Chapitre 2

1832 Words
Chapitre 2 Tandis que Kyle survolait le nord de Manhattan, il ne s’était jamais senti aussi euphorique. Derrière lui, volait Sergei, son dévoué soldat, et derrière celui-ci, des cen- taines de vampires qui s’étaient ralliés à eux en cours de route. Kyle portait maintenant la fabuleuse Épée dans son ceinturon, et il n’avait pas besoin d’en dire plus. La nouvelle s’était répandue comme une traînée de poudre dans les rangs des vampires malveillants de la côte Est et, pendant que Kyle les survolait, plusieurs cercles étaient impatients de se joindre à lui. Ils savaient que la guerre était déclenchée, et la réputation de Kyle l’avait précédé. Ces vampires mercenaires savaient que, peu importe où il se rendait, il préparait un mauvais coup. Et ils voulaient y prendre part. Kyle était électrisé par l’armée qui grossissait der- rière lui, et se sentit emporté par un vent de confiance au-dessus de la ville. Sergei s’était bien débrouillé en saisissant l’Épée et en frappant cette fille, Caitlin. En fait, Kyle avait été surpris. Il ne pensait pas qu’il possé- dait une telle fougue. Il l’avait sous-estimé. En guise de récompense, il lui avait laissé la vie sauve, en considé- rant aussi qu’il ferait un bon acolyte. Il était particuliè- rement impressionné que Sergei lui ait loyalement tendu l’Épée aussitôt sorti de la chapelle du roi. Oui, Sergei connaissait son rang. S’il continuait de la sorte, Kyle pourrait le promouvoir, en lui octroyant peut-être même sa propre petite armée. Kyle détestait la plupart des choses chez la plupart des gens mais, s’il y avait une chose qu’il estimait, c’était bien la loyauté. Surtout après ce que son peuple, le cercle de Blacktide, lui avait fait subir. Après des millénaires de loyauté, Rexius, leur chef suprême, avait banni Kyle comme s’il n’était qu’une quantité négligeable, comme si ces milliers d’années de loyaux services ne signi- fiaient plus rien. Tout cela pour une seule petite erreur. C’était inconcevable. Le plan de Kyle s’était déroulé à la perfection. Maintenant qu’il brandissait l’Épée, plus rien — abso- lument rien — ne se mettrait en travers de son chemin. Il mènerait la guerre contre la race humaine, et contre les autres races de vampires. Comme Kyle poursuivait sa route vers le centre- ville, survolant maintenant Harlem, il dirigea son regard vers le sol, utilisant sa vision vampirique pour faire un gros plan. son sourire s’élargit aussitôt. Il avait bien réussi à répandre la peste bubonique. La ville était sens dessus dessous. Ces petits humains pathétiques se précipitaient en tous sens, conduisant leurs voitures à l’envers dans les voies à sens unique, se disputant entre eux, dévalisant les magasins. Il pouvait voir que la plupart des humains montraient les signes horribles de l’infection. Il pouvait également voir les cadavres qui s’entassaient déjà à tous les coins de rue. C’était l’apocalypse. Rien n’aurait pu le rendre plus heureux. Ce n’était plus qu’une question de jours avant que tous les humains de la ville ne soient atteints. À ce moment, Kyle et ses troupes élimineraient facilement ceux qui seraient encore debout. Et ils se nourriraient comme ils ne l’avaient jamais fait. Puis, ils réduiraient le reste de la race humaine en esclavage. Il ne restait qu’un tout petit obstacle sur son chemin. Le cercle Blanc. Ces vampires pathétiques qui se nour- rissent uniquement d’animaux, et qui se pensent meilleurs que tous les autres. Oui, ils essaieraient de s’opposer. Mais ils ne pourraient se mesurer à l’Épée. Lorsqu’il en aurait fini avec les humains, Kyle les anni- hilerait à leur tour. Mais tout d’abord, il allait prendre la place qui lui revenait dans son propre cercle. Et il le ferait brutale- ment. Rexius avait commis une grave erreur en le punis- sant, pensa Kyle, tout en levant la main et en touchant les cicatrices qui durcissaient tout le long d’un côté de son visage. C’était son horrible châtiment, sa punition pour avoir laissé Caitlin s’échapper. Rexius paierait pour chacune des