Prologue

319 Words
PROLOGUEL’appartement est silencieux. J’attends depuis une demi-heure. Elle va rentrer comme d’habitude vers vingt heures. Je connais parfaitement ses habitudes pour l’avoir suivie à de nombreuses reprises. J’ai pénétré dans son deux-pièces en me débrouillant pour que personne ne me voie. Cet immeuble est peu fréquenté, mais il fallait prendre quelques précautions. Crocheter la serrure a été un jeu d’enfant ; ce n’est pas une serrure de sécurité. Je n’avais rencontré aucun problème la première fois. J’ai trouvé ce que je cherchais. Maintenant, j’attends. Il faut que je le fasse. Elle ne va pas me voler tout ce que j’ai, quand même ! Des pas dans l’escalier. C’est elle. Je reconnais sa façon de monter les marches. Je serre dans mes mains gantées le lourd cendrier en cristal que j’avais repéré lors de ma visite précédente. La clé tourne dans la serrure. Elle entre. Je me colle encore davantage contre le mur. L’escalier est dans le noir : j’ai pris soin de dévisser l’ampoule du palier. Un cliquetis. Elle essaie d’allumer la lumière. Qui ne marche pas. Normal, j’ai coupé l’électricité. Comme je le prévoyais, elle s’avance dans l’appartement, se dirige vers la gauche, cherche à tâtons le disjoncteur. Je fais un pas en avant et j’abats de toutes mes forces le cendrier sur son crâne. Elle s’écroule sans un cri. Je ferme doucement la porte derrière elle. Le corps est allongé par terre, sur le ventre, un bras en avant. Elle semble dormir. Mais lorsque je rallume la lumière, je vois la flaque de sang qui s’étend rapidement et la cervelle qui bave sur le linoléum. Je m’accroupis pour l’examiner de plus près. Elle est morte sur le coup. C’est facile de tuer. Pas besoin d’avoir beaucoup de muscles. Il faut dire qu’avec son poids imposant et ses arêtes bien tranchantes, ce cendrier était une arme parfaite. Maintenant, elle ne pourra plus s’approprier ce qui m’appartient. Je viens de refermer sa porte et je suis encore dans l’escalier quand j’entends le téléphone sonner chez elle. Je sursaute. Mais il n’y a plus de danger maintenant. Tiens, c’est sans doute lui qui appelle. Trop tard, mon pauvre. Allez, tu t’en remettras…
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