Je me réveillais en pleine forme et m'habillais en vitesse avant de descendre prendre mon petit déjeuner. Une fois mon assiette lavée je remontais en croisant les doigts pour que la salle de bain ne soit pas verrouillée. Je me figeais prise de court quand la porte s'ouvrit. Une seconde de surprise suffit pour que Maxence se glisse dans la salle de bain sous mon nez et verrouille la porte.
«Non! MAXENCE!»
Je tapais sur le porte folle de rage. Pour une fois que je pouvais aller dans la salle de bain sans problème. Ils devaient arrêter de verrouiller la porte. Il y avait suffisamment de place pour que je me brosse les dents en paix.
«C'est pas fini ce boucan...»
Manoé apparut les cheveux en bataille de derrière une porte.
«T'entendre crier me réveil tous les matins Mal...»
Sur ce il bailla puis redisparut dans son antre pour profiter de ses dernières secondes de repos avant que son réveil ne sonne.
«En fait vous voulez tous que mes dents pourrissent! m'exclamais-je.
-Oui! me répondit Maxence à travers la porte.
-Ne fais pas le malin toi!»
Cela faisait longtemps, trop longtemps, que je n'avais pas réveillé Marcus. J'enfonçais sa porte de toutes mes forces. Cette dernière claqua contre le mur dans un bruit abominable et rendit le trou au mur encore plus profond. Un morceau de mur s'envola même. Cependant cela ne suffit heureusement pas pour réveiller Marcus qui continuait à ronfler en paix. Plus pour longtemps...
J'aurais pu faire preuve d'originalité. Lui renverser un verre d'eau sur la figure, crier à deux centimètres de son oreille... Quoi que s'il ne s'était pas réveillé à cause de la porte ce n'était pas un cri qui allait le faire sursauter. Il n'était pas non plus sensible à la lumière alors ouvrir ses volets d'un coup n'allait être d'aucune utilité. Je restais donc à la technique qui fonctionnait le mieux et qui me plaisait le plus aussi.
Un sourire diabolique se dessina sur mon visage alors que je prenais mon élan. Je courais puis poussais de toutes mes forces sur mes pieds afin de quitter le sol. Je me mis ensuite en boule afin que le choc soit le plus v*****t possible et atterissais dans un bruit sourd sur mon frère. Ce dernier hurla de surprise et se mit immédiatement à remuer afin de me faire tomber de son dos. J'avais beau m'accrocher à son matelas je finis par me retrouver au sol.
«Aïe...»
Marcus rit en essayant tant bien que mal de rester les yeux ouverts afin de me voir assise par terre. Je lui lançais un regard meurtrier puis me levais.
«Pourquoi est ce que tu ne te mets pas un réveil? demandais-je curieuse.
-Parce que ça t'amuse trop de me réveiller...»
Je levais les yeux au ciel avant de retourner tenter ma chance auprès de la salle de bain. Évidemment la porte ne s'ouvrit pas. J'avais comme l'impression d'être coincée dans un cercle vicieux. C'était comme si je revivais le même jour encore et encore.
Alors que je me disais cela la porte de la salle de bain s'ouvrit et je me la pris dans la tête.
«Aïe...»
Le choc ne fut pas v*****t mais c'était un réflex de dire aïe quand quelque chose me rentrait dedans. Même quand je n'avais pas mal.
Maxence me regarda inquiet.
«Oups Mal? Désolé j'ai pas fait exprès.
-T'inquiète j'ai pas eu mal.»
Je décidais de ne plus attendre. Qui que ce soit pouvait apparaître à tout moment et me voler ma place dans la salle de bain. Je poussais Maxence et entrais enfin dans la salle de bain pour me brosser les dents.
Une fois fin prête je redescendais dans la cuisine et m'assis avec mes frères en attendant que Marcus soit prêt.
«Alors tu as fini par trouver un bon livre Mal? me demanda Maxime.
