Chapitre I

3187 Words
ILa Laguna break était garée tout à côté d’un fourgon tôlé qui n’était manifestement pas de toute première jeunesse. De profondes éraflures brunes en travers de la carrosserie en témoignaient aisément. La conduite intérieure avait été idéalement postée dans l’axe des garages rangés comme des boîtes. Ceux-ci étaient accolés à l’arrière d’un immeuble grisâtre de deux étages qui se perdait là-bas dans une petite enclave de verdure sauvée de la frénésie du béton. Un délaissé qui finirait bien par intéresser un investisseur pour une juteuse opération immobilière. Cette barre de béton était un bâtiment ancien aux murs lépreux comme il y en a tant dans les banlieues des grandes villes. Peut-être que la façade côté rue arborait un meilleur look. Le ravalement coûte si cher qu’on se contente de rénover la façade. Ce qui ne se voit pas rencontre peu d’intérêt. Et en plus, tout le monde s’en fout ! Le temps était au gris, nimbant à peu près tout dans une sorte de coton brumeux digne d’un film de Jean-Pierre Melville. De quoi imaginer croiser Alain Delon, petite moustache sombre, imper mastic et flingue à la main. Façon crépuscule des truands. Du silence aussi malgré la rumeur lointaine de ce quartier de Seine-et-Marne. Le matin, le bruit lui-même a du mal à se réveiller. Pas de raison de se presser puisque le reste de la journée, il ne chôme pas. L’animation du lieu en était au minimum syndical. Une personne âgée qui portait un manteau à carreaux bien fatigué, comme elle, marchait tête baissée. Un chat gris souris assis sur une plaque de fibrociment léchait soigneusement ses pattes avant. Des poubelles défoncées. Des ornières remplies d’eau croupie dans le terre-plein sans revêtement. Sinon, le désert ou presque. Et puis, percée au deuxième étage dans le mur de l’immeuble le plus décrépi, la petite fenêtre d’une salle d’eau ouverte sur ce paysage bien peu touristique. Un homme en tricot blanc échancré et sans manches en train de fumer une sorte de brûlot mortel. En locomotive, on arrive plus rapidement au bout du tunnel. Bref. Une nouvelle journée à tuer. Dans la voiture, grise elle aussi pour rester dans l’ambiance, il y avait trois hommes. Deux étaient assis à l’avant, le troisième bien au milieu de la banquette arrière. Sur ses genoux, une sorte de fusil d’assaut dont le canon était tourné vers la portière droite. Pas question de faire les frais d’une manipulation malencontreuse de cette arme redoutable. D’aucuns s’en souvenaient certainement mais certains n’étaient plus là pour pouvoir en parler. Les armes sont méchantes. Elles aiment cracher leur venin. L’avant du véhicule n’était pas dirigé vers l’allée de garages mais inséré à l’envers entre le fourgon et une berline à la forme un peu curieuse fabriquée dans les pays de l’Est. Des silhouettes dans une voiture à l’arrêt sont facilement repérables, même de loin, par un œil exercé. Les visiteurs attendus n’auraient eu aucun mal à deviner la suite du programme. D’autant plus que le trio n’était sûrement pas là pour broder des napperons. D’où cette configuration cherchant la discrétion. Après de longues minutes d’attente, il y eut un grésillement dans un récepteur radio gardé à l’arrière. — Ça bouge ! indiqua aux deux autres l’homme en imper. Dans quelques secondes, on va les voir se pointer ! En effet, à l’extrémité de la succession de garages, du côté de l’accès au boulevard, un homme venait d’apparaître. Vêtu d’un trois-quarts sombre qui paraissait trop long pour lui, les mains dans les poches, il se mit à longer lentement les portes métalliques par la droite mais sans trop s’en approcher. Très vite un second visiteur vêtu d’un blouson épais apparut de l’autre côté et se mit à suivre le premier marcheur à distance. Une sorte de ballet insolite mais bien réglé. Le premier individu était petit et corpulent tandis que le deuxième était grand et sec. La différence d’âge expliquait peut-être l’anatomie. — Bingo ! dit le passager avant. Le p’tit râblé, c’est le père Bros. Albert Bros. Le grand con qui le suit, c’est son fils Tian. — Tian ? — Son prénom en entier, c’est Christian mais, quand il était