POV d’Ambers
La chaleur écrasante du mois de juillet nous tombait dessus sans aucune pitié, pendant qu’on se prélassait sur la plage. Le sable brûlant, les cris des mouettes, le clapotis régulier des vagues — tout ressemblait à une scène tirée d’un film hollywoodien. Rien de mieux que la mer pour savourer les derniers jours avant la rentrée.
Soupir. Déjà la rentrée.
Bref, inutile d’y penser, sinon je vais finir avec une migraine pas possible.
— Hey, Ambers ! Sexy boys à douze heures !
Je lève à peine un sourcil. Évidemment il fallait que ce soit cette folle de Beverley, autrement dit Ley.
— Ley, tu vois bien que je suis en mode relaxation, alors épargne-moi tes délires. Et je doute que Nico soit ravi de savoir que sa copine matte d’autres mecs.
— T’occupe, Nico sait très bien que je ne mate pas pour me rincer l’œil, mais pour chasser… en ton nom.
Je roule des yeux.
— Et voilà, ça recommence. Sérieusement, vous n’en avez pas marre de jouer les cupidons ? Ce n’est pas parce que je vous supporte que je vais participer à vos gamineries.
— Ce ne sont pas des gamineries, c’est pour ton bien ! Tu ne peux pas rester éternellement célibataire. Une fille comme toi, c’est un gâchis cosmique !
Je soupire, désespérée.
— Tu sais quoi ? J’abandonne. Vous me fatiguez.
— Ce ne sont pas des histoires, mais des faits !
Beverley m’observe de haut en bas, mains sur les hanches.
— Non mais regarde-toi. Une bombe pareille et toujours célibataire ? C’est une insulte à la gente féminine et masculine.
Je lui lance un regard du style « t’es sérieuse, là ? ».
— Ne me regarde pas comme ça, tu sais que j’ai raison. Féminine, parce que tu donnes une image froide et intouchable. Masculine, parce que tu rejettes tous ceux qui t’approchent. À force, les mecs commencent à douter de leur s*x-appeal.
— Tu parles trop.
— Et toi, pas assez ! s’offusque-t-elle en croisant les bras.
Elle me tire une moue boudeuse.
— Allez ! En tant que BFF, tu devrais me soutenir dans ma mission sacrée : te caser avant la fin du monde.
— J’te rappelle qu’il n’y a pas marqué “soutien inconditionnel” sur mon front.
— Please ! Si tu regardes juste avec moi, je promets de ne plus t’embêter pendant une semaine. Elle joint les mains, yeux suppliants. — Par pitié, ne me laisse pas mater toute seule, sinon j’aurai l’air d’une psychopathe.
Je me retiens de rire.
— Mais t’es une psychopathe. Bon… cinq minutes. Pas plus. Et tu m’achètes un milkshake tous les jours pendant un mois.
— Adjugé ! s’écrie-t-elle en tapant dans ses mains avant de tourner ma tête de force. — Regarde-moi ça : de la chair fraîche bien tendre, prête à être dévorée.
J’avoue, ils sont pas mal. Musclés, bronzés, sourires hollywoodiens… le cliché. Mais je reste de marbre.
— T’as vu le brun en short bleu ? Miam. Je l’échangerais bien contre Nico un de ces jou—
— Qui vas-tu échanger contre moi ?
On se retourne : Nico, plateau de boissons à la main, faussement outré.
— Prise la main dans le sac. Je pars quinze minutes et vous complotez déjà ma destitution ? Quelle tragédie !
Ley se jette sur lui avec ses yeux de chat et l’embrasse sur les joues. Ils sont intenables.
— Sorry, bébé, je rigolais. C’était pour pousser notre chère princesse glaciale à réagir. Tu sais bien que dans tout l’univers, il n’y a que toi pour moi dans mon cœur et mon âme. Les autres n’arrivent même pas à la cheville de ton… hum… charisme fessier. De plus il est pas si beau que ça, ses lèvres sont trop grosses. S'il te plait bébé, pardonnes à ta chère et tendre copine qui est trop love de toi depuis le berceau, qui t'a offert son cœur en primaire et qui t'a promis amour, fidélité, sincérité, franchise, humour, drame et caprice aux collège mais surtout qui t'a juré tienne pour toujours et à jamais dans le temps, contre vent et marée depuis le lycée. Ô toi mon roi, mon chéri, l'élu de mon cœur, celui que j'aime tant mangé et adoré je te prie de bien vouloir pardonné cette erreur qui est sorti de cette bouche que vous aimés tant mangé.
Je me cache derrière mes lunettes pour ne pas exploser de rire.
— Waouh, déclare Nico en prenant un air royal. Une telle déclaration mérite bien un pardon… à condition que je goûte à ce qui m’est dû.
— Volontiers, votre majesté, répond-elle en se jetant à nouveau sur lui.
Je détourne les yeux, blasée.
— Bon, j’en ai assez vu, je vais chercher une glace.
---
Quelques minutes plus tard…
Je reviens, ma glace à la main. Ley et Nico sont allongés sur leur serviette, toujours en train de s’embrasser entre deux rires.
— Vous avez bientôt fini votre télé-novela ou je peux m’asseoir ?
Beverley éclate de rire.
— Oh, notre princesse des glaces revient enfin ! Alors, tu as trouvé un prétendant au stand de glaces ?
— Ouais. Il s’appelait “Cornet vanille”. Très charmant.
— Ambers, soupire-t-elle, tu devrais apprendre à être un peu plus ouverte.
Je fronce les sourcils.
— Ouverte à quoi ? Aux ennuis ?
— Non, aux gens. À l’amour, peut-être ? On est jeunes, c’est le moment de vivre, de s’amuser !
— L’amour, c’est pour les rêveuses. Moi, j’ai pas assez d'énergie pour ça.
Elle s’allonge à côté de moi, tourne la tête.
— Tu dis ça, mais je sais que tu veux juste pas revivre ce que t’as vécu.
Je me crispe. Silence.
— Ce que j’ai vécu, c’est mon problème. Pas le tien.
— Ambers…
— Ley, s’il te plaît. Pas aujourd’hui.
Le bruit des vagues couvre nos voix. On reste là, à regarder l’horizon, chacune perdue dans ses pensées.
---