-Oui grâce à Mathis je crois que j'ai trouvé le livre parfait.»
Mathis regarda son jumeaux surpris avant de se tourner vers moi.
«Parce que avant de me demander de l'aide tu en as parlé avec lui?
-Je n'y peux rien si je suis le jumeau intelligent.
-Une chose est sûre tu n'en as pas l'air.
-N'oublie pas que nous sommes jumeaux Mathis.»
Mathis leva la tête d'un coup vers Maxime et le fusilla du regard vaincu.
«Arrête de me le rappeler. J'en souffre assez comme ça.»
Maxime rit. Je souris. Maxime et Mathis s'aimaient énormément tout comme chacun d'entre nous et on le savait. Cependant les entendre se chamailler même pour rire était toujours divertissant.
«Tu imagine ce que je ressens? Tu devrais t'estimer heureux d'avoir le droit de me ressembler.
-Techniquement je suis plus vieux donc c'est toi qui me ressemble.
-Ce n'est pas l'heure de naissance qui compte. On est de vrais jumeaux donc pour t'expliquer les choses de manière simple, la cellule œuf s'est divisée en deux et ça nous a donnés nous. Ça s'est fait de façon simultanée. On a donc le même âge. On est juste pas sortis exactement en même temps.
-Dommage pour toi qu'on fête les jours d'anniversaire et pas le jour de conception.»
Manoé posa son bol avec une once de violence ce qui fit résonner la table.
«Que vous ayez le même âge ou pas une chose est sûre. Vous êtes des plaies le matin.
-Une autre chose est sûre. Tu dois te méfier des potos quand tu marches dans la rue.»
Maxime rit à la blague de son jumeau et Mathis lui tendit la main pour que Maxime frappe dedans. Manoé se prit la tête dans les mains fortement irrité qu'on lui rabâche sans cesse la même chose.
«J'avais dix ans m***e! Arrêtez de m'embêter avec ça!»
Manoé s'assit sur sa chaise et croisa les mains sur son torse pour nous faire comprendre qu'il boudait. Maxime rit en le voyant faire cette tête. Il le poussa gentiment avec son coude.
«Oh allez tu sais qu'on t'aime. Fais pas cette tête.»
Cependant le fait qu'il dise cela en riant n'aida pas et Manoé refusait toujours de parler.
«Oh allez excuse toi Mathis. Tu vois bien que tu as vexé Manoé.»
Mathis inspira un coup et croisa les mains sur la table.
«Je te pris de bien vouloir m'excuser Manoé. Je suis désolé que l'on ne t'ai pas appris à marcher plus tôt.»
Manoé se leva d'un bond et sauta à la gorge de Mathis qui tomba en arrière sur sa chaise mort de rire. Maxence finit par les séparer exaspéré.
«Vous êtes insupportables. C'est quoi cette violence dès sept heures du matin? Aimez vous m***e.
-Mais je l'aime justement.»
Mathis serra Manoé contre lui essayant de lui faire des bisous sur la joue mais Manoé se débattait de toutes ses forces. Mathis finit par le lâcher mort de rire et Manoé lui fit une grimace cependant quelques minutes après ils se comportaient de nouveau comme si de rien ne s'était passé. En l'espace de quelques minutes Manoé était redevenu calme et souriant tandis que Mathis était redevenu calme tout court. Et les deux discutèrent du prof de philosophie de Mathis comme les meilleurs amis du monde.
Je ris en voyant la scène. Puis je profitais du calme momentané pour me tourner vers Maxime.
«Je n'ai pas pu me retenir. Le livre que Mathis a choisi hier me tient beaucoup à cœur. Je l'ai dévoré tellement il était bien. J'ai glissé des petits mots à mes moments préférés pour Iris.»
Maxime rit.
«C'est mignon. Tu me diras ce qu'elle en auras pensé?
-Bien sûr.»
