Le courage d'aimer

6.

Elle s'était endormie pour de vrai!

Rebecca se réveilla fatiguée et confuse au son de quelques voix avec le vague sentiment qu'il se passait quelque chose de singulièrement anormal, toujours les yeux fermés, elle retint un bâillement et fronça les sourcils.

Elle avait assez chaud mais n'était pas très à l'aise, elle n'était certainement pas dans son lit et cette odeur légèrement épicée et résolument masculine mais plutôt agréable qui chatouillait son odorat n'appartenait pas à Harry, se dit-elle, encore ensommeillée. Elle ouvrit les yeux et se leva, elle se sentait toute endolorie et ses muscles étaient contractés, mais elle découvrit que ce n'était pas son seul problème.

Ses mains, à la recherche d'un point d'appui, trouvèrent ce qui lui sembla être une poitrine, résolument masculine et assez sculptée. Alarmée, Rebecca cligna des yeux en essayant de reprendre conscience et se souvint qu'elle avait été coincée dans un ascenseur avec M. Harrington qui... qui la regardait maintenant avec un sourcil arqué et un demi-sourire moqueur.

À quelques centimètres, elle avait dormi sur lui, couverte par son manteau et... et elle voulait absolument mourir !

Son premier réflexe, une fois réveillée, fut de porter ses mains à son visage pour vérifier que son maquillage n'était pas maculé et ses cheveux ébouriffés, mais presque aussitôt, elle laissa retomber ses bras le long de son corps et se détourna de M. Harrington, évitant son regard.

Son visage était probablement redevenu écarlate, mais elle avait déjà montré à cet homme le pire d'elle-même, alors autant ne pas s'en préoccuper, ce qui était plus facile à dire qu'à faire, bien sûr.

"Je suis désolé..." murmura-t-il à voix basse.

Elle voulut en rajouter, mais à ce moment-là, le bruit d'un marteau la fit grimacer, elle avait presque oublié qu'ils étaient encore dans l'ascenseur.

M. Harrington, cessa de la contempler et se tourna vers les sauveteurs qui essayaient de les sortir de là, lui laissant quelques instants pour essayer de se ressaisir.

Rebecca lui en fut très reconnaissante, même si elle ne pouvait pas faire grand-chose d'autre qu'attacher ses cheveux en queue de cheval et lisser ses vêtements froissés, elle consulta son téléphone portable et fit un gros roulement d'yeux en constatant qu'il n'était que six heures moins dix.

Bon sang, ils avaient passé la nuit dans l'ascenseur, ce qui signifiait qu'il avait dormi sur M. Harrington pendant environ huit heures ! Becca voulait vraiment mourir, et s'il ronflait ou parlait dans son sommeil ou... ou quoi que ce soit d'autre de tout aussi embarrassant, il ne savait vraiment pas comment le regarder dans les yeux maintenant.

Une voix masculine inconnue interrompit ses lucubrations, s'insérant dans ses pensées, Dieu merci, et suivant les instructions, Rebecca se leva pour s'appuyer contre le mur derrière elle.

Mais, ses jambes ont lâché et elle serait certainement tombée si M. Harrington ne l'avait pas rapidement soutenue d'un bras, puis aidée à reculer pendant que deux hommes en combinaison grisent de maintenance ouvraient les portes verrouillées de l'ascenseur. Rebecca avait atteint un tel niveau d'embarras que ses mains tremblaient alors qu'elle ramassait son sac sur le sol. L'un des trois étrangers venus à la rescousse lui dit.

"Encore quelques instants".

Les deux autres, munis d'un outil en fer, ont ouvert un espace entre les portes en acier et poussent maintenant très fort pour les ouvrir davantage et créer une ouverture.

Lorsqu'il y eut suffisamment d'espace, ils bloquèrent les portes avec une sorte de barre pour stabiliser l'ouverture, puis les trois hommes lui dirent de se préparer à être hissée à l'intérieur.

Il y avait en fait près d'un demi-mètre entre le 30e étage et l'ascenseur et deux des hommes se sont penchés avec la moitié de leur torse pour l'attraper.

Rebecca, malgré sa grande taille, doit se mettre sur la pointe des pieds, mais elle a oublié qu'elle tient encore sur ses jambes.

Elle avait dormi dans une position plutôt inconfortable et les talons aiguilles qu'elle portait n'aidaient pas à son équilibre à ce moment-là.

Concentrée sur l'effort, elle faillit crier lorsqu'elle se sentit saisie par derrière autour de la taille, instinctivement, elle aurait sursauté, elle n'était pas habituée à certains niveaux d'intimité, en fait, elle n'aimait pas que l'on envahisse son espace personnel.

Surtout si cette personne était Mr Harrington, mais il l'avait saisie fermement en l'étreignant par derrière avec l'intention de l'aider, et si elle se libérait, elle ne ferait que se mettre dans l'embarras.

La voix de l'homme lui paraissait aussi intime que moqueuse alors qu'il lui murmurait à l'oreille de rester immobile et de le laisser faire, la proximité excessive et ce timbre rauque lui donnaient des frissons et pas dans le bon sens.

Se raidissant comme une statue, Rebecca se força à ignorer l'effet du contact de ses bras alors qu'il la hissait vers d'autres mains prêtes à la saisir.

"Encore un peu, très bien, on y est presque..." l'encouragent les sauveteurs. "C'est ça, un dernier effort Mademoiselle..." lui dit l'un dès trois en la soulevant par le poids pour la déposer peu après, secouée mais indemne, sur le sol de marbre du 31ème étage.