Chapitre 5

4742 Words
Une fois n'est pas coutume je fus réveillée en sursaut à cause d'un énième cauchemar. C'était toujours la même trame. Moi qui fuis parce que je me sens suivie. Je commençais à avoir l'habitude. Regardons le bon côté. Au moins je n'avais pas besoin de réveil. Cette fois ci je fus réveillée à quatre heures et j'essayais de me rendormir pendant quelques minutes sans résultat. Je finis donc par me lever et descendais à la cuisine me prendre un verre d'eau. Même Mathieu n'était pas encore réveillé alors je décidais de remonter dans ma chambre pour me changer. J'enfilais un jogging et un gros pull et plaçais mes clefs dans ma poche avant de sortir en faisant le moins de bruit possible. Mathieu m'avait dit de ne pas sortir seule mais il était quatre heures du matin un dimanche. Il n'y avait jamais personne dans les rues à cette heure. Je voulais simplement courir un peu à l'air frais pour me changer les idées. Je marchais un peu pour m'éloigner de la maison et atteindre la grande route puis me mis à courir de façon détendue. Au départ je courais sans musique mais à cause de cela mes pensées prirent vite le dessus alors je m'enfonçais les écouteurs dans les oreilles pour faire taire les voix. J'étais dans ma bulle à présent et me mis à courir au rythme de la musique. Cette musique me dictait mon rythme de course et encadrait mes pensées alors je pouvais me laisser aller. Cela me fit le plus grand bien. Je finis par retourner chez moi quand je me rendis compte que le Soleil était presque levé. Je sursautais en entendant la porte s'ouvrir de nouveau puis se fermer derrière moi. Je me retournais d'un coup et fus incroyablement soulagée et aussi surprise en voyant Maxime toujours en pyjama se tenir dans l'encadrement de la porte. «Maxime? J'ai cru que j'allais faire une crise cardiaque! -Désolé mais je croyais que tu m'avais vu. -Non... Attends... M'aurais-tu suivie? -Bah oui. -Mais il est cinq heures du matin! -Crois moi je le sens... Quelle idée d'aller faire du sport à une heure pareille? -Je... J'avais besoin de me changer les idées. -Je sais... Mais ce n'est pas une raison pour sortir seule. -Désolée... Je ne voulais pas déranger. Et puis je me suis dit que j'allais juste courir un peu. -T'inquiète je vais rien dire à Mathieu. Mais ne sors jamais sans quelqu'un d'accord? -D'accord. -Tu peux me réveiller même à quatre heures du matin. Promis? -Promis. -Cool.» Maxime bailla puis se mit en marche vers les escaliers tout en s'étirant. «Sur ce je vais essayer de récupérer mes heures de sommeil. -D'ailleurs, Maxime. -Oui? -Comment est ce que tu as su que j'allais sortir?» Maxime roula des yeux amusé. «Mal... Tu fais plus de bruit qu'un éléphant dans une boutique de porcelaine.» Je ris en levant les yeux au ciel à mon tour. C'était aussi pour cela que je me trouvais trop faible et trop sensible. Mes frères s'inquiétaient déjà assez à cause du meurtrier. Je devais arrêter de faire des cauchemars pour qu'ils n'aient pas à s'inquiéter en plus pour ma santé mentale. Ils n'allaient pas me protéger toute ma vie malheureusement. Je devais apprendre à me débrouiller seule. À vrai dire je pouvais très bien me débrouiller seule. J'en étais persuadée. Je n'avais juste jamais l'occasion d'essayer. Quoi que question sentiments j'avais encore des progrès à faire. Je devais réussir à être moins sensible. À me débrouiller pour me protéger du monde qui m'entoure. Il y avait des choses merveilleuses dans ce monde je ne devais pas m'y fermer cependant je ne devais pas non plus m'ouvrir tout le temps à tout le monde. J'étais trop timide, renfermée pour créer des liens et me faire des amis. Je devais travailler là dessus. Cela allait m'aider dans ma vie plus tard. Tout était une question de contacts. C'est pour cela qu'Iris était si importante. Je n'avais aucun problème avec comment j'étais. J'avais sept frères et c'était largement