jeune, il n’arrivait qu’à en prononcer la fin. C’est resté comme un diminutif. Tian. — Ils sont au rendez-vous, conclut le conducteur. Comme prévu. L’info était bonne. — Le temps va donc se couvrir… — Pourquoi tu dis ça ? demanda le troisième homme. — Albert, c’est un vieux cheval de retour. À une époque, il était capable de se faire le fourgon postal du Glasgow-Londres pendant le week-end ! Il était signalé sur tous les coups mais pas vu pas pris ! Il a fait quelques années de cabane pour des conneries alors qu’on aurait dû le serrer pour des meurtres avec préméditation. Y en a comme ça qui passent au travers. La “baraka”*, disent les voyous. Le trio de la voiture grise n’était plus visible. La vitre arrière, volontairement salie, donnait un air d’abandon au véhicule. Surtout qu’il ne s’agissait pas d’un modèle récent. De l’extérieur on ne pouvait pas remarquer le miroir de toilette qui servait de mouchard. Arrivé à peu près au milieu de l’allée déserte, le plus jeune des visiteurs la traversa en biais pour rejoindre l’autre homme qui manœuvrait déjà la porte basculante d’un box. Une fois le panneau métallique escamoté, ils disparurent tous les deux à l’intérieur du local. Les passagers de la Laguna auraient bien voulu se transformer en petites souris pour les rejoindre et observer la scène. — Et Tian alors ? — Il manie les explosifs comme un pro. Il étrangle aussi à l’occasion, si son paternel l’ordonne. Il a fait de la tôle pour des braquages mais jamais pour meurtre. Comme il est sérieusement dérangé du bocal, il a été placé en hôpital psy d’où il a filé plusieurs fois avant de disparaître dans la nature. Il doit y avoir des aides-soignantes qui s’en souviennent amèrement. Mais elles ne diront rien. Elles ont des maris, des familles… Le policier soupira. Parfois la détresse du monde… — Ensuite il est parti en conditionnelle qu’il a menée au bout s’en être inquiété. Ça ne veut pas dire qu’il est resté tranquille pendant ce temps-là ! C’est pas le genre ! — On pourrait se les faire tranquille, ces deux-là ! dit l’homme assis à l’arrière. — Pour quel motif ? demanda le passager avant. — Doit bien y avoir ce qu’il faut dans le box et dans le coffre de la bagnole pour les serrer ! Le passager avant se lança dans l’explication de texte : — Je commence par le garage. Il n’est certainement pas à leur nom mais à celui d’un quidam lambda qui le loue de la main à la main à quelqu’un dont il ne se souvient plus du nom mais qu’il voit de temps en temps au bar-PMU. On part de loin dans un truc comme ça. À ce moment précis, il n’y a plus rien dans le box. S’il y avait quelque chose, c’est parti dans le coffre. — Ben alors ils y ont touché ! — Avec des gants, mon p’tit père. C’est bizarre. Ils ont toujours froid aux mains les gugusses ! — Et la voiture ? — D’abord, ni l’un ni l’autre des acteurs présents devant nous n’est propriétaire du véhicule qu’ils viennent prendre ! — Ils vont l’utiliser quand même ? — Diront que c’est celui d’un copain parti à l’étranger. Mais du réel propriétaire, ils ne savent rien, vu qu’ils ne sont qu’en deuxième ligne. Et c’est un véhicule de société pour brouiller davantage les pistes. — Alors on cherche l’entreprise ! — Manque de pot, il n’y aura plus rien à l’adresse indiquée. Un terrain vague, une usine désaffectée par exemple. On aura certainement oublié de faire le changement d’adresse. Mais eux, ils n’y sont pour rien… — Donc le copain la leur prête, la tire ? — Ben oui ! Pour faire tourner le moteur de temps en temps ! Voire la passer au Karcher pour la garder propre. — Et si elle a été volée ? — Forcément qu’ils n’en savaient rien, les Bros ! Ils en sont désolés mais vous savez comment qu’c’est mon pauv’ monsieur. On fait confiance bêtement et voilà… — Mais si dans le coffre… — … qu’ils n’ont pas ouvert ! Pas besoin puisqu’ils font juste un tour dans le coin, promener au parc ou faire une virée sur le périph ! Faut recharger un peu la batterie pour éviter la panne au démarrage. Ensuite ils rentrent. C’est exactement la soupe bien chaude qu’ils pourraient nous servir ! — Et si on y trouve un sac de sport bourré d’armes de gros calibre ? — Ils