CHAPITRE:10 Le Mariage

1606 Words
Bissau Mon fils venait de quitter la chambre me laissant sans voix. Je n’aurais jamais pu deviner qu'il se comporterait de la sorte. Mais bon je peux comprendre la teneur de ce que je lui demande, mais en même temps il n'avait qu'à pas laisser traîner « Samba N'Diaye » partout.. Ohh mon Dieu qu'est-ce que je raconte ‍♀️. Ces jeunes et leur impulsivité, quand on croit avoir tout vu et bah on a rien vu . De retour dans ma chambre j'ai recherché le postit sur lequel j'avais noté le numéro de la fille, à maintes reprises je l'ai tourné dans ma main sans pouvoir me décider. L'appeler pour Lui dire quoi au juste ? Écoutes ma fille j'ai échoué... non ce serait trop facile. Il y 'a quelques années, je me trouvais dans à peu près la même situation que cette fille, si personne n'avait cru en moi , si personne ne m'avait donné une chance de prouver que j'étais quelqu'un de bien, je ne sais pas ce qu'il en aurait été de moi à l'heure qu'on est. Je ne peux donc pas lui apporter une mauvaise nouvelle, qui la brisera encore plus qu'elle ne l'est. Et comme mon fils ne veut pas coopérer, c'est à moi que revient de prendre la décision qui conviendra à tous. Trois jours après cette altercation, toujours pas de Jamal, il ne restait plus que deux jours avant la date d'échéance prévue pour mon appel. Une semaine, c'est tout ce que je lui avais promis. À court d'idées je suis venue voir la seule personne qui je sais pourra me comprendre, mon époux. Il a toujours su ce qu'il fallait faire, et est toujours avec moi dans les bons et les mauvais moments. Après lui avoir expliqué la situation tout en omettant le côté grossesse, il accepta sans trop poser de questions. L'important c'est qu'il soit avec moi dans ce que je m'apprêtais à faire. Deux jours, je n'ai eu que deux jours pour tout préparer, grâce aux services d'Hector mon homme à tout faire qui a été en éclaireur à Conakry, on a enfin réussi à trouver où est-ce qu'elle habitait. Ensuite de mon côté j'ai préparé une délégation composée des oncles maternelles de Jamal déjà à Kindia, son frère Oumar, son père et un de ses cousins et moi même. Après avoir traversé la frontière en voiture nous nous retrouvons enfin en terre de Guinée. Le chemin est long et périlleux, mais la beauté de la végétation en vaut le détour. C'était l'idée de Oumar de passer par la route, car d'après lui il n'y aurait aucun vol direct entre Conakry et Bissau. En voulant nous entêter on risquait fort de faire un grand tour, en passant par Dakar. Dakar - Cap-Vert et je ne sais quel pays avant de revenir à Conakry. On venait de traverser de long en large la région de la basse côte encore appelé la région des agrumes. Mangues, oranges , Bananes douces et Ananas rivalisaient entre eux. Par contre si certaines préfectures telles que Kindia offrait au voyageur un beau spectacle de ses plantations à perte de vue, les zones de Sangarédi et Boké étaient arides avec un climat chaud. Les populations de ces localités ne peuvent pas se vanter de vivre de l'agriculture, l'exploitation minière y occupe une place de choix. Après un long voyage en passant par kindia pour récupérer mes frères, nous arrivons enfin à Conakry. Ma dernière visite remonte à il y'a bien longtemps, je remarque qu'à l'entrée de la ville des habitations ont poussé depuis le temps. Par contre la poussière y est toujours omniprésente, malgré l'heure matinale à laquelle nous sommes arrivés, les réveils tôt vaquaient déjà à leurs occupations. Notre convoi se dirigea au quartier de Lambangni où Hector avait pu louer une villa pour le temps que prendra le séjour, c'est à dire dix jours. [...] Après avoir consacré la journée à dormir afin de récupérer des forces, nous nous apprêtons maintenant à aller rencontrer les parents de Joanna. Le soleil déclinait peu à peu faisant place à une douce obscurité. L'appel à la prière du crépuscule coïncida avec notre arrivée. De la cour Mouctar mon jeune frère salua d'un Assalaamou aleykoum ( la paix sur vous) , au même moment une voix lui répondît et nous invita à rentrer. Je vous passe les salutations, nos hôtes s'empressèrent de nous trouver de l'eau dans des bouilloires afin que nous fassions nos ablutions. Ensuite en un même mouvement nous prenons place à la terrasse où des nattes ont déjà été disposées. Par respect pour les invités que nous étions l'honneur est cédé à mon époux pour présider la prière. Dans nos sociétés traditionnelles africaines quand une délégation devait rencontrer les parents de la fille qu'un de leurs membres souhaiterait épouser, ils guettaient