Olufèmi et Olushola continuèrent de discuter. Ils parlaient de beaucoup de choses. La discussion a très vite été poussée sur divers thèmes. Ils se découvrirent l'un et l'autre à travers leurs opinions. Ils en étaient encore là quand Olushola reçut une notification de message. Elle alluma l'écran de son portable, ensuite elle sourit sans dévoiler le contenu du message à son interlocuteur. Puis tout en discutant avec celui-ci, elle rangeait ses affaires dans son sac à main en cuir. Olushola était vêtue d'une robe ovale bleue. Elle portait des ballerines marrons et un bracelet portant l'initiale "J ".
Elle était d'une beauté magnifique, surtout avec les tresses dorées qu'elle avait sur la tête. D'ailleurs, Olufèmi se demandait comment était-il possible qu'elle soit seule au moment où il passait par cet endroit. "Sûrement un arrangement de la part de Dieu", s'est-il dit.
"Je suis désolée, mais je dois rentrer. Il se fait tard." A dit la jeune fille, l'air un peu déçue. "Oh, je n'ai pas vu le temps passé. Désolé." Olufèmi appuya sur sa montre connectée et il venait de se rendre compte qu'ils avaient passé deux heures de temps à discuter.
"Non, ne t'inquiètes pas. Je viens juste de me rappeler que j'avais d'autres choses à faire pour la soirée." Olushola souleva son sac et elle en sortit une écharpe qu'elle enroula à son cou juste avant de se lever. "Je te raccompagne ?" a demandé le jeune homme à ses côtés.
"J'accepte volontiers." Olushola a souri en rejoignant le côté du jeune homme.
Les deux jeunes marchaient lentement à travers le jardin qui les entourait, leurs pas étouffés par le doux tapis de verdure humide. La lumière crépusculaire baignait les lieux, offrant une palette de couleurs pastel qui dansaient sur les pétales des fleurs. Les roses, encore humides de la rosée du soir, reflétaient les teintes pourpres et roses du ciel déclinant.
Au-dessus d'eux, le ciel était un dôme étoilé scintillant. Chaque étoile semblant être un rappel du vaste univers auquel ils appartenaient. Une douce brise balayait le jardin, faisant onduler les branches des arbres environnants et emportant avec elle le parfum enivrant des jasmins en fleur.
Alors qu'Olushola et Olufèmi continuaient leur marche à travers le jardin, un léger silence s'était installé entre eux, rompu seulement par le doux murmure de la brise. Olufèmi, timide, cherchait ses mots, tandis qu'Olushola, avec son sourire chaleureux, tentait de rendre la conversation fluide.
"Ce jardin est vraiment magnifique, n'est-ce pas ?" dit-elle en pointant du doigt les grands arbres illuminés par les étoiles.
Olufèmi acquiesça, un léger sourire aux lèvres, "Oui, c'est un endroit spécial." Il s'interrompit pendant quelques secondes avant de continuer "avec quelqu'un de spécial." Olushola rit doucement. "Espèce de taquin !" Elle lui tapota l'épaule, ce à quoi le jeune garçon répondit en essayant d'esquiver. Les deux arboraient un sourire d'enfants.
Ils marchèrent un moment, écoutant simplement le doux chant des grillons et le lointain murmure de l'eau qui coulait dans la petite fontaine au centre du parc. Alors qu'ils approchaient de la sortie du jardin, Olushola s'arrêta soudainement, ses yeux brillant d'une lueur espiègle.
"Tu sais, Olufèmi," commença-t-elle, "j'ai vraiment apprécié notre soirée. J'espère qu'on pourra se revoir bientôt."
Olufèmi, un peu surpris par sa franchise, répondit doucement, "Moi aussi, mademoiselle. J'ai passé un très bon moment avec vous." Il fit une courbette en signe de courtoisie, mais c'était uniquement pour la taquiner. Elle sourit.
"Alors, il y a de grandes chances qu'on puisse se revoir bientôt ou très très bientôt ? Je ne serais pas contre le fait de souvent passer d'agréables soirées." Il fixa le regard d'Olushola de manière insistante, attendant qu'elle donne une réponse, mais pas n'importe laquelle, bien sûr une réponse affirmative.
"Très sûr qu'on se reverra les jours à venir. Pense à apporter des parapluies au cas où il va pleuvoir." "Tu peux compter sur moi jolie fille."
Il arrêta un conducteur de taxi-moto habituellement appelé zémidjan ou zem au Bénin. Elle indiqua la destination et négocia le prix avec le zem. Ils se tinrent un moment, se regardant dans les yeux, avant qu'Olushola ne se penche et dépose un b****r léger sur la joue d'Olufèmi. Il rougit légèrement, touché par ce geste inattendu.
Sur le point de monter sur la moto, elle ajouta : "Fèmi, ça te va bien comme ça. Je t'enregistrerai sur ce nom là". Olufèmi souria et lui dit : " passes une agréable soirée Shola".
