Chapitre 6

4130 Words
Il y avait déjà un monde fou à notre arrivée mais cela ne se remarquait pas à cause de la grandeur des lieux. On aurait même dit que peu de gens étaient présents. La salle de bal s'étendait à perte de vue et arborait de l'or à chaque recoin. Cela provoquait une cassure importante avec le reste du château décoré sobrement et c'était clair que cette pièce avait été inventée pour exposer la richesse de la duchesse. Cette dernière n'était pas présente pour accueillir s'est invités mais je ne m'en rendis pas compte de suite à cause de la foule. Cédric apparaissait et disparaissait dans chaque coin de la pièce veillant à ce que tout se passe comme prévu. Il vint nous voir dès notre entrée pour nous saluer et nous proposer de quoi nous rafraichir. Nous allâmes donc au buffet et Audrey s'assit sur la chaise la plus proche. Jean ne m'avait pas menti. Ce bal était vraiment quelque chose. Une fois que nous nous étions habitués à la richesse des lieux nous étions de nouveau médusés par le buffet. J'avais beau avoir passé mes dernières journées à préparer ce dernier, la manière dont il était présenté ainsi que les petites ajustations de dernières minutes semblaient être de la magie. Je ne reconnaissais même pas les perles que nous avions passé tant de temps à faire avec la duchesse. Ce n'était plus notre travail mais un chef d'œuvres. Une fois que je m'étais remis de la grandeur des lieux ainsi que de la beauté du buffet je me rendis compte des regards portés sur moi. Je me tournais donc et vis que ce n'était pas qu'une impression. J'étais bel et bien observé d'un air mauvais par plusieurs petits groupes d'aristocrates. Ce qui me rassura fut que je n'étais pas le seul qu'ils observaient et je compris immédiatement ce qui les dérangeait. La différence entre eux et nous se voyait comme le nez au centre de la figure et notre présence les dérangeait visiblement mais ce n'était pas non plus ce qui les poussait à nous regarder de la sorte parce que au fond ils s'en fichaient. La salle était tellement grande qu'ils n'allaient jamais avoir à nous croiser et au moins ça les occupait de parler mal de nous. Ils nous détaillaient donc de la tête aux pieds et avec une grimace de dégoût énuméraient tout ce qu'il n'allait pas avec nos vêtements. La duchesse avait beau nous avoir fournit des vêtements pour l'occasion ils n'arrivaient pas à la cheville des tenues aristocratiques. Nos tenues étaient simple et raffinées tout comme le reste du château tandis que les aristocrates portaient le plus de bijoux possible pour étaler leur richesse tout comme le faisait cette salle de bal. Les femmes portaient toutes des chapeaux plus hauts les uns que les autres. Sur certains de ces chapeaux se trouvaient même des fruits ou même des bateaux miniatures. Je trouvais cela tellement pitoyable que je devais me retenir de rire. Les couleurs des robes étaient très variables mais elles avaient toutes un volume important. Je me demandais comment elles pouvaient bien marcher avec tant de poids sur leurs corps. Quant aux hommes ils portaient des vêtements avec le plus de couleurs possible associant souvent des couleurs qui n'avaient rien à faire ensemble. Sur ces couleurs se trouvaient accrochées une multitude de décorations plus dorées les unes que les autres. Dans leurs poches nous pouvions voir attachées par des chaînes en or des montres. Certains en avaient même plusieurs ce qui était décontenançant. De combien de montres avions-nous besoin pour regarder l'heure? Pour les autres ce spectacle était habituel et Jean et les autres ne faisaient même plus attention aux regards portés sur eux ou sur les vêtements des invités mais pour Audrey et moi tout ça était nouveau. Tandis que je riais discrètement Audrey quant à elle gardait les yeux baissés sur la nourriture. Elle n'avait pas encore remarqué les regards portés sur elle ou alors elle se forçait à en faire abstraction en se cachant dans les