PROLOGUE

984 Words
PROLOGUEIl faisait chaud, tout le monde faisait la sieste. Jacques ne pouvait pas dormir, il avait le cerveau en ébullition. Il devait prendre une décision importante pour sa famille, décision qui allait bouleverser leur vie. Depuis déjà des années, l’Algérie était en guerre contre la France. En 1958, le général de Gaulle, proclama alors l’Algérie libre. Mais le calme n’était pas complètement revenu et en 1960, la guerre n’était pas terminée. D’autres pays proches comme l’Afrique-Occidentale française bougeaient aussi. Jacques et sa famille, Sylvie sa femme, Eric et Sophie ses enfants vivaient à Dakar depuis douze ans. Jusque-là tout se passait bien, la vie était agréable. Ils avaient de nombreux amis, qui ne remplaçaient pas la famille, mais c’était appréciable. Ils rentraient pour des vacances en France tous les deux ans, et retrouvaient pour trois mois leur famille à Jarnac en Charente où les parents de Sylvie avaient une maison. Ne pouvant pas dormir, Jacques se leva sans réveiller Sylvie et se dirigea vers la cuisine pour boire un verre d’eau. Bientôt il serait l’heure d’aller travailler. Il n’avait que la route à traverser pour rejoindre son bureau, ce qui était un gain de temps pour lui. Il frappa à la porte des chambres des enfants pour leur dire qu’il était l’heure de se rendre à l’école pour Sophie qui était en CM1, et Eric qui lui était au Collège en 5e. Les deux enfants répondirent par l’affirmative à l’appel de leur père et se préparèrent pour se rendre à l’école. Entre-temps, Sylvie qui s’était levée, arriva pour les embrasser. Jacques embrassa sa femme et lui dit : –À ce soir, chérie nous devrons parler de notre avenir en Afrique, j’y ai réfléchi. –Comme tu voudras, répondit Sylvie… Elle savait que son mari se faisait du souci au sujet des bruits qui courraient sur les Africains qui aimeraient, eux aussi, se libérer des Français. Elle aussi pensait qu’il allait sans doute falloir rentrer en France. Elle soupira, mais elle savait aussi qu’ils rentreraient un jour définitivement, elle était plutôt heureuse de reprendre sa vie d’avant près de sa famille. Eric et Sophie partirent en même temps pour leurs écoles respectives. Leur maison donnait sur le célèbre marché Kermel, qui grouillait de monde le matin et resplendissait de toutes ses couleurs chamarrées dont il était paré. L’après-midi, c’était le calme revenu, la place avait été nettoyée, mais il y avait encore des relents de nourriture comme le poisson. Ce qui attirait irrésistiblement les charognards, sorte de vautours qui proliféraient là-bas. Eric se dirigea vers le haut de la rue qui conduisait au collège, tandis que Sophie longeait le marché pour descendre vers le port où se trouvait son école : l’Immaculée Conception. Tous deux étaient des enfants heureux de vivre et contents, du moment qu’ils étaient près de leur famille. Sans aucun doute, ils seraient tristes quand leur père leur apprendrait qu’ils devraient quitter Dakar pour toujours et retourner vivre en France, mais ils seraient aussi très heureux de se retrouver en Charente auprès de leurs parents et grands-parents qu’ils adoraient… L’Afrique c’était merveilleux pour eux, il ne faisait jamais froid. Ils avaient des tas d’amis à défaut de famille, et chaque dimanche ou presque, ils allaient à la plage se baigner. Ils aimaient cette vie qui n’avait rien à voir avec celle qu’ils auraient pu avoir en France. Le soir Jacques annonça à sa famille qu’il avait décidé, en fonction des événements qui se passaient près de l’Afrique, de rentrer cet été définitivement en France. Il leur expliqua qu’il avait peur que l’Afrique ne fasse comme l’Algérie, se révolte, et qu’il y ait une guerre. En tant que père de famille, il se devait de mettre sa famille à l’abri. Aussi il avait pris la décision de quitter Dakar pour les vacances scolaires. Lors des dernières vacances en 1958, il avait déjà parlé avec ses beaux-parents, de l’éventualité de rentrer au prochain voyage. Ensemble ils étaient allés visiter une grande maison qui pourrait convenir aux deux familles. Jacques chargea Paul et son notaire de la transaction, puis il acheta la maison, avec la participation de Paul et Françoise qui feraient aménager la petite grange qui faisait partie des dépendances, en maisonnette pour eux. La maison serait assez grande pour les deux couples, elle était juste séparée de la maison des grands-parents par la cour commune. Ainsi à leur retour au pays, Jacques, Sylvie et les enfants habiteraient tout naturellement la grande maison, tandis que les grands-parents logeraient dans le quatre-pièces, bien suffisant pour eux deux. Les parents de Sylvie habitaient donc maintenant depuis presque deux ans cette maison en attendant avec impatience le retour de leurs enfants et petits-enfants. Quand arriva le mois de juin, et avec lui la fin de l’année scolaire, les enfants se dirent tristement qu’ils allaient devoir dire au revoir à leurs amis et aussi à ce pays qu’ils aimaient particulièrement. Eric était arrivé dans ce pays à deux ans, mais Sophie était née à Dakar, et son petit cœur était triste. Jacques et Sylvie faisaient les bagages, remplissaient des malles et des malles qui prendraient le bateau pour les rejoindre à Bordeaux, tandis qu’eux prendraient l’avion pour la première fois. Jusque-là chaque voyage s’était passé en bateau, Dieu sait que ces voyages avaient été pour la plupart lorsqu’il s’agissait de cargo qui mettait quinze jours pour faire : Bordeaux-Dakar… des voyages périlleux et pourtant plein de moments inoubliables pour Eric et Sophie. Là, ils allaient prendre l’avion, le voyage n’allait durer que six heures. Quel progrès, mais aussi quelle déception pour les enfants qui adoraient les voyages en bateau. Le premier juillet 1960, ils dirent adieu à l’Afrique, adieu à Dakar et à leurs souvenirs… À l’arrivée à l’aéroport de Mérignac à Bordeaux, les parents de Jacques, Marie et Maurice, les attendaient. Ces grands-parents-là n’étaient pas leurs préférés, ils savaient qu’il y avait de l’eau dans le gaz entre eux et leurs parents, mais sans savoir pourquoi, et ils se fréquentaient très peu. Malgré tout ils passèrent deux jours à Bordeaux, curieux de tout. Puis enfin, Jacques récupéra la voiture qu’il avait commandée depuis Dakar et ils purent regagner Jarnac, où Françoise et Paul les attendaient avec impatience. Françoise avait fait le grand nettoyage dans la grande maison pour accueillir ses enfants. Après les embrassades et accolades, ils entrèrent dans leur nouvelle maison, pour une nouvelle vie…
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