ILLUSIONS BRISÉES

Une conversation Inattendu

Victor arriva au bureau légèrement en retard, chose rare pour lui.

Il posa sa sacoche sur son bureau avec lenteur, puis s’affala dans son fauteuil, pensif.

De l’autre côté de la pièce, Laura, sa secrétaire — une femme vive, au sourire facile — l’observait discrètement.

Elle fronça les sourcils en voyant son patron, habituellement si droit et concentré, paraître ailleurs, perdu dans ses pensées.

Après quelques minutes, elle prit son courage à deux mains, s'approcha de son bureau et frappa doucement à la porte ouverte.

— Monsieur Victor… ça va aujourd'hui ? demanda-t-elle d’une voix douce.

Victor leva les yeux vers elle, surpris, comme s’il revenait d’un long voyage intérieur.

— Oui, Laura, tout va bien. répondit-il avec un faible sourire.

Laura croisa les bras et s’appuya contre le chambranle de la porte, le fixant intensément.

— Je vous connais, vous savez. dit-elle d’un ton presque complice. Quand quelque chose vous tracasse, vous devenez silencieux… trop silencieux.

Victor esquissa un petit rire nerveux.

— C’est juste la fatigue. Rien de grave.

Laura s’avança de quelques pas. Elle regarda autour d'elle pour s’assurer qu’ils étaient seuls, puis baissa la voix :

— Je vais encore me répéter, Monsieur Victor... Pourquoi vous vous accrochez autant à une femme qui vous traite comme ça ?

Victor haussa un sourcil, mais ne répondit pas.

Laura poursuivit, un éclat de provocation dans le regard :

— Je vous ai toujours dit : épousez-moi comme deuxième femme. Moi au moins, je vous aimerais vraiment.

Victor secoua doucement la tête, un sourire triste sur les lèvres.

— Laura, tu sais que ce n’est pas aussi simple. répondit-il calmement.

Mais Laura n’en démordait pas.

— Un jour, ta femme te tuera, Victor. lança-t-elle plus sèchement. Pas avec un couteau... Non. Elle te tue doucement, chaque jour, avec son indifférence, avec son mépris.

Victor la fixa un long moment.

Ses yeux, d’habitude si calmes, laissaient deviner une tempête intérieure.

Mais il ne répondit rien.

— Pourquoi ? insista Laura, la voix plus douce, presque blessée. Pourquoi tu l’aimes autant, alors qu’elle ne t’a jamais rêvé, jamais admiré, jamais respecté comme tu le mérites ?

Le silence pesa lourdement entre eux.

Victor détourna finalement le regard, se concentrant sur un dossier vide posé devant lui.

Il inspira profondément, comme s'il cherchait à repousser des pensées douloureuses.

Laura soupira, comprenant qu’elle n’aurait pas de réponse aujourd'hui.

Elle recula d’un pas, posant sa main sur la poignée de la porte.

— Je suis sérieuse, Victor. Pense à toi, pour une fois. dit-elle avec une tristesse sincère avant de refermer doucement la porte derrière elle.

Victor resta seul, dans son bureau baigné d'une lumière grise.

Il ferma les yeux un instant, épuisé.

Les mots de Laura résonnaient dans son esprit, aussi douloureux qu'incontestables.

Bien sûr ! Voici ton chapitre développé avec des dialogues clairs et réalistes :

Un appel, deux mondes

Il prit son téléphone, chercha son numéro et appuya sur "Appeler".

Après trois sonneries, Camille décrocha enfin.

Sa voix claqua dans l’appareil, sèche et agacée :

— Qu’est-ce qu’il y a, Victor ?!

Victor inspira doucement, tentant de garder son calme.

— Salut, Camille… Je voulais juste te dire que ce matin, je suis parti sans bruit parce que j’avais un rendez-vous très tôt. Je ne voulais pas te réveiller.

De l’autre côté, il n’entendit qu'un soupir d'exaspération.

— Et alors ? Tu crois que ça change quelque chose ? J'ai pas besoin de ton compte-rendu. J’ai d’autres choses à faire, Victor. répondit-elle, l'air complètement détachée.

Le ton blessant de Camille lui coupa la respiration un instant.

Il resta silencieux, le téléphone encore contre son oreille, espérant — bêtement — un mot plus doux, un signe d'intérêt.

Mais rien.

Quelques secondes plus tard, elle ajouta :

— Bon, si t’as rien d’autre, j’raccroche.

Et sans attendre de réponse, elle coupa la communication.

Victor regarda l’écran noir de son téléphone, un poids serrant sa poitrine.

Il resta là, immobile, le regard vide.

Un long moment.

Puis une idée lui traversa l’esprit :

"Et si j’appelais Laura ?"

Il imagina la secrétaire, toujours prête à l’écouter, toujours souriante.

Mais non.

Non, ce n'était pas la solution.

Alors, presque instinctivement, ses doigts cherchèrent un autre numéro.

Lyna.

Il hésita à peine avant de presser "Appeler".

Le téléphone sonna à peine deux fois avant qu'une voix douce et chaleureuse ne réponde :

— Allô, Victor ? Bonjour ! Comment tu vas ?

Rien que ce ton amical suffit à apaiser un peu son cœur fatigué.

Victor sourit malgré lui.

— Bonjour Lyna… Je vais bien, merci. Je voulais juste entendre une voix agréable pour commencer la journée. dit-il en riant légèrement.

Lyna éclata de rire à son tour, sa voix cristalline perçant la morosité qui entourait Victor depuis le matin.

— Tu sais que tu peux m'appeler quand tu veux. Ça me fait plaisir.

Victor sentit la sincérité dans ses paroles, chose qu’il n’entendait plus depuis longtemps dans son propre foyer.

— Merci, Lyna… vraiment. Tu sais, ce n’est pas toujours facile. murmura-t-il.

Elle sembla comprendre sans qu’il ait besoin d’en dire plus.

— Courage, Victor. Tu es quelqu’un de bien. Les mauvaises journées ne durent jamais éternellement. répondit-elle doucement. Si tu veux, ce soir, je peux t’envoyer un petit message pour te souhaiter bonne nuit.

Victor rit, cette fois plus franchement.

— Ce serait parfait.

— Allez, haut les cœurs ! lança Lyna avec légèreté. Et bonne journée de travail, monsieur l’homme sérieux !

— Bonne journée à toi aussi, mademoiselle la patronne de boutique. répondit Victor avec un ton taquin.

Ils raccrochèrent avec des sourires aux lèvres, chacun de leur côté.

Victor reposa son téléphone, et pour la première fois depuis des jours, il se sentit apaisé.

Son regard se posa sur les dossiers empilés devant lui.

Avec une énergie nouvelle, il se mit à travailler, le cœur un peu plus léger, l’esprit un peu plus clair.

Parfois, se sentir simplement respecté suffisait à tout changer.