sucreries. J'optais plus pour la deuxième option personnellement et je pouvais la comprendre. N'importe qui aurait préféré le buffet aux invités. Disons simplement que ces derniers n'avaient pas l'air des plus agréables. Il fallut deux bonnes heures pour que toutes les personnes invitées aient posé leurs manteaux, soient entrés dans la pièce et aient trouvé un endroit où discuter ou manger. En deux heures la salle se remplit complètement et je n'osais imaginer le nombre de personnes présentes. Nous avions passé ces deux surtout à manger et discuter. Jean n'arrêtait pas de se tordre le cou pour trouver la duchesse ainsi que de se rhabiller tandis que ses amis lui disaient que cela ne servait à rien de la chercher dans cette foule. Mais Jean s'en fichait. Il était aveuglé par son envie de danser. Audrey goûta à tous les plats présents sur le buffet sans quitter sa chaise une seule fois. Ayant la bouche pleine la plupart du temps elle se contentait donc de nous écouter parler en souriant tant bien que mal. Quant à Cédric nous le vîmes passer encore quelques fois mais de moins en moins à cause du nombre d'invités augmentant. Lors d'un de ses passages Jean lui demanda s'il avait vu la duchesse. Cédric avec son calme habituel affirma qu'elle n'était pas encore arrivée et cela rassura Jean l'espace de quelques instants. Il se détendit et arrêta de chercher dans tous les coins puis se mit à fixer les portes toutes les cinq minutes pour ne pas rater l'entrée de la duchesse. Ses amis s'étaient contentés de secouer la tête déprimés par son attitude. Deux heures après le début du bal s'est prières furent enfin exhaussées et les portes dorées s'ouvrirent projetant un silence sur toute la salle. L'orchestre lui même s'arrêta de jouer un instant avant de jouer quelque chose de légèrement plus silencieux ainsi que plus adapté pour une entrée imposante. Parce que oui la duchesse avait visiblement un penchant pour se faire remarquer. Précédée de Louis la duchesse se fraya un chemin dans la foule en balayant du regard les invités et en les saluant de la tête. Son visage restait cependant de marbre ce qui était assez perturbant. Elle saluait les personnes sans une once de bonheur à l'idée de les voir. A vrai dire on aurait même dis qu'elle ne pouvait pas les voir. Son regard les transperçait comme s'ils n'étaient même pas présents et elle se contentait d'hocher la tête dans le vide forcée par l'étiquette. Je ne pus m'empêcher de sourire. Je ne m'étais pas attendu à ce que la duchesse se croit forcée à respecter l'étiquette devant qui que ce soit. Elle était plus que malpolie devant nous autres mais visiblement les aristocrates méritaient sa politesse. Elle qui prétendait laisser partir des esclaves considérant qu'ils étaient pareils à des membres du personnels et pourtant elle ne nous traitait pas de la même manière que les riches. Sa morale avait visiblement des limites. Pitoyable. Alors que je me disais cela le regard de la duchesse passa sur mes yeux comme si elle m'avait entendu. Elle ne s'arrêta pas sur moi. Elle m'avait balayé comme si j'avais été une poussière dans l'univers. Ne m'accordant même pas un signe de tête. Mon cœur loupa un battement d'indignation mais soudain son expression alors que je lui serrais la gorge me revint en mémoire. J'ignorais pourquoi j'y repensais maintenant alors que j'avais fais de mon mieux pour enfouir ce souvenir. Alors que mes mains étaient serrées autour de son cou la duchesse n'avait exprimé aucune peur ou espoir que je la lâche. Elle était restée de marbre dénuée d'émotions tout comme maintenant. Elle avait regardé la mort de la même manière qu'elle nous regardait nous tous dans cette salle. Je me demandais ce qu'elle avait appris quand elle avait transpercé la mort du regard. Quelque chose me disait même que ce n'était pas la première fois que cela arrivait. Personne ne pouvait réagir ainsi la première fois. Le fait qu'elle nous mette au même niveau que la