affirmeront qu’ils ne savaient pas qu’elles étaient là, que ce n’est pas à eux, qu’ils ne se seraient pas permis de fouiller ! Séquence naïveté bien rodée ! Essaie de leur coller quelque chose sur le dos dans ces conditions ! D’ailleurs, on ne retrouvera pas leur ADN, ni sur le sac ni sur l’armement et leur avocat aura beau jeu d’en faire des persécutés voire même des anges ! — C’est chiant quand même de se faire prendre pour des billes ! — Que des innocents, j’te dis ! Ils patientèrent encore deux ou trois minutes avant qu’un gros 4x4 BMW ne montre le bout de son capot. Le coffre arrière était resté ouvert. Un signe utile. Pas une preuve. Le plus jeune l’abaissa lentement et le verrouilla sans le faire claquer. À ce moment-là, il jeta un regard circulaire histoire peut-être de compter les nuages dans le ciel. Avec quand même un œil discret au ras des pâquerettes. Au cas où. On n’est jamais assez méfiant. Surtout quand on n’a rien à se reprocher… L’un des hommes tapis dans la voiture grimaça : — Il mate grave ! dit-il entre ses dents. — Je le vois, répondit le conducteur. Tian est du genre inquiet. — Il est méfiant. Normal. — Peut-être armé. — Vaut mieux pas. C’est un fondu, ce mec. S’il nous voit approcher, il va se défendre. En d’autres lieux, il nous arroserait à la Kalach. Mais là, je ne crois pas qu’ils soient enfouraillés. Ils ne vont pas risquer l’interpellation toute bête pour une arme de poing glissée dans la ceinture. Le matos est dans le coffre maintenant et il n’est toujours pas à eux. — Donc on peut les serrer, là. Demande au chef de groupe ! — Non. Il y a un protocole hiérarchique strict pour les liaisons radio. Nous, on répond. On n’interpelle pas. Faudra que tu t’y fasses ! — Ça m’énerve de les voir nous narguer toute la sainte journée ! On va les laisser s’amuser en les regardant faire. C’est fou ça ! Le passager avant qui parlait assez peu depuis le début dit : — Bah ! C’est le job. Si on les tape maintenant, on n’aura qu’une détention d’armes et utilisation d’un véhicule volé. Et au mieux encore ! C’est maigre. Dans deux ans, ils seront dehors et ils remettront ça un jour où on ne sera pas accrochés à leurs basques. Parce que c’est dans leur ADN ! S’ils partent sur un coup comme on nous l’a dit, on a une chance de les serrer en flag. Il faut du lourd pour les enchrister des années. Il se redressa un peu pour changer de position sur un siège fatigué puis il reprit : — Faut être patient. Construire petit à petit. Puis foutre en l’air le château de cartes juste quand il est prêt à s’écrouler. Méthode Landowski ! — C’est qui lui ? demanda l’homme assis à l’arrière. — Ça se voit que t’es nouveau à la boîte. T’es plus en province, là ! T’inquiète ! Tu entendras très vite parler du commissaire divisionnaire Landowski ! Brutalement, le véhicule bleu marine s’arracha. De quoi surprendre les passagers de la Laguna pourtant sur leurs gardes. La manœuvre inattendue sert d’ailleurs à ça. Une minute plus tard, ils purent apercevoir la puissante voiture quitter la voie d’accès à la cour de l’immeuble et s’insérer dans la circulation. Le véhicule en planque opéra de même, tout en restant à distance. Le convoi improvisé se mit à rouler vers le nord. La circulation se densifiait à mesure mais le gros véhicule bleu marine se voyait comme le nez au milieu de la figure. Les malfrats ne cherchaient donc pas à se cacher. Une balade d’apparence pépère juste avant de déclencher l’action. Toujours la même technique. Surprendre et agir. Pas la peine de hisser les pavillons pour ameuter la foule ! Bientôt on entra dans Melun. — Ils vont passer devant l’entrée de l’École des officiers de la Gendarmerie nationale ! dit le conducteur d’une voix laconique. — Un comble quand même ! dit le passager avant. — Ils adorent narguer ! renchérit le conducteur. Ils se croient invincibles. — À nous de les faire mentir ! conclut le troisième. Puis d’un cri : — Attention, ils essaient de nous semer ! La voiture bleue venait de tourner à gauche sans indiquer sa direction. Juste entre deux camions. Bien joué Callaghan ! — Ils nous ont repérés… — Non, non ! dit le conducteur. C’est la technique