assez comme entourage mais c'était toujours plus facile si nous savions créer des liens avec les autres êtres humains. Pourquoi est ce que je n'arrivais pas à créer des liens? Je ne le savais pas vraiment. Je n'étais pas vraiment intimidée par les inconnus. J'étais simplement mal à l'aise. Je n'aimais pas le changement. C'était étrange de s'ouvrir à quelqu'un que l'on ne connaissait pas alors que toutes les personnes qui nous entouraient avaient grandis avec nous. Je n'aimais pas le changement alors je ne suis jamais allée vers les autres. Cela les a aussi empêchés de venir vers moi. Mais pas Iris. Chaque fois que quelqu'un a essayé de se rapprocher de moi il a vite arrêté et il m'est déjà arrivé d'essayer de me faire des amis mais ça n'avait jamais marché. Iris était un hasard complet. Je lui ai simplement foncée dedans. Mais je n'allais pas non plus foncer dans toutes les personnes avec qui je voulais devenir amie. Vouloir devenir amies... Je n'avais pas vraiment envie de devenir l'amie de qui que ce soit. J'étais très bien dans ma vie. Sauf que je savais. Je savais qu'un jour où l'autre je ne serai plus entourée à chaque instant de tous mes frères. Je devais m'y préparer mentalement et m'ouvrir. Je devais accepter que les choses changent. Quant à ma maladresse. Elle n'était pas si gênante que cela non? À vrai dire elle ne me dérangeait pas réellement. Il est vrai que ma maladresse entraînait souvent du travail en plus ou des situations où j'étais gênée mais je n'avais pas de réelle motivation pour changer cela. Peut être que mon père était une des raisons pour lesquelles j'avais une telle peur du changement... Je secouais la tête. J'étais partie trop loin dans mes pensées. J'ignorais comment c'était arrivé mais parfois nous nous mettions à faire un bilan de nos vies et c'est très facile de se perdre dans le fil de nos pensées dans ces moments. Je remontais dans ma chambre essayant d'arrêter de m'analyser et m'étendais sur mon lit quelques minutes espérant réussir à dormir encore un peu. Je finis par sombrer dans un sommeil pas très profond et fus réveillée quelques heures après par des disputes qui me parvenaient de la cuisine. Je grognais tout en enfouissant ma tête dans mon coussin avant de me lever pour rejoindre l'animation. Visiblement Manoé s'était pris une remarque déplaisante de la part de Maxence qui courait autour de la table pour échapper aux foudres de son frère. Je levais les yeux au ciel amusée. De véritables enfants quand ils le voulaient ces garçons. «Bonjour! -Bonjour Mal! répondirent la plupart des garçons en cœur.» Je pris place autour de la table et profitais du fait que Mathieu était allé faire les courses la veille pour prendre un grand bol de céréales. Après avoir mangé tout en discutant de cours avec Mathis, je lavais mon bol et retournais me changer dans ma chambre. Je pris un jean noir ainsi qu'un pull de la même couleur et détaillais mon reflet d'un œil critique dans le miroir. Je redescendis et trouvais les garçons eux aussi vêtus de noir prêts à sortir. Quelqu'un toqua à la porte alors Maxime alla ouvrir. Lucas nous rejoignit lui aussi en noir et s'excusa au nom de ses parents qui auraient voulu venir mais avaient du travail à finir. Lucas tenait dans ses mains le gâteau que sa mère avait préparé et Mathieu lui proposa de le déposer dans le coffre de sa voiture. Quelqu'un d'autre toqua à la porte et ce fut Manoé qui alla ouvrir cette fois ci. Camille vêtue d'une robe noire élégante salua tout le monde avec un sourire légèrement moins brillant que d'habitude. Mathieu revint avec Lucas et prit sa petite amie par la taille pour la remercier d'être venue. Nous nous dispatchâmes dans trois voitures et Manoé mit ses lunettes de soleil pour ne pas être reconnu. Camille me sourit à travers le rétroviseur et je lui rendais son sourire pour lui faire comprendre que ça allait aller. Maxence me pressa