mort avec son regard faisait naitre une émotion étrange dans mon ventre. J'ignorais si ce sentiment était positif ou négatif mais dans tous les cas il était étrange. Maintenant que la duchesse m'avait dépassé je n'étais plus en mesure de me concentrer sur la glace de ses yeux et je me mettais à détailler ses vêtements. Elle ne portait pas de chapeau contrairement au reste de l'assemblée et sa robe était tout aussi modeste que sa coiffure. Ses boucles rebelles entouraient son visage dans un désordre calculé tandis qu'un chignon trônait sur le haut de son crâne la rendant encore plus haute et imposante. Quant à sa robe couleur or elle ne comportait aucune perle ou ornement quelconque. Elle avait visiblement estimé que la couleur était assez imposante et riche en elle même. Son seul bijoux était une montre en or autour de son poignet ainsi qu'un simple collier blanc. Je devais lui concéder qu'elle était bien plus belle que n'importe quelle femme dans cette pièce malgré le fait qu'elle était aussi celle arborant le moins de bijoux ou ayant l'air la plus normale. Quoi que il n'y avait rien de normal dans cette femme. Absolument rien. Jean se tordait dans tous les sens voulant admirer la duchesse le plus longtemps possible et enregistrer tous les détails dans son esprit. C'est en l'entendant chuchoter à quel point elle était belle que je me rendis compte du silence pesant qui avait prit la salle. Quelques chuchotements survenaient çà et là mais la grande majorité fixaient la duchesse avec des sourires forcés ou de la réelle admiration. Quoi que il y avait bien plus de sourires hypocrites que de respect pour sa personne. Arrivée dans le fond de la salle la duchesse monta sur l'estrade sur laquelle se trouvait l'orchestre sans accepter la main que Louis lui tendait pour l'aider et elle alla se placer derrière le microphone le regard ancré droit devant elle. "Je vous remercie à tous de vous être déplacés pour cette modeste réception aujourd'hui. Pour certains d'entre vous la route a dû être longue alors c'est d'autant plus remarquable que vous ayez quand même décidé de venir. J'espère que le buffet ne se fait pas trop rare et que les musiciens sont à votre goût. Passez une bonne soirée." Et ce fut tout. Les invités hésitèrent un moment avant d'applaudir se demandant si elle avait vraiment fini vu à quel point son discours était court mais voyant qu'elle ne revenait pas ils finirent pas le faire. Après que la duchesse soit descendue de l'estrade les musiciens se remirent à jouer et petit à petit les discutions reprirent elles aussi. J'ignorais où est-ce que la duchesse avait pu aller dans la foule mais Jean voulait à tout prix la retrouver. Il n'attendit même pas que nous l'accompagnions et s'élança vers là où la duchesse avait disparue. Petit à petit les invités se mirent à danser et comme Audrey les fixait je lui demandais si elle voulait faire de même. Elle secoua la tête avec un grand sourire. "Non, ne t'en fais pas. Je préfère les regarder. -Sûre? -Oui. Je préfère rester assise. -Okay. Ça ne te dérange pas si je te laisse un peu seule? -Non pas du tout. -Je veux juste aller vérifier que tout va bien avec Jean. -Pas de soucis vas-y. -Merci." Sur ce je laissais Audrey avec les amis de Jean avec qui nous avions sociabilisés et je me mêlais à la foule à mon tour. Je ne cherchais pas que Jean des yeux mais toutes les personnes susceptibles d'être des membres du personnel et je n'eus pas à chercher bien longtemps. Tous les membres du personnel étaient restés en petits groupes vers l'entrée de la salle aux périphéries de la foule. C'était là qu'ils étaient le plus susceptibles de ne croiser aucun aristocrate. Je me mêlais donc à un petit groupe de trois et leur demandais: "Bonjour, excusez moi de vous déranger mais je cherche Jean. Il travaille dans les cuisines avec moi mais je l'ai perdu. -Oui je vois qui c'est. Mais désolée je ne l'ai pas vu de la soirée. -Pas de soucis merci. Au