Marcus mit encore plus de temps que d'habitude mais finit par descendre les escaliers en trombe mettant fin pendant quelques instants à la conversation. Il attrapa les clefs de sa voiture et me cria de le suivre tout en sortant par la porte d'entrée. Je le suivais après avoir souhaité une bonne journée aux autres.
«Bonne journée Mal!
-Passe une bonne journée!
-Sois sage!»
Lucas ne rata pas l'occasion pour se plaindre de notre retard évidemment et Marcus lui dit avec toute la politesse dont il était capable qu'il pouvait très bien prendre le bus s'il était pas content.
«Le chauffeur du bus est agréable au moins.»
Marcus fit comme s'il n'avait rien entendu alors Lucas se tourna vers moi.
«T'as vu les photos que je t'ai envoyées hier?
-En effet. Elles étaient pas mal du tout.
-C'est tout?»
Je souris amusée.
«Tu sais bien ce que je pense de tes photos. Elles sont magnifiques. Tu as un talent pour capturer les bons moments.»
Lucas se redressa fière. Je levais les yeux au ciel avec un petit sourire.
«C'était laquelle ta préférée?»
Je n'eus pas besoin de réfléchir.
«Celle de l'arbre.
-Ah ouais? J'en étais sûr. Elle est tellement simple et épurée.
-C'est justement pour cela que je l'adore.»
Lucas avait eu son premier téléphone en seizième et depuis il n'arrêtait pas de prendre des photos. Il s'était découvert une passion et manquait très vite d'espace de stockage. Je lui avais offert un appareil photo avec la participation de mes frères pour son anniversaire en seconde. Je ne l'avais jamais vu plus heureux. Depuis il sortait dès qu'il en avait l'occasion pour marcher et prendre autant de photos que possible sur son chemin. Il avait aussi commencé à s'amuser à les modifier et il m'envoyait celles dont il était le plus fière. Cela faisait des années que je lui répétais de les publier quelque part mais il ne voulait pas. Il en mourait d'envie de le savais mais je voyais qu'il avait peur. Il voulait garder cette passion pour lui pour la chérir.
«Tu n'es toujours pas décidé à en faire ton boulot? demanda Marcus.»
Je n'étais pas la seule à lui répéter de partager son talent avec le monde. Mes frères étaient d'accords avec moi disant que Lucas devrait les publier et peut être même en faire son métier. Nous ne le voyions pas faire autre chose mais malheureusement ses parents n'étaient pas vraiment pour...
«Non... Je sais pas. J'ai encore le temps.
-Mouais. T'as l'année prochaine quoi.
-Merci, Marcus. Rappelle moi de ne jamais te demander de me rassurer.»
Arrivés au lycée nous courâmes avec Lucas pour aller en français. Nous eûmes de la chance la prof était en retard et elle arriva quelques minutes après nous ce qui nous laissa pile assez de temps pour reprendre nos respirations.
À midi Iris nous rejoignit dans la queue de la cantine et nous allâmes manger tous les trois.
«Au fait, dis-je, Mathieu a dit oui pour la soirée.
-Parfait! s'exclama Lucas. On a une heure pour rentrer?
-Une heure du matin.
-Ça fera l'affaire.
-On peut se préparer ensemble avant si tu veux.»
Je souris à Iris et hochais la tête.
«Avec plaisir.
-Tu peux venir aussi si tu veux.»
Lucas regarda Iris surpris par sa proposition.
«Oula non merci. Je vous rejoindrai avant de partir.»
Une fois assis à une table vide je sortais le livre que j'avais choisi avec Mathis et le tendais à Iris. Cette dernière me dévisagea surprise avant de prendre le livre avec précaution. Elle passa ses doigts sur la couverture et lut le résumé avec intérêt. Soudain elle ouvrit le livre à une page au piff et tomba sur un des mots que j'avais glissé dedans. Elle leva vers moi un regard interrogateur. Je lui souris gênée.
