Mon Alpha, Mon Amour

Une photo a été divulguée

"Tout le monde doit lâcher son téléphone !" La voix du professeur Enzo était profonde et résonnait à travers l'arène.

Je ne pouvais même pas bouger ; tout mon corps semblait figé alors que je fixais la photo sur le téléphone de Becca. J'ai regardé autour de l'arène pour ne rencontrer que des expressions curieuses et choquées. Tout le monde me regardait.

Sarah et son amie riaient en me fixant d'un regard méprisant.

"C'est une façon de prendre de l'avance..." l'entendis-je murmurer.

Le professeur Enzo a pris le téléphone de Becca pour regarder la photo ; je n'avais même pas réalisé qu'il s'approchait de nous. Sa mâchoire a tressailli en voyant la photo.

"Ces compétences en photoshop sont terribles," dit-il en secouant la tête avant de rendre le téléphone à Becca. "On peut clairement voir le contour autour de mon corps. Quelqu'un essaie vraiment fort de propager de vilaines rumeurs."

Tout le monde a détourné les yeux de moi pour regarder à nouveau la photo, l'évaluant.

"Il a raison... c'est un photoshop terrible," murmura quelqu'un.

"Pathétique. Pourquoi aller jusqu'à ce point pour propager ce genre de rumeur ?" dit un autre en secouant la tête.

La bouche de Sarah n'était plus qu'une fine ligne alors que son plan évident se déroulait. Je ne pouvais m'empêcher de sourire qui se dessinait au coin de ma bouche.

"J'ai presque cru pendant une minute que tu avais réellement embrassé le professeur Enzo," rit Becca à côté de moi, détournant mon attention de Sarah vers elle. "Bien que je n'aurais pas été surprise. Il est tellement beau. N'importe qui serait chanceux de pouvoir l'embrasser. Beaucoup de femmes ici veulent le faire."

"Vraiment ?" demandai-je, haussant les sourcils. "À cause de sa beauté ?"

"Ça et parce qu'il est très jeune ; il n'a que 23 ans," expliqua Becca. Mes yeux se sont écarquillés ; je savais qu'il avait l'air jeune, mais je ne pensais pas qu'il était si jeune. "Il est aussi le professeur le plus fort et le plus dur de cette école. Ce qui est à prévoir étant donné qu'il est un Alpha."

"Il est un Alpha ?" demandai-je surprise ; je n'avais aucune idée. Il doit connaître mon père alors. Je ne pouvais m'empêcher de regarder en arrière le professeur Enzo qui était occupé à montrer de nouveaux mouvements à certains étudiants.

"Oui," répondit Becca. "Je crois qu'il est l'Alpha de la meute Calypso."

La meute Calypso.

C'était la meute dans laquelle ma mère était née ; ses parents venaient de la meute Calypso. Je me souvenais, quand j'étais jeune, que leur ancien Alpha était Blaise, le métamorphe le plus puissant de l'univers.

Je me demandais comment Enzo était devenu leur Alpha.

La pensée fut rapidement chassée de mon esprit lorsque le cours prit fin.

"J'ai faim..." dit Becca en rassemblant ses affaires. "On devrait aller déjeuner."

"Je te rejoins dans une minute," lui dis-je, jetant un coup d'œil par-dessus mon épaule à Enzo qui tapait quelque chose sur son téléphone. Il avait une expression sévère ; son sourcil tressautait à peine. "Je dois parler au professeur de quelque chose."

"D'accord," dit Becca en me faisant un petit signe de la main. "Alors je te verrai tout à l'heure."

Elle se tourna et quitta l'arène avec les autres, me laissant seule avec le Professeur Enzo.

"Professeur ?" dis-je en m'approchant de lui. Il leva les yeux de son téléphone pour me regarder, plissant les yeux. "Je voulais juste dire que je suis désolé pour ce désordre..."

"C'est réglé," marmonna-t-il, me montrant son téléphone. "J'ai fait retirer la photo."

Je levai les sourcils, choquée ; c'était si rapide. Quand il vit mon expression surprise, un sourire apparut sur ses lèvres.

"Je connais le gars qui gère cette plateforme," expliqua-t-il. "Il l'a retirée sans poser de questions."

"Merci," lui dis-je, ressentant un soulagement immense.

Je m'apprêtais à partir, mais sa voix m'arrêta.

"J'essayais de comprendre pourquoi tu me semblais si familier et puis quand je t'ai vue combattre, j'ai réalisé qui tu étais," dit-il. Je pouvais sentir ses yeux dans mon dos et savais à quel point il me fixait intensément même avant de me retourner pour lui faire face. "Tu es la fille d'Alpha Bastien."

Ce n'était pas une question.

J'ai hoché la tête une fois.

"Tu connais mon père ?"

"Il est l'un des Alphas les plus forts et les plus féroces," dit Enzo ; son expression était difficile à lire. "Je peux dire que tu as été formée sous sa direction."

