Chapitre 2-1

2007 Words
Chapitre 2 Caitlin fit coulisser la porte de la grange, et jeta un coup d’œil au décor couvert de neige. La lumière du soleil projetait des reflets blancs partout. Elle porta ses mains à ses yeux, ressentant une douleur qu’elle n’avait jamais connue: ses yeux lui infligeaient une véritable t*****e. Caleb vint se tenir à ses côtés, terminant d’enve- lopper ses bras et son cou d’un matériel mince et trans- parent. On aurait dit une pellicule de plastique mais, une fois en place, il semblait se dissoudre dans sa peau. elle ne savait absolument pas de quoi il s’agissait. -- Qu’est-ce que c’est? -- Une enveloppe pour la peau, dit-il tandis qu’il l’enroulait plusieurs fois autour de ses bras et de ses épaules avec soin. C’est ce qui nous permet de sortir à la lumière du soleil. Sinon, notre peau brûlerait. il la regarda par en dessous. -- Tu n’en as pas besoin. Pas encore. -- Comment le sait-on? demanda-t-elle. -- Fais-moi confiance, dit-il avec un sourire. Tu le sauras. Il fouilla dans ses poches et en sortit un petit flacon de gouttes pour les yeux. Il pencha la tête en arrière et fit couler plusieurs gouttes dans chaque œil. Il se tourna vers elle. Il semblait évident qu’elle avait mal aux yeux, puisqu’il posa sa main délicatement sur son front. -- Penche la tête, dit-il. elle pencha la tête par en arrière. -- Ouvre les yeux, dit-il. Une fois qu’elle eut ouvert les yeux, il instilla une goutte dans chaque œil. Ses yeux lui piquèrent atrocement. Elle referma ses paupières et pencha la tête. -- Ouille, dit-elle en frottant ses yeux. Si tu es fâché contre moi, tu n’as qu’à le dire. il sourit. -- Désolé. Ça brûle au début, mais tu t’y feras. La sensibilité disparaîtra dans quelques secondes. Elle cligna des yeux avant de les frotter. Finalement, elle redressa la tête, et ses yeux ne lui faisaient plus mal. il avait raison: toute la douleur avait disparu. -- La plupart d’entre nous ne sortent pas durant les heures d’ensoleillement, à moins d’y être obligés. Nous sommes plus faibles le jour. Mais parfois, nous n’avons pas le choix. il la regarda. -- Son école, elle est loin? demanda-t-il. -- Juste une petite marche, dit-elle en prenant son bras pour l’entraîner dans le paysage enneigé. L’école secondaire d’Oakville. C’était aussi la mienne, il y a seulement quelques semaines. Une de mes amies doit savoir où il se trouve. * L’école secondaire d’Oakville était toujours comme dans le souvenir de Caitlin. Elle trouvait surréaliste de revenir ici. elle se sentit comme si elle venait de prendre de courtes vacances avant le retour à la réa- lité. Elle alla même jusqu’à croire, pendant quelques instants, que les événements des dernières semaines n’étaient qu’un rêve dingue. Elle continua d’imaginer que tout était redevenu normal, comme auparavant. Ça faisait du bien. Mais lorsqu’elle regarda par-dessus son épaule, apercevant Caleb qui se tenait près d’elle, elle sut que rien n’était normal. S’il y avait quelque chose de plus surréaliste que de revenir ici, c’était d’y revenir avec Caleb à ses côtés. Elle entrerait dans sa vieille école avec cet homme splendide, mesurant plus de 1 m 83, avec de larges épaules musclées, tout habillé en noir, le collet de son manteau de cuir caressant son cou, glissant sous ses cheveux assez longs. On aurait dit qu’il venait de sortir de la page couverture d’un de ces magazines pour adolescentes. Caitlin essaya d’imaginer la réaction des autres filles lorsqu’elles le verraient avec lui. Cette pensée la fit sourire. Elle n’avait jamais été particulièrement popu- laire, et les gars ne lui portaient pas vraiment atten- tion. Ce n’est pas qu’elle était impopulaire — elle avait de bonnes amies —, mais elle ne faisait pas partie de la b***e la plus populaire non plus. elle supposa qu’elle se trouvait quelque part au milieu. Malgré tout, elle se rappela avoir été traitée avec mépris par certaines des filles les plus populaires, qui semblaient toutes se tenir ensemble, marchant dans les corridors en levant le nez, ignorant superbement tous ceux et celles qu’elles ne considéraient pas aussi parfaites qu’elles. Peut-être que, cette fois, elles la remarqueraient. Caitlin et Caleb montèrent les marches et passè- rent la grande porte double de l’école. Caitlin jeta un regard en direction de l’horloge: 8 h 30. Parfait. Le pre- mier cours se terminerait à l’instant, et les corridors se rempliraient instantanément. Ils pourraient passer plus facilement inaperçus. Elle n’aurait pas à se soucier des agents de sécurité ou d’une autorisation