Chapitre 2 Devon

2334 Words
Devon Je fais tous les efforts du monde pour ne pas l’exterminer. Je me psalmodie que malgré ce que je sais, je ne veux pas qu’elle meure… Ou peut-être que maintenant je le veux… Je ne sais plus où j’en suis, je suis dévoré de haine et je ne ressens rien d’autre que du dégoût quand je dois la regarder. Quand Nikolaï m’a balancé la raison de tout ce bordel, la raison pour laquelle j’ai encore une fois engagé mes ressources pour aller délivrer Aliénor du trou où elle a été enterrée en échange d’une information capitale… Information que j’aurais sans doute préféré ne jamais connaître, ne jamais imaginer et ne jamais croire, j’ai perdu tous mes moyens, j’ai pris un raz-de-marée en pleine gueule et ça je peux le dire, je suis secoué… Je n’arrive pas à concevoir cette réalité dans mon esprit pourtant ravagé. J’aurais préféré qu’ils se soient tous les deux foutus de moi, Aliénor et Nikolaï, en me montant un bateau pour que j’aille la sauver et qu’il n’y ait finalement aucune contrepartie. Mais ce qu’il m’a dit alors même qu’Adena crapahutait encore dans la forêt m’a retourné dans tous les sens. J’ai l’impression d’avoir l’âme saccagée de décharges électriques surpuissantes de haine. Elle a délibérément avorté de notre enfant, en toute connaissance de cause, en échange de rien, en échange d’une vérité qu’elle aurait fini par apprendre de toute façon… En échange d’une p****n de saloperie d’information totalement inutile ! Je la hais ! Je hais ce qu’elle m’a fait ! Se débarrasser de notre enfant comme d’une charge trop lourde à porter… Elle m’a pris mon rêve, l’a piétiné du pied et a avancé comme si de rien n’était, feignant m’aimer, feignant vouloir me retrouver… Elle nous a tous joué ses tours de magie et s’est bien dissimulée sous ses airs de manipulatrice meurtrière sans scrupule. Je veux qu’elle souffre… Après tout ce que j’ai fait pour elle, après tout ça… Oui, je veux qu’elle ait mal à hauteur de la douleur qu’elle m’inflige. Je m’assieds dans l’un des fauteuils du salon à l’avant de l’appareil alors que nous entamerons la descente dans quelques instants. Nikolaï, le mec d’Aliénor que j’ai rencontré pour la première fois dans la chambre de cette dernière est bien loin du sauvage qu’elle m’avait dépeint. Il est parfaitement maitrisé, calme, sain d’esprit et organisé. Il mène toutes les opérations de sécurité de la maquerelle milliardaire et semble partager tous ses secrets. - Est-ce qu’il y a un risque que tu la supprimes ? demande-t-il en me détaillant de ses yeux clairs. - Non… Mais elle va morfler… Je… Je ne trouve même pas les mots tellement je suis dévasté par la tempête déchainée qui s’anime dans mon âme. - Les femmes n’en font toujours qu’à leur tête. - C’est allé trop loin cette fois… C’est une p****n de diablesse… - Elle semble en effet particulièrement impulsive. Je n’ai qu’une envie, arriver chez moi et lui montrer ce que j’en pense de sa p****n d’impulsivité… Je n’ai jamais été pris d’une telle fureur… Je me contiens, je sais que je vais exploser… Et personne ne pourra m’arrêter… Je les ignore tous quand l’avion se fige sur la piste d’El Paso et se dirige sagement vers mon hangar privé, je retourne à l’arrière la chercher, je ne veux pas qu’elle puisse m’échapper un seul instant, je ne veux pas qu’elle pense qu’elle pourra se dérober cette fois, rien ne pourra m’arrêter… Je vais lui montrer mon impulsivité à moi… La façon dont je réagis quand elle me provoque. Elle semble peiner à respirer quand je lui attrape le bras pour la tirer du salon où elle est bien entourée de mes hommes. Ils me lancent tous des regards inquiets, mais personne ne bouge. Et si l’un d’eux avait le malheur de s’interposer maintenant, je ne répondrais plus de rien et ça finirait en bain de sang, ce que je pourrais regretter amèrement. Elle ne proteste pas quand je la traine vers l’escalier ni quand je la colle dans le premier Hummer à ma disposition tandis que les gars débarquent et s’engouffrent à leur tour dans tous les véhicules en stationnement. Je monte avec elle à l’arrière, je laisse Preston gérer et dès qu’Aliénor est à son tour montée dans le dernier SUV, la procession prend la direction de mon ranch. Je n’arrive pas à la regarder, je n’arrive pas à lui parler… J’ai un p****n de venin meurtrier dans le