LXXV Les deux amis Deux valets de labour, de Botsorhel, Pierre Le Cam et François Courtès, s’aimaient d’une amitié si étroite qu’ils n’avaient rien de caché l’un pour l’autre et qu’ils mettaient tout en commun, les peines aussi bien que les plaisirs. Il y avait dix ans qu’ils vivaient ainsi dans la plus parfaite union, sans que jamais le moindre désaccord se fût élevé entre eux. – La mort seule est capable de nous séparer, disaient-ils. Encore s’étaient-ils juré que le premier qui mourrait viendrait, avec la permission de Dieu, renseigner son ami sur son sort dans l’autre monde. Ce fut Pierre Le Cam que l’Ankou frappa le premier : il fut emporté par une fièvre maligne, ayant à peine atteint ses vingt-cinq ans. Courtès ne quitta pas son chevet, durant toute sa maladie, et ne s’éloigna