la main avec douceur. Aucun de mes frères n'aimait les enterrements. À vrai dire qui sur Terre aimait les enterrements? Mais Maxence et moi étions de loin les deux qui supportaient le moins ces événements. J'étais allée à un nombre très restreint d'enterrements. Celui d'un de nos voisins, une femme âgée qui nous avait toujours donnés des gâteaux les samedi à l'heure du goûter. Et à celui de ma mère. J'avais seulement quelques mois alors je ne pouvais m'en souvenir mais je pouvais parfaitement ressentir son manque. Voir les personnes pleurer, voir le cercueil, voir les fleures, entendre les discours... Tout cela me rappelait ce manque. Je ne le supportais pas. Et Maxence non plus. Je pressais sa main pour lui faire comprendre que nous allions supporter à deux. Les autres n'avaient pas l'air vraiment impactés. Ils ne connaissaient pas du tout Emma à vrai dire. Sauf Mathieu... Il avait un lien particulier avec les victimes. Mais surtout. Il était celui qui se souvenait le plus de nos parents... J'aurais voulu le serrer contre moi. Mathieu n'aimait pas exprimer ses sentiments mais était tout aussi rongé que moi. Peut être même plus. Heureusement que Camille lui tenait la main. Ce fut difficile. Comme je l'avais prévu. Maxence n'avait pas lâché ma main du long et j'avais même réussi à attraper celle de Mathieu. La tristesse... La douleur des autres me rappelait la mienne. C'était comme si j'aspirais leur douleur et la gardais en moi. Je n'arrivais pas à la faire sortir. J'avais besoin de pleurer. Tellement que j'en souffrais. Mais je me retenais. Je devais arrêter de craquer. Je devais être forte. Pleurer n'allait rien arranger. Je réussis à tenir et fus très fière de moi. La douleur finit par s'apaiser sauf qu'elle devint pire que jamais une fois que nous fûmes tous les neuf réunis devant Sa tombe. La tombe de ma mère. La femme que je n'avais jamais connu et que j'avais pourtant l'impression de connaître sur le bout de mes doigts. La femme qui n'a pas reculé quand elle s'est retrouvée seule avec sept enfants sur les bras. La femme qui n'a demandé de l'aide à personne et qui s'est battue jusqu'au bout. Cette femme à qui je devais la vie. Je lui devais tout. Mes frères, mon existence... Tout ce que j'avais à ce jour d'important. Ce fut le tour de Mathieu de déposer les fleures sur la tombe. Manoé se chargea d'enlever les anciennes qui n'étaient pas encore fanées tandis que Mathis prit son tour de parler. «Coucou maman...» La voix de Mathis se brisa mais il se racla la gorge et reprit. «Nous sommes au grand complet pour venir te voir aujourd'hui. Regarde il y a même Camille.» L'intéressée fit un pas en avant. «Bonjour. Je suis honorée d'être là Madame...» Mathieu sourit à Camille. Un sourire déchirant à voir. Ampli d'amour et de douleur. Mathis reprit. «Pas grand chose s'est passé ces derniers temps à part le meurtre. Ne t'en fais pas on veille les uns sur les autres et Mathieu cherche le coupable avec détermination. En ce qui concerne les trucs plus banals tout le monde travaille bien à l'école ne t'inquiète pas. Enfin Maxence a eu quelques mauvaises notes mais on l'aide à remonter. Je ne m'inquiète pas pour lui. -Pourquoi est ce que on parle toujours de notes quand c'est ton tours? chuchota Maxence.» Mathis lui lança un regard qui voulait dire laisse moi parler. Maxence souffla exaspéré. «À ce que tu vois maman, Mathis n'a pas changé... -Je disais donc... reprit Mathis. Tout va bien pour nous. Tu n'as pas à t'inquiéter. Cependant on doit avouer que tu nous manque beaucoup...» À ces mots nous nous attrapâmes tous la main en formant une grande chaîne. Une muraille unie contre les horreurs du monde. «On espère que tu vas bien là où tu es...» J'entendis Marcus renifler et quelques larmes coulèrent sur ses joues. Camille et Maxime pleuraient aussi en silence. Je sentis une larme couler sur ma joue aussi mais je l'essuyais vite