Found Souls - Tome 2

Cover-2

C’est comme ça que j’ai été repéré pour exposer dans la galerie.

Todd est un grand brun recouvert de tatouages tribaux de la tête aux pieds. Il en a même un qui lui recouvre la moitié du visage. Il a de grands yeux bleus et des écarteurs de lobe. Ses tatouages le rendent impressionnant, mais il est doux comme un agneau. Sa femme April, me fait penser à Sarah parfois, elle a les cheveux rouge pétant comme elle, mais les porte différemment, court, en coiffé/décoiffé. Elle a aussi énormément de tatouages et c’est la première à arborer l’un de mes dessins. Elle est également percée et sa langue est coupée en deux comme celle des serpents. C’est assez bizarre, mais ça n’enlève en rien sa gentillesse et sa douceur, même si c’est une petite bombe à retardement, il ne faut pas la chauffer, la guêpe.

Je ne suis plus le même homme. J’ai eu un suivi très rapproché avec Cost quand je suis revenu et c’est en grande partie grâce à lui que j’en suis là aujourd’hui.

Je prends une pause.

Le visage de Zora me fixe à travers les pages et elle me manque, tout à coup. Son goût, sa façon de jouir sous mes doigts. Je n’ai jamais ressenti le quart de ce que j’ai éprouvé avec elle.

Je n’ai pas revu d’autres filles. Je n’en ai même pas envie. Pourtant April m’a présenté pas mal d’amies à elle qui auraient pu me correspondre, fut un temps, mais aujourd’hui il n’y a que Zora. Elle a gardé mon cœur avec elle, en France.

Je redoute le moment où Dave m’annoncera qu’elle a refait sa vie avec quelqu’un.

Je le supporterais difficilement.

Elle le mérite, pourtant. Tellement.

Mon téléphone sonne. C’est Dave.

— Hey, salut !

— Salut !

— Comment vas-tu, Travis ?

— Bien et toi ?

— Très bien. Je t’appelle pour te dire que nous serons présents, Sarah et moi, pour la soirée de bienfaisance.

— Génial, je suis heureux que vous puissiez venir, mon pote.

— Nous avons réservé dans un hôtel proche de la galerie. Nous ne t’embêterons pas, comme ça.

— Vous ne m’embêtez pas. Mais vous serez sûrement plus à l’aise dans votre hôtel que dans mon « deux pièces ».

— Tu devrais acheter un Penthouse, tu gagnes suffisamment d’argent pour ça.

— Je sais, mais je me sens bien dans mon petit appartement. Je verrai bien plus tard.

— OK, alors à très vite. Et prépare-toi à une drôle de surprise.

Il raccroche avant que j’aie pu lui demander de quoi il s’agissait, même si je doute fort qu’il m’aurait répondu.

Je suis vraiment très heureux de revoir mon meilleur ami, mais j’appréhende de revoir Sarah. C’est la meilleure amie de Zora et je sais que je lui ai fait beaucoup de mal, je pense qu’elle me le fera payer d’une façon ou d’une autre.

CHAPITRE 3

ZORA

J’ai enfin trouvé une destination pour la semaine prochaine.

Dans trois jours, je décolle direction le Brésil pour une semaine de soleil, cocktails et détente.

J’appelle Sarah, pour lui dire.

— Hello !

— Salut, ma chérie. Comment vas-tu ?

— Très bien. J’ai enfin déniché l’endroit rêvé pour mon premier voyage !

— C’est génial ma puce. Tu t’envoles où ?

— Direction le Brésil, bébé.

— Ouah ! Si loin ? Je m’attendais à l’Italie ou l’Espagne, pas le Brésil pour une première. Tu pars seule ?

— Bien sûr ! Tu veux que je parte avec qui ?

— Oui, en effet, je suis bête. Et tu pars quand ?

— Dans trois jours !

— Mais ça veut dire que tu pars en même temps que nous.

— Oui, c’est ça. Dans les nuages toutes les deux en même temps.

Nous rigolons. Je suis heureuse, mais je sens que Sarah est toute en retenue.

— Tu n’as pas l’air si contente que ça… Que se passe-t-il ?

— Oh ! Rien, ne t’inquiète pas.

— Sarah, dis-moi.

— C’est Dave, je le trouve vraiment très particulier ces derniers temps.

— Comment ça ?

— Je ne sais pas trop comment t’expliquer, mais il est distant. Beaucoup plus depuis quelques jours.

— Mais la semaine dernière tu me disais qu’il était insatiable ! Je ne comprends pas tout là.

— Ben oui, justement. Du jour au lendemain, plus rien, il n’est jamais là et quand il rentre, c’est pour dormir, tellement il est fatigué. J’appréhende de plus en plus ce voyage en Amérique.

