Prologue

246 Words
Prologue C’est souvent à la fin de l’hiver, quand la nature se presse à vouloir rentrer dans le printemps, que le vent du sud chaud et puissant balaie la Provence en rafales et tourbillons. Entre ces deux saisons, son souffle profond joue dans les collines, erre dans les champs et les bosquets, comme pour les réchauffer et les réanimer, après le froid qui les a engourdis. Les hautes herbes, les basses branches et les arbustes luttent contre ce vagabond avec la grâce de gymnastes en équilibre sur leurs tapis de sol. Depuis le sommet du talus, dominant l’entrée du chemin qui conduit à la bastide rouge, inquiète, la chienne Mirza, regarde s’agiter la campagne et interroge de son œil vif son vieux congénère Tibalt… — Nous passerons la journée à l’abri au garage, dans notre panier… Le vieux chien, d’un bâillement généreux, acquiesce à cette complicité animale sous l’anthropomorphique et attendri regard de Léna, leur maîtresse, adossée les bras croisés, à un des deux immenses troncs de Chronos. Chronos, chêne géant et séculaire a tout vu, tout entendu, tout abrité et sûrement aussi tout protégé… Lui, ce matin ne bouge pas. À peine livre-t-il l’extrémité de ses immenses bras à la fougue du vent, acceptant de lui donner à casser comme pour le satisfaire, ses seules quelques branches sèches, qui en tombant l’aident à se renouveler. Le grand maître n’a pas encore donné le signal du printemps, rien ne point au bout de ses mains. Il faudra attendre la caresse des soleils printaniers pour que naissent les premières frondaisons tant espérées.
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