Jade
Je ne dors pas.
Je ne dors jamais vraiment.
Le sommeil, c’est pour ceux qui ont la paix.
Moi, je calcule.
Allongée dans ce lit d’appoint, entre des draps qui ne sont pas à moi, je m’imprègne.
Je laisse le tissu, l’air, les ombres s’habituer à ma présence.
Je deviens familière. Je deviens normale.
Et lentement, je remplace.
La maison dort.
Mais moi, j’écoute.
Les soupirs étouffés.
Le bois qui craque au-dessus de moi.
L’étage où Clara se débat pour exister encore dans un lit qui la rejette.
Je souris dans l’obscurité.
Elle ne comprend pas encore.
Mais elle sent. Elle sent que quelque chose glisse sous ses pieds.
Et c’est ça, le plus beau.
Je me lève, silencieuse.
Le parquet est froid, brut sous mes pieds nus.
J’effleure la commode, le miroir.
Tout ici est rangé, pol
