PROLOGUE [2/2]

2950 Words
Saria ne comprenait pas réellement ce dont il était question, mais le sourire de Niga la rassura. Elle comprit vite lorsqu'elles se rendirent presse des embarcations de pêche. Le Léra était de retour et il fallait lui ouvrir le portail ! La seule façon de l'ouvrir était d'utiliser l'anneau que sa mère avait fait forger. Il possédait un rubis rouge vif, teinté du sang de sa mère. Saria n'avait pas spécialement besoin de cet anneau, car elle possédait le même sang ! Cependant l'humaine n'avait pas spécialement envie de s'entailler le doigt à chaque ouverture. La bague suffirait largement... - OHÉ !!! Le capitaine Hanri semblait ravi de leurs retrouvailles et ils furent accueillis en héros. Il était clair à présent que cette ile serait bien plus vivante et fournie ! Plus question de se laisser vivre en autarcie, le Léra s'occuperait de cela, aussi, car il serait le seul autoriser à terre pour le moment... C'est aussi pour cela que certains membres, ainsi que le capitaine lui-même, avaient expressément demandé la permission de ramener leurs familles ici. Les places étaient pour l'instant limitées, mais ils avaient accepté. Après tout il n'était pas exclu de faire l'acquisition des iles voisines... C'était à voir sur le long terme ! - J'ai du courrier pour vous Doc - Je vous remercie ! Le retour du bateau avait attiré les plus curieux du village ainsi que le dragon qui arriva vers eux en bâillant. Il les salua d'un bref signe de main. Saria lui fit un signe de tête avant d'attraper la lettre que le Capitaine lui tendait. Elle la lirait plus tard, pour le moment, elle devait profiter du retour du Caqitaine pour parler de la suite. Mais Hanori s'approcha d'eux, le nez retroussé. Il humait l'air et visiblement il n'aimait pas ce qu'il comprenait ! La jeune femme savait parfaitement ce qu'il se passait. L'homme de feu sentait clairement l'odeur du régent sur le courrier et que ce soit la jalousie ou la curiosité mal placée, il n'était clairement pas content. La main eut bien du mal a retenir une expression de joie, jouant avec les nerfs de son ami et porta la missive a son nez, le humant à son tour. - Oh effectivement, il y a une odeur de neige... Comme c'est intéressant ! Un léger grognement sortit de la bouche du dragon, mais Saria ne lui laissa pas le temps d'en dire autre chose. Elle lui lança un sourire effronté et attrapa le bras du Capitaine pour l'amener dans un lieu plus propice à la discussion. - Nous devons parler de notre prochaine expédition ! L'homme des mers se laissa emporter bien qu'il était clair qu'après cette traversée, il rêverait de pouvoir au moins se poser une petite journée. Mais l'excitation de la miss se voyait à des kilomètres à la ronde, aussi il n'en dit rien. - Niga, peux-tu nous accompagner ? Je pense que tu pourras nous être utile. La femme louve sourit et lui emboita le pas sans demander son reste et Hanori la suivit naturellement. Si cela avait un rapport avec la lettre, alors il viendrait ! Bien sûr en leur emboitant le pas, il avait clairement entendu le rire étouffé de l'humaine devant lui, mais tant pis ! Sa fierté était certes importante, mais sans doute pas au point d'ignorer ce qu'elle mijotait en ce moment. Lorsqu'ils arrivèrent dans la cuisine de la maison Saria, c'est elle même qui s'affaira à faire le thé. Vani n'était pas dans les parages et Hanori prit place naturellement en ignorant les lèvres pincées de sarcasmes de l'humaine. Évidement les autres ne pouvaient les deviner, car elle était de dos, mais lui la connaissait bien. Aussi dès qu'elle se retourna, les mains pleines et qu'il vit qu'il avait raison il ne put que soupirer. - Quelque chose ne va pas Hanori ? Le provoqua-t-elle - De quoi voulais-tu parler ? ignora-t-il - De Ouestia ! Il faut que j'y aille ! Je ne peux que spéculer à propos de ce que faisait ma mère, mais tous les indices mènent là-bas ! Niga, tu m'as dit que tu avais rencontré ma mère dans ton village natal et qu'il était éloigné de tout. Que faisait-elle là ? Je dois aller voir ! De plus c'est aussi là-bas que se trouve votre femme Capitaine, nous devons aller la voir ! J'ai besoin de vous pour m'amener là-bas avec Vani, elle voudra sans doute venir avec moi... Saria fit une moue, énumérant dans sa tête tous les arguments qu'elle possédait. Elle était certaine que tous ici tenteraient de la retenir ! Elle les fixa donc tous à tour de rôle, prête à les affronter à sa manière. - Je viens ! Je vous servirais de guide ! C'est une terre dangereuse, mais je la connais ! Assura la femme louve avec aplomb. Saria ne pouvait nier que sa présence les aiderait grandement, mais elle ne pensait pas un seul instant que la femme demanderait d'elle-même de venir ! Elle savait cette expédition dangereuse et cela ne l'enchantait pas de mettre Niga en danger. - Il s'agit d'une... route bien dangereuse ! Je ne peux garantir la sécurité de... - Arrête ton char, je ne t'ai pas demandé de me materner ! Je viens ! Je vous mènerais dans tous les endroits ou ta mère s'est rendue avec cet elfe et si j'le vois, j'te l'dis ! Hanori lui lança un regard voulant en savoir plus, mais le capitaine prit la parole avant lui. C'était sans doute tant mieux, Saria n'avait aucune envie de se répéter encore et encore cependant elle lui adressa un sourire, promettant silencieusement qu'elle lui dirait prout plus tard. - En ce qui me concerne, ma femme tient une auberge dans la capitale. - Parfait ! Nous commencerons par là. Nous pourrons réunir un maximum d'informations avant de partir vers ton village natal Niga ! - Ouais, mais Vani et Hanori ne passeront pas inaperçus ! Ils ne pourront pas se balader comme ils veulent ! affirma la native de Ouestia. - Je me ferais discret ! Je sais sortir à couvert, la nuit... - Et pour Vani ? Une fée avec ses ailes, elle va se faire remarquer ! Même si elle est sous le sceau, ils trouveront ça louche, personne ne possède n'est assez riche là-bas pour posséder une fée avec ses ailes... - Vani restera à l'abri sur le bateau ! Nous mènerons notre enquête toutes les deux ! Sourit Saria, maintenant enjouée. Tout cela prenait vite sa place. L'humaine s'était attendue à tant de protestations que cela lui semblait presque trop facile maintenant. Par contre, elle ne pouvait nier avoir été surprise par la réaction du dragon. Elle réfléchissait depuis un moment à partir là-bas, mais elle ne savait pas s’il allait l'accompagner ou pas. Après tout, sa soeur était ici et il était plus qu'évident qu'ils resteraient... Sa présence la rassurait malgré tout ! Même si leur relation n'était plus aussi explosive, il restait son ami. - Bah super alors ! On part quand ? s'enthousiasma la louve. Niga pouvait très bien avoir vingt ans de plus qu'elle, ce n'était pas toujours évident. Le capitaine sourit lui aussi, réfléchissant à son tour. - Il faut attendre que Chris accouche ! Je ne peux pas partir avant... De plus l'équipage a besoin de repos... - Donnez-moi deux semaines maximum et ce sera bon pour le bateau. Le voyage avait été clément et il n'y avait qu'à organiser le remplissage des vivres nécessaires et un peu de repos pour les hommes. Hanri était un homme expérimenté, aussi il n'était pas nécessaire de s'en mêler. Saria l'acquiesça tandis qu'il se levait pour partir. Il était évident qu'il avait attendu la moindre occasion pour aller se repose. L'humaine lui lança un sourire désolé de dos et s'installa une nouvelle fois à table. Le silence prit place et Hanori la fixait sans dire un mot pendant qu'elle l'ignorait superbement. Tout cela sous l'oeil bien amusé de Niga qui évidemment, n'était pas dupe. - C'était évident en même temps ! Dites, si je vous laisse maintenant, vous allez vous sauter dessus ? dit elle, taquine - Mais ça ne va pas ! s'éberlua Saria, passant par un arc-en-ciel de couleur - Scusez, ce n’est pas évident... Ça risque d'être amusant ce voyage ! La femme éclata de rire et se leva, finissant d'une traite sa tasse de thé pourtant encore fumante. - Bon allez, je vous laisse remplir cette ile de plein de bambins, j'voudrais pas être de trop ... - Niga ! Mais c'était trop tard, la louve était partie les laissant seuls. Saria soupira, osant lancer un regard curieux vers son ami. Il aurait pu s'offusquer un peu, mais apparemment, il