L'Alpha Sans Cœur

Chapitre Quatre

Point de vue de Lily

Il s'est arrêté sur les escaliers et m'a regardée. Comme s'il n'était pas déjà assez grand, cela était encore plus intimidant.

"Oui, nous. Tu es ma femme et Luna de cette meute."

"Euh..."

"Ne t'inquiète pas. Tu as ta propre chambre." Hein ?

Avant que je puisse demander, il s'est précipité dans les escaliers, moi me dépêchant de le suivre. Je me sentais étourdie et haletante lorsque nous sommes arrivés à notre étage. Des années à être affamée pendant de longues périodes font ça je suppose. Je me suis traînée dans le couloir, manquant de peu de rentrer dans son dos quand il s'est arrêté brusquement devant une porte.

"C'est ta chambre. Ma chambre est en face." Il a pointé une porte adjacente à la mienne. "Des vêtements arriveront demain pour toi."

Sans un mot de plus, il a ouvert sa porte et est entré, la refermant sur mon visage choqué. Avec un air hébété, j'ai ouvert ma propre porte et je suis entrée. Je ne sais pas pourquoi je m'attendais à ce qu'elle soit petite ; de vieilles habitudes je suppose. Elle était immense. Le sol était couvert d'un tapis moelleux gris doux. Un lit king-size était contre le mur, implorant une bonne nuit de sommeil. En face du lit, il y avait une cheminée à l'ancienne, déjà allumée et remplissant la pièce de chaleur et d'une douce lueur ; une pile de bois soigneusement empilée était placée à côté. Des rideaux blancs étaient tirés devant des portes vitrées qui semblaient s'ouvrir sur un balcon. J'ai supposé que la porte à ma droite était une salle de bain et les doubles portes en bois menaient à un placard. Encore une fois, ce n'était pas ce que j'avais imaginé.

"Ça alors, nous n'avions pas imaginé que nous aurions notre propre chambre, n'est-ce pas ?" A marmonné Aya.

"Non. Mais c'est mieux que de dormir avec lui, non ?"

"Peut-être. Mais quel était le but de tout ça si nous ne devons pas être ensemble ?"

Je n'avais pas de réponse à cela. Cela semblait futile. Il agissait comme si avoir une compagne et une Luna, sans parler d'une femme, était la dernière chose qu'il voulait.

"Peut-être que c'est mieux ainsi ? Après tout, il est... lui-même."

"J'ai aussi besoin de créer des liens avec mon compagnon, Lily. Et si on ne nous le permet pas ?" A-t-elle gémi.

"Nous vivons ici Aya. Tôt ou tard, nous rencontrerons son loup."

"Je suppose."

Ce n'était pas la même chose, je le savais. Aya devait créer son propre lien avec le loup de l'Alpha. Jouer ensemble, chasser ensemble. La pensée qu'elle ne puisse pas faire ces choses la rendait extrêmement triste.

"Il a un nom tu sais", a-t-elle dit.

"C'est bizarre de l'appeler Dimitri. Et s'il n'aime pas ça ? Et si personne d'autre ne l'appelle comme ça ?"

"Tu penses trop."

"Je ne crois pas."

Bâillant, j'ai enlevé mes chaussures et je me suis dirigée vers le lit. Un grand sourire s'est étiré sur mon visage tandis que je m'allongeais. Je n'avais jamais dormi dans un vrai lit auparavant. Mes arrangements de couchage à Snow Moon se composaient de quelques matelas sales remplis de trous sur le sol. Comparativement, c'était le paradis. N'ayant rien d'autre pour dormir, j'ai disposé les jupes de ma robe sous les couvertures et je me suis endormie en quelques minutes.

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Je me suis réveillée en sentant quelqu'un me secouer l'épaule. Ça ne pouvait pas être Evelyn ; elle m'aurait traînée hors du lit. Alors que je devenais plus consciente, les souvenirs de la veille me revenaient en mémoire et je me suis levée si rapidement que la personne assise à côté de moi a poussé un cri de surprise.

"Désolée ! Je ne voulais pas te faire peur !"