habituelle. Y a du métier dans la famille Bros ! La Laguna entra à son tour dans une rue parallèle au boulevard puis dans une autre voie adjacente et le conducteur ralentit. — On les a perdus, dit-il sur un ton de lassitude. Le passager avant s’anima : — Non, non ! Ils sont là ! Je viens d’apercevoir l’arrière du 4x4. Pose-moi ! Il sortit rapidement du véhicule et il remonta vers le carrefour en Y qu’ils venaient de passer. Il se pencha lentement à l’angle de l’immeuble du coin et il aperçut deux personnes monter dans le véhicule en double file puis le grand échalas claqua le coffre d’un fourgon garé à cent mètres le long du trottoir d’en face. Il s’engouffra aussitôt dans le 4x4 bleu marine qui disparut tranquillement en direction de Paris. — Alors ? demanda le conducteur au retour. — Maintenant, ils sont quatre ! Ils viennent de prendre deux comparses qui devaient les attendre. Ils ont posé un véhicule relais dans la rue. Je l’ai logé ! Devait y avoir un complément de matos à prendre. L’affaire va être sérieuse. Maintenant ils vont monter au braquage, c’est sûr. — Mais où ! — T’inquiète ! On va le savoir bientôt ! Un grésillement signala un contact radio. — Direction Créteil, annonça laconiquement la voix métallique sans donner davantage de détails. Les fréquences radio ne sont jamais sûres. — Ils filent sur Paris, dit le passager arrière. — Paris c’est grand ! railla le conducteur. — On sait où les retrouver au retour. Peut-être. On se pose et on attend. — On n’y va pas ? — Les collègues ont pris le relais. Le dernier comparse était Jim Sablon, un OPJ de la BRB basé rue du Bastion aux Batignolles depuis le transfert du célèbre 36. Il se retourna vers le passager assis à l’arrière qui n’avait pas lâché son fusil d’assaut. — Tu peux poser ta pétoire maintenant. Ils sont loin. — Mais au retour… — Oh oh ! On n’en est pas là ! Rien ne dit qu’ils vont faire exactement le chemin inverse. Tout ça dépend de la suite des événements. On ne les revoit pas toujours et la piste hiberne. Jusqu’au jour où… Le policier soupira. — J’te parlais de Landowski tout à l’heure, dit-il comme pour alléger la tension avant que les affaires ne reprennent. — Ouais ! Alors c’est qui ? — D’abord c’est un pote de toujours ! On a tapé du malfrat ensemble pendant un bon paquet d’années passées au Quai des Orfèvres. Des grosses pointures à faire prendre l’escalier. Cent quarante-huit marches et un vieux lino ! De la bière et des sandwiches ! — C’est du Maigret ça ! — Simenon n’a rien inventé mais il a donné ses lettres de noblesse à l’enquête policière ! — Et ton pote ? — Il est commissaire divisionnaire à la DGSI maintenant. Fait partie du staff de la direction. C’est un spécialiste des coups tordus. Un peu perso. Visionnaire. Il a ses méthodes à lui, à nul autre pareil ! — Le 36 travaille avec la DGSI ? — On fait tous partie de la même famille même si on se tire des bourres parfois. « Une saine émulation » disait je ne sais plus quel ministre, disparu depuis bien longtemps du tableau de service. — Et avec lui ? — Pas compliqué ! Quand il me sonne, j’me pointe ! — Mais la hiérarchie, elle accepte que tu lèves le pied ? — Il connaît tout le monde, ça aide. Et son tableau de chasse est si impressionnant qu’il n’y a pas un supérieur qui oserait franchement lui chercher des poux ! Et quand bien même cela arrive, il monte dans les tours et ça sent plus le moisi, tu peux me croire ! Jim plissa les yeux. Il avait un petit sourire aux lèvres. Probablement que bien des souvenirs lui repassaient les images comme dans un film. — Faut savoir aussi, ajouta-t-il, que sa compagne s’appelle Lorraine Bouchet, qu’elle est magistrate au parquet de Paris et chargée de mission auprès du procureur général. Depuis peu d’ailleurs ! — C’est du lourd comme duo ! — J’te fais pas dire. Y a quelques années, la juge a acheté une maison en Bretagne. Dans le Finistère plus précisément. Du côté de Concarneau, face aux îles Glénan. L’endroit s’appelle Trévignon. — Et tu y es déjà allé ? — Ben oui, tu penses. Lando a le chic pour nous dégoter des affaires en Bretagne. Comme ça, on a droit à du homard et des langoustines à la place