L'épouse de Christian DAVIS.

Chapitre deuxième

- Arrête de me harceler Whity !

Hailey finit de ramasser les vêtements qu'elle venait tout juste de repasser et se dirigea vers sa chambre pour les ranger, Whity entre les jambes. La grosse chienne à la toison toute blanche ne cessait de se frôler contre elle en remuant inlassablement la queue. La jeune femme savait ce que lui demandait l'animal mais elle n'avait pas envie de le lui offrir.

Il faisait très froid dehors, l'hiver ayant pointé le bout de son nez depuis deux semaines environs. Les flocons de neige ne cessaient de s'entasser sur les toits des maisons, sur les arbres et surtout sur le sol. En ce temps là, les gens ne sortaient que par nécessité, préférant rester chez eux bien au chaud devant leur cheminée ou devant une tasse de thé fumante. Mais ce matin, il neigeait très finement, signe que l'on pouvait s'adonner à une petite promenade et c'est celà qui excitait si tant Whity ; elle voulait se promener.

- Une autre fois ma princesse. Je n'ai pas envie de sortir aujourd'hui, marmonna Hailey à l'intention de la chienne.

Mais celle ci ne l'entendit pas de cette oreille puisqu'elle s'en alla au salon au pas de course pour revenir ensuite avec sa laisse dans la gueule; elle était décidée à sortir ce matin. La jeune femme soupira et lui prit la laisse qu'elle lui accrocha sur son collier. Ensuite, elle alla se vêtir d'un gros pull et de bottines avant de prendre une écharpe qu'elle enroula autour du cou de Whity.

- Nous allons sortir juste quelques minutes et t'as pas intérêt à me faire courir ok?

La chienne aboya pour montrer son approbation et elles sortirent enfin dehors après qu'elle ait minutieusement verrouillée la porte. Contente de se retrouver dans la neige, Whity se mit à sautiller joyeusement en poussant des petits «Wouaf!», ce qui amusa Hailey. Cela fera bientôt 2 ans qu'elles se côtoyaient et la brune n'avait encore jamais regrettée cela. Whity était plus qu'un animal de compagnie, elle était une confidente. Elle savait tout ce que sa maîtresse endurait, elle était toujours là pour la soutenir. Les chiens sont tout comme les êtres humains; ils peuvent ressentir nos émotions que ce soit la joie, la tristesse, le bonheur, la peine... Ils entendent et comprennent tout ce qu'on leur dit. Ils n'utilisent pas le même langage que nous mais lorsque nous nous efforçons de les comprendre, nous finissons par découvrir que leur langage à eux n'est pas si difficile et est même très amusant.

Whity avait été le cadeau d'anniversaire de Hailey pour ses 21 ans; c'était Anna qui le lui avait offert. Elle se rappelait encore sa joie lorsqu'elle avait vue la rousse débarquer chez elle avec un chiot aux poils blancs, un «Happy Birthday Hailey !» à la bouche. Elles avaient même organisées une petite fête d'anniversaire chez Anna qui y avait invitée quelques uns de ses amis. Ce fut une belle soirée et pour la première fois de sa vie, Hailey avait décidée de briser son masque de fille timide et réservée pour revêtir celui de la grande fêtarde. C'était comme si elle savait que c'était la dernière fois où elle aurait l'occasion de s'amuser ainsi alors elle devrait en profiter pleinement tant qu'elle y était. Comme si elle savait que son anniversaire prochain, elle le passerait toute seule dans sa chambre, devant une bougie et Whity sur ses cuisses.

Anna avait été une étincelle lumineuse dans sa vie si sombre de solitude. Ce fut une jeune femme pleine de vie avec une joie contagieuse. Hailey la voyait encore le premier jour où elles s'étaient rencontrées. À ce moment là, il lui était impossible d'imaginer qu'elle allait s'attacher à cette jeune femme aux cheveux roux et aux yeux noisettes au point où sa perte allait la plonger dans une profonde dépression.

Née d'une famille modeste dont elle était l'unique enfant, Hailey avait été gâtée par la nature en ce qui concernait avoir des parents. Sa mère, Lisa Moore, était une belle femme de taille moyenne aux cheveux châtains clairs. Si entre temps, Hailey avait héritée de ses beaux yeux émeraudes et de son teint laiteux, elle n'avait malheureusement rien pris de son élégance et de sa prestance.

