ILLUSIONS BRISÉES

un matin Différent

Le soleil commençait à descendre sur la ville, couvrant les rues d’une lueur dorée. Élise sortait du supermarché, deux sacs pleins dans les mains, l’esprit ailleurs.

Soudain, une voiture de luxe — une berline noire étincelante — freina doucement près du trottoir, juste à côté d’elle.

Intriguée, Élise tourna légèrement la tête.

La portière s’ouvrit et un jeune homme élégant en sortit. Grand, la trentaine, vêtu avec une classe naturelle.

Le regard franc, il s'approcha d’elle avec un sourire confiant.

— Bonsoir ! lança-t-il d’une voix posée.

Élise, un peu méfiante, serra ses sacs contre elle.

— Bonsoir… répondit-elle poliment.

Le jeune homme rit légèrement, percevant sa réserve.

— Pardon de débarquer comme ça. Je ne voulais pas t’effrayer. Je m'appelle Adam.

Il tendit la main vers elle.

Hésitante, Élise posa un de ses sacs à terre et serra sa main.

— Élise. dit-elle simplement.

Adam sourit, visiblement ravi.

— Un joli prénom pour une jolie fille. dit-il avec un clin d'œil taquin.

Élise rougit légèrement, peu habituée à ce genre de compliments directs.

— Merci… murmura-t-elle.

— Je passais dans le coin et je t’ai vue… Je sais, c’est un peu fou, mais je me suis dit que je devais au moins essayer de te parler.

Il semblait sincère, ce qui désarma Élise un peu plus.

— Tu habites ici ? demanda-t-il.

— Oui, juste à côté. répondit-elle en montrant vaguement une rue derrière elle.

Adam hocha la tête, puis, avec un sourire :

— Écoute, je ne veux pas te prendre beaucoup de temps… Mais si ça te dit, on pourrait prendre un café un de ces jours ?

Élise hésita une seconde. Puis, en repensant à Antoine et à sa solitude pesante, elle sentit qu'elle avait besoin de changement, même minime.

Elle sortit son téléphone.

— D’accord. dit-elle doucement. On peut échanger nos numéros.

— Avec plaisir ! répondit Adam, sortant le sien rapidement.

Ils échangèrent leurs contacts, un sourire flottant sur leurs visages.

Avant de remonter dans sa voiture, Adam la regarda une dernière fois et dit :

— Je t’appelle bientôt, Élise. Promis.

Elle hocha la tête, son cœur battant un peu plus vite.

Alors qu’il s’éloignait, Élise resta quelques secondes sur place, un léger sourire aux lèvres.

Peut-être que, pour la première fois depuis longtemps, quelque chose de nouveau pouvait commencer.

La nuit était tombée sur la ville, silencieuse et lourde.

Victor rentra chez lui, l’air fatigué, les épaules basses. Comme d’habitude, il franchit la porte sans attendre quoi que ce soit.

Camille, assise dans le salon, fixait l’écran de son téléphone, absorbée par ses réseaux sociaux.

Victor jeta un regard vers elle, mais elle ne leva même pas la tête.

Sans un mot, il alla directement dans la chambre, se déshabilla lentement et se laissa tomber sur le lit.

Il n’avait pas faim. Ou plutôt, il n’avait pas envie de demander s’il y avait quelque chose à manger. Il savait déjà la réponse.

Camille ne vint même pas voir s’il allait bien. Elle resta dans son monde, comme chaque soir.

Victor s’endormit rapidement, le cœur lourd.

---

Le lendemain matin, il se réveilla très tôt, avant même que l’alarme ne sonne.

Il s’habilla sans bruit, jeta un rapide regard à Camille, toujours endormie, puis sortit de la maison.

Dans sa voiture, en route pour le travail, un besoin imprévu le traversa.

Il ne voulait pas commencer sa journée dans cette amertume. Il voulait voir un visage amical.

Il pensa à Lyna.

Sans trop réfléchir, il fit demi-tour et prit la direction de son quartier.

---

Arrivé devant l’immeuble de Lyna, il envoya un message :

> Victor : Salut, tu es réveillée ?

Quelques secondes plus tard, son téléphone vibra.

> Lyna : Oui ! Monte, je t’ouvre.

Un petit sourire se dessina sur ses lèvres. Il grimpa les escaliers deux par deux.

Quand Lyna ouvrit la porte, elle avait les cheveux en bataille, en pyjama, mais elle rayonnait.

— Victor ! lança-t-elle avec un grand sourire. Quelle bonne surprise ! Entre, entre !

Il entra dans l’appartement baigné d’une lumière douce. Ça sentait le café et la vanille.

— Désolé de débarquer si tôt… dit Victor en passant une main dans ses cheveux.

— Arrête, tu es toujours le bienvenu ici. répondit-elle en refermant la porte derrière lui. T'as déjeuné ?

Il secoua la tête.

— Non… Je comptais prendre juste un café en route.

Lyna éclata de rire.

— Pas question ! Ici, on déjeune correctement. Assieds-toi, je m’en occupe.

Victor s’assit à la petite table de la cuisine tandis qu’elle s’activait : elle sortit des œufs, du pain frais, du fromage.

Le parfum du café chaud emplit rapidement la pièce.

— Alors, comment tu vas ? demanda-t-elle en préparant une omelette.

Victor haussa les épaules, un sourire un peu triste sur le visage.

— On fait aller… Le boulot, la maison... Rien de nouveau.

Lyna lui jeta un regard complice.

— T’inquiète. Parfois, un bon petit-déj, c’est tout ce qu’il faut pour sauver une journée.

Victor rit doucement. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas ressenti cette légèreté.

Quelques minutes plus tard, elle déposa devant lui deux belles assiettes, bien garnies.

— À table ! lança-t-elle joyeusement.

Ils mangèrent en discutant tranquillement, de tout et de rien. Lyna parlait de sa boutique d’habillement en ville, des nouvelles collections qu’elle attendait, des clientes parfois amusantes, parfois insupportables.

Victor l'écoutait avec attention, appréciant cette normalité simple qui lui manquait tant.

Après le repas, ils sortirent ensemble de l’immeuble.

— Tu vas directement à ta boutique ? demanda Victor en marchant à côté d’elle.

— Oui. J’ouvre à 9h. J’ai quelques nouvelles pièces à mettre en vitrine. répondit-elle en souriant.

— Tu travailles beaucoup. remarqua-t-il.

— C’est le prix de la liberté. dit-elle avec un clin d’œil. Et toi, direction le bureau ?

Victor hocha la tête.

— Oui… Une journée classique.

Ils arrivèrent à l’angle de la rue où leurs chemins se séparaient.

— Merci pour le petit-déj. dit Victor, sincèrement.

— Merci à toi d’être passé. répondit Lyna en touchant brièvement son bras. Ça m’a fait plaisir.

Un échange de regards. Un sourire léger.

Puis chacun partit de son côté, le cœur un peu plus léger.