Fiona sortit la tablette et l’écrasa lentement contre le visage de la malheureuse. Personne ne s’en étonna : tout le monde savait qu’elle était la seule fille à approcher Kevin, et que personne n’osait s’opposer à elle.
Son père, Henry PALMER, était le deuxième homme le plus riche et influent d’Amérique, juste derrière James GRANT, le père de Kevin.
👥 Quelle erreur d’avoir tenté ça…
👥 Je la plains.
👥 Fiona est impitoyable.
— Voilà exactement ce que je voulais voir, déclara Kevin en adressant un clin d’œil moqueur à la fille humiliée, avant de tourner les talons.
Kyle et Kayden le suivirent aussitôt.
Fiona, après avoir fini de l’enduire de chocolat, fit signe à Celina qui la poussa au sol. La victime resta prostrée, la tête basse.
— Si je te revois approcher Kevin, tu le regretteras, prévint Fiona.
La fille hocha vivement la tête, terrifiée.
Fiona esquissa un sourire satisfait et repartit, entourée de ses deux ombres.
•
— Tu savais que Fiona allait s’en occuper, hein ? demanda Kayden.
— C’est ma guerrière, répondit Kevin avec désinvolture.
— Pourquoi tu ne sors pas simplement avec elle, au lieu de l’utiliser comme un bouclier contre les autres filles ? répliqua Kyle.
Le regard glacé de Kevin se posa sur lui.
— Tu veux mourir ?
Kyle porta les mains à son cou en feignant d’étouffer, puis s’enfuit en riant.
— Il a vraiment l’âge de ses blagues, soupira Kayden.
— Tu parles comme si tu étais beaucoup plus vieux… Tu n’as qu’un an de plus, rétorqua Kevin.
— Fais attention à ce que tu dis !
👥 Oh non…
👥 Pas encore !
Les élèves écarquillèrent les yeux. Cinq gardes du corps, en costume noir, venaient d’apparaître au bout du couloir.
— Oh, merde… lâcha Kevin, cherchant déjà une échappatoire.
— La routine, bâilla Kayden en poursuivant son chemin vers la classe.
— Jeune maître, M. GRANT souhaite vous voir, dit l’un des hommes.
— Non, je n’y vais pas.
— Ne compliquez pas les choses, jeune maître, insista un autre, massif.
Mais avant qu’ils ne réagissent, Kevin détala à toute vitesse. Les gardes s’élancèrent derrière lui.
— Dites à mon père que je ne rentre pas ! cria-t-il en courant à perdre haleine.
Les élèves éclatèrent de rire en le voyant tourner en rond dans la cour, poursuivi par ses propres gardes.
Alors qu’il fonçait vers sa voiture, un pied surgit devant lui. Il trébucha lourdement, et lorsqu’il leva les yeux, il tomba nez à nez avec un colosse.
— Mario ? appela Kevin quand les gardes finirent par le rattraper, haletants. Ils le soulevèrent brutalement.
— Pourquoi tu dois toujours te compliquer la vie, hein ? lança Mario, le chef des gardes, tandis que Kevin martelait le sol de son pied.
— Lâchez-moi ! Je ne veux pas le voir ! cria-t-il, alors qu’on le traînait vers la voiture.
— Tu pourras lui dire ça en face, une fois à la maison, répondit Mario.
Kevin ferma les yeux.
— Je te déteste, Mario !
— Je t’ai bien aimé, au début, répliqua froidement Mario.
Kevin soupira, furieux.
Il n’y avait pas d’échappatoire. C’était son quotidien : être pourchassé presque chaque jour par les gardes de son riche père.
•
MANOIR DES GRANT
Kevin se tenait tête baissée devant son père et sa mère, assis face à lui, le fixant d’un air sévère.
— Pourquoi as-tu fugué hier soir ? demanda Maria.
Il mordilla sa lèvre inférieure.
— Tu devrais poser la question à ton cher mari, répondit-il en murmurant.
James bouillonna aussitôt. Maria posa une main apaisante sur la sienne pour le retenir.
— Tu entends la façon dont il te parle ? gronda James.
Kevin fronça les sourcils et détourna la tête.
— Kevin, tu ne peux pas t’adresser à ton père sur ce ton.
— Mais je ne lui ai rien dit de mal. Il ne m’a rien dit non plus, alors pourquoi je devrais lui manquer de respect ? répondit-il avec un petit rire.
— Tu es le fils d’un magnat, tu dois te comporter comme tel ! Que penseront mes associés d’affaires en voyant le grand fils des GRANT semer le scandale ? s’emporta James, hors de lui.
Maria ferma les yeux.
Kevin releva la tête et le fixa avec audace.
— Pourquoi tu ne peux pas juste me laisser vivre ma vie ? demanda-t-il d’une voix calme.
— Parce que ta vie m’appartient. Tu n’as pas le droit de décider par toi-même, rétorqua James.
Kevin serra les poings.
— Tu ne possèdes pas ma vie ! Tu as seulement décidé de me faire naître ! lança-t-il, furieux.
— On me rapporte tes frasques à l’école. Tu sèches les cours, tu menaces les professeurs… ajouta Maria d’un ton ferme.