Son père, Rony Moore était quant à lui un homme de grande taille dotée d'une chevelure sombre et d'un regard noisette. Contrairement à sa femme, il était très renfermé et parlait peu mais cela ne l'avait pas empêché d'être un père aimant pour sa fille. Rony travaillait dans une des plus grandes banques du pays en tant que caissier. C'était un travail très délicat qui nécessitait beaucoup de concentration et de sérieux mais heureusement, tout cela faisait partie de ses qualités.

Malheureusement pour lui, il existe et existera toujours des coups de la vie.

Rony fut accusé de détournement de fonds et avait été emprisonné malgré toutes ses protestations. Il avait apparemment volé une somme de 1.500.000$ qu'il devait expressément rembourser.

Cet événement avait jeté un froid sur la famille Moore. Hailey avait confiance en son père et savait à quel point il était honnête. Lisa quant à elle avait dépensée la quasi-totalité de ses revenus afin de pouvoir payer la caution de libération de son mari, elle préférait ça au fait de payer un avocat. L'affaire de l'emprisonnement du jeune homme avait fait le tour de New-York. Hailey ne pouvait plus sortir sans entendre des murmures moqueurs à son endroit. À l'école, certains allaient même jusqu'à la traiter de «fille de voleur». Ce fut un vrai calvaire pour la jeune fille qu'elle en faisait souvent des crises d'angoisse.

Finalement, Rony passa six mois en prison avant qu'ils ne parviennent à le libérer. Hailey faillie s'évanouir en le voyant si amaigri et désemparé. En six mois, il n'avait plus rien de l'homme charismatique et imposant qu'il était ; il n'était plus que l'ombre de lui-même. Ayant à présent un casier judiciaire, il lui était impossible de travailler dans une banque et il n'y avait pas moyen qu'une société veuille embaucher un ancien prisonnier ayant de surcroît été accusé de détournement de fonds: il était officiellement au chômage. Toutes les charges financières revenaient à présent à Lisa et avec son boulot de secrétaire, c'était très difficile.

À un moment donné, Rony avait commencé à tomber malade, il était d'une pâleur alarmante et il vomissait par moment du sang. Au début, il se disait que ce n'était rien et le cachait à sa femme ainsi que sa fille mais au fil du temps, tout s'était empiré. Il avait donc été urgemment transporté à l'hôpital où on leur avait annoncé qu'il souffrait d'une maladie étrange et qu'il était condamné. Le docteur affirmait qu'il avait été contaminé durant son séjour en prison et que son espérance de vie se réduisait à deux petites semaines. Hailey n'en revenait pas, c'était un vrai cauchemar. L'homme qui l'avait vu naître et grandir, qui l'emmenait chaque matin à l'école, qui l'aidait à faire ses exercices de mathématiques, qui la consolait quand elle était triste.... qu'elle appelait affectueusement «papa» allait s'éteindre sous ses yeux sans qu'elle ne puisse rien y faire. Comment concevoir qu'un être aussi cher puisse nous quitter aussi simplement en un rien de temps ? Pourquoi est-ce que la vie faisait des choses aussi horribles ? Rony n'avait rien fait.

Il avait été injustement emprisonné pour une faute qu'il n'avait jamais commis et cerise sur le gâteau, il s'était retrouvé à traîner une maladie mortelle qui l'avait condamné. La douleur était très intense mais Hailey ne pouvait pas s'empêcher de rester avec son père qui voyait ses dernières heures lui échapper. Il avait considérablement maigrit, il ne restait plus que sa peau anormalement blanche collée à ses os. Son regard était terne, ses yeux, enfoncés dans leurs orbites et ses tempes étaient creusées. Petit à petit, les deux semaines s'écoulèrent et le cœur de Rony commençait à battre au ralenti signe qu'il s'en allait déjà. Mais avant il avait serré de toutes ses forces les mains des deux personnes les plus importantes de sa vie et avait fait promettre à sa fille de veiller sur sa femme.

Il y avaient encore quelques mois, Rony était un banquier très respecté, Lisa, une secrétaire enviée. Ils avaient tous une vie heureuse et paisible dans une luxueuse villa balnéaire. Et puis du jour au lendemain, tout a basculé. Rony était décédé des suites d'une courte maladie et Lisa était tombée dans une dépression aiguë. Elle avait finie par perdre son travail et il y avait à peine de quoi survivre à la maison. Hailey s'est vue obligée d'abandonner ses études, faute de moyens. Cependant, le cas de sa mère ne faisait qu'empirer de jour en jour au point où le psychologue en charge d'elle finit par leur conseiller l'asile psychiatrique.