se fichait bien de ce que pouvait penser l'autre femme. - Hanori ? Tu vas bien ? Il était clair que le dragon ruminait, mais si ce n'était pour le comportement de leur amie, elle ne pouvait dire pourquoi. - Tu corresponds avec lui maintenant ? Pendant un court instant, Saria ne sut absolument pas de quoi il parlait. Mais elle comprit ensuite que ce 'n’était pas elle qu'il regardait avec tant d'insistance, mais la lettre qu'elle avait posé en rentrant et qu'elle avait totalement oubliée. - J'ai envoyé une lettre oui. Pourquoi ? Les lèvres du dragon se contractèrent et il était clair que rien de gentil n'en serait sorti. Mais il les gardait bien closes et prit finalement une inspiration pour se calmer, choisissant soigneusement ses mots. C'était réellement rare de ne pas le voir agir avec impulsivité, aussi l'humaine comprit que ses pensées étaient bien sombres, mais elle n'était pas prête à se laisser faire ! - Pourquoi tu lui écris ? Répondre à une question par une autre question... Elle pouvait aussi le faire ! Sans doute mieux que lui ! Elle prit un moment cependant, voulant être certaine de mener la danse ! - Pour quelles raisons tu veux savoir Hanori ? Tu as l'intention de revenir auprès de moi ? - Je ne t'ai jamais quitté ! - Oh voyons, ne joue pas sur les mots, tu sais très bien de quoi je parle... - On ne peut pas... - Ah non, n'y revenons pas ! S'agaça-t-elle brusquement ? - Saria... - Cette place est à toi, prend là ! Mais si tu n'en veux pas, alors tu n'as pas à savoir pourquoi je corresponds avec Cyril... Elle attrapa la missive et la fourra dans sa poche avant de quitter la pièce, rageuse. Il n'était pas question que cette éternelle conversation la hante encore ! Mais c'était peine perdue, apparemment ils ne pouvaient plus parler d'autres choses... Trois jours plus tard, ces deux-là ne s'étaient pas adressé la parole, mais il y avait tant de chose à faire et de monde qu'en réalité ce n'était pas très gênant. Le dragon avait annoncé partir avec Saria pour Ouestia et sa jeune soeur l'avait frappé a coup d'oreiller, conjurant a qui voulait l'entendre qu'elle l'aurait elle-même attaché au mât s’il n'y avait pas été de son plein gré. C’est pendant qu'il se prenait des coups de plumes que Saria. - Alors toi ! On te dit de rester tranquille et de te reposer et voila que tu te mets au sport de combat... Si l'humaine pensait plaisanter innocemment, Chris lui lança un regard noir. - Tu te fiches de moi ? ÇA FAIT DES SEMAINES QUE JE SUIS TRANQUILLE ! Saria, fais sortir ce bébé ou je te jure que je... Mais Saria n’écoutait plus, cela faisait longtemps qu'elle avait pris le parti de ne pas affronter son regard courroucé et d'examiner sa patiente furieuse. - Christila... Attends... tu ne sens pas que ça pousse là ? - JE SENS UN TAS DE CHOSES SARIA ! ÇA POUSSE, ÇA TIRE, ÇA BOUGE... - Hanori, va chercher Langelot... Vite ! La jeune femme se releva, allant chercher son nécessaire qu'heureusement elle avait laissé a porter de main. - Apporte-moi de l'eau chaude et du linge propre aussi ! Le dragon ne réfléchit pas plus et se précipita sans que la maman ne comprenne que la situation avait changé. C'est seulement lorsqu'elle vit Langelo lui attraper les doigts, stressée au possible qu'elle comprît. - Tu es en travail Chris, tout va bien, c'est le moment ! Je vais te demander de garder ton calme. Tu sens les contractions ? Même si elle avait attendu cet instant depuis très, trop, longtemps, Christila souffla d'appréhension, tentant d'assimiler ce qu'elle venait de dire. Clairement, la maman n'arrivait pas s'y faire. Ce fut donc en cet instant qu'un doux sourire apparut sur les lèvres de la doctoresse, apaisant d'une traite la jeune maman paniquée. - Je suis là et je te promets de prendre le plus grand soin de toi et du bébé. Nous avons longuement parlé de ce qui se passe maintenant. Je ne laisserais rien t'arriver à toi ou au bébé. Tu peux me faire confiance, alors maintenant j'aimerais savoir si tu ressens quelque chose dans le bas des reins... - Je... j'ai mal parfois, ça va et ça part... Ça fait vraiment mal, mais je ne pensais pas que... - Ce sont les