Les choses de la vie...

3556 Words
                                                                                            VI En la raccompagnant chez elle dans la soirée, Omwana était un peu déçu. Lui qui avait tout préparé pour la recevoir, n’avait été capable que de la faire pleurer. Depuis leur départ de chez lui, il n’avait pas ouvert la bouche. Il lui tenait la main et de temps en temps déposait un b****r dessus. Et étrangement ce geste affectueux si simple lui déchirait le cœur. Alene essayait de le ramener, tentait de lui expliquer que les choses ne se passaient pas toujours comme on l’avait prévu. Et que c’était la première fois qu’elle passait la nuit chez lui et que peut-être la prochaine fois les choses se passeraient-elles mieux. Elle en avait connu des déboires surtout lorsqu’elle avait ouvert sa boutique. Elle lui raconta comment cela avait été difficile au début. Certains de ses voisins avaient fait des pieds et des mains pour qu’elle abandonne. Mais avec du temps et de l’acharnement elle s’était faite une place dans le quartier. Mais elle avait beau dire l’homme restait silencieux, comme s’il ne l’entendait pas, au final, elle se tut à son tour se contentant, pendant le trajet en taxi de se serrer contre lui. Omwana avait la tête posée contre la tête d’Alene, et avait l’air de savourer ce contact d’une façon qui donnait à penser qu’il voulait graver cet instant dans sa mémoire. En arrivant devant chez elle, il voulut prendre congé, mais Alene ne le laissa pas s’en aller :   -          Ecoute il faut que je rentre, j’ai besoin d’être un peu seul, on se voit demain de toutes façons, fit l’homme -          Non, tu ne passeras pas demain je le sais bien, fit-elle -          Qu’est-ce qui te fait dire ça ? S’enquit l’homme contrarié -          La mine défaite que tu affiche, tu es déjà en train de regretter de m’avoir connu et de m’avoir fait toutes les promesses que tu m’as faite, dit la jeune femme, je pari que d’un coup tu t’es remis à penser à retourner chez les tiens…, dit-elle tristement   Elle disait ça sur un ton triste mais ne pleurait pas, elle fixait maintenant le sol à ses pieds en s’excusant d’être une jeune femme si sensible. Elle lui dit qu’elle aurait bien voulu être plus forte, et aussi avoir un peu moins peur de voir s’en aller les personnes auxquelles elle tenait. Mais depuis qu’elle avait perdu sa mère, elle n’arrivait pas à se faire à l’idée qu’une personne qu’elle aime s’en aille comme ça. Et elle l’aimait, du plus profond de son être. Elle s’excusa aussi de l’avoir aimer autant, en si peu de temps. Elle disait que si elle avait été un peu plus comme les autres filles, peut-être que cela aurait pût fonctionner entre eux. Pendant qu’elle s’excusait ainsi la tête baissée, l’homme avait les yeux posés sur elle. Il s’en voulait. Cette jeune femme était une perle de gentillesse et de bonté. Avec un cœur d’enfant et tellement d’amour à donner. Et voilà qu’à cause d’une seule journée ratée, une seule journée, il lui faisait croire que le problème c’était elle. Par son comportement et son entêtement à ne pas accepter que l’échec faisait aussi partie de chaque être qui peuplait ce monde, il risquait de détruire en elle tout ce qui faisait son charme. Tout ce qui faisait qu’elle lui avait plu elle, comme aucune autre avant. Il lui prit la main dans la sienne, et l’entraina vers la maison sans rien dire tout d’abord, puis… :   -          Tu veux bien ouvrir, fit-il -          Oui, dit-elle en sortant les clés de son sac, mais au moment où elle allait ouvrir le trousseau de clés lui échappa, excuse-moi, je ne sais pas ce que j’ai, mes mains tremblent   Omwana ramassa les clés et ouvrit la porte. Une fois à l’intérieur de la maison il referma derrière eux, et la plaqua contre la porte. Il la fixa un long moment, pendant lequel Alene se sentit déshabillée du regard, il n’avait jamais fait ça avant. Puis, il posa ses lèvres contre les siennes sans l’embrasser, elle voulut l’embrasser mais il s’éloigna légèrement, puis il s’approcha à nouveau et lorsqu’il voulut encore poser ses lèvres sur celles de la jeune femme elle détourna la tête. Elle avait l’impression étrange que l’homme se jouait d’elle. L’homme lui caressa les cheveux et puis l’obligea à le regarder dans les yeux, elle vit