(Une fillette effrayée)
Mes yeux étaient embués de larmes, et lorsque je vis le corps de maman tomber devant moi, un loup aux yeux mauvais lui dévorant le cou, j’étouffai mon cri dans mes mains et fermai les yeux.
« Tu es là ! »
Émergeant de ma cachette, ses mains m’agrippèrent par la robe. Je me cramponnai au tissu de ma mère, mais il se déchira. Alors que je tenais le morceau de tissu entre mes mains, une vive douleur me transperça le cou.
Je me réveillai, les yeux bandés, les membres enchaînés. La honte m’envahit lorsque je réalisai que j’avais fait pipi sur moi. L’odeur de m********e m’étouffait. J’entendis des voix d’hommes parler :
« Tu l’as ? »
« Oui… Il y en avait deux… »
« Deux ? »
« Oui… du même âge… Tu ne me l’avais pas dit…
Mon cœur battait la chamade.
« Je n’en savais rien ! »
« On aurait pu passer à côté… »
L’homme grogna.
« Tu n’as laissé aucune trace ? »
« Aucune… tout le monde est mort. »
Je sentis un vent froid puis entendis des os se briser avant d’être soulevée et placée dans ce qui me semblait être une voiture. À côté de moi, j’entendais des reniflements. J’essayai de blottir ma tête contre celle d’une autre fille, cherchant à partager nos émotions et à nous rassurer l’une l’autre.
(Alpha Puan)
J’ai chargé les gamines dans le coffre et démarré à toute vitesse, pressé de rentrer. Je n’aime pas être ici, ni avec lui ; il me donne froid dans le dos avec son air supérieur et satisfait. Enfin, je m’en suis débarrassé… La sorcière ne m’a parlé que d’une seule, mais elle est assez rusée pour cacher une partie de la vérité. Les sorcières sont connues pour être fourbes et jouer des tours aux loups qui se croient supérieurs avec leur magie.
En tout cas, si c’est bien l’une d’elles… Sinon, je m’en débarrasserai. J’espère qu’il les a suffisamment droguées pour qu’elles ne se réveillent pas.
J’ai roulé à toute allure jusqu’à la maison de la meute. Mon loup intérieur vociférait tout le trajet, détestant encore plus que moi ce renégat solitaire. Mais il faut reconnaître que si l’on veut un travail rapide et efficace, il est le meilleur. J’espère que c’est la bonne, sinon je devrai trouver quelqu’un d’autre pour faire le sale boulot.
J’ai fait de longs détours pour rentrer sur mon territoire, évitant les patrouilles. En tant qu’Alpha, je connais très bien les endroits non surveillés. Personne ne doit me voir, personne ne doit savoir. Si la sorcière dit vrai, cette gamine est mon avenir.
Une fois garé derrière la maison de la meute, je pris la petite porte de derrière et me glissai dans le sous-sol pour poser les gamines dans ce qui serait leur future chambre. Enfermées ici, elles ne pourront pas s’échapper.
Je me servis un verre et m’assis dans mon vieux fauteuil, sirotant l’alcool tout en regardant le feu crépiter. Mes pensées allaient vers cette sorcière. Je l’ai rencontrée par hasard, elle essayait de franchir mes frontières pour me parler. Je ne voulais pas la croire au début, je voulais la tuer, mais ce qu’elle m’a dit m’a fait changer d’avis. Si la sorcière se joue de moi, alors j’irai m’occuper d’elle.
Le lendemain, je suis allé les voir. Elles dormaient encore. Combien de doses lui a-t-il données ? Que leur a-t-il administré ? Je soulevai une des mèches de l’une et vis une petite tache derrière son oreille. Elles semblent banales, sans rien de plus que les autres. L’une a des cheveux bouclés blonds, l’autre…
Mon loup sentit une présence à la porte. Je fermai la chambre derrière moi et me dirigeai vers l’entrée.
« Tu es enfin arrivée, sorcière ! »
« Je suis là, Alpha. Où est l’enfant ? »
Je grognai en faisant un signe de tête.
« Suis-moi. »
Je conduisis la sorcière en bas jusqu'à la chambre des fillettes et lui fis signe d'entrer.
« Deux ? »
« Oui… »
« Elles ne sont toujours pas réveillées ? »
Je grognai.
« NON. »
Elle m’agace déjà.
« Elle est là… je le sens. »
« Dis-moi laquelle c’est… »
« Impossible de savoir laquelle des deux exactement, c’est trop tôt… »
Je la regardai avec méfiance.
« En es-tu certaine, sorcière ? »
« Oui… »
J’esquissai un sourire, mais…
« Tu ne m’as parlé que d’une seule ! »
« La Déesse est rusée… Il faudra attendre pour savoir. »
Je grognai de mécontentement, ça se complique encore !
« Aie confiance, Alpha… Elles sont toutes deux nées de la lune noire… La deuxième n’est peut-être pas la bonne, mais elle reste porteuse de magie… »
J'hochai la tête, mais j’étais contrarié.
« En as-tu parlé à quelqu’un d’autre ? »
« Non, Alpha. Dans ma vision, c’était toi. »
« Dans ta vision, il n’y en avait qu’une… »
« C’est ainsi que la Déesse l’a décidé. »
J’hochai la tête en signe d’accord. Je ne suis pas en état pour me frotter à une sorcière, je vais donc lui laisser le bénéfice du doute.
L’une des gamines s’est mise à bouger, puis elle a ouvert les yeux. Son regard m’a donné des frissons.
« Où… où suis-je ? »
« En sécurité, trésor… » La sorcière lui parla d’une voix mielleuse, mon loup grogna en moi. En sécurité, tu parles ! Si la sorcière connaissait vraiment mes projets, elle ne dirait pas ça !
« Qui êtes-vous ? »
« Une amie… Te souviens-tu de quelque chose ? »
La gamine nous scruta, puis scruta la pièce. Raa, je déteste son regard… Elle secoua la tête pour dire non et regarda son collier pendu à son cou.
« Je ne me souviens de rien… »
Je me redressai pour la fixer et lui demandai :
« De rien à partir de quand ? »
Ses yeux bleus, sans nulle autre pareils, se rivèrent sur les miens, me glaçant le sang. Je me sentis mal à l’aise, oppressé. Cette gamine a quelque chose…
« Juste de rien… C’est mon prénom ? »
Je regardai la sorcière, intrigué.
« Oui, trésor… Repose-toi. Je reviendrai te voir. »
Nous sommes sortis.
« C’est possible ? »
« Cela peut venir du choc ou de ce qui lui a été administré. Sais-tu quel produit il lui a injecté ou quelle quantité ? »
« Non… Va-t’en maintenant… »
« Laisse-moi m’assurer de leur état avant… seule. »
Je grognai de mécontentement.
« Je ne voudrais pas que ma magie te blesse par inadvertance, Alpha. »
« Bien… mais dépêche-toi, sorcière… »