cicatrices de Kyle. Rexius était puissant, mais maintenant qu’il avait l’Épée, Kyle était bien plus puissant. Kyle n’aurait pas de repos tant que Rexius ne succomberait pas de sa propre main, et tant qu’il ne deviendrait pas lui-même le nouveau chef suprême. Cette pensée fit naître un grand sourire sur le visage de Kyle. Chef suprême. Après tous ces millé- naires. Il le méritait bien. C’était sa destinée. Kyle et ses hom mes cont i nuèrent de voler, au- dessus de Central Park, au-dessus du Midtown, au- dessus d’Union Square, au-dessus de Greenwich Village… pour arriver enfin à l’Hôtel de ville de New York, le City Hall. Kyle descendit avec grâce, atterrissant sur ses pieds, et la volée constituée maintenant de centaines de vampires se posa derrière lui. L’armée de Kyle avait g rossi de façon invraisemblable. Tout un retour, pensa-t-il. Kyle s’apprêtait à foncer vers la grille du City Hall, à défoncer ses portes et à déclencher sa guerre, lorsqu’il remarqua quelque chose du coin de l’œil. Quelque chose qui l’agaçait. Kyle utilisa sa vision pour faire un gros plan sur une zone située à plusieurs coins de rue de là. Il exa- mina de plus près le chaos qui régnait en face du pont de Brooklyn. Des centaines de voitures étaient prises dans un embouteillage, collées l’une sur l’autre, empi- lées en face du pont. attendant toutes pour sortir. Mais l’accès leur était interdit. De nombreux chars d’assaut et camions militaires barraient la route, et on pouvait voir à leur sommet des dizaines de soldats qui pointaient leurs armes sur la foule. Manifestement, aucun humain n’avait le droit de quitter l’île de Manhattan. Les militaires ne voulaient vraisemblable- ment pas que la peste se propage. Ils avaient probable- ment bloqué tous les ponts et tunnels. D’une certaine façon, c’était exactement ce que sou- haitait Kyle: ça lui faciliterait la tâche, puisque tous les humains seraient emprisonnés à Manhattan, et ils pourraient les tuer plus facilement. Mais d’un autre côté, maintenant qu’il voyait tout ça de ses propres yeux, ça l’écœurait. Il détestait l’auto- rité — en tout genre. et ça incluait les militaires. il sym- pathisait presque avec la masse des humains, qui réclamait à grands cris de sortir de l’île. Ils en étaient empêchés par des figures d’autorité. Kyle sentit le sang bouillir dans ses veines à cette pensée. Au même moment, il eut une nouvelle idée. Pourquoi ne pas laisser un certain nombre d’humains s’échapper de l’île? En fait, cela ne pourrait que servir ses desseins. Ils répandraient davantage la peste. À Brooklyn pour commencer. Oui, ce serait très utile. Kyle prit soudainement son envol, et vola jusqu’à la base du pont de Brooklyn. Immédiatement, les cen- taines de vampires qui le suivaient l’imitèrent. Bien, pensa-t-il. Ils étaient loyaux et obéissants, et ils ne posaient pas de questions. Ce serait une armée très commode. Kyle se posa à la base du pont de Brooklyn, atterris- sant sur le capot d’une voiture. Et les centaines de vam- pires se posèrent sur les voitures derrière lui, leur botte claquant sur le métal à l’atterrissage. Les klaxons se mirent soudainement à rugir. C’était comme si les humains n’aimaient vraiment pas qu’on marche sur leurs voitures. Un nouvel élan de rage s’em- para de Kyle, tandis qu’il mesurait l’ingratitude de ces humains pathétiques, faisant retentir leurs klaxons alors qu’il leur venait en aide. Debout sur le capot d’un VUS Saab, qui klaxonnait à ses oreilles, il freina son élan. Il s’apprêtait à sauter pour aller régler leur compte aux militaires. Mais au lieu de cela, il se retourna lentement et regarda, à travers le pare-brise, la famille qui lui lançait des regards furieux. C’était une famille typique de très bon goût. Sur les sièges avant se trouvaient le mari et la femme, dans la quarantaine, et derrière eux, leurs deux enfants. Le mari abaissa sa vitre et agita son poing en direction de Kyle. — Dégage de mon capot! beugla l’homme. Kyle posa un genou sur le capot, tira son bras vers l’arrière et propulsa son poing