contractions. Ce n'est pas grave, tout est prêt ! On va accueillir cet enfant, toi et moi ! Dis-moi la prochaine fois que tu sens que... ah voilà ! Pousse ! Christila se contracta, les larmes pleines d'émotions paradoxales envahissant ses yeux. Langelo attrapa son regard vert au vol, la laissant s'échapper avec lui. - Tu te débrouilles très bien Chris ! Continue comme ça, reprends ta respiration et dès que tu sens une nouvelle contraction, tu pousses ! La future maman acquiesça, maintenant prête à affronter cette situation. Le père ne réfléchit pas plus et se redressa, s'installa derrière la maman pour l'aider a s'adosser. C'était aussi sans doute uen manière pour lui de vivre cet accouchement au plus près. - Va y pousse ! Ça y est Chris, je vois la tête ne lâche rien !! Hanori était juste là, jouant le rôle de Sarabelle qui n'était pas encore arrivé à la perfection. On aurait pu croire que le dragon ne se serait pas risqué à voir cet aspect-là de sa soeur, mais rien ne semblait pouvoir le dépêtrer de sa tache en cet instant. - Ça y est la, tête est sortie ! Saria attrapa alors le nouveau-né, et le tira doucement vers elle. Le bébé ne perdit pas de temps et se mit à crier sans réel. - C'est une petite fille ! sourit Hanori, aidant pour nettoyer sa nièce. Chris et Langelo n'avaient pas bougé et bientôt, un tout petit être atterrit sur le ventre de sa maman. Langelo tenta de réprimer ses émotions, mais les larmes menaçaient à chaque battement de cil. Chris, elle, pleurait chaudement, ne pouvant détacher ses yeux de ce petit être qu'elle avait créés de toutes pièces... - Bonjour Lora... murmura-t-elle doucement Le prénom du bébé n'avait pas été un secret, par contre il venait de se transformer. S’il avait une fille, elle aurait dû s'appeler Tamara. Mais apparemment, ils avaient changé d'avis et avaient choisi le prénom de la mère de Christila et Hanori. L'émotion se lisait clairement sur le visage du dragon et malgré cet heureux événement, Saria sut d'instinct que son ancien amant se sentait seul. Elle se rapprocha alors subtilement de lui, effleurant leurs épaules dans un geste de réconfort. Elle ne disait rien, ne le regardait pas, le soutenant en ce moment où elle était intimement persuadée qu'il avait besoin d'elle. Elle ne s'attendait pas à une quelconque réponse de sa part, pourtant il enfouit sa tête dans sa nuque, se cachant de la vue de tous bien que personne ne faisait attention a eux. Saria ne posa pas de question, se rapprochant juste de lui, ses mains s'affairant aux derniers soins de sa patiente et Hanori se détachèrent au bout d'un moment. - On va vous laisser faire connaissance ! Repose-toi bien et surtout... Félicitation ! Chris était nettoyé et tout était OK, il ne restait plus qu'à les laisser en paix, profiter de leur famille enfin au complet. Saria sortie suivit de prés par Hanori qui caressa doucement les cheveux de sa soeur dans un geste très fraternel avant de refermer doucement la porte derrière lui. Il dégageait encore cette aura de tristesse en ce jour pourtant heureux et cette fois il la regardait droit dans les yeux et Saria comprit. Hanori ne pensait pas à leur relation, il pensait à ce qu'il n'aurait jamais. C'était pour lui un dur rappel de ce dont il était privé. Alors Saria lui attrapa les doigts et les serra contre les siens, lui souriant tout aussi tristement. Ils se regardèrent tous les deux, proche physiquement, mais paradoxalement a des lieux l'un de l'autre. Saria ne pouvait pas comprendre ce que pouvait ressentir son ami, mais elle était assez proche de lui pour avoir imaginé supporter cette douleur avec lui. Elle réalisa alors que même si la situation n'était plus la même, il restait son ami. Mais il n'y avait rien à dire, elle ne pouvait strictement rien lui promettre. Juste être là pour le soutenir. Derrière la porte, le nouveau né se mit à pleurer et le dragon sourit en se redressant. - Y a quand même du bon a être un dragon ! dit il en choisissant la voie de l'humour Saria ne put que lui sourire, lui emboitant le pas. Il n'y avait rien a dire de plus de toute façon ! 
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