de circuler. au même moment, la cloche retentit et, en quel- ques secondes, les élèves commencèrent à affluer dans les corridors. La bonne chose à propos d’Oakville, c’est qu’il y avait un monde de différence avec l’horrible école secondaire de New York. Ici, même lorsque les corri- dors étaient bondés, il restait toujours beaucoup d’es- pace pour manœuvrer. De grandes fenêtres occupaient les murs, laissant entrer la lumière et permettant de voir le ciel, et on voyait des arbres partout. C’était presque suffisant pour que cette école lui manque. Presque. Mais elle en avait assez de l’école. Elle n’était tech- niquement qu’à quelques mois de la remise des diplômes, mais elle avait l’impression d’avoir davan- tage appris au cours des dernières semaines qu’elle ne pourrait le faire en restant assise sur les bancs d’école quelques mois de plus pour obtenir son diplôme. Elle aimait apprendre, mais elle serait tout aussi heureuse en n’y revenant jamais. Pendant qu’ils marchaient dans le corridor, Caitlin chercha des visages connus. Mais il passait surtout des élèves de première et de deuxième. Elle ne voyait aucune de ses collègues de fin de cycle. Mais, pendant qu’ils dépassaient d’autres jeunes, elle fut surprise de lire la réaction sur le visage des filles: chacune fixait littéralement Caleb du regard. Aucune n’essayait de le dissimuler, ou n’était même capable de détourner les yeux. C’était incroyable. C’était comme si elle se promenait en compagnie de Justin Bieber. Caitlin se retourna et vit que toutes les filles s’étaient arrêtées, continuant de le contempler. Plu- sieurs s’échangeaient des murmures. Elle jeta un coup d’œil à Caleb, se demandant s’il avait remarqué. Si c’était le cas, il n’en laissait rien voir, et ne semblait pas du tout s’y intéresser. -- Caitlin? dit une voix étonnée. Caitlin se retourna et vit Luisa, qui était une de ses amies avant son déménagement. -- Oh mon Dieu! s’écria Luisa d’un ton enjoué, en ouvrant ses bras pour étreindre Caitlin. Avant que Caitlin n’ait pu réagir, Luisa la serrait dans ses bras. Caitlin la serra à son tour. C’était si bon de voir un visage familier. -- Qu’est-ce qui se passe avec toi? demanda Luisa d’un ton amical et précipité. elle agissait toujours ainsi, avec une pointe d’ac- cent hispanique qui laissait penser qu’elle n’était arrivée de Porto Rico que depuis quelques années. -- Je suis si étonnée! Je pensais que tu avais démé- nagé! Je t’ai envoyé des textos, je t’ai écrit par messa- gerie instantanée, mais tu n’as jamais répondu… -- Je suis désolée, dit Caitlin. J’ai perdu mon télé- phone, et je n’avais pas accès à un ordinateur, et… Luisa n’écoutait plus. Elle venait de remarquer Caleb, et le fixait, hypnotisée. Sa mâchoire pendait littéralement. -- Qui est ton ami? demanda-t-elle enfin, presque en un murmure. Caitlin sourit. elle n’avait jamais vu son amie si nerveuse auparavant. -- Luisa, je te présente Caleb, dit Caitlin. -- Enchanté, dit Caleb en tendant la main avec un sourire. Luisa continua simplement à le fixer. Puis elle sou- leva lentement la main, d’un air hébété, manifestement incapable de parler. Elle jeta un coup d’œil à Caitlin, n’arrivant pas à comprendre comment cette dernière avait pu dénicher un tel garçon. Elle voyait Caitlin d’un autre œil, presque comme si elle ne la connaissait même pas. -- Hum…, commença Luisa. Elle avait les yeux écarquillés. -- Hum… alors… où vous êtes-vous… disons… rencontrés? Pendant un instant, Caitlin se demanda comment lui répondre. Elle s’imagina dire toute la vérité à Luisa, et sourit à cette pensée. Ça ne marcherait pas. -- Nous nous sommes rencontrés… après un concert, dit Caitlin. C’était en partie vrai. -- Mon Dieu, quel concert? en ville? Les Black Eyed Peas!? demanda-t-elle d’un seul souffle. Je suis jalouse! Je meurs d’envie de les voir! Caitlin sourit à la pensée de voir Caleb à un concert rock. D’une façon ou d’une autre, elle ne pouvait se l’imaginer là. -- Heu… pas vraiment, dit Caitlin. Luisa, écoute, je suis désolée de t’interrompre, mais je n’ai pas beau- coup de temps. Je dois trouver Sam. L’aurais-tu vu? -- Bien sûr. Tout le monde l’a vu. Il est revenu la semaine dernière. Il avait l’air bizarre. Je lui ai demandé où tu étais et ce qu’il faisait, mais il n’a rien voulu me dire. il crèche probablement dans la vieille grange vide qu’il aime tant. -- Non, répondit Caitlin. Nous en arrivons. -- Vraiment? Désolée. Je ne vois pas. Tu sais, il est en deuxième, on ne se croise pas souvent. Vous avez essayé la messagerie instantanée? Il est toujours