"Pendant toute ma vie," dis-je, regardant vers le sol presque timidement. Je n'étais pas sûre pourquoi je me sentais soudainement gênée. "Mon père est mon modèle... tout comme ma mère."

Il ne dit rien à cela ; il se contenta de me fixer pendant un court instant de plus. Bientôt, il se détourna pour ranger ses affaires. Je restai là un moment, incertaine de ce que je devais dire.

"En fait, j'organise une fête d'anniversaire ce week-end," lui dis-je avant même de réaliser ce que je disais. Son corps se tendit un instant, et il se retourna pour me regarder par-dessus son épaule. "Beaucoup d'Alphas seront présents. J'ai 18 ans, donc ce sera une grande fête à Elysium. Tu es invité, bien sûr. Tous les Alphas le sont."

"Vraiment ?" Un autre sourire apparut sur ses lèvres, faisant faire un saut à mon cœur.

"Oui," répondis-je, heureuse que ma voix ne paraisse pas forcée. "Bien sûr, tu n'es pas obligé. Mais je me suis dite que je te proposerais l'invitation."

Quand il ne dit rien en réponse, je pris cela comme un signal pour partir. Je me retournai, me sentant mal à l'aise, et commençai à marcher vers la sortie.

"Devrais-je apporter quelque chose ?" demanda-t-il avant que je ne parte.

Je fis une pause ; ma respiration se bloqua dans ma gorge.

"Juste toi-même," dis-je, regrettant instantanément à quel point j'avais l'air nulle.

Je partis sans dire un mot de plus.

...

"Je n'arrive pas à croire que ma fille ait 18 ans," murmura ma mère en m'enlaçant. Je souris dans son étreinte. C'était bon d'être à la maison après quelques semaines passées à l'académie.

L'Académie des Métamorphes de Higala était à environ une heure de route d'Elysium, donc je devais vivre dans une chambre de dortoir. J'essayais cependant de rentrer chez moi la plupart des week-ends.

"Comment te sens-tu ? Des changements ?" demanda mon père, examinant attentivement mes traits.

J'y réfléchis un moment avant de répondre ; généralement, quand un loup s'apprêtait à apparaître, cela se faisait ressentir.

Je secouai la tête, soupirant de défaite.

"Je me sens pareil," répondis-je. "Peut-être que je n'aurai pas de loup."

"Ne dis pas ça," dit ma mère avec un froncement de sourcils. "Tu auras ton loup et tu seras plus forte que jamais."

"Ta mère a raison, Lila chérie," intervint mon père. "C'est dans ton ADN."

Je savais qu'ils avaient raison ; j'étais juste impatiente. Je voulais tellement mon loup que cela me rendait folle. J'espérais qu'une fois que j'aurais mon loup, je pourrais sentir mon compagnon et chasser la trahison de Scott de mon esprit.

Je regardai entre mes parents qui s'aimaient tant ; cela tirait sur mon cœur. Même après tout ce qu'ils avaient traversé dans leur vie entière, ils étaient toujours restés l'un auprès de l'autre. Mon père disait qu'un lien de compagnon est la forme la plus forte des relations.

Il l'avait prouvé à maintes reprises ; même lorsque ma mère s'éloignait, il allait toujours vers elle. Il n'avait jamais abandonné. Il l'avait aimée inconditionnellement et j'admirais tellement cela.

J'aspirais à cela plus que tout.

Mais sans un loup, j'avais l'impression que c'était impossible.

"Les invités arriveront bientôt, Lila chérie," dit ma mère en me lançant un sourire affectueux.

Je me suis regardée une dernière fois dans le miroir ; je portais une robe rose et noire soyeuse qui tombait uniformément autour de mes genoux. Mon père était parti saluer certains des Alphas qui étaient déjà arrivés. Ma mère se tenait derrière moi, me regardant tendrement avec les larmes aux yeux.

"Je suis tellement fière de toi, tu sais," souffla-t-elle en m'enlaçant et me serrant fort.

Nous nous ressemblions beaucoup ; j'avais ses cheveux foncés et ses traits clairs. Surtout, j'avais ses yeux Volana. Un violet et l'autre bleu.

Elle me relâcha et passa un bras sous le mien, me tirant vers la porte de ma chambre. Je pouvais déjà entendre les invités s'entasser dans le hall de la maison de la meute.

"Oh, j'ai oublié de mentionner. J'ai aussi invité mon professeur," lui dis-je. Elle marqua une pause et me regarda. "En fait, c'est l'Alpha de la meute Calypso. Enzo."

Elle haussa les sourcils.

"L'Alpha Enzo est ton professeur ?" demanda-t-elle ; elle n'avait pas l'air mécontente, juste surprise. "Je ne l'aurais jamais imaginé comme étant professeur."

"Le connais-tu bien ?" lui demandai-je en la regardant.

Elle y réfléchit un moment avant de répondre.

"Aussi bien que possible, je suppose. Il est le fils de l'ancien Alpha de la meute Calypso, Blaise."