Au départ, la jeune fille avait catégoriquement refusée de faire interner sa mère prétextant que cette dernière avait juste besoin de temps pour se remettre des évènements précédents mais plus les jours passaient et plus elle avait dû admettre que Lisa n'avait plus rien d'une personne normale. Elle d'ordinaire si attentive à son apparence aborrait maintenant une mine épouvantable avec d'énormes cernes sous les yeux. Elle parlait seule et c'était la plupart du temps pour déblatérer des phrases sans queue ni tête. Il lui arrivait même de se mettre à hurler en pleine nuit comme si elle voyait des monstres dans son sommeil. Hailey avait donc vendue quelques biens afin de pouvoir payer les frais d'internement de sa mère. Celle ci n'avait même opposée aucune résistance lorsqu'on l'emmenait à l'asile; plus rien n'importait pour elle désormais. La jeune fille s'était donc retrouvée toute seule dans cette grande villa. Parfois, elle sortait chercher du travail dans les restaurants mais dès qu'elle donnait son nom, elle entendait : «Hé mais c'est la fille de Rony Moore ! Tu sais, le banquier qui a volé plus d'un million de dollars !» «Qu'est-ce qui prouve que t'es pas venue nous voler aussi hein ? Les chiens font pas des chats !» «Desolé mais il y a pas de place pour les voleurs ici!»

Elle rentrait toujours bredouille et les larmes aux yeux.

Comment les gens pouvaient-ils être aussi cruels? Il n'y avait donc personne avec un peu de cœur pour voir à quel point elle souffrait de tout ces préjugés ? Pourquoi fallait-il qu'ils agissent tous comme si elle était un déchet irrécupérable ?

Hailey pleurait tout les jours que Dieu faisait, enfermée dans sa chambre. Quand elle s'aventurait à jeter un coup d'œil dehors, elle voyait tout ce dont elle avait été privée : le bonheur. Mais il fallait qu'elle reconnaisse qu'elle ne pouvait plus vivre ainsi, sa mère avait besoin d'elle. Aussi, elle était déterminée à prouver au monde entier que son père était innocent et ce avec des preuves flagrantes. Tout ceci était bien facile à dire mais l'exécution demandait beaucoup plus de détermination et de courage qu'elle en détenait. Elle continua donc à rendre visite à sa mère et à chercher du travail malgré toutes les humiliations. C'est alors qu'elle rencontra Annabelle Ross, rousse aux yeux noisettes et gérante d'un grand restaurant luxueux. Lorsque Hailey lui avait demandée du travail, elle s'était déjà attendue à un rejet mais étonnement, elle lui avait simplement commandée un repas chaud et une boisson. La brune n'en revenait pas mais Anna n'avait fait aucun commentaire sur sa personnalité et lui avait demandée la raison qui la poussait à vouloir travailler comme serveuse. Elles avaient ensuite longuement discutées et en fin de compte, la rousse lui avait remise la tenue violette que portaient ses serveuses. Hailey n'avait pas pu se retenir de crier de joie et pour la première fois depuis des mois, elle avait sourit. C'est ainsi que leur amitié avait débutée, une amitié solide et réconfortante. Lisa était décédée quelques mois après et les larmes avaient encore repris. Mais cette fois-ci, il y avait Anna. Cette fille agissait comme un baume sur son cœur blessé et elle lui sera éternellement reconnaissante. Mais comme on le dit souvent, les bonnes choses ne sont pas faites pour durer, il y a un temps à tout. Tout comme Rony et Lisa, Anna aussi s'en était allée mais c'était avant de lui avoir confiée son foetus. La jeune rousse était maladive, elle avait elle aussi été condamnée. Hailey avait revue le même schéma qu'avec son père, à croire qu'elle portait la poisse. Le plus grand souhait d'Annabelle était d'avoir un enfant, elle tenait à mourir en sachant qu'elle avait laissée un souvenir d'elle parmi les vivants. Mais les médecins lui avaient déconseillés de tomber enceinte en raison de son état de santé instable alors elle avait trouvée une idée : faire une insémination artificielle lorsque l'oeuf se formera, elle allait le transférer chez une mère porteuse. Lorsqu'elle avait fait part de son idée à la brune, cette dernière n'avait pas hésitée à accepter de porter son enfant. C'était pour elle une façon de lui dire un dernier «merci»....

Oooohhhh my god!!!! Ça fait trooooopp longtemps m***e!! Vous m'avez drôlement manqués hein !! Mais bon, voici notre second chapitre. Il est entièrement consacré au passé de notre personnage principal Hailey Moore. Ah là là, un passé que je ne souhaiterai même pas à mon pire ennemie. Bref, à très vite pour un nouveau chapitre !!!

Je vous adore !!!!