Chapitre quatrième (Jason Carter)

2109 Words
Je sortis de la Range rover et rejoignis à la hâte mon jet privé qui m'attendait, près à décoller. Je consultai une énième fois ma montre pour m'assurer que je respectais à la lettre mon timing. Je ne comptais pas perdre du temps au Canada. Dès mon atterrissage, je devais rencontrer immédiatement Karl et régler au plus vite la paperasse avant de reprendre à nouveau mon vol mais pour le retour. Je pris confortablement place dans le jet et ordonnai au pilote de décoller. J'avais deux heures de vol devant moi, autant les mettre à profit. J'ouvris donc mon MacBook et l'allumai. Ensuite, j'allai faire un tour sur le net et tapai "Luna Fauster" dans la barre de recherche. Je parcouru les résultats et je trouvai assez de photos de Karl Fauster ainsi que d'autres personnes que je ne connaissais pas mais aucune trace de la jeune femme qui le hantait. On savait tous que Karl n'avait pas d'enfants ou plutôt... c'est ce qu'il faisait croire à tout les coups. C'était un véritable b***e-tout qui se promenait de filles en filles et investissait dans les boîtes de nuit. Mais il avait lui-même déclaré à la presse et à plusieurs interviews qu'il n'avait jamais été père. Côté conjugal, il restait très discret cependant. Luna Jenner m'aurait-elle menti ? Quel intérêt aurait-elle eu d'ailleurs de me dire la vérité ou de me mentir ? Je ne la connaissait et elle ne me connaissais. Nos deux entreprises étaient justes liées pour affaires ; ça s'arrête là. Je parcouru encore néanmoins les résultats trouvés et je tombai sur le profil de Luna Jenner. Je cliquai dessus et m'aperçus qu'elle avait une fiche d'identité Google tout comme moi qui donnait des généralités sur elle. Normal.... Je parcouru de fond en comble toutes ses photos disponibles mais sur aucune d'elles, elle n'apparaissait avec Karl Fauster. Puis je remarquai que même sa fiche d'identité Google n'avait précisé les noms et prénoms de ses parents. Ses photos quant à elle dataient toutes de l'essor de LJ TECHNOLOGIES et étaient toutes purement professionnelles. Elle n'en avait aucune où elle paraissait plus jeune ou petite ou même entourée de sa famille. Elle avait carrément dissimulé aux yeux du public tout son passé et ce qui y avait rapport ainsi que sa vie privée ! Je fermai les yeux en soufflant. Depuis l'inauguration de la CARTER HOUSE de Madrid, j'avais le cerveau de plus en plus embrouillé et les pensées entremêlées. Je n'aurais jamais cru qu'il y aurait autant d'acharnement autour de l'achat de TRUST HOLDINGS... - Monsieur Carter ? J'ouvris brusquement les yeux et relevai la tête pour voir une hôtesse de l'air, debout face à moi, un plateau en main. Je levai un sourcil interrogateur et elle s'empressa de poser le plateau sur la table à côté de mon ordinateur. - Je me disais que vous auriez faim. Je vous ai amené un café et des toasts grillés, m'expliqua t-elle respectueusement. Mon instinct conduit mon regard à ma montre-bracelet et je m'aperçus avec effarement qu'il était déjà 10h du matin. Une heure était déjà passée depuis mon entrée dans ce jet. Je ne m'étais même pas rendu compte que je m'étais assoupi. Je finis par remercier l'hôtesse pour son attention. Comme si elle savait lire en moi, j'avais exactement besoin d'un café pour me remettre d'aplomb. C'est terrible si je devais me mettre à m'assoupir aussi bêtement ! Je saisis la tasse de café et la portai à mes lèvres. J'appréciai la tiédeur du liquide dans ma gorge avant de me concentré sur mon ordinateur resté allumé tout le temps. Je fermai la fenêtre "Safari" que j'avais ouverte et je me mis au travail. Rapidement, je vidai à moitié ma tasse de café et m'attaquai aux toasts grillés que je trouvai super bien faits. Au bout de quelques minutes, je me mis à bailler et mes paupières s'alourdirent. Merde! Je ne savais pas que mon corps avait autant accumulé de fatigue et de sommeil ! Je bus ce qui restait de mon café et je clignai plusieurs fois des yeux pour rester éveillé. Je finis par secouer violemment ma tête de gauche à droite et me frottai correctement les yeux de mes doigts mais ma vision demeura floue. Je jurai