«J'ai écris quelques petits mots que j'ai glissé à mes moments préférés. J'espère que ça ne te dérange pas.»
Iris me sourit. Un sourire bienveillant qui me fit chaud au cœur.
«Super vous allez toutes les deux lire à présent... se lamenta Lucas. Demain je vais ramener un jeu de cartes et y jouer seul.»
Je poussais avec douceur mon meilleur ami et lui souris.
«Tu n'as qu'à te mettre à la lecture aussi.
-Non non non et non. Ça ne marchera pas sur moi et tu le sais.»
Je secouais la tête en riant. Nous finîmes de manger assez vite alors nous décidâmes de nous poser dehors au soleil sur un banc. Lucas ferma les yeux et se mit à bronzer alors je décidais de sortir le livre d'Iris de mon sac. Il me restait seulement un chapitre et je voulais à tout prix le terminer même si d'un autre côté je ne voulais pas que l'histoire prenne fin.
Iris sourit en me voyant me mettre à lire et décida de faire de même. En moins de cinq minutes j'avais fini mon chapitre et je fermais le livre les mains tremblantes. Lucas m'entendit renifler alors il ouvrit les yeux d'un coup.
«Oh non Mal...»
Iris leva la tête vers Lucas avant de poser les yeux sur moi. Elle fronça les sourcils. Je ne pleurais pas. Du moins pas encore. La fin était tellement triste mais en même temps tellement belle... J'étais déçue et heureuse à la fois. J'avais les larmes aux yeux mais je me battais pour ne pas les laisser couler. Du moins c'était ce que je croyais. Je ne m'étais pas rendue compte que quelques larmes coulaient déjà.
«Oh, Mal...»
Lucas me tira vers lui et me serra contre son torse. Ce fut la goûte de trop et j'explosais en sanglots. Mon corps entier se mit à trembler et je serrais mon meilleur ami contre moi comme pour me raccrocher à quelque chose.
«Je vous avez dit que les livres étaient dangereux. Et dire que vous vouliez me convertir...»
Je ris entre deux sanglots. Soudain je sentis une main me tapoter maladroitement l'épaule. Iris me regardait visiblement inquiète et perturbée.
«Ne t'en fais pas pour elle Iris. Je t'avais dit qu'elle était une sensible.»
Lucas me secoua légèrement.
«N'est-ce pas?»
Je secouais la tête et essayais de parler malgré mes sanglots.
«J... J-je ne suis pas... Je ne suis pas sensible.»
Lucas rit en m'entendant dire cela.
«À peine! Tu es juste allergique aux bancs.»
Je tapais Lucas dans le ventre mais cela eut pour seul effet de le faire rire encore plus.
Une fois calmée je me redressais et tentais d'avoir l'air normale en souriant. Lucas rit et me tendit un mouchoir. Je l'acceptais et m'essuyais les joues avec application. Je me levais pour jeter le mouchoir puis une fois de retour au banc je pris le livre d'Iris et lui tendit.
«Merci encore Iris. J'ai adoré ce livre. Je crois que c'est un de mes préférés au monde.»
Iris me sourit et rangea son livre dans son sac. La sonnerie retentit alors nous nous levâmes et retournâmes en cours. La journée passa très vite et le soir je regardais un film avec mes frères. Évidemment je pleurais quand la mère du personnage principal mourra alors j'eus droit à un câlin collectif. Camille nous avait rejoins pour la soirée alors elle nous fit des chocolats chauds.
Maxence était chargé de faire la vaisselle sauf qu'il s'était endormi durant le film. Si cela n'avait tenu qu'à Marcus il l'aurait réveillé sans ménagement mais heureusement pour Maxence, Camille insista pour qu'on le laisse dormir. Elle proposa de faire la vaisselle mais évidemment par politesse Mathieu et moi décidâmes de nous en charger. Camille avait insisté pour nous aider alors elle resta avec nous dans la cuisine et se contentait de sécher les verres puis de les ranger.