Quelques semaines se sont écoulées Halia et Dween semblait en froid.
Quelques semaines plus tôt
Les gradins étaient bondés, la foule en liesse, les cris des supporters résonnaient dans toute l'arène. Nick et Dween avaient déjà pris place, entourés par l'énergie débordante de l'événement. D'un côté, les équipes s'affrontaient sur le terrain, de l'autre, les pom-pom girls faisaient leur show, et parmi elles, Athalia. Elle captait toute l'attention de Dween, qui ne la quittait pas des yeux une seule seconde. Son regard insistant n'avait pas échappé à Nick.
— Dween, tu salives, plaisanta Nick avec un sourire moqueur.
Dween roula des yeux, un sourire en coin, amusé par la remarque de son ami.
— Ça va mieux ? reprit Nick, l'air plus sérieux. Tu m'as fait flipper hier, t'avais pas l'air en forme.
— Désolé, ça m'arrive souvent... Laisse tomber.
Nick fronça les sourcils, sentant que son ami lui cachait quelque chose.
— Allez, dis-moi ! insista-t-il, son regard plein de curiosité.
Dween hésita un instant avant de céder.
— Halia... elle est venue me rendre visite. Avec sa grand-mère et Lyana. Elles se connaissent bien.
Nick haussa un sourcil, intéressé.
— Tu l'aimes bien, n'est-ce pas ?
Dween baissa légèrement la tête, évitant le regard perçant de Nick.
— Ouais, répondit-il doucement, mais je ne sais pas... Je suis mitigé.
Nick poussa un soupir, sachant pertinemment que cette histoire avec Halia ne se terminerait pas bien. Il avait un mauvais pressentiment, une intuition que tout allait bientôt basculer. Le match avait pris une tournure intense. Sur le terrain, les deux équipes se livraient un véritable combat, chacune essayant de prendre l'avantage, mais elles étaient au coude à coude. Les supporters, enflammés, criaient à s'en briser la voix, encourageant leurs équipes respectives avec une énergie débordante. L'ambiance devenait électrique, et l'effervescence se propageait dans les gradins.
Dween, assis à côté de Nick, s'amusait beaucoup. Passionné de basket, il vibrait à chaque action, se rappelant l'époque où lui-même foulait le terrain. Il était doué, d'ailleurs, l'un des meilleurs. Mais depuis sa maladie, il ne pouvait plus jouer, son corps ne suivant plus son esprit. Alors, il savourait simplement le plaisir de regarder, même si cela ravivait une pointe de nostalgie.
— Il abuse, grogna Dween en fixant Manuel, le capitaine de l'équipe adverse, qui ne se gênait pas pour faire le beau devant la gente féminine entre chaque action. Le jeune homme lançait des sourires charmeurs aux filles dans les gradins, clairement plus préoccupé par son image que par le match.
— Je sais, répondit Nick en haussant les épaules. Ne t'en fais pas, il est toujours comme ça.
Dween sourit légèrement, mais un éclat de regret traversa son regard.
— J'aimerais bien rejoindre le club, lâcha-t-il, le ton amer. Mais avec mon état, je ne servirais à rien.
Nick tourna la tête vers lui, son expression plus douce.
— Hé, tu ne dis pas ça. Tu pourrais toujours apporter quelque chose. Peut-être pas sur le terrain, mais tu pourrais être un excellent coach ou conseiller. Tu as une vision du jeu que peu ont, même Manuel pourrait en apprendre de toi.
Dween hocha la tête, même si au fond de lui, il savait que ce n'était pas pareil. Rien ne pourrait remplacer l'adrénaline de courir, de dribbler, de marquer. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher de penser à ce que Nick venait de dire. Peut-être qu'il y avait encore un rôle pour lui, même s'il n'était plus le joueur qu'il avait été.
Le coup de sifflet final retentit, marquant la victoire de l'équipe de l'université. Dween, bien que ravi par le résultat, ne put s'empêcher de ressentir un pincement au cœur. Manuel, dans l'euphorie du moment, s'était précipité vers Halia, l'avait saisie dans ses bras et l'avait embrassée sous les acclamations de la foule. Le geste avait fait exploser les gradins de joie, mais pour Dween, c'était une claque en pleine figure. Il détourna immédiatement le regard, son cœur lourd, et se leva sans un mot.
— Dween, attends ! appela Nick, surpris de le voir partir si brusquement.
Mais Dween n'écouta pas, il était déjà en route vers la sortie, ne voulant pas rester une seconde de plus pour voir Halia et Manuel savourer leur victoire ensemble.
Un peu plus tard, après être passée au vestiaire, Halia se dirigea vers lui. Elle l'aperçut à l'extérieur, adossé contre un mur, visiblement perdu dans ses pensées. Elle se mordit la lèvre, rassemblant son courage avant de l'approcher.
— Dween, attends, il faut qu'on parle, dit-elle en s'arrêtant devant lui.
Il leva à peine les yeux, le regard froid.
— Il n'y a rien à dire, Halia, répondit-il d'une voix ferme. C'est clair maintenant.
Elle fronça les sourcils, perplexe.
— Quoi ? Non, tu comprends pas. Ce qu'il s'est passé tout à l'heure, c'était un malentendu. Manuel... il a agi sur un coup de tête. Ça ne voulait rien dire.
— Un malentendu, vraiment ? ricana Dween, le ton amer. Tu sais quoi ? Peu importe. Tu ne me dois rien, Halia. Et franchement, je préfère ne plus entendre parler de toi.
Le visage de Halia se crispa, son expression se durcissant.
— Quoi ?! C'est ça ? Tu réagis comme un gamin blessé, et tu penses que tu peux simplement me rayer de ta vie comme ça ? Tu sais quoi, Dween ? Tu es un lâche.
Il la regarda, choqué par ses paroles.
— Un lâche ? siffla-t-il entre ses dents.
— Oui, un lâche ! Tu te caches derrière ta maladie pour ne pas affronter ce qui te fait peur. Tu te barricades, tu repousses tout le monde dès que ça devient compliqué. C'est plus facile pour toi de prétendre que tout ça t'est égal, hein ?
Le ton montait, chacun blessé par les paroles de l'autre. Dween se redressa, la colère grondant en lui.
— Tu crois que tu me connais, Halia ? Tu n'as aucune idée de ce que je vis au quotidien ! Tu penses vraiment que c'est facile pour moi ? Regarder ma vie me filer entre les doigts, voir les autres faire ce que je ne pourrai plus jamais faire ? Je ne me cache pas, je survis, c'est tout !
— Survire ? C'est ça que tu appelles survivre ? lui lança Halia avec défi. Tout ce que je vois, c'est quelqu'un qui a abandonné avant même d'avoir essayé. Tu veux quoi, Dween ? Que je te laisse pourrir dans ton coin, à te plaindre de ta situation sans rien faire ? Je croyais que tu valais mieux que ça.
Dween serra les poings, ses yeux étincelants de colère et de douleur.
— Tu ne sais rien de moi, Halia. Rien. Alors ne fais pas semblant de comprendre.
Ils restèrent un instant face à face, le silence pesant après cette explosion de mots. Halia, encore secouée, chercha à dire quelque chose, mais rien ne sortit. Finalement, elle tourna les talons, les larmes aux yeux.
— Si c'est vraiment ce que tu veux... alors bonne chance, Dween, murmura-t-elle avant de partir.
Dween la regarda s'éloigner, son cœur battant à tout rompre, mais une part de lui savait qu'il venait peut-être de commettre une erreur qu'il ne pourrait jamais réparer.