Il soupira et se frotta le nez. Il avait oublié qu’elle dirigeait l’établissement.
— Maman, est-ce que vous ne pouvez pas me laisser tranquille, tous les deux ? Vous n’êtes pas fatigués de me courir après chaque jour ?
— Tout ça s’arrêtera quand tu arrêteras de te comporter comme un voyou. Tu dois agir comme un héritier, te concentrer, insista James, exaspéré.
— Tout ça, c’est juste pour que je devienne l’héritier de tes maudites entreprises, pas vrai ?
— Quoi !? explosa James en se levant d’un bond. Maria se précipita pour le retenir.
— J’ai accepté de devenir ton héritier, non ? Alors pourquoi continuer à me contrôler ?
— Parce que tu es mon fils, et tu feras toujours ce que je te dis ! hurla James avant de quitter le salon pour monter à l’étage.
Maria soupira longuement et se tourna vers Kevin, qui tremblait déjà de rage.
— Pourquoi ne fais-tu pas ce qu’il te demande ? Tu as de grandes responsabilités, dit-elle d’une voix douce, avant de suivre son mari.
Kevin ricana et monta à son tour à sa chambre, ivre de colère.
Il claqua la porte bleue de sa chambre et chercha ses écouteurs.
Il détestait cette maison. Il détestait cette vie où tout lui était imposé : ce qu’il devait manger, porter, dire, et même avec qui il devait parler.
Il déboutonna son uniforme et ouvrit le groupe de discussion Triple K. Kyle et Kayden avaient déjà laissé des messages.
KYLE : T’as pas encore pris une raclée, j’espère ?
KAYDEN : Désolé mec, enfermé.
Kevin mordit sa lèvre et jeta son téléphone sur le lit.
— Je vais te tuer demain si je te vois, Kayden, grogna-t-il en retirant complètement son uniforme avant de disparaître dans la salle de bain.
•
SÉOUL, CORÉE DU SUD
Harin franchit la porte de la maison. La domestique la salua, mais elle ne répondit pas et fila dans sa chambre pour quitter son uniforme.
Une fois changée, elle redescendit et trouva la domestique en train de préparer la table.
— Maman est rentrée ? demanda-t-elle en s’asseyant.
— Non, madame, répondit la domestique.
Harin acquiesça avec un soupir.
Tout était épuisant. Sa mère, Aria, était une femme toujours débordée, qui semblait ignorer la douleur qu’elle causait. Elle préférait faire semblant…
•
LE SOIR
Harin regardait la télévision quand Aria entra enfin.
— Bonsoir, maman, dit-elle sans détourner les yeux de l’écran.
Aria soupira et vint s’asseoir près d’elle. Elle posa une main sur son épaule.
— Ne me dis pas que tu t’es encore fait harceler à l’école ? demanda-t-elle en remarquant la lèvre fendue de sa fille.
Harin ne répondit pas, fixant toujours l’écran.
— Tu ne t’es jamais souciée de moi, de toute façon. Tout ce qui compte pour toi, c’est de me transférer ailleurs dès que tu apprends que je me fais frapper, lança Harin avec un ricanement amer.
Aria posa son sac sur le canapé et soupira.
— Je suis désolée… tu sais combien je suis prise. Mais j’ai une nouvelle pour toi. Bonne, et en même temps mauvaise.
— Bonne et mauvaise ? demanda Harin en tournant enfin la tête vers elle.
— Oui… Tu sais que j’ai été mutée en Amérique pour continuer à travailler là-bas, dit Aria.
Harin fronça les sourcils.
— Et alors ?
— Nous allons déménager là-bas, la semaine prochaine, annonça Aria d’une voix douce.
Les yeux de Harin s’écarquillèrent.
— Bo ! (Quoi !) s’écria-t-elle. Partir vivre en Amérique ?
— Tu devrais être contente. Au moins, tu auras une nouvelle vie.
— Contente ? Je suis déjà assez malheureuse ici ! Je suis habituée à cette vie, comment veux-tu que je m’adapte dans un endroit dont je ne connais rien ? Comment vont-ils me regarder ? Qui sera mon ami ? Kim est la seule véritable amie que j’ai… répondit-elle en éclatant en sanglots.
Aria soupira profondément. Elle s’y attendait.
— Tu te feras de nouveaux amis, je te le promets. J’ai une amie là-bas, qui a trouvé une maison juste à côté de la sienne. Sa fille va te plaire.
— Tu parles comme si c’était facile. Elle va me juger dès qu’elle me verra…
— Non, Harin. Arrête de te rabaisser. Tu es ma fille, je ne t’ai jamais menti. Tu es belle, tu es une déesse. Ceux qui te détestent ne sont que jaloux ou trop aveugles pour voir, dit Aria en essuyant ses larmes.
— Et mes études ? Tout le monde sait que je suis mauvaise ici. Comment vais-je m’en sortir là-bas ? Comment…
Aria la serra fort contre elle et caressa son dos.
— Tout ira bien. Tu verras, tu aimeras l’Amérique, je te le promets, murmura-t-elle.
Harin renifla.
Kim allait terriblement lui manquer.
Et elle se demanda à quoi ressemblerait sa nouvelle vie en Amérique…