*Docteur Lotharius
Il n’est pas facile de se retrouver seul avec Angélique. Marco est toujours présent. J’ai beau invoquer que les séances doivent être qu’entre elle et moi pour qu’elle puisse mieux se confier, elle insiste pour qu’il soit présent car, soi-disant il la rassure.
Leur lien m’a toujours donné envie de vomir. Même à travers les siècles et leurs différentes réincarnations, leur lien ne s’est pas estompé, bien au contraire. À croire que cette malédiction leur est plus que favorable.
J’ai beau essayer de me rapprocher d’elle de toutes les façons possibles et inimaginables, elle se méfie toujours de moi. J’ai tout essayé : la gentillesse, les petites attentions et les mièvreries qui existent dans ce monde de faible, mais rien ne marche. De mon temps, les femmes devaient obéir et se taire. Elles n’avaient pas le droit d’exprimer la moindre idée, la moindre objection. Elles devaient toujours être d’accord avec leur mari et réaliser leur moindre désir. J’en ai soumis plus d’une avant de vouloir cette jeune pucelle. Elle se refusait à toutes mes approches et me regardait avec un air de dégoût.
Connaissant la pauvreté de sa famille, et étant le Nécromancien du village, je savais que j’avais suffisamment d’argent pour leur proposer une belle somme contre la main de leur fille.
La mère a très mal réagi à ma proposition mais son mari, sachant oh combien il lui était devenu difficile de nourrir sa famille, a réussi à convaincre sa femme. J’étais ravi de savoir que cette jeune pucelle, qui se refusait à moi depuis qu’elle s’était entichée de ce vaurien, allait devenir mienne.
Mais je ne m’étais pas attendu à ce que ces deux mécréants osent s’enfuir et m’humilient de cette façon. Ma colère étant à son paroxysme, je décidais de les maudire avec une malédiction. Et j’ai pu, à travers chacune de mes réincarnation observer leur malheur à chacune de leur vie.
Aujourd’hui, je ne supporte plus de recommencer encore et encore tout ce cinéma. Je veux que ça s’arrête et obtenir enfin ce qui me revient de droit. L’approche amicale et bienveillante ne marchant pas, je vais revenir aux bons vieux stratagèmes et me servir de mes pouvoirs.
Accrochez-vous les amoureux et profitez bien de vos derniers instants, Lothaire va détruire votre amour une bonne fois pour toute et récupérer mon dû.
Il est 13h00 et c’est l’heure de ma séance avec Angélique. Je frappe à la porte et rentre dans sa chambre. Je me réjouis car ce morveux n’est pas présent. C’est mon jour de chance et je vais en profiter.
« Bonjour Angélique, comment allez-vous aujourd’hui ? »
« Bonjour Docteur Lotharius, je vais très bien merci. »
« Je vois que nous serons que tous les deux aujourd’hui ? »
*Angélique
Son regard me met de plus en plus mal à l’aise. Je me sens oppressée par sa présence. Heureusement cela ne va durer longtemps car j’ai demandé à rentrer chez moi. Ayant fait d’énormes progrès, le médecin a accepté, à condition que je continue à me faire suivre.
Marco est parti regrouper ses affaires, prévenir Mégane et Cédric. Moi, je dois demander mon dossier au Docteur Lothaire pour le prochain spécialiste qui me suivra.
Heureusement pour moi, ce ne sera plus lui. Sa présence me met vraiment trop mal à l’aise.
« Oui, effectivement. Marco est parti faire le nécessaire pour les papiers car je sors aujourd’hui. Par conséquent, je voulais vous demander de bien vouloir me donner mon dossier afin de le donner au prochain docteur qui me suivra chez moi. »
. *Docteur Lothaire
Je suis sous le choc !! Comment ça elle veut son dossier ? Pourquoi je ne pourrai plus la suivre ? Mes plans ne vont pas encore être mis à mal !
« Vous savez, Angélique, je suis ravi que vous rentriez chez vous, et je peux continuer à vous suivre. Il vous suffit de prendre les rendez-vous directement à l’hôpital. »
« C’est gentil de votre part, mais j’habite un peu trop loin. Il est donc préférable de me donner mon dossier s’il vous plait. Je vous remercie Docteur. »
« Bien, je vais vous le donner. Je dois juste retourner à mon bureau. Vous sortez quand exactement ? »
« Pour 16h00 normalement. Je vous remercie pour votre compréhension. »
Je sors de sa chambre, très contrarié par ce contre-temps. Je croise l’infirmière la plus chaude de cet hôpital. Elle saute sur tout ce qu’elle peut : jeune, vieux, marié ou célibataire, docteur, infirmier ou patient. Elle ne regarde pas vraiment. Tout ce qu’elle veut c’est prendre du plaisir et en donner. Elle a déjà eu des problèmes avec les femmes de ses proies mais elle s’en fout. Elle leur répond clairement que ce n’est pas de sa faute s’ils ne savent pas garder leur braguette fermée. Une fois, une femme l’a giflée et la menacée mais ça ne l’a pas calmée.
Je l’ai déjà prise plusieurs fois déjà dans presque tous les endroits de cet hôpital : chambre, bureau, toilettes, ascenseur, etc. Une vraie s….e
Enfin, ça tombe bien que je la croise. Je dois évacuer toute cette colère et ce stress causé par ce départ inattendu. Elle n’a pas le temps de parler que la prends par la main et la tire dans la première chambre que je trouve. Je ferme la porte à clé et la jette sur le lit.