sans me faire remarquer. Je me mis ensuite à me mordre la lèvre inférieure jusqu'à ce que j'arrête de pleurer. Cela finit par arriver et en même temps je sentis un goût métallique dans ma bouche. Nous dîmes au revoir à notre mère puis après une minute de silence nous tournâmes les talons pour rejoindre la maison d'Emma où ses parents avaient organisé un petit buffet pour ceux qui étaient venus à l'enterrement. Emma n'habitait pas loin. On pouvait s'y rendre à pieds alors nous choisîmes de laisser les voitures. À peine sortis du cimetière je prétextais que j'avais perdu quelque chose pour y retourner. Maxime proposa de m'attendre mais je leur disais que je les rattraperai. Mathieu dit au groupe de continuer à avancer et me lança un regard plein de compréhension avant de se remettre en marche. Il ne savait pas que je savais mais je l'avais vu aller seul au cimetière quelques fois. Tous comme tous mes autres frères. Ils comprenaient. Je retournais donc à la tombe et la fixais en silence quelques instants. Je levais ensuite la tête et balayais les alentours du regard pour être sûre que j'étais seule. Je laissais enfin couler les larmes que j'avais retenu tout le long de la journée. Je n'arrivais plus à m'arrêter. Je pleurais toutes les larmes de mon corps et j'avais peur de me déshydrater. Je couvrais ma bouche de ma main pour me cacher et posais mon autre main sur mon ventre pour me calmer. Je finis par m'apaiser même si je continuais à avoir des hoquetements. Je décidais que j'étais restée en arrière trop longtemps et me lançais sur le chemin quant je vis une silhouette familière. Iris. Je l'avais vue à l'enterrement. Elle m'avait gratifiée d'un sourire. Sourire que je lui avais rendu mais nous n'avions pas parlé. À présent elle se tenait à quelques mètres de moi dans une somptueuse robe noire différente de celle de la dernière fois. Elle avait lissé ses cheveux qui lui arrivaient à présent dans le bas du dos et lui donnaient un air encore plus effrayant. On aurait vraiment dit une veuve. Une baronne de la mafia. Son léger maquillage sombre ajoutait à cette image. Il ne manquait que le chat dans ses genoux qu'elle caresserait en me voyant. Ce qui était le plus inquiétant était à quel point elle était belle. À quel point cette tenue et cette tristesse ambiante la mettaient en valeur. J'aurais même dit que la mort lui allait bien. Quoi que d'un autre côté sa peau parfaite et ses joues rougies lui donnaient un air pure et enfantin qui contrastait avec cette image ou au contraire la rendaient encore plus triste. Voyant que je l'avais vue Iris se mit en mouvement et me rejoignit. Je me dépêchais de me tourner et d'essuyer les dernières larmes alors qu'elle me rejoignait. Je me tournais vers elle quand elle fut à ma hauteur et lui souris. «Arrête, Mal.» Je perdis mon sourire perturbée. «Euh... Que j'arrête quoi? -Je t'ai vue pleurer. -Oh...» Je baissais le regard gênée. «Je ne voulais pas t'espionner. Je passais juste par là.» Je me forçais à la regarder et à sourire. «Oui t'inquiète pas je t'en veux pas. -Je t'ai dis que tu n'avais pas à faire semblant avec moi... -Toi non plus.» Iris fronça les sourcils. «Ne le prends pas mal s'il te plaît mais j'ai découvert que ton père... -Oui? -Que ton père avait été la première victime...» Le regard d'Iris devint sérieux d'un coup et se perdit dans le vide. «Je suis désolée...» Iris ne répondait pas alors je me sentais obligée de parler. «Ça n'a pas dû être facile pour toi... Je ne te force à rien mais je veux simplement que tu sache que si tu as besoin de parler ou de quoi que ce soit... Je suis là. Tu peux compter sur moi.» Iris ancra soudain son regard dans le miens. Elle avait l'air tellement perdue... «Tu m'as dit que tu n'étais pas du tout sensible mais tout le monde a besoin de quelqu'un sur qui compter alors... Sache que si tu en as envie je peux être cette personne pour toi...» Les