Chapitre 1

312 Words
1Le processus est toujours le même : je suis enfin parvenu à trouver le sommeil, non sans avoir, comme le plus souvent, succombé à la tentation d’une pilule miracle qui m’a soudain plongé dans les ténèbres, pour me laisser au réveil la tête lourde et la bouche pâteuse. Comme d’habitude, j’ai dormi tout au plus une poignée d’heures avant qu’un coup de vent ne m’arrache aux limbes. Car c’est bien ce que je ressens à chaque fois, une bourrasque froide et violente qui me force à ouvrir les yeux brutalement. Généralement aussi, ce coup de vent tempétueux s’accompagne d’un vacarme digne d’un ouragan tropical qui dévasterait tout sur son passage. Quelquefois, cependant, le souffle d’air ne s’accompagne d’aucun bruit, intrus silencieux qui s’introduit dans l’intimité de ma chambre. Et je crois bien que c’est cette tourmente-là que je redoute le plus, en ce qu’elle me désarçonne par son terrifiant effet de surprise. Invariablement, déjà trempé d’une sueur mauvaise, j’écarquille les yeux, tentant de trouer l’obscurité opaque assurée par les volets électriques dont je m’assure chaque soir qu’ils sont hermétiquement clos. Il m’est arrivé parfois de dormir en laissant entrouvertes des lamelles du store afin que quelques lueurs viennent éclairer le sépulcre de ma chambre. Mais je crois bien que c’était pire, c’était comme si, en plus de la tornade, les éclairs d’un orage mortel venaient zébrer les murs. Alors j’aime encore mieux – si tant est que ce verbe fasse toujours partie de mon triste lexique – dormir dans le noir le plus total, comme le fou condamné à sa cellule capitonnée. Ensuite, lorsque je suis complètement réveillé, hagard et transpirant, assis sur mon séant à scruter les ténèbres qui m’entourent, j’ai soudain l’impression que des boulets enflammés se précipitent sur moi, l’un après l’autre, à toute vitesse. L’impression est fugace, quelques secondes tout au plus (je le sais car j’ai un jour vérifié sur mon radio-réveil le temps qu’avait duré la « crise »), mais elle semble à chaque fois durer des heures. Et puis, aussi brutalement que l’avalanche de feu s’est abattue sur moi, elle reflue tandis que le silence se fait à nouveau.
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