— Mais non, tu te fais des idées. Tu verras bien là-bas, justement tu l’auras pour toi toute seule sans le boulot pour le rappeler ou le retenir.

— Non, je ne l’aurai pas toute seule, tu oublies qu’il n’a pas vu Travis depuis six mois. Je vais me retrouver seule au milieu d’hommes d’affaires et de gens fortunés. Je stresse.

— Mais pourquoi ? Tu es sublime, arrête.

— Tu oublies que j’ai les cheveux rouges, des piercings et des tatouages partout sur le corps et quoique je porte on en voit toujours. Je ne sais pas si je ne vais pas devenir l’attraction du soir et je me demande si ça n’est pas pour ça que Dave est comme cela avec moi.

— Mais voyons, depuis le temps, tu penses vraiment qu’il en a quelque chose à faire du regard des gens sur toi ! Il t’aime, Sarah, ça se voit. Et depuis quand l’avis des personnes que tu ne connais pas a une importance pour toi ?

— Si tu le dis, ma chérie. Ça n’a pas d’importance, mais je ne veux pas voir la gêne dans le regard de l’homme que j’aime si remarques il y a. En tout cas, profite bien de ton voyage. Ne pense à rien d’autre qu’à toi pendant ces quelques jours.

— Merci. Ne t’inquiète pas pour moi, le plus dur sera de monter à bord de l’avion. Ciao, ma belle.

— Ciao.

Je raccroche et regarde sur internet, ce que je pourrai visiter au Brésil pendant ma semaine et les différentes activités que je pourrai faire.

Il faut que je trouve plusieurs distractions pour m’occuper l’esprit et m’empêcher de penser à Sarah et Dave qui seront avec Travis. Je m’inquiète tout de même un peu pour mon amie, j’espère vraiment que ça n’est qu’une passade.

CHAPITRE 4

TRAVIS

C’est le grand soir.

Je me prépare et enfile une chemise blanche. Je dois porter un costume. J’en ai trouvé un qui me correspond. Pantalon noir moulant, chemise blanche cintrée, et veste noire près du corps. Pas de cravate ni de nœud papillon.

Je veux bien ressembler à un pingouin, mais il y a des limites.

Je me regarde une dernière fois dans le miroir et je suis fier de l’homme que je suis devenu en si peu de temps. Je ne remercierai jamais assez Cost pour tout cela. Il est d’ailleurs lui aussi invité ce soir. Je vais également retrouver Dave et je suis très heureux de le revoir.

Je suis le premier arrivé, je regarde mes peintures.

J’ai finalement réussi à en faire quelques-unes supplémentaires.

Tout le monde rentre, petit à petit, la pièce se remplit à vue d’œil. Il y a des gens très fortunés et ils regardent toutes mes œuvres avec grand intérêt. J’espère récolter un maximum pour les associations.

Je remarque Sarah, dès son entrée, elle est sublime avec ses cheveux rouges attachés en chignon haut et sa robe-fourreau noir, on voit la multitude de ses tatouages sur ses bras et sa poitrine. Dave est à ses côtés, il est rayonnant de bonheur. Il a trouvé l’amour de sa vie. Ils s’avancent tous les deux vers moi. Dave me serre dans ses bras. Sarah quant à elle me fixe froidement. Je me suis préparé à ça alors je ne lui en veux pas. C’est normal.

— Travis, félicitation, mon frère. Tes œuvres sont magnifiques.

Dave me serre dans une accolade virile. Bon sang, qu’est-ce qu’il m’a manqué !

— Merci, Dave, merci beaucoup.

Je souris, gêné. Soudain, la main de Sarah se tend vers moi.

— Bonsoir, Travis, félicitations.

Je lui tends la mienne en souriant. Elle m’a manqué, elle aussi.

— Merci, Sarah. Je suis content que tu sois là.

Elle ne répond rien. Un léger froid s’installe, je croise le regard de Cost.

Je m’excuse auprès d’eux, prétextant devoir aller saluer les autres personnes présentes. Je leur promets de revenir très vite.

Je rejoins Cost, qui traîne dans les allées. C’est un bel homme qui approche la soixantaine. Il est comme un père pour moi. Il m’aide à me sentir meilleur et à me donner l’envie de l’être.

— Ça va mon grand ?

— Oui, Cost, très bien.

— C’est lui ton ami Dave ?

Il montre Dave et Sarah du doigt puis me fixe.

— Oui, c’est lui.

— Et qui est la sublime créature à ses côtés ?

— C’est Sarah, sa petite amie.

— Oh ! Sarah, la fameuse meilleure amie de Zora ?