pupilles d'Iris s'agrandirent. Elle me sourit visiblement vraiment touchée par ma proposition. «Tu es vraiment gentille, Mal...» Iris me fixait droit dans les yeux alors je souris et détournais le regard. Sans que je le veuille ce dernier se posa sur la tombe de ma mère et Iris suivit mon regard. «Tu veux en parler? me demanda-t-elle d'une voix douce. -Peut être plus tard. -Je serai là plus tard si tu veux. -Merci.» Nous restâmes quelques secondes à fixer la tombe en silence puis Iris décida de le briser. «Pourquoi est ce que tu te retenais?» Je regardais Iris déstabilisée par sa question. «Je n'ai pas honte de mes sentiments. J'ai honte de ne pas réussir à les supporter. Je ne veux pas que mes frères me croient faible.» Iris me sourit avec douceur. «Vous vous ressemblez énormément. Vous avez l'air proches.» Je souris à mon tour. «On l'est. Tu ne peux pas imaginer à quel point. Ils sont tout pour moi. Littéralement. C'est pour ça que les meurtres me terrifient tant. Je mourrais si je les perdais.» Iris sembla prise de court. «Tu as peur à ce point?» J'inspirais un coup mais attendais un instant avant de répondre. «Oui... J'en fais des cauchemars qui m'empêchent de dormir.» Je me confiais sans problème à Iris alors que je la connaissais même pas depuis une semaine. C'était naturel et cela me faisait du bien. «Je te promets qu'il ne vous arrivera rien.» Iris avait l'air tellement sérieuse que c'était très tentant de la croire. Je voulais croire en sa promesse. Me dire que je pouvais arrêter de stresser parce que elle m'avait promis qu'il n'allait rien nous arriver. Soudain je sentis mon téléphone vibrer et le sortais de ma poche. Iris regarda l'écran en même temps que moi. C'était Lucas. Il demandait ce qui me prenait tant de temps. «Tu peux lui dire la vérité. Que tu m'as croisée, qu'on a discuté et qu'on a pas vu le temps passer.» J'acquiesçais et écrivais ce qu'Iris m'avait dit. Lucas réagit immédiatement. Lulu: T'es avec elle? Vas-y dépêchez vous de venir je me fais chier. D'ailleurs Mal tu veux pas faire en sorte que je me retrouve seul avec elle? Je souris en lisant son message mais ne répondais pas. Iris et moi nous mîmes donc en route et je sentais mon téléphone vibrer de nouveau. Lulu: Allez... S'il te plaît ma meilleure amie parfaite. Je levais les yeux au ciel exaspérée. Un dernier SMS arriva. Lulu: Okay j'ai compris j'arrête mais t'es vraiment pas sympa. Bon grouille l'ambiance est nulle. Je décidais de répondre enfin. Moi: Normal c'est un enterrement. Tu t'attendais à quoi? Lulu: Ah bah voilà je savais que tu lisais mes messages! Je ris ce qui me valut un regard curieux de la part d'Iris. «C'était Lucas.» Iris me sourit comprenant ce que je voulais dire. Le reste du chemin se fit dans un silence loin d'être gênant. Au contraire. Il était reposant. Quoi que Iris le brisa vers le milieu du chemin. «Tu veux parler de quelque chose? -Euh... Pas forcément pourquoi? demandais-je perturbée. -Tu avais dit que tu ne supportais pas le silence.» Je souris. «Oui mais là c'était agréable. -Oh...» Sur ce nous nous tûmes et finîmes de marcher dans le même silence reposant qu'au départ. Nous finîmes par arriver à la maison d'Emma. J'ouvrais la porte et la tenais pour laisser passer Iris. Cette dernière hésita un instant avant d'entrer. Nous dîmes bonjour aux parents d'Emma qui nous sourirent touchés que nous soyons venues. Nous leur dîmes que nous étions dans la classe où avait été Emma et ils nous dirent d'essayer de nous mettre à l'aise malgré tout. Voir les parents d'Emma de si près avait rendu leur tristesse encore plus réelle. Jusque là je ne les avais vus que tapie dans la foule. À présent ils m'avaient vraiment parlée. C'était comme si les acteurs d'une série sortaient de la télé. C'était déstabilisant et étrange. Je sentais Iris m'observer alors je lui souris puis me mis à chercher mes frères parmi les invités. Lucas