XXII Il ne mentait pas en disant que Marthe lui était nécessaire. Il avait horreur de la solitude, et il avait besoin du dévouement d’autrui, deux choses qui lui rendaient Marthe plus précieuse encore qu’il n’osait le dire à Laravinière ; car celui-ci n’était plus disposé à se faire illusion sur son compte, et, s’il eût deviné le véritable motif de cette persévérance, il l’eût taxé d’égoïsme et d’exploitation. Marthe était plus facile à tromper ou à contenter. Il lui suffisait qu’Horace lui dît un mot de crainte ou de regret à l’idée de séparation, pour qu’elle acceptât héroïquement toutes les souffrances attachées à cette union malheureuse. « Il a plus besoin de moi qu’on ne pense, disait-elle ; sa santé n’est, pas si forte qu’elle le paraît. Il a de fréquentes indispositions, par suite

