CHAPITRE VIII Ils l’avaient fait, à la fin. Ils l’avaient fait. La pièce dans laquelle ils se trouvaient était longue et éclairée d’une lumière douce. La voix diminuée du télécran n’était plus qu’un murmure bas. La richesse du tapis bleu sombre donnait, quand on marchait, l’impression du velours. À l’extrémité de la pièce, O’Brien, assis à une table, sous une lampe à abat-jour vert, avait, de chaque côté de lui, un monceau de papiers. Il n’avait pas pris la peine de lever les yeux quand le domestique avait introduit Winston et Julia. Le cœur de Winston battait si fort qu’il se demandait s’il pourrait parler. « Ils l’avaient fait, ils l’avaient fait. » C’est tout ce qu’il pouvait penser. Cela avait été un acte imprudent de venir là, et une pure folie d’arriver ensemble, bien qu’à la véri