fut plus rapide pour nous trouver. Il apparut devant moi comme par magie et me fit sursauter par la même occasion. «Vous voilà enfin! -Désolée mais on n'a pas vu le temps passer... D'ailleurs où sont passés les autres? demandais-je. -Alors là... Je les ai perdus presque la seconde où on est entrés. -Bon...» Je regardais autour de moi lentement et me mis à observer les invités. Le contraste avec l'enterrement était choquant. L'ambiance avait changé. Ce n'était pas non plus une ambiance chaude de fête mais on était loin de la tristesse de l'enterrement. Certaines personnes riaient même et parlaient fort. «On est sensés faire quoi? demanda Lucas. -Je n'en ai pas la moindre idée... avouais-je. -Et si on allait voir ce qu'il y a de bon au buffet? proposa Iris. -Toi tu sais comment parler aux hommes! acquiesça Lucas.» Je souris. «Mal? m'interrogea Iris. -Cela me convient. -Allez.» Sur ce nous nous dirigeâmes donc vers le buffet. Iris prit une assiette qu'elle remplit d'une centaines de petit fours. Je la regardais faire les yeux ronds. «Quoi? me demanda-t-elle. -Tu vas manger tout ça? -Pourquoi pas? C'est un buffet. -Bah oui mais... Ça va rentrer dans ton estomac? -Oui oui. -Si tu le dis...» Iris sourit en voyant mon expression. Je ne comprenais pas comment une fille pouvait avoir un tel corps tout en mangeant autant. Elle devait faire énormément de sport. Ou alors elle avait vraiment beaucoup de chance et faisait partie de ceux qui pouvaient manger sans grossir. Voyant que j'étais en pleine réflexion Iris répondit à mes questions silencieuses. «Je ne grossis pas beaucoup mais je fais aussi beaucoup de sport en dehors des cours. -Oh je vois. Quoi comme sport? -J'ai pris des cours de self défense pendant sept ans mais j'en ai eu marre alors j'ai récemment changé pour des cours de taekwondo. Ensuite je vais souvent courir et j'ai pris quelques cours de boxe. Mais vraiment rien. Seulement cinq heures. -Wow.» Iris me sourit de nouveau amusée et tout son visage s'illumina. Elle n'avait plus rien d'une veuve ou d'une marraine de la mafia. On aurait dit une petite fille de treize ans. «Et toi alors? Tu as l'air très sportive aussi. -Oh crois moi que non. Il m'arrive de courir quand je n'arrive pas à dormir mais je suis vraiment nulle. Je n'ai aucune endurance. Sinon je fais du foot avec mes frères tous les samedi et j'ai pris des cours de taekwondo depuis mes sept ans.» Iris parut impressionnée. «Pas mal du tout. On devrait faire un combat un jour. -Euh... Oui sûrement. -Sinon question loisirs? -Eh bien... J'adore lire. Oui c'est à peu près tout. Je ne sais pas dessiner ni danser alors... Et toi? -J'adore lire aussi mais j'ai des goûts très particuliers question lecture. -Comment ça particuliers?» Iris sourit pour elle même. Un sourire beaucoup moins brillant que celui qu'elle m'avait offert quelques secondes avant. «Je dévore littéralement les livres avec une ambiance très sombre. Je n'aime pas les fins heureuses. Elles m'ennuient. -Je vois...» Iris rit en voyant la tête que je faisais. «Les livres historiques sont parfaits pour cela.» Mes sourcils se défroncèrent légèrement. «J'aime beaucoup les livres historiques aussi. Surtout ceux sur la Seconde guerre mondiale.» Les yeux d'Iris s'illuminèrent. «J'adore cette période. Elle me fascine. Quoi que elle n'est pas non plus ma période favorite. Sinon j'imagine que toi tu préfère les livres à l'eau de rose avec une fin touchante?» Je souris. «Tu exagère un peu mais pas loin. Oui. Les fins tristes ne me dérangent pas vraiment si le livre est très bien. Je ne veux pas à tout prix que ça finisse bien mais c'est mieux. J'adore les livres où les relations entre les personnages sont travaillées. Les livres où les personnages évoluent. -Je vois... chuchota Iris. -Vous parlez de quoi? demanda Lucas qui venait de réapparaître avec une assiette remplie de chips et d'autres choses. -On parlait de