Les non-dits révélés

1876 Words
 *Mégane Je suis épuisée. Maman est dans le coma depuis maintenant deux mois, nous sommes le 21 juin et c’est la fête de la musique et le jour de l’été. Maman ne pourra pas profiter de son jour préféré de l’année. J’aimerai tellement qu’elle ouvre les yeux. Elle me manque. Heureusement que Cédric m’appelle en fin de journée. Marco est épuisé, lui aussi. Il a les cernes. Il ne dort pas, ça se voit. Il est parti fumer un peu. Il avait arrêté mais le stress l’a fait reprendre. Je ne peux pas lui en vouloir. J’espère qu’au réveil de maman, ils s’avoueront leurs sentiments et seront heureux ensemble. Cédric ne m’a pas encore appelé. Il est 21h00 et j’attends toujours. Je suis dans ma chambre, allongée sur mon lit devant un programme que je ne regarde même pas. On toque à ma porte. C’est bizarre, je n’attends personne, Marco est avec maman. J’ouvre la porte et découvre Cédric avec un bouquet de fleurs. L’émotion et la fatigue font que je me mets à pleurer. Ne comprenant pas ce qui m’arrive, Cédric me demande s’il a fait l’erreur de venir. Il est si mignon quand il doute de lui. Je prends le bouquet, le pose sur le meuble à côté et prends Cédric dans mes bras. Celui-ci, hésitant au début, finit par répondre à mon étreinte. Je ne pensais pas qu’il me rejoindrait. Je ne sais pas ce que je dois en penser. Je suis perdue et je lui pose la question.  « Ça me fait très plaisir de te voir mais, ne le prends pas mal, qu’est-ce que tu fais là ? »  « En fait, je n’arrêtais pas de penser à toi. Je me disais que je devais te rejoindre pour voir comment tu allais réellement et te soutenir. Quand je vois tes yeux fatigués, je me dis que j’ai bien fait de venir. » Je recule, le regarde et lui pose la question qui me trotte dans la tête depuis quelques temps :  « Cédric … Qu’est-ce qui se passe entre nous ? … J’ai l’impression qu’on a dépassé la relation prof / élève. »  « C’est vrai. On a dépassé ce stade … Est-ce que ça te dérange que l’on soit amis ? » J’ai l’impression de prendre un coup de poignard à l’entente du mot amis. Je me rends compte que mes sentiments ont évolué et que ce n’est pas bien. Je me sens mal à l’aise de comprendre que je suis la seule à ressentir ça.  « Merci beaucoup d’être passé. C’est gentil mais tu restes combien de temps ? »  « Oula, ça te dérange que je sois là ? Je pensais rester la semaine avec toi. »  « Ce n’est pas ça mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée. »  « Pourquoi ? Il n’y a aucune ambiguïté entre nous. »  « … »  « Mégane, rassure-moi ! On n’est bien d’accord. » Les larmes montent très vite. La fatigue, le stress et la colère envers mon père qui ne prend pas de nouvelles de ma mère me font devenir incontrôlable et impulsive. Les mots vont plus vite que ma pensée.  « Non, justement, on n’est pas d’accord. … Franchement, Cédric, tu t’attendais à quoi ? On se tutoie, on s’appelle tous les jours. Tu es plus présent que mon père ou mon ex. Tu es beau à tomber, gentil comme c’est pas permis. Alors, si, effectivement, il y a ambiguïté car je suis tombée amoureuse de toi. » Mes larmes redoublent, il tente une approche et je mets ma main pour le bloquer.  « Je suis désolée Cédric mais je vais refuser le poste d’assistante. Et tu peux retourner chez toi. Ne m’en veux pas mais t’avoir à mes côtés tous les jours ne va pas m’aider à t’oublier. »  « Je suis désolé Mégane, je n’avais pas compris. Rien n’est possible entre nous. Je risque mon poste et toi tes études. … Je comprends ton refus et je vais repartir. Je continuerai quand même à te faire parvenir les cours. »  « Merci » Une fois la porte fermée, je m’effondre sur le lit et pleure toutes les larmes de mon corps. Retourner en cours va être dur… Peut-être que je devrais me rapprocher de maman. Dès demain, je regarde et je fais transférer mon dossier.  *Marco En retournant à ma chambre, ce soir, j’ai surpris une conversation entre Mégane et un homme. J’ai entendu quelques mots et j’ai vite compris que la conversation était intime, alors je suis descendu au bar de l’hôtel. Je suis en train de boire une bière quand un homme s’installe à côté de moi, au comptoir. Il a l’air complétement dépité. Lorsqu’il commande une bière, je reconnais sa voix. C’est l’homme qui était avec Mégane, donc son prof. Je le regarde et je peux la tristesse dans son regard.  « Mauvais journée, on dirait ». Lui dis-je, pour engager la conversation.  « Ouai … Je ne m’attendais pas aux aveux d’une personne qui m’est très chère. En vérité, ce qu’elle m’a dit m’a ouvert les yeux. Enfin, je ne vais pas vous embêter avec mes histoires. »  « Oula, non, vous ne m’embêtez pas. D’ailleurs, ça me fera oublier les miens. Et puis, je peux peut-être vous aidez. »  « C’est gentil mais la solution, je l’ai déjà. Cette personne a des sentiments pour moi mais notre histoire est impossible. »  « Je peux vous demander pourquoi ? Ah et votre prénom aussi. C’est mieux de connaître nos prénoms pour discuter. »  « Vous avez raison, je m’appelle Cédric ? Et vous ? »  « Je m’appelle Marco. Alors, expliquez-moi tout, Cédric. »  « Simple, je me suis lié d’amitié avec une de mes étudiantes. Sa maman est dans le coma depuis deux mois. Je n’avais pas vu Mégane depuis, alors je suis venue la voir. Et elle a fini par m’avouer ses sentiments, car je venais de lui dire qu’on était juste amis. Elle m’a donc demandé de partir. J’avais posé ma semaine pour être avec elle. »  « Vous avez posé UNE SEMAINE juste pour venir soutenir une amie, qui est une de vos étudiantes ???? »  « Oui. Mais je me rends compte que ses aveux m’ont bouleversé et me font réfléchir. » Nous avons parlé une bonne partie de la nuit. Je lui ai dit que j’étais le parrain de Mégane. Il s’en est voulu de m’avoir tout dit mais je lui ai promis de ne rien répéter à Mégane. Je pense qu’il est amoureux et qu’il ne veut pas se l’avouer à cause de leur situation prof / élève. Je ferai attention à Mégane car elle doit être très triste. Je ne doute que ça finisse par s’arranger d’une façon ou d’une autre.  *Cédric Pierfond Je suis complètement déstabilisé. Je ne m’y attendais pas du tout. En même temps, mon cœur s’est réjoui en entendant sa déclaration. Je crois que mes sentiments sont réciproques. Comment faire ? On ne peut pas continuer à faire semblant. En plus, comme un idiot, je ne suis pas retourné la voir avant de partir. J’aurai pu lui dire que je ressens la même chose qu’elle. On aurait peut-être trouvé une solution …. Non, arrête, Cédric. Impossible. Nos deux carrières sont en jeu. Il faut l’oublier et passer à autre chose. Deux semaines sont encore passées. Je suis passé à mon bureau pour récupérer des livres que j’avais oublié. Le doyen est encore là pour finaliser des dossiers. Je décide d’aller le voir pour lui souhaiter de bonnes vacances. Je toque à sa porte et entre à sa demande.  « Ah, Cédric. Justement, je voulais voir. »  « Pourquoi ? Un problème sur l’emploi du temps de la rentrée ? »  « Non, c’est pour une lettre de recommandation pour une de nos étudiantes qui change d’université. J’aurai besoin de votre avis pour faire cette lettre. »  « D’accord. Pour qui est-ce ? »  « Pour Mademoiselle Larcier Mégane. Elle retourne à Bordeaux pour être proche de sa mère. Elle est venue récupérer toutes ses affaires hier avec son parrain. » Je blêmis… Non, ce n’est pas possible. Elle n’est pas partie. Mon dieu ! Mon cœur saigne. Je ne la reverrai plus ! Impossible. Je pars à Bordeaux de suite. Il faut que je la voie.  « Ça va Cédric ? »  « Euh oui, pardon. Est-ce que je peux vous faire la lettre la semaine prochaine ? Là, je manque de temps. »  « Euh … oui, oui. Je suis là jusqu’à la fin du mois. »  « Parfait, à la semaine prochaine. » Je cours chez moi pour faire un sac. Je vais vite sur mon téléphone pour prendre un billet de train et je m’en vais. Mégane, je ne vais pas te laisser partir comme ça sans savoir ce que je ressens pour toi.  *Marco Nous sommes rentrés hier de Paris. Nous avons récupéré toutes affaires. Depuis la venue de Cédric, Mégane est inconsolable. J’ai eu beau essayé de la convaincre qu’il pouvait tenter une histoire en se cachant, elle répondait que c’était trop risqué et que de toute façon, il ne ressentait pas la même chose. Nous sommes dans la chambre d’Angélique. Elle montre quelques signes de réveil. Les médecins sont confiants. Elle devrait bientôt se réveiller et nous sommes dans l’attente. Je me suis juré que, dès qu’elle ouvre les yeux, je lui dis que je l’aime. Pendant que je réfléchis, mon téléphone vibre m’annonçant l’arrivée d’un message.  « Marco, je suis en bas de l’hôpital. Je veux voir Mégane. Le numéro de la chambre s’il te plaît. »  « Cédric ?! Ok … C’est la 107. Je vais descendre pour vous laisser seuls. J’espère que tu es sûr de ce que tu fais. »  « Merci ! Oui, très sûr ! » Je dis à Mégane que je vais boire un café et je sors.  *Mégane Marco vient de sortir et j’entends quelqu’un frapper à la porte. Je dis d’entrer et, là, Cédric entre et s’approche. Il me regarde, me caresse la joue et me dit.  « Tu m’as manqué Mégane ! Ne reste plus jamais loin de moi. » Il se penche, regarde mes lèvres, me regarde et attend ma réaction. Je me rapproche et lui fini les derniers centimètres et m’embrasse. Le b****r est doux et tendre. Il se redresse et me dit :  « Je t’aime Mégane. En fait, tu m’as fait craquer le premier jour de cours. Tu étais jolie et attendrissante. Ton sourire m’a achevé. Je t’aime. »  « Oh mon dieu ! Moi aussi, je t’aime. » On s’embrasse, on profite de ce moment qui n’appartient qu’à nous. Les questions sur notre avenir se poseront plus tard. Là, je suis bien dans ses bras et je n’ai pas envie d’en sortir pour l’instant. Demain est un autre jour et nous aurons tout le temps de nous poser des questions.  
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