n’est plus là. Je le sens avant même de vérifier. Son odeur musquée, ce mélange de pin et de cuir, est encore présente dans l’air, mais son absence est une évidence.
Je m’assois lentement dans le lit, passant une main dans mes cheveux épars. Mon cœur bat encore trop vite, une angoisse sourde me comprimant la poitrine. Damon est parti. Mais pourquoi ?
Le manoir est silencieux, à peine troublé par le bruit du vent qui siffle contre les fenêtres. Une brise froide glisse sous la porte de la chambre, soulevant un frisson le long de ma colonne vertébrale.
Je me lève, enroulant une couverture autour de mes épaules, et m’avance vers la porte. Mon pied nu frôle le tapis en soie, et l’écho de mes pas résonne dans le couloir vide.
Un grondement sourd monte du rez-de-chaussée. Instinctivement, mes jambes me mènent vers le bruit.
Damon.
Je le sens. Sa colère. Sa rage.
Je descends les marches lentement, mes mains crispées sur la rampe. Lorsque j’atteins le salon, je le vois.
Damon est torse nu, le dos tendu, son souffle irrégulier. Du sang perle sur ses poings, une coupure fine le long de son torse. Face à lui, Viktor est appuyé contre le mur, une expression impénétrable sur le visage.
— Qu’est-ce qu’il s’est passé ? soufflé-je.
Damon tourne la tête vers moi. Ses yeux sont d’un doré incandescent, son loup à la surface.
— Rien qui te concerne.
— Si ça te met dans cet état, ça me concerne.
Il s’approche de moi, sa présence envahissante, dominante. Son torse nu scintille sous la lumière tamisée du feu, chaque muscle tendu sous la peau.
— Je gère la situation, Alina.
Je lève le menton, mes yeux dans les siens.
— Apparemment, non.
Un sourire cruel glisse sur ses lèvres.
— Tu n’as pas idée de ce qui est en jeu.
— Alors explique-moi.
Viktor ricane dans son coin.
— Elle a du cran. Je comprends pourquoi tu es si fasciné.
Damon se retourne vers lui, un grognement sourd s’échappant de sa gorge.
— Sors d’ici.
Viktor se redresse, son sourire froid s’élargissant.
— Tu ferais mieux de la marquer bientôt, Damon. Ou quelqu’un d’autre le fera à ta place.
Damon est sur lui en une seconde. Son poing s’écrase contre la mâchoire de Viktor, qui s’écrase contre le mur. Le bruit du choc résonne dans la pièce.
— Si tu prononces encore une fois son nom, je te brise la nuque.
Viktor rit, crachant du sang.
— Je suis curieux de voir ça.
Damon recule, sa poitrine se soulevant rapidement sous l’effet de la colère.
Viktor se redresse lentement, son sourire carnassier intact malgré le sang sur ses lèvres.
— À la prochaine.
Il s’éclipse, me laissant seule avec Damon.
Je m’approche de lui, posant une main sur son torse. Il est brûlant sous mes doigts, chaque muscle tendu sous ma paume.
— Damon…
— Il a raison.
Je fronce les sourcils.
— De quoi tu parles ?
Son regard s’assombrit, doré et intense.
— Si je ne te marque pas, quelqu’un d’autre le fera. Ils sentent ta faiblesse, ton statut d’oméga. Ils viendront pour toi.
Je recule d’un pas, mais il attrape ma main, me retenant.
— Tu crois que je suis faible ?
— Non. Mais ils le croiront.
— Et toi ? demandé-je d'une voix tremblante.
Ses yeux brillent dans l’ombre.
— Je sais que tu es forte. Mais ils n’auront pas besoin de te battre. Il leur suffira de te revendiquer.
Mon souffle se bloque.
— Revendiquer ?
Il s’approche, son torse frôlant le mien.
— Un alpha peut prendre une oméga. Contre sa volonté. S’ils pensent que tu n’es pas liée à moi, ils viendront.
Ma gorge se serre.
— Alors marque-moi.
Ses pupilles se dilatent.
— Ce n’est pas si simple.
Je me hisse sur la pointe des pieds, mes lèvres effleurant les siennes.
— Si ça me protège, alors fais-le.
Il passe une main dans mes cheveux, ses doigts s’enroulant autour de ma nuque.
— Si je te marque, tu seras liée à moi. Tu ressentiras tout ce que je ressens. Chaque colère. Chaque douleur. Chaque désir.
Je glisse mes mains sur son torse, sentant son cœur battre sous ma paume.
— Je n’ai pas peur de toi.
Il se penche vers moi, son souffle chaud contre ma joue.
— Mais moi, j’ai peur de te perdre.
Je glisse mes bras autour de son cou, me collant à lui.
— Alors ne me perds pas.
Il grogne, son loup grondant juste sous la surface. Ses lèvres effleurent ma gorge, là où son empreinte marquerait ma peau pour l’éternité.
— Si je te marque… il n’y aura pas de retour en arrière.
— Alors fais-le.
Ses crocs effleurent ma peau. Un frisson parcourt mon corps, et je sens son souffle s’accélérer.
— Pas encore, murmure-t-il d’une voix rauque.
Il se recule brusquement, le souffle court.
— Pourquoi ? demandé-je, le cœur battant.
Il me regarde, son regard embrasé.
— Parce que je veux que tu sois prête.
Je recule d’un pas, la gorge nouée.
— Et si je ne le suis jamais ?
Son sourire s’adoucit, mais son regard reste sombre.
— Alors je te protégerai. Jusqu’à mon dernier souffle.
Je sens une vague de chaleur m’envahir.
Il s’approche, posant une main sur ma joue.
— Dors, Alina. Demain, le jeu commencera vraiment.
Je hoche la tête, mais je sais que le sommeil sera difficile à trouver ce soir.
Je le regarde s’éloigner, son dos musclé disparaissant dans l’ombre. Mon cœur bat à tout rompre.
Damon a peur de me perdre.
Mais ce que je crains le plus… c’est qu’il ait raison.