à travers le pare-brise. Il agrippa l’homme par le collet de son polo, et d’un seul mouvement le tira à lui, à travers le pare-brise. Des éclats de verre volèrent dans toutes les directions pen- dant que la femme et les enfants se mirent à pousser des cris d’horreur. Kyle se tint sur le capot, un sourire estampé sur le visage, tandis qu’il soulevait l’homme au-dessus de sa tête. L’homme gémissait et pleurait, la tête couverte de sang, coupée par les éclats de verre. Kyle tendit le bras vers l’arrière et, avec un large sourire, propulsa l’homme dans les airs comme un avion de papier. L’homme vola sur une centaine de mètres pour atterrir, plus loin dans le bouchon, sur le capot d’une autre voiture. Mort, souhaita Kyle. Kyle revint à son affaire. Il sauta de la voiture et marcha rapidement en direction des énormes chars d’assaut qui bloquaient le pont. Derrière lui, il perçut le mouvement de ses centaines de fidèles soldats qui le suivaient. Tandis que Kyle approchait, tous les soldats humains se raidirent. Plusieurs pointèrent leur mitrailleuse vers lui. Il y avait un périmètre d’une bonne trentaine de mètres devant les chars d’assaut, où il n’y avait per- sonne ni aucun véhicule, et que personne ne semblait avoir envie de franchir. Mais Kyle traversa joyeusement la ligne, marchant dans la zone déserte, en direction des chars d’assaut. Pas un geste! cria un soldat dans un méga- phone. Ne faites PLUs un pas! Nous TIRERONS à vue! Le sourire de Kyle s’agrandit, tandis qu’il continuait d’avancer en direction des chars d’assaut. J’ai dit PAS UN GESTE! cria à nouveau le soldat. C’est le DERNIER avertissement! Un couvre- feu est imposé! Nous avons l’ordre de tirer sur quiconque pen- dant la nuit! Le sourire de Kyle s’élargit encore. La nuit m’appartient, répondit-il. Kyle continua d’avancer, et ils ouvrirent soudaine- ment le feu. Des dizaines et des dizaines de soldats tiraient avec leurs mitrailleuses sur Kyle et ses hommes. Kyle sentit la douleur causée par les balles qui rico- chaient sur lui. Une après l’autre, elles rebondissaient de sa poitrine, de ses bras, de sa tête et de ses jambes. Elles donnaient la sensation de gouttes de pluie, tom- bant un peu plus dru. Il sourit en pensant à ces armes humaines minables. Kyle remarqua l’expression horrifiée qui couvrait le visage des soldats, tandis qu’ils réalisaient qu’il n’était même pas ébranlé. Ils n’arrivaient manifestement pas à comprendre comment il faisait pour tenir encore debout, de même que tous ceux qui le suivaient. Mais ils n’eurent pas le temps de réagir. Kyle marcha jusqu’au char d’assaut le plus proche, se plaça sous lui, posa ses mains sous les chenilles et, avec sa force surhumaine, le souleva au-dessus de sa tête. Il fit plusieurs pas, transportant le char au-dessus de sa tête, et arriva jusqu’au parapet du pont. Plusieurs soldats, hors d’équilibre, tombèrent du char d’assaut pendant qu’il marchait. Mais des dizaines d’autres s’accrochè- r e nt, s’ag r ippa nt dé s e sp é r éme nt au x piè ce s métalliques. Grave erreur. Kyle fit trois grandes enjambées, balança le char vers l’arrière, puis le projeta de toutes ses forces vers l’avant. Il fila dans les airs par-dessus le pont de Brooklyn, plongeant plusieurs dizaines de mètres plus bas en direction du fleuve. Le char d’assaut tourna sur lui- même, et les soldats hurlaient en perdant prise et en piquant vers l’eau. Le char s’écrasa finalement sur l’eau en produisant une gigantesque éclaboussure. Soudainement, le bouchon de circulation s’anima. Sans hésiter, les New-Yorkais inquiets appuyèrent sur l’accélérateur, et les voitures s’engouffrèrent à toute vitesse dans la brèche qui venait de s’ouvrir sur le pont. Quelques secondes plus tard, des centaines de voitures prenaient la fuite de Manhattan. Kyle regarda leurs visages comme ils passaient à sa hauteur, et put constater que plusieurs étaient déjà infectés par la peste. Il fit un grand sourire. Ça s’annonçait pour être une nuit fantastique.
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