fait je m'appelle Thomas. -Enchantée Thomas. Tu as une femme qui s'appelle Audrey n'est-ce pas? -Une femme? Ah non pas du tout on est juste amis mais oui je suis arrivé en même temps qu'Audrey. On a tous les deux été achetés au marché." Cette déclaration apporta un léger froid à la conversation mais je n'avais pas de temps à perdre. J'avais enfin du temps libre pour poser mes questions je comptais donc en poser le plus possible. "Oui... On a entendu parler de ça aussi et on est vraiment désolés. -Oh c'est gentil mais on peut en parler je m'en fiche. Justement ça fait du bien d'extérioriser et d'en parler. C'est mieux que de faire comme si c'était un cauchemar. -Je peux comprendre. -En parlant de ça je me demandais s'il y avait d'autres personnes avec un passé d'esclave avec qui je pouvais parler de ça. Quelqu'un qui a vécu la même chose serait plus à même de me comprendre. -Malheureusement il n'y a plus personne de comme ça au château mais si jamais tu as besoin de parler de quoi que ce soit tu peux toujours venir nous voir. -C'est très gentil merci mais comment ça il n'y en a plus? -Eh bien je travaille ici depuis trois ans donc j'ai vu pas mal de gens aller et venir dans le château et surtout des esclaves. Enfin... Pardon je voulais pas dire ça. -Pas de soucis vraiment. Donc ils sont tous partis? Pourquoi? -Parce que ils voulaient construire leurs vies autre part tout simplement." Jusque là j'apprenais rien de nouveau. "Et la duchesse les a laissés partir? -Oui, bien sûr. Tout le monde est libre de ses déplacements dans le château. -Donc si tu veux partir, tu pars? -Oui. -Mais j'ai entendu dire que la duchesse achetait pas mal d'esclaves. Pourquoi dépenser tant d'argent pour les laisser partir ensuite? -Nous sommes toujours en manque de personnel au château alors la duchesse en trouve comme elle peut. -Mais si elle les laisse partir elle sera de nouveau en manque de personnel. -C'est pourquoi elle retourne au marché. -Je vois..." Je n'allais rien tirer de plus de ce groupe visiblement. "Merci d'avoir répondu à mes questions je ne vous embête pas plus. -Pas de soucis. Bon bal. -Merci pour vous aussi." Je retentais ma chance encore quelques fois mais tous donnaient la même réponse. C'était étrange. Comment est-ce que tout le monde pouvait avoir la même réponse sans qu'ils se soient mis d'accord d'abord? Quoi que vu à quelle vitesse les rumeurs circulaient dans ce château je n'étais pas non plus plus surpris que ça qu'ils aient des histoires similaires. Il arrivait visiblement que des dires soient déformés visiblement comme le fait qu'Audrey était ma femme mais sinon ils étaient assez conformes à la réalité. J'étais déçu. Je pensais que j'allais découvrir un secret immense ce soir mais je n'apprenais rien de nouveau. Je tournais en rond depuis mon arrivée et ce n'était pas agréable. Je ne m'attendais pas non plus à découvrir le secret de la duchesse si facilement mais j'aurais bien aimé un indice quand même. Soudain je me dis que je devais tenter le tout pour le tout et aller parler à des aristocrates. L'idée de me mêler à eux ne m'attirait pas plus que cela mais si je n'apprenais rien avec le personnel alors j'avais besoin d'un point de vu extérieur. Ils avaient l'air en somme de détester la duchesse par jalousie alors je pouvais jouer cette carte pour lancer la conversation. Je cherchais quelqu'un de très bien habillé même trop et assez à l'écart des autres pour ne pas être dérangés dans notre conversation. Soudain mon regard se posa sur un garçon portant une plume immense dans ses cheveux adossé contre un mur presque endormi. Il devait avoir environ 16 ans et avait l'air de ne pas du tout apprécier les bals. Je décidais donc de m'avancer vers lui et de l'interpeller. "Excuse moi." Le garçon ouvrit des yeux fatigués et les posa avec lenteur sur mes yeux. "Oui? demanda-t-il endormi. -Tout va bien? Tu as l'air très fatigué." Il bailla. "Oui... Mes parents me trainent à tous les