Les deux se firent un geste d'au revoir de la main et le zem démarra. "À bientôt, Olufèmi", murmura-t-elle avant que la moto ne s'éloigne, le laissant seul, le cœur battant, regardant la jeune fille s'éloigner sous le ciel étoilé.
Il n'en revenait pas ses yeux !!! Il venait de tenir une discussion avec une fille. Pas qu'il ne l'avait jamais fait, mais c'était la première fois qu'il réalisait cet exploit avec une parfaite inconnue. Quelqu'un qu'il ne connaissait de nulle part et qu'il n'avait jamais vu auparavant. Pour lui, il venait de remporter le match du siècle ! Sa timidité revînt et il se retrouva entrain de se demander si c'était vraiment lui qui avait discuté avec la jeune fille plus tôt. Quand il se rappela la manière dont il n'avait plus honte de parler et sa voix tremblante qui avait complètement disparu, il voulut rester ainsi tous les autres jours à venir. Malheureusement, ce n'était qu'un rôle qu'il avait joué. Et oui, il s'était mis dans la peau de quelqu'un d'autre pour pouvoir réussir cette mission.
C'en était fini pour le cassanova qui sommeillait en lui. Il devra attendre un autre instant décisif pour espérer retrouver ce personnage ou disons cet autre aspect de lui qui venait de disparaitre. N'oublions pas quand même que le plus grand effort est venu d'Olushola. Elle était une fille très sociable et très sympathique avec un sourire presque divin. Elle a su créer et guider cette entrevue entre eux. Elle venait à peine de partir, mais son visage, sa voix, son parfum, tout était encore dans la tête d'Olufèmi. C'était impossible de l'oublier, surtout pas ce soir là.
Olufèmi prit le chemin du retour vers sa maison. Il sifflotait lorsqu'il marchait à travers les rues de son quartier. La douceur de la nuit enveloppait le quartier, et le ciel étoilé offrait un éclat argenté aux rues familières. Chaque pas qu'il faisait semblait à la fois léger et lourd. Il ne guidait plus ses pas, c'était plutôt eux qui le guidait à présent. Ses pieds avancèrent et continuèrent à avancer encore et encore sans qu'il ne sache lui-même où il allait. Toute sa tête encore pleine du moment qu'il venait de partager.
Les maisons du quartier étaient plongées dans une lumière douce, quelques fenêtres encore éclairées trahissant la vie nocturne de ses habitants. Il n'était pas encore si tard, alors on pouvait remarquer quelques groupes de jeunes de part et d'autre à chaque coin de rue. L'ambiance était lucrative pendant que d'autres se regroupaient autour de tables remplies de bouteilles de boissons, accompagnés de bonnes sonorités.
Les façades des maisons, bien qu'elles aient toujours été familières à Olufèmi, avaient ce soir quelque chose de différent, comme si la nuit apportait avec elle une atmosphère mystérieuse et introspective.
Il savait qu'il n'était qu'à quelques pas de chez lui, mais ce trajet lui semblait soudainement plus long, comme s'il voulait prolonger cette sensation particulière, ce sentiment de vivre un moment hors du temps. Mais finalement, après avoir traversé les rues mouvementés, il arriva devant sa maison, dont la lumière douce à travers les rideaux témoignait du cocon familial qui l'attendait à l'intérieur.
Il entra chez lui et retrouva sa mère au salon assise dans le canapé, la télé allumée. Elle suivait les Novelas et tenait dans ses bras un bébé, la petite soeur d'Olufèmi nommée Vignilé. Olufèmi déposa sur la table le sac qu'il avait ramené et se dirigea vers sa mère.
"Toutes mes excuses mummy, j'ai pris plus de temps que prévu. J'ai eu un imprévu que je devais régler", lança t-il.
- Sa mère : Tu m'as trouvé les produits que je t'ai demandés ?
- Olufèmi : Oui maman, ils sont dans le sac.
- Sa mère : Parfait, j'ai fini la cuisine déjà. Je les utiliserai demain dans la journée.
- Olufèmi : Okay, tu as cuisiné quoi ? J'ai faim hein la mère.
- Sa mère : Glouton ! Viens tenir ta petite soeur, je vais prendre une douche.
Il souria et récupéra Vignilé des bras de sa mère. Elle se leva et le laissa avec la petite fille, poursuivant son chemin vers la chambre.
"Alors, ça va toi ?!" Olufèmi souriait en tenant le minuscule doigt de sa petite sœur. Vignilé avait à peine 1 an et elle était magnifique. Elle lui offrit un sublime sourire en retour, ce qui fit sourire également son frère. Il s'extasiait encore en essayant de ne pas oublier cette magnifique soirée qu'il venait de passer en compagnie d'une parfaite inconnue qu'il avait rencontrée sans s'y attendre. Il n'y avait encore rien entre les deux, mais des idées s'éparpillaient déjà dans sa tête. Il s'installait confortablement dans une utopie.