Le docteur Marcel était assis dans son bureau, regardant les résultats de l’analyse de sang encore et encore. Quelque chose dans ces valeurs ne le rassurait pas. Il murmura à voix basse en fixant l’écran :
« Composition étrange… ce n’est pas normal… sa blessure s’est refermée à une vitesse étonnante… une louve ordinaire ne pourrait pas guérir ainsi. »
Il prit une profonde inspiration et se renfonça dans son fauteuil, ses yeux se perdant vers la fenêtre.
« J’ai déjà vu quelque chose de similaire… »
Un silence de quelques secondes, comme si sa mémoire hésitait avant d’ouvrir une vieille page. Puis il murmura :
« C’était il y a quinze ans… ce jour où mon fils est tombé dans le ravin. Je courais après lui, criant de toutes mes forces, mais il a disparu dans le courant. »
Il se massa le front, comme si la scène lui revenait en pleine tête.
*Il y a quinze ans…*
La pluie tombait drue, le brouillard enveloppait la forêt du ravin. Le docteur courait en criant le nom de son enfant, sans le voir, mais entendant ses pleurs se perdre.
Soudain… un bruit dans l’eau. Son cœur se serra, il courut vers le ravin. L’enfant, à peine âgé d’un an, luttait contre la noyade.
Mais avant qu’il n’arrive… une louve blanche surgit des arbres, courant à une vitesse incroyable, puis sauta dans l’eau sans hésiter.
« Non… noooon ! » cria le docteur, mais ce qui suivit le surprit.
Rapidement, la louve ressortit de l’eau, tenant doucement l’enfant entre ses mâchoires. Elle le posa sur la terre ferme, puis, sous ses yeux, elle se transforma en femme nue, grelottante de froid, mais ses yeux brillaient intensément. Elle s’agenouilla près de l’enfant et commença la respiration artificielle, appuyant sur sa poitrine, soufflant dans sa bouche, pleurant et lui murmurant.
Et lentement… l’enfant recommença à respirer.
Le médecin observait la scène, choqué, incrédule. Il fit un pas en avant, mais la femme leva soudain la tête et le regarda droit dans les yeux.
– « S’il te plaît, ne dis rien… ne révèle pas mon secret. »
Le médecin resta figé, ne sachant quoi dire. Il hocha simplement la tête.
*Puis la femme disparut aussi soudainement qu’elle était apparue, laissant derrière elle un secret inoubliable.*
*Il esquissa un demi-sourire en murmurant :*
« Elle m’a demandé de garder le secret… et je l’ai fait. »
Il regarda à nouveau les résultats de sang devant lui.
« Et cette louve… Nova… ne ressemble à aucune autre créature. Pourrait-elle être… sa descendante ? Ou… de la même espèce ? »
Il ferma lentement l’écran.
« Je ne tirerai pas de conclusions hâtives… mais je resterai vigilant. »
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cette nuit là
George est entré dans la salle de réunion où les membres du groupe étaient rassemblés autour de l’Alpha. Il a exposé le problème sans hésitation :
– « Ils ont prélevé un échantillon de sang de Nova lorsqu’elle était blessée pour l’analyser, et ça ne joue pas en notre faveur. »
L’Alpha le regarda sérieusement puis donna son ordre :
– « Toi et le Bêta, allez au laboratoire de la clinique. Prenez l’échantillon de sang et toutes les données associées. Ne laissez rien derrière vous. »
À la clinique, George et le Bêta entrèrent prudemment dans le laboratoire. Ils prirent l’échantillon de sang dans le réfrigérateur, puis accédèrent à l’ordinateur. Avec une grande habileté, ils effacèrent tous les résultats des analyses et partirent calmement.
Le lendemain matin,
le docteur Marcel arriva à la clinique pour récupérer les résultats des analyses. Mais il fut surpris de constater que les fichiers avaient disparu, et même l’échantillon de sang n’était plus là.
Debout devant l’écran de l’ordinateur, il confirma ses inquiétudes. Il savait maintenant que quelqu’un essayait de cacher la vérité à tout prix.
*****
*Voix de Noura*
ce matin, Cairo quitta la villa pour aller travailler… Enfin seule. Je l’observai par la fenêtre jusqu’à ce que sa voiture disparaisse, puis je vérifiai la porte.