que ce qui brulait dans ses yeux c’était un désir intense de la prendre, mais il semblait être en train de résister à ce désir. Alene lui prit le visage entre les mains et l’embrassa. Omwana ne fit pas de geste pour se soustraire à ses baisers, puis elle déboutonna sa chemise et caressait maintenant son torse en s’attardant sur ses tétons, cela déclencha chez l’homme des gémissements. Elle s’attarda sur son torse un moment puis elle descendit le long de son ventre, en continuant de l’embrasser. L’homme avait les mains posées à plat contre la porte, il semblait lutter pour les garder dans cette position, on aurait dit que le fait de ne pas la toucher, le déculpabilisait de ce qui se passait entre la jeune femme et lui. Alene déboutonna ensuite son pantalon sans le lui enlever se contentant de lui retirer sa ceinture. L’homme arrêta de l’embrasser et se défit de son emprise, puis il alla s’assoir sur le canapé en se passant la main dans les cheveux nerveusement, et en reniflant fort. Il avait l’air un peu perdu. Alene allait prendre place sur ses genoux comme elle l’avait fait la veille, mais, l’homme la repoussa doucement :   -          Pourquoi tu m’aimes Alene dis le moi, dit-il sincèrement perturbé, je fais tout de travers depuis qu’on se connait et tu es toujours-là… et plus le temps passe plus… plus tu sembles tenir à moi, je ne comprends pas, à quoi ça rime ? Qu’est-ce que tu attends de moi ? Ce n’est pas pour toi que je suis dans ce monde, alors, qu’espères-tu obtenir d’un être incapable de comprendre comment fonctionnent les relations entre les humains ??? Je n’y comprends rien… hurla-t-il, es-tu aveugle à ce point que tu sembles ne pas voir que tout ceci n’est pas dans ton intérêt ?   Elle le força à lui ouvrir ses bras et s’installa sur ses genoux. Elle ne voulait ni lui répondre ni lui parler. Elle se débarrassa de son sweat d’un geste et recommença à l’embrasser et à le caresser sans se préoccuper de ses contestations. Pour finir l’homme se tût et cessa de se débattre. Ce qu’elle réveillait en lui était si puissant, qu’il sentait bien que ce n’était pas à quelque chose d’externe qu’il tentait de résister, il ne servait à rien de s’obstiner. Il passa ses bras autour de la taille de la jeune femme et la serrait maintenant contre lui en répondant à ses baisers. Elle sentit son membre durcir comme la veille, elle en profita pour enfin s’adresser à lui :   -          Tu vas encore me dire que tu n’as pas envie de moi, c’est ça ? murmura-t-elle à l’oreille de l’homme, même si tu le disais je ne te croirais pas, continua-t-elle, je t’aime et c’est tout, et je ne sais pas pourquoi moi non plus, alors arrête d’essayer de fuir ce que tu ressens pour moi, je t’en prie… tu te feras du mal et tu me feras du mal à moi aussi, ma vie elle n’est pas parfaite mais j’aimerais bien que tu en fasses partie, je t’en prie Omwana… je suis… je t’aime mon amour, elle se remit à pleurer -          J’ai compris chérie, ne recommence pas à pleurer, fit l’homme en reprenant son souffle, allez calme-toi, je suis là, rien que pour toi… ne pleures plus   Il avait les yeux posés sur elle, il voyait encore quelques larmes lui échapper, mais elle ne pleurait plus. Il se demandait si ses parents avaient eu eux aussi ce genre de moments d’incertitudes. Ces moments pendant lesquels, on se demandait si l’amour qu’on ressentait pour une personne, valait les épreuves par lesquelles ont la faisait passer. Et puis on se rendait compte qu’on n’était pas le seul à décider, et que la quitter serait bien pire, et pour l’autre et pour soi-même. Le fils était devenu un homme et voilà qu’il était maintenant lui aussi responsable d’une autre personne. Pas seulement financièrement non, responsable de son sourire, de ses larmes, de la qualité de ses journées, de son sommeil, et il n’avait pas le droit de déclarer forfait. Il la regardait, et savait maintenant qu’il ne pouvait plus faire marche arrière. Et pendant qu’il la regardait, il entendit un bruit à l’extérieur de la maison, puis, quelqu’un se mit à tambouriner contre la porte. C’était cet inconscient d’Engoung, il hurlait le nom d’Alene en frappant violemment contre la porte. Elle se leva et voulu aller voir mais Omwana l’en empêcha et lui fit signe de retourner s’assoir. Il se leva, et