Alors que l’on se rhabille, elle se fait appeler au micro. Je pars direction mon bureau prendre le dossier d’Angélique. Je cherche son adresse et la recopie. À défaut de ne pas pouvoir la voir en consultation, je m’arrangerais autrement pour la voir.
.
*Marco
Je suis à l’hôtel avec Mégane et Cédric. Heureux, nous faisons nos valises avant de retourner à l’hôpital. Mégane et Cédric ont décidé de tout dire au Doyen de l’université. Ils veulent vivre leur histoire au grand jour. C’est pourquoi, ils accepteront la décision du Doyen et s’adapteront suivant ce qu’il décide.
Moi, de mon côté, je n’arrête pas de penser au retour de ma moitié chez elle. Je ne serais pas rassurée de la savoir seule. J’ai très envie de lui demander de venir vivre avec moi mais j’ai peur de sa réponse. J’ai peur qu’elle refuse et qu’elle pense que c’est trop rapide.
C’est déjà un très grand pas le fait d’accepter mon amour et de m’avouer le sien. Je ferai tous pour la rassurer et la protéger.
Nous partons tous les trois à l’hôpital. Nous allons au secrétariat s’occuper des papiers de sortie de ma douce. Le temps que la secrétaire complète le dossier et donne tous les documents, je perds mon regard dans les couloirs en me disant que c’est la dernière fois que l’on vient. C’est à ce moment-là que je vois le Docteur Lothaire partir main dans la main avec cette fameuse infirmière qui a failli causer une dispute avec Angélique. Ils entrent dans une salle et vu comment ils se regardent et se dépêchent, aucun doute possible sur ce qu’ils s’apprêtent à faire.
Une fois tout les documents en main, nous rejoignons Angélique. Je l’embrasse et laisse sa fille l’enlacer. Mégane termine de regrouper les affaires de sa mère, et moi je lui fais signer les papiers. On vérifie les ordonnances et attendons son dossier du Docteur Lothaire.
Je leur explique que je l’ai vu en compagnie de la fameuse infirmière et qu’il s’est sûrement occupé. Nous attendons 1h00. Il finit par arriver. Il s’excuse en prétextant un rendez-vous de dernière minute avec un patient.
On se regarde tous les quatre, le sourire en coin et Cédric qui murmure :
« Ou plutôt une patiente. »
Nous rigolons discrètement et il rajoute :
« Angélique, voici votre dossier. Bien entendu, je l’ai mis dans une enveloppe fermée. Seul votre futur psychologue pourra l’ouvrir. Je vous donne ma carte, si jamais vous n’arrivez pas à trouver un psychologue prêt à vous recevoir rapidement. Nous pourrons toujours faire des séances en visio. Tenez-moi au courant. »
Il s’approche de ma douce, se penche, lui dit quelque chose discrètement à l’oreille que seuls eux peuvent entendre. Il lui fait un b***e main et ma douce blêmit et retire vite sa main. Il nous salue et sort de la chambre. Angélique tremble et nous demande de vite partir.
Mégane et Cédric repartent en train et nous disent qu’ils nous appelleront dès leur arrivée.
Ma douce et moi montons dans ma voiture. Le trajet se fait dans le silence. Je la regarde et pose ma main sur la sienne. Elle sourit et je ne demande pas mieux que de la faire sourire tous les jours que dieu fait, dans cette vie et les prochaines. Savoir qu’elle est mon âme-sœur et savoir que nous nous sommes aimés, dans chacune de nos vies, au point de mourir en même temps que l’autre, me donne l’espoir de réussir à conjurer cette malédiction.
Je vais commencer par lui proposer de vivre avec moi et le stress me gagne.
En arrivant devant chez elle, mon cœur s’accélère. Nous rentrons chez elle, elle me propose un café. J’accepte et nous nous posons dans son canapé. Son premier réflexe est de se caler dans mes bras. Mon dieu que cette sensation est la meilleure de toute.
« Dis-moi Marco, je te sens stressé depuis tout à l’heure. Dis-moi ce qu’il y a. »
« En fait, ça fait quelques jours que j’y pense. L’idée de te savoir seule chez toi ne me rassure pas du tout. Du coup, je me demandais … si … tu accepterais de venir habiter chez moi. »
Je la sens se contracter, sa respiration s’intensifie et le silence me met mal à l’aise.
* Angélique
Sa question m’a prise au dépourvue. Des millions de questions fusent dans mon esprit.
Je ne suis sûre de rien aujourd’hui mais ce que je sais c’est que je me sens protégée auprès de lui et dans ses bras, que j’ai une confiance aveugle et qu’il est celui qui est mon repère et mon pilier dans la vie.
« Tu sais, je comprendrais si tu refuses parce que tu trouves que ça va trop vite. Je ne voudrais pas te brusquer ma douce. »
« Non, non, tu ne me brusque pas. Au contraire, je trouve ton idée parfaite. Alors oui j’ai des peurs car je n’ai pas confiance en moi. Mais je sais qu’avec toi je peux avancer. Alors oui je veux bien habiter avec toi. »
« J’y crois pas ! Mon dieu, je suis tellement heureux !! Prends quelques affaires, on viendra chercher le reste plus tard. »
Nous avons pris des vêtements et mes affaires de toilettes et nous sommes partis chez lui. Heureux et confiants, nous ne savions pas que tout allait très bientôt se compliquer.