Il connaît tous mes secrets dans les moindres détails et il est au courant pour Zora. Je ne pouvais pas lui cacher les raisons de mon retour ici.

— Oui, la seule et l’unique.

— Pas trop dur de les revoir ?

— Non. J’appréhendais la venue de Sarah, mais finalement ça a l’air d’aller.

— Super, alors profite de ta soirée, mon grand. Je vais rentrer. Je me fais vieux, je n’ai plus l’âge pour toutes ces mondanités.

Il me fait un signe nonchalant de la main et finit sa coupe avant de quitter les lieux.

La soirée se déroule parfaitement et beaucoup de mes œuvres sont achetées au prix fort avant même que les enchères ne débutent.

Je décide de commencer plus tôt que prévu, car à ce rythme-là, il n’y en aura plus.

Je suis aux côtés de Dave et il m’annonce qu’il a une surprise pour Sarah, mais également pour moi. Il me demande l’autorisation de monopoliser la scène à la fin des enchères. Je ne vois pas du tout de quoi il veut parler, mais j’accepte.

Les enchères sont terminées et j’ai récolté plus d’un million de dollars pour les associations.

Dave se lève et prend le micro.

— Votre attention s’il vous plaît. Ce soir est un moment particulier pour mon ami Travis Kurt ici présent et c’est avec le plus grand des honneurs qu’il me donne la permission de parler devant vous. Vous avez sûrement tous remarqué la jolie jeune femme qui m’accompagne. On ne peut pas dire qu’elle passe inaperçue. Elle est à mes yeux la plus belle des créatures sur cette terre. Alors en votre présence, je demande à Sarah de bien vouloir me rejoindre.

Je me tourne vers cette dernière et elle est plus que tendue. Je souris, j’ai deviné pourquoi mon ami était si rayonnant.

Elle se lève et le rejoint.

Tout le monde les regarde.

— Sarah, ma chérie, veux-tu me faire l’honneur de devenir ma femme ?

Sarah plaque ses deux mains sur sa bouche grande ouverte par la surprise, on peut dire qu’il n’y est pas allé par quatre chemins.

Les larmes perlent au coin de ses yeux.

Dave sort un écrin de sa poche et pose un genou à terre. Il lui tend un magnifique saphir.

Celle-ci s’agenouille face à lui et prend la boîte en lui disant.

— OUI…oui mon amour. OUI, OUI, OUI !

Dave et Sarah s’embrassent langoureusement sous les sifflements et les applaudissements de la foule.

Tout le monde reprend sa place et retourne à ses occupations, non sans féliciter les tourtereaux.

Dave s’approche de moi et souffle un bon coup.

— PFIOU ! Merci, mon pote. Et toi ? Me ferais-tu l’honneur d’être mon témoin ?

Je suis estomaqué, je ne m’attendais pas à ce genre de demande. Je suis tellement heureux pour lui ! J’accepte avec plaisir.

C’est dans mes bras que je sens mon ami craquer de bonheur. Des larmes de joie perlent de ses yeux quand il se reprend.

— Je vais me marier, Travis. Qui l’aurait cru ?

Sarah nous rejoint et chuchote quelque chose à l’oreille de mon ami, qui ne le laisse pas indifférent.

Il s’excuse auprès de moi et m’annonce qu’il quitte la soirée pour fêter dignement ses fiançailles avec sa future épouse.

Je les regarde s’éloigner en souriant bêtement.

La soirée est terminée, je remercie toutes les personnes présentes et rentre chez moi plus heureux que jamais.

Je ne pouvais pas mieux espérer pour les associations, mais aussi pour mon ami. Sarah est une belle personne. Elle est faite pour lui.

Voilà qui veut dire que je vais devoir très prochainement prendre un billet pour la France.

CHAPITRE 5

ZORA

Me voilà sur le Tarmac brésilien, la température avoisine les 40 degrés et je ne suis plus habituée aux fortes chaleurs.

Le voyage en avion s’est très bien passé et je n’ai pas arraché les accoudoirs de mon siège. Quelques turbulences m’ont un peu secouée, mais tout va bien.

Je relève mes lunettes de soleil, réajuste mon pantalon fluide en lin et revêts mon chapeau XXL.

J’ai le sentiment de ressembler à une des héroïnes de « s*x and the City ».

Je souris bêtement en repensant à cette série que j’affectionne tant.

Julio, mon guide, un Brésilien pur souche, m’aide à monter mes affaires dans le taxi qui m’emmène à l’hôtel.

Il monte à mes côtés et m’explique qu’il me guidera tout le long du séjour.

Je suis rassurée de l’avoir avec moi. Je ne serais jamais seule et il est très agréable.