III SALAMMBÔLa lune se levait à ras des flots, et, sur la ville encore couverte de ténèbres, des points lumineux, des blancheurs brillaient : le timon d’un char dans une cour, quelque haillon de toile suspendu, l’angle d’un mur, un collier d’or à la poitrine d’un dieu. Les boules de verre sur les toits des temples rayonnaient çà et là comme de gros diamants. Mais de vagues ruines, des tas de terre noire, des jardins faisaient des masses plus sombres dans l’obscurité, et au bas de Malqua, des filets de pêcheurs s’étendaient d’une maison à l’autre, comme de gigantesques chauves-souris déployant leurs ailes. On n’entendait plus le grincement des roues hydrauliques qui apportaient l’eau au dernier étage des palais ; et au milieu des terrasses les chameaux reposaient tranquillement, couchés su