sang et je ne suis pas sûr de pouvoir contrôler… Mais j’en n’ai rien à foutre p****n ! J’ai besoin de me déchainer, de lui cracher ma haine et de la faire trembler… Sa jambe remue nerveusement tout le trajet, elle regarde obstinément par la fenêtre, elle ne fait plus la bêtise de vouloir s’excuser, parce que ses putains d’excuses je ne veux pas les entendre… Rien, absolument rien ne justifiera ce qu’elle a fait à mes yeux. Je suis le premier à sauter hors du 4x4 à notre arrivée au garage, je le contourne, je mets mon MK 18 en bandoulière et j’ouvre sa portière pour l’extraire du véhicule. Elle descend et je sais que je serre son bras trop fort à la circulation que je vois se couper dans son poignet. - Devon ! Attends ! Qu’est-ce que tu fais ?! s’exclame Preston qui descend à son tour et se prépare à s’interposer alors que je la traine à l’extérieur et commence à remonter l’allée. - Ne t’en mêle pas ! C’est entre elle et moi ! vociférais-je en tenant toujours mon arme d’une main sans m’arrêter sur mon chemin. - Devon, laisse-moi t’expliquer… S’il te plaît… Murmure Adena qui a perdu tous ses moyens et tente maigrement de me résister. - Toi, tu la fermes et tu viens avec moi ! Les hommes qui descendent des véhicules s’attroupent et s’agitent, mais je leur tourne le dos et l’emmène brutalement. - Tu me fais mal ! S’écrie-t-elle en tentant de se dégager de ma prise, où est-ce que tu m’emmènes ?! - Moi je te fais mal ?! Moi, je te fais mal ?! Espèce de saloperie ! Je vais te montrer comment toi, tu me fais mal ! - Arrête ! Tu dérailles ! Elle plante ses pieds dans le sol pour me freiner, mais elle sait qu’il n’y a pas grand-chose qu’elle puisse faire contre moi quand je suis dans cet état. Et à cet instant, c’est l’enfer tout entier qui s’ébat juste pour moi… Elle parvient à me ralentir en dérapant dans la poussière et je me retourne brusquement en attrapant sa queue de cheval brune et fluide que j’enroule dans mon poing pour la maintenir. - Ecoute-moi bien, tu as voulu jouer et tu as perdu… Je te conseille de me suivre, et de me laisser te montrer ce que je pense maintenant… Tu ne t’en sortiras pas cette fois ! Personne ne viendra t’aider… Si tu continues de résister, je vais commencer à tirer à vue, rien à foutre des cibles… - Bébé, écoute-moi…S’il te plait… Elle me donne envie de vomir avec ses minauderies désespérées et je reprends mon chemin jusqu’au bâtiment. J’ouvre la porte d’acier à la volée dans un grincement sinistre. Je la pousse à l’intérieur et je la claque violement derrière nous avant d’en verrouiller complètement l’accès. Elle n’ira nulle part, elle est totalement à ma merci… Et je vais pouvoir lui montrer enfin ce qu’elle m’a fait. - Lâche-moi je ne vais pas te laisser m’attacher à ce truc… - Tu sais très bien que tu n’as aucune chance… Je pensais vraiment que tu m’aimais p****n… Je la traine encore jusqu’aux menottes de fer qui pendent de grosses chaines du plafond et je lui passe aux poignets. - ça n’a rien à voir ! - Tu aurais dû choisir l’enfant quelle qu’était la situation. - Ce n’était pas MON projet ! Tu m’as forcé ! J’étais malheureuse ! - Tu n’es qu’une s****e, tu as vendu ton avenir à cette g***e sans la moindre hésitation. Alors on peut considérer que tu lui appartiens… - C’est exactement ce que tu viens de dire ! Mon avenir, mon corps ! Mon choix ! - Quel avenir Adena ?! A quoi bon parler d’avenir sans enfant ? Pour l’argent ? Tu te trouves plus heureuse depuis que tu es milliardaire ?! Tu n’as rien compris… - C’est toi qui ne veux rien comprendre ! Tu as tué un mec pour un p****n de poney ! Et tu viens me parler de respect de la vie humaine ! - Alors imagine ce que je suis capable de faire à la femme qui m’a pris mon enfant à naître… Tu ne pourras pas te libérer de ça, lui annonçais-je alors qu’elle porte sur moi un regard tétanisé. Je m’avance jusqu’à la commande des poulies et j’actionne le détonateur pour la pendre jusqu’à la pointe des pieds pour l’étirer et lui faire mal. - Alors qu’est-ce que tu vas faire ? demande-t-elle d’une voix tout ce qu’il y a de plus mal assurée qui me fait jubiler de cruauté, me b****r jusqu’à ce que tu sois calmé ? - J’ai pas envie de toi… Tu me dégoutes, répondis-je alors sèchement en m’affairant à chercher un instrument que je n’ai plus utilisé depuis très longtemps