entre mes dents et me levai pour rejoindre les toilettes en titubant. À peine eus-je fait deux pas que je m'écrasai de tout mon poids en travers du siège-canapé qui m'avait supporté jusque là... ________________________________________ J'ouvris lentement les yeux et roulai mes globes oculaires dans leurs orbites en clignant des paupières pour affiner ma vision. Je remarquai tout de suite que j'étais encore dans le jet. Une brise tiède me frôla la peau du cou et je sursautai. Mon regard se porta sur le hublot à la gauche et j'écarquillai les yeux. Ni une, ni deux, je bondis sur mes pieds. - Nom de Dieu ! m'exclamai-je. Je m'empressai de rejoindre le devant de l'appareil où le pilote était sensé être pour lui demander des explications mais je ne vis personne. Mon cœur rata un battement quand je m'aperçus le jet entier était vide et qu'il n'y avait que moi. Je jettai encore un coup d'œil par les hublots, presque effrayé par l'idée de sortir. Nous avons atterri je ne sais depuis quand et surtout où et cerise sur le gâteau, tout les membres de l'équipage avaient disparu. Après quelques minutes à formuler différentes hypothèses, je me décidai enfin à sortir. Dès que j'ouvris la porte du jet, ce sont des rayons de soleil qui m'accueillirent et me lèchèrent la peau. Je clignai encore des paupières pour m'habituer à la forte lumière du jour. La main droite en visière, mon regard parcouru les alentours et je ne percus rien d'autre qu'une immense étendue de sable fin. - Non mais c'est quoi ce bordel ? Je portai un regard à la montre bracelet : 12h03mn. Soudain, je percus un bruit lointain mais qui semblait se rapprocher assez rapidement. Je finis par reconnaître le ronflement d'une voiture en marche. Je croisai mes bras sur ma poitrine et observai grandir le point au loin devant moi. Une voiture arrivait, j'en étais à présent sûr. Un soulagement sans nom me parcouru. L'idée de me retrouver tout seul dans ce désert sableux aussi silencieux qu'un cimetière et à la merci de n'importe quel danger ne m'enchantait guère. Je pourrai bien appeler les secours mais je doutais très fort qu'il y ait du réseau par ici. La chaleur commençait sérieusement à m'étouffer. Je me demandais bien ce qu'il s'était passé pour que je me retrouve dans cette situation. Il n'y a pas eu crash ; l'avion avait bel et bien atterri. Mais pourquoi diable, le pilote s'était posé en plein désert et avait ensuite disparu avec le reste de l'équipage alors que je dormais. Et, bon Dieu, quelle était cette affaire de sommeil incontrôlé qui m'avait prise au collet ?! Je soufflai de rage et regardai la voiture qui transportait tout mon espoir venir à mon niveau et je constatai qu'il s'agissait d'une jeep de couleur noire. La voiture était tellement class que j'en retins à peine un sifflement d'admiration. Eh oui! J'étais un grand amateur de voitures alors si je dis que la jeep qui venait de se garer à l'instant à quelques mètres de moi pétait le style alors il faut croire. Le moteur de la voiture vrombit une dernière fois avant de s'éteindre. Mon regard était entièrement collé à elle, guettant les moindres faits et gestes de la part du conducteur. Mon cœur accéléra son rythme quand la portière s'ouvrît mais il manqua un battement quand mes yeux distinguèrent un chignon de mèches blanches. Luna Jenner sortit de la jeep avec son élégance habituelle et claqua la portière derrière elle. Mais que faisait-elle ici ? Des lunettes de soleil couvraient ses grands yeux gris-bleu que j'aimais contempler et qui me scrutaient sans doute à l'instant. Elle portait une grande chemise oversize de couleur grise sur un pantalon jogging et des rangers femme de couleur noire. Elle me paraissait plus petite aujourd'hui étant donné l'absence de talons mais elle demeurait encore et toujours belle. - Monsieur Carter! s'exclamât-elle avec entrain. Quel plaisir! Je la fixai encore quelques instants, trop surpris de la voir ici. - Qu'est-ce qui se passe ici ? C'est quoi cette blague ? lui demandai-je en essayant d'être le plus calme possible. Elle regarda avec nonchalance autour d'elle avant de reposer son regard sur moi. Un sourire énigmatique étira