LE PRIX DE LA TENTATION

Chapitre 2 : La tentation grandissante

Marco

Je me levai finalement du canapé, l’esprit en ébullition. Je n'avais pas dormi de la nuit, mes pensées tournaient en boucle. L'appel d'Émilie de l'agence d'escorte résonnait dans ma tête, comme une mélodie douce mais envoûtante, m'attirant vers une route que je n'avais jamais envisagée.

Je me rendis dans la cuisine, pris une tasse de café brûlant et m'assis à la table. Claire, ma femme, était déjà partie au travail, comme d'habitude, pressée et absorbée par ses propres préoccupations. Elle ne remarquait plus les détails. La tension dans l'air, les silences lourds qui s'installaient entre nous chaque soir. Elle était préoccupée par notre avenir, mais moi, je sentais que ma propre lutte intérieure devenait de plus en plus violente.

Depuis des semaines, je cherchais un moyen de sortir de cette impasse financière. Mais tout semblait m’échapper. J'avais envisagé toutes les options : reprendre des études, chercher un autre travail dans un autre secteur, déménager... Mais rien n’allait assez vite. Mes économies fondaient comme neige au soleil. Chaque jour sans solution devenait plus insupportable. Et puis, il y avait cette offre.

Je posai ma tasse sur la table, les mains tremblantes. Je m’étonnai de constater combien cette proposition d'Émilie me paraissait raisonnable, même si une voix intérieure me criait que c’était un chemin dangereux. Mais l’argent, le luxe, la facilité... tout cela était à portée de main. Je n'avais même pas à chercher. Je pouvais avoir tout cela en échange de quelques heures de travail. Rien de plus. Et, me dis-je, qui pourrait savoir ce que je ferais derrière ces portes closes ?

Le téléphone vibra sur la table. Je n’eus même pas besoin de regarder l’écran pour savoir qui c’était. Émilie, bien sûr. Elle ne perdait jamais de temps. Je pris une profonde inspiration et décrochai.

"Marco, j’espère que vous avez pris votre décision." Sa voix était calme, mais pleine de cette assurance qui se lisait même à travers un simple appel téléphonique. "Nous avons une place pour vous. Je pense que ce travail pourrait être exactement ce dont vous avez besoin."

J'hésitai. Mon instinct me criait de raccrocher immédiatement. Mais une autre partie de moi, une partie plus pragmatique, plus fatiguée de lutter contre un monde qui semblait m’échapper, m’incitait à continuer cette conversation.

"Je... je suis encore hésitant, Émilie." Ma voix trahissait une incertitude que je ne voulais pas admettre, mais je n'avais pas d'autre choix que de l'exprimer. "Je ne sais pas si ce genre de travail me correspond."

"Marco, il n’y a rien à craindre." Je pouvais presque l’imaginer en train de sourire de l’autre côté du téléphone. "Vous ne faites rien de mal. Vous offrez simplement un peu de votre temps. C’est un marché équitable, et c’est un domaine qui regorge d’opportunités. Nous avons une clientèle fidèle, et vous pourriez devenir l’un des meilleurs."

Je me levai et m'approchai de la fenêtre. Le monde à l’extérieur semblait si paisible, si indifférent à mes tourments. Mais moi, j’étais pris dans un tourbillon de désespoir et d’espoir, une confusion totale. Je fermai les yeux, luttant contre l’envie de tout laisser tomber et de céder à cette proposition.

"Je vais réfléchir encore un peu." Raccrochai brusquement avant qu'Émilie n’ait le temps de répondre.

Mes doigts tremblaient. Que faisais-je de ma vie ? Un mois auparavant, j'étais un homme d'affaires respectable, un mari aimant, un père dévoué. Aujourd’hui, je n’étais plus qu’un homme perdu, désespéré, qui regardait son monde s’effondrer. J'avais besoin d’une bouée de sauvetage. J'avais besoin de tout cela. L’argent. Le luxe. Le confort. La sécurité. Je voulais offrir cela à ma famille, mais à quel prix ?

Claire, pensai-je. Elle ne me comprendrait jamais.

Je savais que mon épouse ferait tout pour m’empêcher de prendre cette route. Elle s’accrocherait à ses principes, à ses valeurs. Mais moi, je n’étais plus certain de ce qui était juste ou faux. Je n’étais plus sûr de rien.

Je m'assis à la table et allumai mon ordinateur. Le nom de l'agence apparut sur l’écran. J’ouvris une nouvelle fenêtre de navigation et cherchai des informations sur cette société mystérieuse. Rien d’incriminant. Des avis plutôt positifs, des témoignages d'anciens employés qui semblaient satisfaits de leur expérience. Tout semblait en ordre, presque trop parfait.

Mon esprit tourna en rond. Les chiffres qui défilaient à l'écran étaient hypnotiques. Les salaires offerts étaient cinq fois plus élevés que ce que j’aurais gagné dans un emploi classique. L’idée d’une vie sans soucis financiers, d'une liberté totale... Il y avait quelque chose de séduisant dans ce mode de vie. Mais en même temps, j'avais peur de me perdre, de me déshumaniser. Mon corps, mes désirs, mon image… tout serait mis à disposition d'inconnus. Tout ce que j'avais connu jusque-là semblait désormais remis en question.

Je fermai l’ordinateur d'un geste brusque.

Une décision s’imposait à moi, et je le savais : je devais sortir de cette spirale. Mais je n’étais pas sûr de la direction à prendre.

Le soir arriva, et Claire rentra du travail, fatiguée, les yeux cernés. Elle m'adressa un sourire fatigué, mais je perçus l’inquiétude dans son regard.

"Alors, tu as trouvé quelque chose ?" demanda-t-elle d’une voix douce.

Je n’eus pas le courage de lui répondre. Je baissai la tête, me concentrant sur mon café froid. Claire s'assit en face de moi, posa son sac à main sur la table.

"Marco, on ne peut pas continuer comme ça." Sa voix tremblait. "Je sais que c’est difficile pour toi, mais il faut qu’on trouve une solution." Elle prit ma main, cherchant à capter mon attention. "Tu dois faire quelque chose."

Je la regardai dans les yeux, et je sus qu'en un sens, j'avais déjà fait mon choix. Je devais agir. Mais la route que j’allais emprunter était incertaine, et je ne savais pas si je serais capable de revenir en arrière.

La tentation était forte. L’avenir semblait tout tracé, mais à quel prix ?

Alors, je me levai brusquement, pris mon téléphone et composai le numéro d’Émilie.