dans les armoires métalliques. - Alors quoi ? Tu veux juste me faire mal ? Me fouetter ? Me punir ?! Dis-moi ce que tu penses p****n !!! Elle perd ses moyens et ça ne me fait rien, à cet instant ça ne compte pas… Il n’y a que ses putains de décisions qui résonnent dans mon corps comme la pire des punitions. Je trouve enfin ce que je cherche et démarre rapidement la cheminée automatique qui trône sur le mur du fond de la pièce et réchauffe l’atmosphère déjà étouffant avant d’y déposer le tisonnier que je laisse tranquillement chauffer avant de me placer face à elle. Elle tremble, elle transpire à grosses gouttes, sa respiration est saccadée, elle est proprement épouvantée et moi j’exulte de cette revanche parce que j’ai mal au-delà de tout ce que j’aurais pu croire vrai. - Tu as sacrifié froidement l’enfant que tu portais, pour rien. - Non… ça ne s’est pas passé comme ça… J’ai cru… - Tu as cru quoi ?! Qu’elle était fiable !? Qu’elle ne jouait pas avec tes nerfs ?! Qu’elle n’irait pas jusqu’au bout de ses projets ?! - J’ai commis une erreur… J’éclate d’un rire sarcastique, incontrôlable, nerveux, décadent… je suis en train de perdre la raison avec cette psychopathe… - Tu as sauté sur l’occasion, Nikolaï va me fournir les vidéos de ce qu’il s’est passé dans ce p****n de bureau… Mais je te connais Adena, je n’ai pas besoin de voir pour comprendre, tu es impulsive, imprévisible, dangereuse… Et tu n’aimes personne plus que toi-même…Tu es un p****n de poison depuis la seconde où je t’ai rencontré… Tu es belle… ça oui… Mais à l’intérieur… Tu es ce qu’il y a de plus laid et immonde… Tu me rends malade… - Et toi alors ?! Tu es blanc comme neige ?! Tu m’as fait des choses horribles !!! Je m’avance et je sors un couteau de ma poche, je commence à déchiqueter les protections, gilets et toutes les merdes dont elle n’aura plus besoin pour l’instant, elle reste en soutien-gorge les bras en l’air, peinant à garder l’équilibre sur la pointe de ses pieds. Puis je me tourne vers la cheminée pour récupérer mon tisonnier et m’avance vers elle l’objet braisé rougeoyant de menace. - Qu’est-ce que c’est ? Ne fais pas ça… Pitié… Devon… Ne fais pas ça… Elle essaye de se débattre et je me place dans son dos, je regarde son corps cicatrisé par endroits, et je ne lui laisse pas le temps de réfléchir avant d’appuyer l’objet incandescent contre la chair tendre du bas de sa hanche. Le cri qu’elle pousse est déchirant, suppliant, désespérant, je la maintiens en agrippant ses cheveux pour m’assurer qu’elle soit bien marquée, imprégnée, l’odeur de chair grillée empli mes narines sans me départir de ma haine, dilatant mes sens d’un puissant désir vengeur et je finis par la relâcher quand je sais qu’elle est profondément ancrée et qu’elle est sur le point de s’évanouir de douleur. - Tu es à elle maintenant… Puisqu’elle fait ce qu’elle veut de toi… Comme une marionnettiste avec son petit pantin… Tu as vendu notre enfant comme l’aurait fait une p****n pour sa liberté… Tu es peut-être assez bien pour elle mais plus suffisamment pour être la mienne… Elle pleure et sanglote en tentant de reprendre sa respiration, pendue de tout son poids par les poignets, la tête penchée en avant et je n’ai pas une once de pitié qui s’éveille pour elle. Je n’en veux plus… Je ne l’aime plus. - En ce qui me concerne, tu n’es plus ma femme, tu n’es plus qu’un soldat… Je ne veux plus dormir avec toi, être avec toi, je ne veux même plus te voir… Et encore moins t’aimer… J’entends qu’on se déchaine derrière la porte d’acier et j’en n’ai rien à foutre… J’en ai fini avec elle. - Trouve-toi une chambre et dégage de ma maison… Nous deux, c’est terminé. Je ne veux plus que tu t’approches du petit non plus, tu pourrais très bien t’en prendre à lui aussi… On ne sait jamais si tu venais à perdre une partie de poker… Je balance le tisonnier et la laisse là pendue à respirer et transpirer. Je débloque la porte et l’ouvre à la volée pour tomber sur Gabriel. - Qu’est-ce que tu fais ?! s’exclame-t-il l’air fou de rage. Je ne réponds pas et lui passe à côté… Je sais qu’il va la réconforter, même si elle ne mérite pas une once d’humanité. Je le vois se précipiter vers elle et je me tire de cette fournaise pour aller m’enfermer dans mon bureau.
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