après s’être arrangé un peu, alla ouvrir la porte et sortit dans la cour en prenant soin de refermer derrière lui :   -          Je n’ai pas été assez clair l’autre jour ou quoi ? Dit-il au type devant lui en l’obligeant à reculer, il me semble que tu as une femme et des enfants, alors qu’est-ce que tu fais chez moi à une heure pareille ? hurla Omwana -          Ce n’est pas chez toi ici, répondit l’homme, il était ivre à nouveau -          C’est ce qui te donne du courage c’est ça mon vieux ? Tu vas dans un bar, tu t’envoies quelques bière, et une fois que tu e bien ivre tu viens l’emmerder, c’est comme ça que tu procèdes ? Il semblait de plus en plus énervé en disant cela -          Je veux parler à Alene, pas à toi, dit encore l’homme -          Et moi je te dis qu’elle n’a aucune envie de te parler, Omwana poussait maintenant l’homme violemment vers le portail qu’il avait laissé ouvert en s’introduisant dans la cours, alors si tu n’as pas un peu d’estime de soi aies au moins un peu de respect pour ta propre compagne que tout ceci met mal à l’aise   Des voisins, en entendant le bruit que faisaient les deux hommes étaient sortis de leurs maisons. Et la scène à laquelle ils assistaient était surréaliste. Cet homme qui fréquentait Alene et qu’on savait calme de nature, repoussait violemment cet ivrogne d’Engoung, l’homme était torse et pieds nus signe qu’ils devaient, sa compagne et lui, soit être au lit soit devant la télé. Tous se demandaient maintenant ce qu’Engoung avait dans la tête. Humilier ainsi sa jeune compagne avec laquelle il avait eu deux enfants et qui vivait sous son toit. Au moment où l’un de leurs voisins attiré dehors par les voix des deux hommes, venait tirer Engoung hors de la propriété d’Alene et s’excuser auprès d’Omwana, la jeune compagne d’Engoung arriva, en voyant la scène elle sembla comprendre et se mit à pleurer, sous les yeux d’Omwana qui en voulait de plus en plus à ce type, il comprenait maintenant ce que disait Alene en parlant de la jeune femme :   -           Même maintenant qu’elle a quelqu’un dans sa vie tu continues de la harceler Engoung ? Tu ne te rends pas compte que tu la traumatise la pauvre, qu’est-ce qui te prends ? Si tu n’as pas honte aies au moins pitié de moi, si tu ne veux plus de moi Engoung, demandes moi de rentrer chez mes parents au lieu de m’humilier ainsi, si encore c’était ta copine mais non, Engoung qu’est-ce qui ne va pas avec toi ?   L’homme se tourna vers sa compagne, et on aurait dit que d’un coup, il avait dessaoulé, il se tenait maintenant là, la tête basse. Omwana le vit suivre la mère de ses enfants, toujours tête baissée. Lorsqu’il fut partit et que les riverains se furent dispersés, un homme s’approcha d’Omwana :   -          Je m’appelle Yenon, dit-il en lui tendant la main, on a un peu parlé il y a quelques jours   C’était l’homme qui était venu s’interposé entre Engoung et lui, il semblait vouloir lui sortir de la tête tout ce qui venait de se passer :   -          Omwana, répondit l’homme en saluant l’autre -          Vous savez, votre copine, elle n’a rien fait pour provoquer ça chez ce type, il est comme ça, plusieurs filles du coin ont vécues la même chose, on aurait dit qu’il se sent tellement irrésistible qu’il n’admet pas qu’on le repousse, certaines on faillit perdre leurs petits-amis à cause de lui -          Il est un peu malade ce gars non ? Vous êtes jumeaux vous c’est ça ? demanda Omwana à l’homme -          Oui, -          Un frère ou une sœur ? -          Une sœur, répondit l’homme en souriant, je vais vous laisser aller rejoindre votre compagne elle risque de s’inquiéter -          Oui, et encore merci, fit Omwana en regardant l’homme s’en aller   En entrant dans le salon il trouva Alene en train de tourner en rond, dès qu’elle le vit elle s’immobilisa :   -          Il est partit ? -          Oui, sa compagne est venue le chercher, dit-il en allant prendre place dans le canapé   Il se passa les mains dans les cheveux en secouant la tête, quel sacré numéro ce type, se disait-il, et pourtant elle était plutôt pas mal sa copine, pourquoi certaines personnes n’arrivaient pas à se satisfaire de ce qu’elles avaient ? Il n’y comprendrait décidément jamais rien. Alene vint s’assoir dans le canapé mais semblait avoir peur, il faut