Je pris une grande inspiration, fermai les yeux…
*C’est mon tour maintenant.*
Je repris ma forme humaine, les cheveux légèrement humides par la rosée du matin, mais un sourire immense sur le visage. Je me dirigeai vers la cuisine, pleine d’énergie. J’ouvris le frigo et commençai à préparer le déjeuner : une salade fraîche, des pommes de terre rôties, et un peu de poulet au thym. Simple, mais suffisant pour me faire sentir vivante à nouveau.
Une fois la cuisine terminée, je fouillai dans sa garde-robe… rien que des vêtements d’homme. Je choisis un de ses débardeurs. *Ça fera l’affaire.*
Je me dirigeai vers la piscine, plongeai dans l’eau froide… mon corps entier se réveilla. Puis je pris une longue douche chaude, m’enveloppai dans une serviette, et m’installai devant la télé avec quelques amuse-gueules.
Je riais devant une scène comique, les pieds posés sur la table. Pour la première fois depuis longtemps, je me sentais… moi-même. Libre. Heureuse. Vivante.
J’ai entendu la voiture de Cairo qui entrait dans l’allée de la villa.
J’ai retiré ma serviette, l’ai accrochée et me suis transformée en louve. Je suis montée sur le canapé et j’ai repris mon sommeil, comme si rien ne s’était passé.
Puis Cairo est entré, mais il n’était pas seul, Ilaria était avec lui. Dès qu’ils ont franchi la porte, ils ne pouvaient plus se retenir et s’embrassaient avec passion.
Ma colère a explosé, j’ai montré mes crocs, prête à bondir sur Ilaria. Mais Cairo a crié, m’a attrapée par le collier et m’a emmenée dehors dans le jardin.
J’étais tellement en colère que j’aurais presque mordu Cairo… si seulement il n’avait pas fermé la porte derrière lui, me laissant dehors.
Les larmes coulaient silencieusement alors que je restais immobile devant la grande porte vitrée de la villa, embuée par ma propre respiration, mes yeux restaient figés sur la scène à l’intérieur.
La lumière chaude du salon éclairait chaque geste, chaque regard. Leurs corps étaient enlacés. Les mains de Cairo glissaient sur le dos d’Ilaria, leurs baisers devenaient plus pressants, plus intimes. Ils riaient doucement, comme s’ils étaient seuls au monde.
Et moi… moi, dehors, les goûtes de pluie me trempait le pelage. Je tremblais, non pas de froid, mais de rage, de chagrin.
Un nœud s’était formé dans ma gorge. Mon cœur battait si fort que je croyais qu’il allait exploser. Puis, quand ils disparurent derrière la porte de la chambre…
Un hurlement m’a échappé. Long. Grave. Déchirant.
C’était le cri d’une âme brisée.
Sans réfléchir, j’ai tourné le dos à la maison. Je me suis mise à courir, comme si fuir pouvait m’arracher à cette douleur. La forêt m’a accueillie dans son silence humide, et mes pas me menèrent jusqu’à une grotte. Là, enfin, je me suis effondrée… seule.
dans l’ombre d’une grotte, je me suis transformée en humaine, les joues rouges et gonflées de larmes, ressentant toute la douleur de mon cœur :
« Pourquoi ai-je accepté de vivre comme une louve à ses côtés ? Chaque instant me tue un peu plus… »
Après m’être un peu calmée, Le ciel commença à pleuvoir, le vent se mit à souffler violemment.
Je suis arrivée chez George, j'étais toute mouillé, mais ça ne me déranger pas.
La pluie continuait à tomber avec force, accompagnée d’un vent v*****t qui secouait les arbres de la forêt. Le tonnerre grondait au loin, résonnant comme une colère ancienne prête à éclater.
à 2heure du matin
l’ambiance contrastait avec la tempête extérieure. j'étais assise près du feu, enroulée dans une couverture chaude. Le regard perdu, j'écoutais à peine les blagues que George et sa compagne tentaient de faire passer pour détendre l’atmosphère. Ils avaient mis un vieux film comique à la télévision, espérant me faire sourire, m’arracher de mes pensées.
Mais je restais figée, mon visage fermé, mes yeux reflétant une douleur silencieuse. George revint avec une tasse de thé qu’il posa doucement devant moi.
— « Tu sais… ce que tu as vu n’est peut-être pas ce que tu crois, » dit-il d’une voix apaisante.
je ne répondis pas. je détourna simplement le regard, comme si toute tentative de consolation glissait sur moi sans jamais m’atteindre.
Dehors, les rafales secouaient les vitres, mais à l’intérieur, c’était une autre tempête qui grondait : celle du cœur blessé d’une louve qui avait cru pouvoir aimer un humain.