généralement les heures de prières afin que le marié fasse ses preuves, et étale ses connaissances religieuses. Cette pratique était aussi valable pour l'invité à qui tous les honneurs étaient accordés. Après la salât, des bénédictions ont été dites par le père de Joanna prouvant qu'on avait aussi à faire à des hommes de culte. Ensuite nous entamions la raison de notre visite. Mouctar mon jeune frère prit la parole... « Encore une fois nos salutations à vous , ce n'est rien de grave qui nous amène en ce début de soirée, seulement la paix rien que la paix. C'est pas ça koto Alladji ? (Frère) « Absolument, répondis mon époux Sur ce Mouctar continua.. « Si nous sommes là Elhadj.. c'est pour avoir des renseignements. Un de nos fils a vu une de vos filles, et souhaiterait en faire sa femme. Étant conscient de comment les choses vont vite de nos jours, nous en tant que parents avons pensé qu'il serait judicieux de venir voir si effectivement votre fille n'est pas engagée ailleurs. Dans ce cas .. comme je l'ai dit plutôt, on espère que vous aurez l'amabilité de nous la confier en tant que fille et épouse pour notre fils. J'espère que j'ai tout dit Koto Alladji « Oui Mouctar nous te remercions... Elhadj en gros c'est ça. Nous voulons de Joanna pour mon fils Jamal. La suite se trouve entre vos mains.. Mais avant de parler mariage, comme il est de coutume nous nous sommes présentés, avons dit d'où nous venons et qui nous étions. Étant à moitié Guinéenne j'avais la majeure partie de ma famille paternelle au Fouta et dans une partie de la basse côte. Mon Mari Bissau Guinéen de souche était connu pour être le président des Haal-poular de toute l'Afrique de l'ouest. Il avait également occupé de nombreux postes de responsabilité au sein du gouvernement au temps du régime de João Bernardo Viera. Le père de Joanna après nous avoir remercié de notre présence , nous parla à cœur ouvert et franchement nous étions à l'aise. Mais a un moment sa femme lui fit signe et lui parla dans l'oreille. Étant assez près j'ai cru comprendre qu'elle avait des inquiétudes. - Alladji ein innèbhe ein yiitidey fewdjodein ( Alladji dites leurs qu'on va se concerter et ensemble nous prendrons une décision) - Daaraa ko à Debbo haalaama alaa et fi okkitirgol Joanna ( Remarques que t'es une femme, et quand il s'agit de mariage les femmes n'ont pas leur mot à dire) - Kono ko biddho an ( Mais c'est aussi ma fille) - Hum... À l'issue de cet échange je compris l'inquiétude de la mère, en tant que femme je sais exactement combien c'est frustrant de ne pas être associée quand il s'agit de prendre des décisions concernant nos enfants. Alors qu'on a dû les porter durant neuf mois, supportant douleurs et insomnies, deux ans d'allaitement, de courbatures, aucun congé maternité jusqu'à ce que l'enfant puisse courir sur ses deux jambes et on ose encore nous mettre à l'écart quand il s'agit de leur avenir ? Dans quel monde vit-on? Pour rassurer la mère et lui faire comprendre que j'étais de cœur avec elle, j'ai demandé à prendre la parole. « Éminente assemblée merci de me permettre de m'exprimer. Tout d'abord je tiens à remercier nos hôtes pour l'accueil chaleureux. Et Hadja? En m'adressant à la mère.. On Tinii? Mi faamii andè mon dein ( Écoutez je comprends parfaitement votre inquiétude) Rassurez-vous qu'en nous donnant Joanna elle sera en sécurité. Dieu ne m'a donné que deux fils dont Jamal et Oumar que voici. Les années n'ont en rien altéré mon désir d'avoir une fille, alors si vous acceptez de nous la confier je vous promets de la considérer comme ma propre fille. Dans mon jargon il n'y a pas de belle fille qui tienne, il n'y aura que Joanna ma fille. Avec nous elle ne manquera de rien je vous en fais la promesse. Après ces quelques paroles rassurantes je crois que toutes les barrières sont tombées. Rendez-vous fût prît pour vendredi afin de sceller le mariage. Les jours sont passés comme des heures , entre préparatifs et organisation on avait plus où donner de la tête. Je devais coordonner les travaux entamé à Bissau afin d'accueillir Joanna comme une vraie Reine, après tout elle portait un Bâ dans son ventre. Ici tout se passa très vite, et en juste dix jours notre convoi reprenait la route inverse pour rentrer chez nous. Dans la voiture qui nous ramenait le silence régnait en maître. Je pris enfin le temps de l'observer, qu'est-ce qu'elle était belle dans sa tenue Léppi brodée avec du fil rouge. Aujourd'hui un chapitre de sa vie se ferme pour laisser place à un autre... À suivre !
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