livres.» Lucas souffla déçu. «Vous avez quoi soixante ans?» Je levais les yeux au ciel exaspérée. Iris sourit en voyant ma réaction. Lucas ouvrit de gros yeux en voyant l'assiette d'Iris. «Tu vas manger tout ça?» L'intéressée détailla son assiette perplexe. «Euh... Oui.» Je souris amusée tandis que Lucas se frottait les yeux. «Comment tu fais pour avoir un corps comme ça tout en bouffant tant? -Le sport? -Connais pas.» Nous rîmes. Lucas proposa que nous trouvâmes un endroit au calme pour manger alors on le suivait dans le jardin. Il nous fallut du temps mais nous finîmes par trouver un coin d'herbe à l'écart. Nous eûmes à peine le temps de nous asseoir que Lucas demanda de but en blanc à Iris si elle était célibataire. Je faillis m'étouffer avec ma propre salive. «Lucas! m'exclamais-je. -Quoi? Je demande juste. C'est beaucoup plus intéressant que vos questions de grands mères pour apprendre à se connaître. -Et tu te demande pourquoi tu es célibataire? marmonnais-je dans ma barbe.» Lucas me tira la langue alors je lui fis une grimace. Iris nous regardait amusée. Lucas se reconcentra sur elle et elle répondit pas du tout gênée par les questions de mon meilleur ami. «Oui. -Oui tu es en couple ou oui tu es célibataire? -Oui je suis célibataire. -C'est toujours bon à savoir.» Je soufflais et fis signe à Iris que j'étais désolée pour son comportement. Iris me sourit amusée et secoua la tête pour me faire comprendre que ça ne la dérangeait pas. «Tu as des frères ou sœurs? -Non je suis fille unique. -Des animaux de compagnie? -Non plus. -Tu habite loin? -Pas vraiment. -Tes parents sont séparés?» Je fis mine de m'étouffer pour éviter à Iris de répondre. Lucas me regarda les sourcils froncés et je lui fis les gros yeux. «Ça va Mal? -C'est quoi ces questions débiles Lulu? Après tu ose te moquer de nos sujets de conversation. -Bah quoi? J'essaye d'en savoir plus sur elle. -Bah tu t'y prends mal. -C'est sûr que tu y connais un rayon toi.» Je lui tirais la langue. Il fallait que je mette fin aux questions de Lucas. Je devais lancer la conversation. «C'est pas trop dure d'arriver dans une nouvelle classe en fin d'année? demandais-je du tac au tac. -Non ça va. Le programme reste le même après tout. J'ai juste besoin de temps pour m'habituer aux méthodes de mes nouveaux profs. -Oui c'est sûr. -Pourquoi est ce que tu as changé de lycée? demanda Lucas.» Je me crispais. Iris avait sûrement ses raisons et elles avaient peut être un rapport avec son père. Lucas devait arrêter de poser des questions si indiscrètes. Iris n'eut pas le temps de répondre. Je me levais d'un coup ce qui mit fin à la conversation. Lucas et Iris se levèrent à leur tour. «Tout va bien Mal? me demanda Lucas. -Oui tout va très bien. Mais il est tard. On devrait peut être rentrer.» Lucas regarda l'heure sur son téléphone en fronçant les sourcils. «Il est même pas l'heure du goûté. -Oui mais j'ai beaucoup de choses à faire. -Ah d'accord... Bon bah salut. -Tu m'accompagne n'est-ce pas?» Lucas haussa les sourcils déçu. Il voulait visiblement rester seul avec Iris mais j'avais peur qu'il fasse une bêtise. Je devais le briffer. «Tu es sûre que tu peux pas rentrer seule? demanda Lucas. -J'en suis sûre à cent pourcent. -Mais... -Aide moi à trouver mes frères.» Lucas comprit au ton de ma voix que je n'allais pas accepter non comme réponse. «Okay...» Je me tournais vers Iris qui affichait un petit sourire amusé. J'avais l'impression qu'elle avait compris ce que j'essayais de faire mais je n'en étais pas sûre. «Je suis désolée Iris mais on doit y aller. -Je comprends. -Tu vas rentrer comment? -Je vais marcher. -Ah oui? Tu ne veux pas qu'on te dépose? -Non ça va ne t'en fais pas. Je n'habite pas loin. -Tu es sûre?» Iris acquiesça. Nous lui dîmes donc au revoir et je mettais Lucas au courant pendant que nous cherchions mes frères.
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