Chapitre 58 : Sur la poupe, Syres demeurait immobile, silhouette sombre découpée sur l’horizon mouvant. Le roulis soulevait à peine ses épaules, comme s’il se fondait dans la respiration du vent. Sa chevelure noire, soulevée par les rafales, accentuait encore la dureté de son profil. Il semblait taillé dans la même matière que la mer qu’il contemplait : froide, impénétrable, indomptable. Un peu plus loin, Eve s’était réfugiée derrière une poutre. Elle ne perdait pas une miette de cette présence qui la magnétisait autant qu’elle la détruisait. Son cœur battait trop fort, lourd d’un amour qui n’avait jamais reçu autre chose que du mépris. Était-ce donc sa destinée ? Porter ce nom honni et perdre l’unique être qu’elle désirait ? Elle aurait tant voulu être une autre, ne jamais naître Blac