sur f******k. -- Je n’ai pas mon téléphone…, commença Caitlin. -- Prends le mien, la coupa Luisa. Elle déposa vivement son cellulaire dans la main de Caitlin avant qu’elle n’ait eu le temps de finir. -- f******k est déjà ouvert, il ne reste plus qu’à te connecter. Bien sûr, pensa Caitlin. Pourquoi n’y ai-je pas pensé? Caitlin se connecta, entra le nom de Sam dans la fenêtre de recherche, ouvrit son profil et cliqua sur message. Elle hésita, se demandant quoi écrire. Puis elle tapa: « Sam. C’est moi. Je suis à la grange. Viens me rejoindre. Vite. » elle cliqua sur envoyer et remit le téléphone à Luisa. Caitlin entendit un brouhaha derrière elle et se retourna. Un groupe des filles les plus populaires en fin d’études traversait le hall dans leur direction. Elles s’échangeaient des murmures. Toutes regardaient en direction de Caleb. Pour la première fois, Caitlin sentit une nouvelle émotion s’emparer d’elle. La jalousie. Elle pouvait lire, dans les yeux de ces filles qui ne lui avaient jamais adressé la parole, qu’elles seraient heureuses de lui dérober aussitôt Caleb. Ces filles s’étaient déjà jetées sur tous les garçons de l’école, tous ceux qui les inté- ressaient. Peu importe qu’ils aient une petite amie ou non. il ne restait qu’à souhaiter qu’elles ne posent pas les yeux sur votre mec. Et maintenant, elles fixaient toutes Caleb du regard. Caitlin souhaita, et pria même pour que Caleb soit immunisé contre leurs charmes. Qu’il l’aime toujours. Mais, pendant qu’elle y pensait, elle se demanda pourquoi il ferait ça. Elle était si ordinaire. Pourquoi resterait-il avec elle quand des filles comme celles-là craquaient pour lui? Caitlin pria silencieusement pour que les filles passent leur chemin. Juste cette fois. Mais, évidemment, ce n’est pas ce qu’elles firent. Son cœur s’accéléra lorsque le groupe se dirigea direc- tement vers eux. -- Bonjour Caitlin, dit l’une des filles d’un ton faussement jovial. Tiffany. Grande, avec des cheveux blonds raides, des yeux bleus et une silhouette de guêpe. Habillée de la tête aux pieds de vêtements griffés. -- Qui est ton ami? Caitlin ne savait pas quoi dire. Tiffany et ses amies ne s’étaient jamais intéressées à Caitlin. Elles n’avaient même jamais regardé dans sa direction. Elle fut même surprise qu’elles sachent qu’elle existe, et connaissent jusqu’à son nom. et maintenant, elles entamaient une conversation. Bien sûr, Caitlin savait que ça n’avait rien à voir avec elle. Elles convoitaient Caleb. Assez sérieu- sement pour s’humilier en adressant la parole à Caitlin. Ce n’était pas bon signe. Caleb dut sentir l’embarras de Caitlin, parce qu’il se rapprocha d’elle et passa un bras autour de son cou. Caitlin ne s’était jamais sentie aussi reconnaissante pour un geste dans sa vie. Dotée d’une nouvelle assurance, Caitlin trouva le courage de parler. -- Caleb, répondit-elle. -- Alors, qu’est-ce que vous faites ici? demanda une autre fille. Bunny. La réplique de Tiffany. En brune. -- Je pensais, en fait, que tu avais déménagé ou quelque chose du genre. -- Eh bien, je suis de retour, répondit Caitlin. -- Alors, toi, tu es nouveau ici? demanda Tiffany à Caleb. Es-tu en dernière année? Caleb sourit. -- Oui, je suis nouveau ici, dit-il d’un ton mystérieux. Une lueur éclaira le regard de Tiffany, parce qu’elle pensait qu’il voulait dire qu’il était nouveau à l’école. -- Super, dit-elle. Il y a une fête ce soir, si tu veux venir. Ça se passe chez moi. C’est seulement pour quel- ques intimes, mais nous serions heureuses de t’y voir. Et… hum… toi aussi je pense, ajouta Tiffany en jetant un coup d’œil à Caitlin. Caitlin sentit la colère monter en elle. -- J’apprécie l’invitation, mesdemoiselles, dit Caleb, mais je suis au regret de vous dire que Caitlin et moi avons déjà un rendez-vous important ce soir. Caitlin sentit son cœur bondir de joie. Victoire. En regardant leur mine s’affaisser, comme une rangée de dominos, elle ne s’était jamais sentie accorder une telle importance. Les filles repartirent en soulevant le nez. Caitlin, Caleb et Luisa restèrent là, seuls. Caitlin expira longuement. -- Mon Dieu! s’écria Luisa. Ces filles n’adressent jamais la parole à personne. encore moins pour lancer une invitation. -- Je sais, dit Caitlin, encore ébranlée. -- Caitlin! s’écria soudainement Luisa en agrip- pant son bras. Je viens de m’en souvenir. susan. elle a parlé de Sam. Elle a dit qu’il se tenait avec les Coleman. Je suis désolée, ça vient juste de me revenir. J’espère que ça pourra t’aider.
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