dire que c’était la première fois qu’elle le voyait aussi remonté :   -          Qu’est-ce que tu as ? Lui demanda-t-il en tournant la tête vers elle -          Je suis désolée Omwana, ce type je ne suis jamais sorti avec lui, je ne sais pas… -          Hey ce n’est rien, viens t’assoir plus près j’ai un peu froid quand tu es loin comme ça   Dès qu’elle se fut approché, il lui prit la main en souriant et déposa un b****r dessus :   -          Tu sais, maintenant je comprends ce que tu disais l’autre soir, à propos de se préparer quand on va passer la nuit chez quelqu’un, j’ai besoin de prendre une douche -          Mais moi au moins j’ai des serviettes propres ainsi que des brosses à dents neuves, et deux ou trois T-shirt qui devraient pouvoir t’aller, mais c’est vrai que pour les sous-vêtements de rechange ce n’est pas gagné   Ils rirent tous les deux de bons cœur, et puis Alene voulu le prendre dans ses bras :   -          Non chérie, je suis en sueur, je vais aller prendre une douche d’abord, mais je veux bien te prendre dans mes bras si tu prends la douche avec moi -          Alors je prendrais la douche avec toi, fit-elle en l’embrassant   L’homme répondit à son b****r en la prenant dans ses bras :   -          Ça me fait du bien de te prendre dans mes bras, lui dit-il -          Et moi je suis heureuse d’être là, fit-elle en souriant   Il regardait maintenant la jeune femme, en se disant qu’elle avait eu raison de le retenir, ce type c’était un fou, que ce serait-il passé s’il l’avait trouvé seule chez elle ? Il n’osait pas y penser, et à sa réaction à lui non plus, s’il était arrivé le lendemain et l’avait trouvée en larme à cause de ce type, il ne se serait pas contenté de le pousser dehors. Il décida de passer plus de temps, là avec elle, surtout aux heures où ce fou était dans les environs. Il se dit aussi, que cela voudrait dire qu’il dormirait souvent chez elle, alors il lui faudrait passer prendre quelques vêtements chez lui le lendemain. Alene était dans ses bras et il eut le sentiment que s’il ne se décidait pas à bouger, ce n’était pas elle qui le ferait. Il se redressa donc dans le canapé en lui disant que ce n’était pas très agréable d’embrasser sa « chérie » couvert de sueur. Cela amusa la jeune femme, et la décida à se lever. Elle le guida jusqu’à sa chambre et après avoir sorti deux serviettes propres de son armoire à linges, elle rentra après lui dans la salle de bain. L’homme sourit en constatant que la jeune femme n’était pas très à l’aise. Alors qu’il s’était déjà complètement dévêtu elle trainait encore avec son jeans sur elle :   -          Tu n’as pas l’intention de te laver avec ton pantalon dis-moi, fit l’homme en souriant   Elle sourit timidement sans rien dire. Toujours hésitante, le regard ailleurs comme si elle n’osait pas regarder l’homme :   -          Viens par ici chérie, lui intima l’homme   Elle s’avança vers lui le regard toujours fuyant :   -          On a déjà fait l’amour tous les deux, alors c’est quoi le problème ? Demanda-t-il plus sérieux -          En réalité, je n’ai jamais pris de douche avec un homme et encore moins vu un garçon complétement dénudé alors… je ne suis pas très à l’aise, répondit-elle en s’efforçant de sourire -          Mais tu vois, là c’est trop tard, tu as promis que tu prendrais ta douche avec moi alors ton jeans, tu l’enlèves, ordonna l’homme en déboutonnant son pantalon, tu vois j’ai fait le plus dur, aller… Elle retira son jeans, et avant qu’elle ne se soit décidée Omwana la souleva et se plaça sous le jet d’eau, avec elle dans les bras. Il souriait en la sentant s’agripper à lui, tellement elle craignait de glisser. Mais il la tenait fermement. Il souriait, en se disant qu’elle n’avait rien à craindre dans ses bras, surtout dans l’eau, c’était son élément. Il lui caressait les cheveux, en se disant que cette journée ne s’était pas déroulée comme il l’aurait voulu, mais, il passait un moment agréable avec la femme dont il était amoureux, alors que demander de plus ? Il savait depuis toujours, que la perfection n’était pas de ce monde, alors pourquoi tenter à tout prix de l’y faire entrer ? Il était bien, et c’était tout ce qui comptait pour l’instant, elle et lui sous la douche.  
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