ses lèvres. - Les grands moyens, me répondit-elle posément. Je fronçai les sourcils, confus. Qu'est-ce qu'elle appelait « les grands moyens »? Pour la deuxième fois depuis que nous nous sommes rencontrés, elle devina ma question muette et y répondit en même temps. - Je vous avais dit l'autre fois que TRUST HOLDINGS m'importait beaucoup trop et que vous ne pouvez pas l'acheter. Alors comme vous ne voulez pas abandonner ce achat de votre propre gré, vous le ferez de force. Ma mâchoire se décrocha et je manquai de m'étaler au sol de vertiges. À la place, j'écarquillai les yeux de stupeur. - Dois-je comprendre que vous m'avez kidnappé juste pour que je ne signe pas les papiers d'acquisition? m'étranglai-je. - C'est exact! répondit-elle dans un sourire fier. J'ouvris la bouche pour répliquer quelque chose mais je me ravisai. Soudain, je me souvins de la manière dont les choses se sont déroulées au cours du vol en jet. - Vous avez mis du somnifère dans mon café, compris-je. Comment avez-vous pu corrompre les membres de l'équipage ! - Ceux qui étaient dans le jet avec vous travaillent pour moi, me répondit-elle calmement. Elle s'était appuyée contre la jeep, les bras croisés sur sa poitrine donnant l'impression d'être disposée à répondre à mes questions. Alors, je n'allais pas me retenir. J'étais vraiment curieux de connaître les motivations de cette femme. Aller jusqu'à truquer mon café pour me kidnapper par la suite, elle en avait du cran celle-là ! - Et si le somnifère que vous avez utilisé était nocif pour moi? - J'ai moi-même préparé ce café avec un somnifère tout naturel à base de plantes étudiées et confirmées comme inoffensives. Elle se tourna vers moi. - Voyez-vous Monsieur Carter, j'agis toujours en connaissance de causes et de conséquences. - Alors vous saviez qu'en me kidnappant ainsi vous risquez la prison, répliquai-je. Elle eut une moue qui voulait signifier que ma phrase ne lui faisait même pas froid au dos. Décidément! Je levai les yeux au ciel, me demandant comment est-ce que j'en avais pu arriver là. - Vu votre ténacité face à l'acquisition de cette entreprise, j'ai repensé mon objectif quant à elle, m'annonça t-elle au bout de quelques secondes de silence. - Et? - J'ai deux propositions à vous faire. Le choix sera tout à vous. J'haussai un sourcil dubitatif. Cette femme commençait vraiment à m'effrayer. Je me demandais encore ce qu'elle allait inventer comme propositions. J'expirai bruyamment avant de lui enjoindre d'un signe de tête à parler. - Bien, fit-elle. Première proposition: vous m'aidez à piéger Karl Fauster. Dans ce cas, nous nous rendrions tout les deux au Canada et vous aurez la chance d'acquérir TRUST HOLDINGS si tout va bien. Deuxième proposition: vous refusez de m'aider et alors je me rendrai seule au Canada et je signerai les papiers. Pendant ce temps, vous pourriez vous prélasser dans une villa à quelques kilomètres derrière nous. J'ai cru comprendre que vous avez besoin de congés. Eh bah, je vous les offre. Je la fixai, abasourdi. - Vous êtes folle, soufflai-je en secouant la tête de gauche à droite. - Je sais et pour vous le confirmer, je vous dis que vous avez environ cinq minutes et 13 secondes pour choisir votre proposition, sourît-elle en faisant mine de consulter sa montre-bracelet. Passé ce délai, je choisirai pour vous. Résigné, je passai ma langue sur ma lèvre inférieure alors que les propositions de la jeune femme me revenaient à l'esprit. En choisissant la première proposition, je m'impliquais dans une situation dont je ne connaissais ni le nom ni les conséquences et je n'aimais pas m'engager dans l'inconnu. Par contre, en choisissant la seconde proposition, je ruinais toutes mes chances d'acquérir TRUST HOLDINGS alors que je détestais abandonner ou perdre; surtout en affaires. Je soufflai d'exaspération face à ce choix quelque peu dilemme pour moi. - Alors? Associés ou pas? s'enquit Luna. Je lui adressai un regard noir et me mordît la lèvre inférieure. - Je vous préviens! Vous avez intérêt à ne pas me faire regretter mon choix, sifflai-je avant de lui tourner le dos....
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