L’enfant secret du milliardaire

Chapitre premier (Luna Jenner)

- Bougre d'imbécile !

J'envoyai mon téléphone portable s'écraser violemment sur le matelas dans un "pouf" qui ne me fit pas ciller. Je passai une main rageuse dans les cheveux aux mèches entremêlées par ma sieste de tantôt en poussant un énième juron. Ma poitrine se soulevait et s'affaissait au fur et à mesure que l'air gonflait mes narines et sortait de mes poumons. J'étais énervée et pas qu'un peu. À grandes enjambées, je traversai ma chambre et rejoignis mon bureau. Je m'assis nonchalamment sur mon fauteuil et allumai mon ordinateur portable. Je refusais encore de croire ce que je venais de voir sur mon téléphone. Ce n'était tout simplement pas possible. Je tapai presque avec rage sur les touches de l'ordinateur avec mes doigts à la recherche de la page net qui m'intéressait. Je fis ensuite défiler les articles du jour et malheur! Je tombai exactement sur celui que je venais d'apercevoir sur mon téléphone portable. Mes yeux restèrent accrochés aux gros titres alors que mon sang bouillonnait. Mes poings se serrèrent et je manquai d'envoyer celui de droite s'écraser dans l'écran de mon MacBook. À la place, je parcouru encore l'article, syllabe par syllabe en particulier le titre.

«LE MILLIARDAIRE JASON CARTER RACHÈTE "TRUST HOLDINGS" DEVANT L'INFLUENTE FEMME D'AFFAIRES, LUNA JENNER»

Ce matin, aux environs de 10h, Jason Carter publie sur sa page Twitter son désir de racheter TRUST HOLDINGS à 112 millions de dollars. L'entreprise actuellement aux enchères n'avait accueillie jusque là qu'une seule vraie acheteuse, Luna Jenner, qui était prête à débourser 70 millions de dollars pour son acquisition...

Selon les informations, Jason Carter s'envolera pour le Canada dans deux semaines pour la signature des documents...

- Non mais, il sort d'où celui là ? m'écriai-je en me levant de mon fauteuil.

J'allai me poster devant la baie vitrée de ma chambre et admirai la vue de New-York sous le soleil d'été.

Une bonne dizaine d'années que j'attendais ce moment ; le moment où TRUST HOLDINGS allait entrer dans une profonde faillite et que son chef n'aurait d'autre choix que de le vendre entièrement. Non, en fait, ce que j'attendais, c'est que son chef même soit financièrement malade au point où vendre son entreprise serait sa seule porte de guérison. Karl Fauster était ce fameux chef d'entreprise pour qui j'avais développé une haine grandissante. C'était mon diable sur terre. Depuis dix ans, j'avais surveillée les moindres faits et gestes dans son entreprise. J'étais informée de presque tout sur leurs états financiers. Alors quand Karl avait fini par faire l'annonce qu'il mettait TRUST HOLDINGS en vente aux enchères, j'avais déployé tout mes moyens pour écarter tout potentiel acheteur. Je voulais être la seule et incontournable recours sur sa liste.

Pour dire vrai, TRUST HOLDINGS valait plus de 70 millions de dollars malgré qu'il soit en faillite. Mais comme j'étais sûre d'être la seule acheteuse et que les enchères avait commencé à partir de 50 millions de dollars, j'avais proposé 70 millions de dollars. Au point où Karl était financièrement et le connaissant, cette somme lui irait tant que l'argent touchera ses doigts. Je devais donc signer les accords avec lui dans deux semaines puisque les enchères s'arrêtaient dans une semaine. Et boum! Un certain Jason Carter vient s'imposer à la dernière minute avec en tête, l'idée de débourser 112 millions de dollars pour me battre aux enchères.

- Aarrrgghhhh! hurlai-je en tapant contre le mur.

- Maman?

Je me figeai instantanément en percevant cette petite voix de poupée. Je me composai rapidement un sourire avenant avant de me retourner.

- Mon petit trésor, que fais-tu là? lui demandai-je.

- Je t’ai entendu crier alors je suis venue voir ce qui se passait. Est-ce que ça va?

- Oh chérie, dis-je en m’accroupissant à son niveau.

Âgée de huit ans à peine, Krista était une petite boule d’énergie aux cheveux bruns et aux yeux gris. Bien qu’elle me ressemblasse physiquement, elle avait pris assez de caractéristiques de son géniteur comme par exemple ses yeux, son nez et quelques traits de caractère… Cette simple pensée me donna le vertige. Mais j’aimais ma fille. Elle était ma raison d’être. Si elle n’avait pas existé, ma pierre tombale aurait été mise au point huit ans en arrière. Ce que je suis aujourd’hui, c’est pour elle et grâce à elle.

Je lui souris et la prit dans mes bras.

- Désolée d’avoir gêné ton sommeil mon cœur. C’est juste que maman a…elle a quelque petits problèmes professionnels mais sinon tout va bien, lui expliquai-je.

- D’accord. Et tu n’as pas à t’excuser tu sais? Je ne dormais pas, me dit-elle de sa petite voix.

- Ah bon? fis-je surprise.

- Hum hum. Je m’amusais avec Junky.

- Aaahhhh!!

Junky était la poupée robotisée de Krista et en même temps sa préférée. Très rapidement, ma fille avait développé une préférence pour tout ce qui avait rapport à la technologie: jeux vidéos, robots, jouets télécommandés…Cela m’avait confortée de voir qu’elle avait hérité de mon amour pour les sciences technologiques. Ainsi, elle pourrait me succéder à l’avenir à la tête de mon entreprise. D’ailleurs, elle avait son bureau personnel au siège de mon entreprise. En dehors de ses heures d’école et d’études, elle y venait toujours afin de commencer à s’imprégner de l’atmosphère entrepreneuriale. Je voulais faire d’elle une femme solide et indépendante. Je voulais lui offrir ce dont moi, j’avais été privée. Et même si la question de l’absence de son géniteur venait parfois noircir le tableau, je ne voulais sous aucun prétexte qu’elle sache la vérité. Pour elle tout comme pour moi, l’homme qui avait contribué à sa conception était mort et enterré; froidement tué dans un accident de circulation. Le plus difficile était quand elle me demandait des photos de lui alors que moi-même je ne savais même pas de quelle couleur était sa peau. Une fois encore, je lui rajoutai une bonne couche de mensonges pour la convaincre. Quel drame! Si jeune et déjà autant de mensonges inconsciemment assimilés. Mais, je n’avais aucun regret quant à cela. Pour ma fille et son bien être, j’étais prête à tout; absolument tout…