Il était onze heures dix lorsque je reçus un message d'Ethan.
« Salut ! Je suis vraiment désolé, je viens de me réveiller, mais on se voit à onze heures trente quand même ! Tu m'expliqueras tout ça, j'ai des choses à raconter aussi... »
Je fus rassurée. Ethan habitait à dix minutes à pieds de chez moi, alors je commençai à enfiler mes chaussures. J'avais fait un sac car je passerai le week-end chez mon meilleur ami. Ça m'arrangeait d'un côté, je n'avais pas à supporter ma famille de tout le week-end. Mes baskets étant désormais à mes pieds, je mis ma veste puis passai le sac sur mon épaule. J'ouvris la porte d'entrée et sortis dans la montée de mon immeuble. Je fermai la porte à double tours derrière moi et dévalai les escaliers, pensive. Maintenant j'étais sûre d'avoir des sentiments pour Ethan, et ce depuis longtemps, mais je ne m'en étais jamais rendue compte avant. Je ne savais pas s'il fallait les lui avouer un jour. Le dire me libérerait, mais je ne voulais pas perdre Ethan. Je ne pouvais pas prendre ce risque.
Je venais de quitter l'immeuble, marchant à présent dans la rue. L'air était frais et doux, comme un matin tranquille. Des voitures circulaient sur la route, créant un bruit de fond. Il y avait quelques piétons par ci par là. Le soleil était haut dans le ciel, éclairant les bâtiments autour. On voyait en arrière-plan la silhouette des montagnes roussies par l'approche de l'automne. Je stoppai net dans ma rêverie lorsqu'une voiture freina de justesse devant moi. J'avais traversé un passage piéton sans m'en apercevoir.
Je m'excusai avant de me précipiter vers le trottoir. Je poursuivis mon chemin en faisant plus attention, Ethan envahissant mes pensées. J'avais envie découter de la musique, mais je venais d'arriver au pied de l'immeuble où habitait Ethan. Je regardai l'heure sur ma montre à l'ancienne. Il était onze heures vingt quatre. J'ouvris la première porte et sonnai à l'interphone. Ethan ne répondit même pas et se contenta de directement ouvrir la porte. Il habitait au deuxième étage, et n'ayant aucune envie de prendre l'ascenseur, je montai par les escaliers. Arrivée devant sa porte, je toquai. Ethan ouvrit la porte une fraction de secondes après, un large sourire étirant ses lèvres.
– Salut !
– Salut.
Il se décala et m'invita à entrer. Je connaissais déjà son appartement pour y être venue plusieurs fois. Rien avait changé, à part que cette fois une odeur parfumée planait dans l'air. Mon meilleur ami portait ses vêtements habituels, un jean et un sweat à capuche vert. Je me déchaussai, enlevai ma veste pour la poser sur le porte manteau et suivis Ethan dans sa chambre. Nous nous installâmes par terre, sur son tapis, comme d'habitude. Nous étions face à face, assis en tailleur. J'attendais qu'il parle le premier.
– Tu vas bien ? Je suis vraiment désolé de ne pas avoir répondu plus tôt. J'ai fait un rêve étrange.
– Oui, ce n'est pas grave. Tu me racontes ?
Il me décrivit en détail son rêve. Un loup aux yeux verts, les mêmes yeux que Lucy, une pièce étrange, des flacons remplis d'une substance bleu vif,...Je pensais que ça n'était pas un hasard. Il devait y avoir une explication, un message, car Ethan ne faisait jamais ce genre de rêves. Je pris la parole uniquement à la fin de son récit.
– C'est étrange, en effet. Il y a forcément une explication, quelque chose qui se cache derrière tout ça. Il n'y a pas longtemps, j'ai fait une chute de tension dans ma chambre, j'ai ouvert les yeux et j'étais dans ma cuisine.
– Ce matin, quand j'ai voulu glisser dans mon couloir, tout a ralenti autour de moi, je voyais chaque détail, une mouche qui volait, tout, et ensuite tout est redevenu normal, et j'avais fini ma glissade.
– Nous allons y réfléchir et mener une enquête. Tu me dis s'il t'arrive d'autres choses.
– Tu devais me parler d'Astrée ?
– Oui, elle ma appelée ce matin.
Je lui racontai tout, enfin presque, cachant les passages de méchanceté gratuite sur lui. Je ne voulais pas que ça le blesse, surtout venant d'Astrée. Il ne méritait pas ça.
– Écoute, Nina. Astrée n'est pas celle qu'on croyait être, et c'est tant pis. Tu n'as pas à te sentir mal à cause d'elle parce qu'elle ne mérite pas que tu te sentes mal pour elle. Alors oublions-la, d'accord ?
Je hochai la tête et souris.
– Merci Ethan.
– C'est normal.
Nous restâmes pendant un long moment à nous regarder, fuir du regard, détourner les yeux d'un air embarrassé et chercher quoi dire. Mon cœur battait encore la chamade, rendant ma respiration difficile. Je mourais d'envie de tout lui avouer, mais craignais sa réaction. Je ne savais plus quoi faire de mes mains et tentais de me calmer en les posant sur mes genoux. Ethan sembla remarquer ma panique générale.
– Qu'est-ce qu'il y a ? Il y a un problème ?
– Non non ! Euh...Je ne savais juste pas quoi faire...
Ma crédibilité restait de zéro, et Ethan savait que j'inventais tout ce qui me passait par la tête. Il n'insista pas plus. Ma tête commençait à surchauffer et je me sentais bouillir de l'intérieur. Je devais certainement être rouge comme une tomate. Mon meilleur ami commençait sérieusement à s'inquiéter.
– Non mais là ça se voit il y a un problème ! Tu veux que j'ouvre la fenêtre ? Tu as envie de vomir ? Tu fais une crise d'angoisse ?
Il était en panique totale et s'était levé. Il ouvrit la fenêtre tout en m'observant du coin de l'œil.
– Je vais bien Ethan, je t'assure !
– Qu'est-ce qu'il y a alors ?
– Rien, vraiment.
– Je sais qu'il y a quelque chose !
– Je ne sais pas...
– Je m'inquiète vraiment là. Nina...
– N'insiste pas plus, s'il te plaît.
Il n'ajouta rien et se calma. Il se rassit face à moi. Voyant mon visage toujours aussi rouge, il prit ma main et posa ses doigts sur mon poignet.
– Ton cœur bat vite.
– Bien vu.
– Pourquoi ?
– Parce que tu es là.
– Tu veux que je parte ? Pas de souci je vais aller dans le salon en attendant...
– Non !
Il posa mes doigts sur son poignet, là où je sentis son pouls aussi rapide que le mien.
– Tu vois ?
Il prit ma main dans la sienne et la serra fort. Je crus que j'allais exploser.
– Nina, je dois te dire quelque chose...