du jambon-beurre garanti caoutchouc ! — Mais au 36… — Si ça coince, chuis toujours élu au bureau des œuvres sociales de la police. Je pose une décharge et j’me barre. Youpi ! — Tu disais « on » tout à l’heure. Y a quelqu’un d’autre en plus de toi ? — Le troisième larron, c’est Ange P. — P ? — C’est comme ça qu’on dit ! — De quelle direction, il est lui ? — Aujourd’hui, il est aussi à la DGSI. Avant la fusion des services, il émargeait aux RG. C’est un homme du Sud. Lui, c’est la silhouette discrète qui se cache derrière le miroir. Il sait tout sur tout le monde ou presque. Et s’il ne sait pas, il cherche et il trouve. On a des souvenirs d’Afrique tous les trois ensemble. Des trucs… Jim se pinça les lèvres comme si un brin d’émotion était en train de lui titiller les neurones. — Et la juge, elle vous laisse faire votre petit trafic ? — Des fois, elle apprécie pas. Surtout si on s****e un brin sa salle de bains. — Son mec est là pour l’amadouer… — Elle l’a dans la peau son flic ! Lui aussi de son côté. Mais vas-y lui faire dire ! De plus, elle veille au grain au plan justice. Des fois, on marche sur des œufs. Et pas des frais même ! Il agit borderline quand il n’a pas trouvé de solution dans le code de procédure ! Pour faire avancer la jurisprudence ! Du coup elle apaise ceux que ça dérange. L’autorité ça aide ! Avec les collègues gendarmes ou d’autres directions, elle sait y faire. On ne lui refuse pas de lui ouvrir des dossiers d’enquête. C’est bon pour nous ! — C’est légal tout ça ? — Pas certain, pas toujours ! Mais nos collègues en tenue n’ont pas envie d’entraver le cours de la justice ! Veulent pas être responsables d’un gros loupé ! Mais une fois l’affaire réglée, la magistrate sait très bien leur renvoyer l’ascenseur et les associer au résultat. Comme ça, tout le monde y trouve sa part. — Même quand c’est limite ? — Landowski dit que la réussite incontestable gomme les petites imperfections ! — Et il fait quoi en ce moment ton Zorro ? Jim Sablon se retourna vivement. — Là tu lui manques de respect ! Tu emploies le terme commissaire ou divisionnaire devant lui. Landowski à la rigueur quand il n’est pas présent. Rien d’autre ! — S’cuses ! C’était plutôt positif dans ma bouche vu qu’il gagne à tous les coups ! — Tu te rattrapes aux branches là ! J’oublie pour cette fois mais tu me la refais pas ! Le passager assis à l’arrière soupira. Il venait probablement de sentir le vent du boulet. — Alors le commissaire divisionnaire Landowski, il fait quoi en ce moment ? — Là c’est mieux ! Aux dernières nouvelles, il vient de mettre un point final à une affaire en Corse… — Quel genre ? — Une indigestion de chevrotines dans la garrigue ! Un grésillement mit fin à la joute verbale. — Casse à la voiture bélier. Bijouterie rue d’Antin. 4x4 BMW bleu marine. Véhicule incendié abandonné sur place. Quatre braqueurs armés en fuite. — Les affaires reprennent ! dit Jim émoustillé. J’espère que ce sont les nôtres ! — On va les coincer au véhicule de repli ! dit le nouveau. — Pas question ! objecta Jim. D’abord, on n’est pas les seuls sur le coup. Y a les collègues. Et puis, dans la rue, les mecs vont arroser les trottoirs en pleine journée ! Y aura des quilles à terre, c’est forcé ! S’ils sont capables de taper de cette manière en plein jour, c’est qu’ils sont déterminés. Sont pas nombreux à pouvoir oser ça ! Faut pas se mettre en travers sauf si on veut faire marcher l’assurance-vie ! En plus de nos deux lascars du départ, doit y avoir deux autres pros ! — Ben alors, on fait quoi ? — Ce qui est prévu ! On retourne à Melun et on attend en espérant que le chef de groupe et les collègues puissent nous rejoindre avant que la famille Bros ne se pointe. S’ils reviennent au bercail, ce qui n’est pas affiché ! Ils sont au moins quatre. Nous, trois ! — Bénéfice de la surprise… — Y en a qui sont morts d’étonnement, faut pas l’oublier ! Du coup, un silence pesant s’installa dans l’habitacle. * Baraka : en arabe, signifie la bénédiction ou influence positive.
Free reading for new users
Scan code to download app
Facebookexpand_more
  • author-avatar
    Writer
  • chap_listContents
  • likeADD