Matie, quant à elle, avait eu une fille qu’elle avait dû abandonner devant un orphelinat. La vie ne l’avait pas ménagée.
La cachette qu’elle occupait dans le désert avait rapidement montré ses limites. Bientôt privée d’eau, de nourriture, et surtout d’argent, elle n’eut d’autre choix que de la quitter. Clark et Nate lui avaient proposé leur aide, mais par fierté, elle avait refusé. Cette cachette n’avait jamais été conçue pour y vivre, seulement pour s’y réfugier, le temps que les choses se tassent.
Et puis, avoir un enfant dans sa situation lui enlevait toute liberté d’agir. Or, sa vengeance n’était pas terminée. Il restait Damien Même s’ils étaient à la fois demi-frère et cousins, cela n’effaçait pas ce qu’il avait fait.
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Pendant ce temps, Nate lui avait accompli sa mission venger son frère. Lui et Clark s’étaient lancés dans un tour du monde qu’ils avaient achevé après huit longues années.
Clark, en apparence modeste , était en réalité un riche héritier. Aujourd’hui, il devait retourner dans le monde des affaires, comme sa mère le lui avait tant de fois supplié. Ce retour avait été difficile à accepter pour lui, mais il avait fini par céder.
La mort de son père avait tout bouleversé. Cet homme s’était opposé avec violence à son homosexualité, et était mort sans jamais le reconnaître autrement que comme une anomalie, une honte. Cette douleur, Clark la portait encore. Mais désormais, il avançait.
Lui et Nate s’étaient installés à New York, où se trouvait le siège de l’entreprise de construction familiale. Ils venaient à peine d’entrer dans leur nouvelle demeure une luxueuse villa, entièrement aménagée.
À peine avaient-ils posé les valises que le téléphone de Clark vibra. Un rappel , il avait un rendez-vous avec un collaborateur étranger à l’hôtel La Parisienne.
Troquant sa culotte fine et ses sandales contre un costume trois-pièces noir taillé sur mesure, il sortit du dressing, élégant et sûr de lui. Nate l’attendait assis sur le lit, un sourire complice sur les lèvres.
— Wahou, bebs, t’es canon, dit Nate, les yeux brillants.
— Ah bon ? répondit Clark, en s’approchant doucement.
Il l’embrassa avec sensualité.
— Tu veux arriver en retard, c’est ça ? murmura Nate, mettant fin au b****r.
— Ce ne serait ni la première ni la dernière fois , souffla Clark, les yeux chargés de désir.
— Non, file ! dit Nate en le poussant gentiment hors de la chambre.
— Au retour, alors ! lança Clark alors que Nate refermait la porte, un sourire aux lèvres.
Le chauffeur attendait déjà devant la villa. Après avoir affronté la circulation dense de New York, Clark descendit enfin devant l’hôtel.
À l’intérieur, Laurie, fidèle à son poste, vit le portier s’avancer pour ouvrir la porte à un nouveau client. Elle afficha aussitôt son plus beau sourire, comme à son habitude Mais en croisant le regard de l’homme, elle se figea. Tout comme lui.
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Flore avait disparu depuis plusieurs semaines déjà.
Sa mère, ainsi que tout le clan, s’inquiétaient de plus en plus.Luca, son compagnon qui n’était autre que le fils de l’Alpha avait fouillé la forêt de sapins canadiens comme jamais auparavant. Tout portait à croire qu’elle avait été capturée par des chasseurs.
Ils étaient même descendus en ville pour tenter de la retrouver en vain.
Sur la place du village, les membres du clan s’étaient rassemblés.L’Alpha, un homme d’un certain âge au regard grave, prit la parole
— La situation est plus que préoccupante. Je pense qu’il est temps de convoquer l’Alpha suprême et de lui en faire part.
Tous acquiescèrent en silence.
Charlotte, la mère de Flore, n’avait pas fermé l’œil depuis la disparition de sa fille.Un mauvais pressentiment la rongeait, lui tordant les entrailles.
C’est dans ce même clan que vivaient Stella, George et sa mère.Stella connaissait bien Flore c’était même sa meilleure amie.
Depuis le départ de Juliette, qui appelait régulièrement sa mère pour donner de ses nouvelles, la vie avait repris son cours. Juliette était enceinte et devait leur rendre visite dans les mois à venir.
Stella, elle, se maudissait de ne pas avoir suivi Flore ce jour-là. Ils venaient tout juste de rentrer tous les quatre.
— Damien va donc venir ici,
dit Stella à voix haute, exprimant tout haut ce que beaucoup pensaient en silence.
— On va devoir partir encore une fois ? demanda-t-elle à George.
— Techniquement, ce n’est pas l’Alpha que nous fuyons, répondit-il avec calme.Et puis, changer de clan n’a jamais été un crime.
Stella, au fond, était impatiente de revoir Damien.
En huit ans, elle avait eu quelques aventures, mais rien de sérieux.Aucun n’avait réussi à lui faire oublier Damien.Le destin semblait s’acharner à les réunir encore et encore.
Soudain, la sonnerie retentit dans la maison.
C’était Charlotte, la mère de Flore.
Elle s’était toujours bien entendue avec le groupe.
C’était grâce à elle que Stella, George et Katie s’étaient facilement intégrés dans le clan.
Charlotte était douce, gentille et incroyablement drôle.Parfois, Stella avait même l’étrange impression que Charlotte connaissait George, Katie et sa propre mère depuis bien plus longtemps qu’elle ne le disait.
— Luca est inconsolable. Il patrouille tous les jours dans la forêt, à la recherche du moindre indice,
dit Charlotte, la voix brisée.
— Le pauvre petit.
souffla George avec compassion.
Fatiguée de les écouter parler, Stella préféra sortir prendre l’air.
Elle s’était habituée à courir dans la neige.
Au début, cela lui demandait énormément d’énergie, et elle se fatiguait vite.Mais aujourd’hui, elle avait gagné en endurance. Son corps s’était adapté.
Le village, perdu au milieu de la forêt, était complètement isolé.À moins de savoir exactement où chercher, il était presque impossible de le trouver.
Alors qu’elle courait, une odeur étrange vint chatouiller ses narines.Particulière. Différente.
Inconnue.
Comme une abeille attirée par du miel, elle sentit une force irrésistible l’attirer vers cette fragrance mystérieuse.Elle devait savoir d’où venait cette odeur.