bals disant que plus j'en vois plus je vais aimer ça mais c'est tout le contraire. Ça dure toujours mille ans ces trucs et j'arrive à peine à garder les yeux ouverts. -Je comprends. C'est mon premier bal mais je sens que je ne vais plus jamais venir. -Tu as raison. Fuis. Je donnerais tout pour moi aussi ne plus venir. -Mais j'ai entendu dire que les bals de la duchesse étaient les bals les plus attendus du royaume. -Je dois lui accorder que son buffet est le meilleur que j'ai vu jusque là mais peu importe le bal les invités sont toujours les mêmes. -Tu ne les apprécie pas? -Pas vraiment. Ce sont des adultes et ils ne parlent que de sujets ennuyants. -Il y a personne de ton âge? -Pas trop. Les gens ne laissent pas leurs enfants assister à ce genre de bal avant leurs 19 ans en général. Mais mes parents estiment que ça me rendra mature avant l'heure. Je viens à des bals depuis mes 14 ans. -Ah oui... Je compatis. -Merci. C'était pas si horrible avant. Je dormais sur une chaise, je mangeais. Mais maintenant je ne peux pas m'asseoir sur une chaise et dormir parce que si je m'endors je tombe immédiatement. Et puis mes parents me tueraient s'ils me voyaient dormir. Je suis un jeune homme apparemment. Je dois savoir rester éveillé toute la nuit. -Sois heureux tant que tu peux dormir. Personnellement je dors très peu d'heures par nuits. -C'est génial de pas avoir besoin de beaucoup de sommeil pour être en forme. -Non c'est pas ça. Je fais des cauchemars. -Ah. C'est moins bien en effet. -La duchesse m'a acheté en tant qu'esclave tu vois alors souvent quand je ferme les yeux je revois mon passé." Le garçon leva les yeux vers moi pensant que j'étais moi aussi un aristocrate. Je souris. "Eh oui je ne suis pas comme toi ou tes parents. C'est pour ça que les dames aux chapeaux avec des livres n'arrêtent pas de me regarder depuis tout à l'heure. Elles n'aiment pas que je parler à quelqu'un de leur espèce." Le garçon haussa les épaules. "Elles critiquent tout de toute façon. Quand elles me voient dormir elle me critiquent aussi. Alors que je suis juste fatigué." Je fus légèrement surpris que le garçon s'en fiche de ce que je venais de lui annoncer mais en quelque sorte ça allait avec sa personnalité ou du moins le peu que j'en avais vu. "Maintenant que nous avons commencé à parler des esclaves j'avais une question. -Quoi? -Tu savais que la duchesse achetait des esclaves tous les ans? -Peut-être. Je m'en souviens plus. Je suis pas très fasciné par ce genre de ragots. -Dommage. -Pourquoi? -Non rien laisse. -Si dis. -La duchesse achète des esclaves tous les ans mais je n'en ai encore rencontré aucun parce que apparemment ils sont tous partis du château. Je trouvais ça assez bizarre alors je voulais mener mon enquête, savoir ce qui leur est arrivé. Mais si tu ne sais pas alors tant pis." Soudain les yeux du garçon se mirent à briller. "Laisse moi mener l'enquête avec toi s'il te plaît! -Pourquoi? -Allez... Je m'ennuie horriblement et j'ai toujours été un immense fan de Sherlock Holmes. -Qui? -Laisse moi t'aider. J'ai lu énormément de livres avec des enquêtes alors je te serais d'une grande aide crois moi. -Bon d'accord si tu veux. -Yes! Alors on commence où? -Eh bien on pourrait poser des questions chacun de notre côté et se retrouver ici dans une heure t'en dis quoi? -Ça marche." Sur ce le garçon disparut dans la foule. Je me remis donc à scanner la foule à la recherche d'une personne qui pourrait potentiellement me renseigner. Soudain je remarquais un homme assez âgé se tenant seul devant le buffet un verre de vin dans la main. Je m'approchais donc de lui faisant mine que je cherchais moi aussi quelque chose à boire. Mais en me voyant m'approcher l'homme se décala sans prendre la peine de cacher le dégoût sur son visage. J'inspirais un grand coup pour ne pas m'énerver et reprenais simplement ma recherche. Il me fallut de longues minutes mais je remarquais un homme de mon âge environ lui aussi