IV la vie, le souvenir, l’angoisse Dans le tombereau disloqué, attelé du vieux cheval poussif, — les Allemands avaient méprisé l’un et l’autre, — Rolande et Rose-Lys avaient fait le trajet du retour parmi les villages où brûlaient encore les maisons. Car l’ennemi restait fidèle à l’ordre fameux que prononçait jadis Bismarck : « Vous ne devez laisser aux populations que vous traversez que leurs yeux pour pleurer ! » Elles avaient rencontré, en chemin, le roulier Bertrand qui s’en revenait, lui aussi, mais sans sa voiture, le fouet seulement passé autour du cou. Et il disait avec un rire rageur : — Mon fouet, c’est tout ce qu’ils m’ont laissé, les cochons ! Elles rencontrèrent des gens de Rethel aussi, et même deux ou trois villageois de Clairefontaine refoulés vers leur pays par les