assez en retrait parce qu'il regardait les autres danser. Je m'approchais donc de lui et le saluais. "Bonsoir." Il me salua à son tour avant de se reconcentrer sur la danse. "Je m'appelle Thomas." Il sembla surpris et légèrement gêné que je force la conversation mais me répondait. "Moi c'est Théophile. -Enchanté. Tu viens souvent aux bals de la duchesse? -Bien sûr. Personne ne voudrait rater cet événement. C'est ta première fois? -Oui. J'avoue que je suis un peu mal à l'aise. J'ignore comment me comporter." Il hocha la tête en souriant sans rien ajouter. Je décidais de bluffer. "Si tu viens souvent alors tu dois connaitre Agathe. -Agathe? Son nom de famille? -Duprés. -Non cela ne me dit rien. -Ah mince, tu es sûr? -Oui. -Elle était une esclave qui s'est faite acheter par la duchesse. -Oh, elle a acheté tant d'esclaves que je ne peux garder le compte. -Oui c'est fou elle en rachète tous les ans." Il rit. "Oui, c'est du jamais vu. Elle les consomme comme des petits biscuits. -Pourquoi en achète-t-elle tant d'ailleurs? -Oh tu ne sais pas? La duchesse est tellement strict que tous ses esclaves craquent au bout d'un an maximum. Personne n'a jamais réussi à tenir plus longtemps. Alors la duchesse s'énerve qu'ils ne font pas leur boulot bien et elle les jette à la porte sans rien. -Ah oui? Quand elle se lasse d'eux elle les jette? -Oui, comme de vulgaire déchets. N'est-ce pas amusant?" Je ne répondais pas et m'éloignais sans un mot. Visiblement chaque classe sociale croyait dans une rumeur différente mais dans les deux cas les esclaves partaient. Etait-ce vrai? La duchesse les laissait partir? SI c'était le cas alors quelle était la vraie raison? Les faisait-elle travailler jusqu'à ce qu'elle se lasse ou est-ce que c-était leur choix pour recommencer neuf? Non, quelque chose n'allait pas avec les deux rumeurs. Celle que je venais de connaitre clochait parce que si la duchesse faisait travailler ses esclaves jusqu'au craquage alors Audrey et moi en aurions déjà payé le prix. La duchesse était tellement froide d'apparence que cette rumeur avait dû naitre sans qu'elle ne lève le petit doigt. Je n'y croyait pas. Je n'étais donc pas plus avancé que quelques secondes plus tôt. Si tous les aristocrates croyaient que la duchesse avait jeté ses esclaves et que tout le personnel croyait qu'elle leur avait offert une nouvelle vie alors personne ici n'allait pouvoir m'éclairer. Je ne voyais que Missy ou la duchesse capable de cela. Cédric et Louis avaient beau la suivre où qu'elle allait la duchesse avait l'air d'être une personne très mystérieuse et indépendante et je doutais qu'ils étaient au courant de quoi que ce soit. Ou alors tout le monde était au courant de tout mais ils mentaient très bien. Non je commençais à tomber dans la paranoïa. Le bal avait été bien entamé alors le travail devait commencer à se calmer petit à petit dans la cuisine donc si je voulais aller parler à Missy sans être dérangé c'était maintenant ou jamais. Je faisais donc demi tour mais je ne pouvais pas partir de suite. Je devais d'abord passer voir si Audrey allait bien ou si elle voulait rentrer dans sa chambre et je devais aussi retrouver le garçon au cas où il avait découvert quelque chose d'intéressant. J'en doutais mais bon. Alors que je marchais vers l'entrée je me rendis compte que les musiciens s'étaient arrêtés de jouer et que tout le monde était tourné vers un endroit non loin de derrière moi. Je me tournais et c'est à ce moment que je repensais à Jean que je n'avais pas vu depuis un bon moment. J'entendais des gens crier et je sentais que quelque chose n'allait pas du tout. Je me mis donc à avancer vers la source du bruit et je réussis tant bien que mal à me retrouver devant. Là au centre de tous les regards se trouvait Jean pâle comme un linge et une jeune femme avec un immense chapeau et sa robe tâchée de vin qui pleurait et hurlait en même temps.
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