Une fille se tenait au bord du lit, les mains levées comme pour se rendre. Elle avait les cheveux blonds dorés mi-longs, une peau pâle et sans défaut, et un corps à faire rêver. Sa silhouette en forme de sablier était quelque chose d'envieux. Ce que j'ai remarqué le plus, c'était ses yeux. Ils étaient d'une teinte similaire à celle de mon mari, peut-être un peu plus foncée. J'ai cligné des yeux et j'ai remarqué qu'elle ressemblait effectivement beaucoup à Dimitri.

"Qui es-tu ?" Ai-je demandé.

Elle m'a souri doucement, tendant sa main. "Je suis Thara, la sœur de Dimitri. Il m'a envoyée ici pour te regarder. Je ne voulais pas te réveiller aussi brusquement."

J'ai pris sa main et j'ai serré une fois. "Me regarder ?"

"Je suis médecin à l'hôpital de la meute. Dimitri a dit que tu avais l'air... un peu malade. Est-ce que ça te dérange si je t'examine ?"

"Est-ce que j'ai le choix ?"

Elle a ri. "Non, pas vraiment. Tu es la Luna après tout, nous avons besoin de toi en pleine forme !"

"Euh... d'accord, vas-y."

"Je vais avoir besoin que tu te changes d'abord. Des vêtements sont arrivés ce matin pour toi. J'ai mis un short et un t-shirt dans la salle de bain pour toi."

"Ce matin ? Quelle heure est-il maintenant ?"

"Juste un peu après treize heures."

Eh merde. J'ai dormi plus de douze heures. Je ne pouvais pas me plaindre cependant, je me sentais plus reposée que je ne l'avais été depuis des années. Je me suis assise et je me suis étirée, balançant mes jambes par-dessus le bord du lit et me dirigeant vers la salle de bain. Fermant la porte, j'ai fait ce que j'avais à faire tout en regardant autour de moi. Il y avait une douche indépendante avec ce qui semblait être trois pommes de douche différentes, et une baignoire séparée à pattes blanches dont j'allais certainement profiter plus tard. Le plan de travail avait un long lavabo avec deux robinets, un miroir gigantesque et il était poli jusqu'à briller. Le sol était en carreaux noirs, également exceptionnellement brillants, avec des tapis de bain à motifs floraux placés devant la douche et la baignoire. Je me suis débarrassée de ma robe et je l'ai jetée dans le panier à linge en osier près de la porte.

Reprenant mon souffle, j'ai regardé mon reflet dans le miroir et j'ai crié. Nom d'une pipe, pas étonnant que Dimitri n'ait pas voulu m'embrasser ! Ou me toucher, ou même être près de moi en fait. Des ecchymoses violettes et noires éclatantes couvraient mes joues où Evelyn m'avait giflée. Ma lèvre était aussi gonflée, comment n'ai-je pas remarqué ça ? Mes cheveux étaient sortis de leur attache pendant que je dormais et étaient maintenant un enchevêtrement de nœuds. Mon regard est descendu et j'ai grimacé. Des bleus parsemaient ma peau de tailles différentes de mes épaules jusqu'à mon torse, et mes jambes n'étaient pas en meilleur état. Je pouvais compter mes côtes et ma clavicule ressortait de façon écœurante contre ma peau pâle.

J'avais toujours eu une poitrine volumineuse, indépendamment de mon poids, mais elle paraissait étrange et déformée en comparaison avec le reste de mon corps. Je n'avais absolument aucun muscle, j'étais littéralement peau et os. J'étais hideuse. Un petit cri silencieux s'est échappé de mes lèvres pendant que je prenais les vêtements que Thara avait préparés pour moi et m'habillais rapidement. Essuyant mes yeux, j'ai ouvert la porte et je suis retournée dans la chambre d'un pas déterminé. Thara disposait des outils sur le lit, un stéthoscope, un brassard de tension. Quelque chose qui ressemblait à un petit marteau.

"Si tu peux t'asseoir au bord du lit, je vais prendre tes constantes." A-t-elle dit. Je me suis assise docilement pendant qu'elle attachait le brassard autour de mon bras et regardait sa montre, comptant. Ses sourcils se sont froncés légèrement, et elle a griffonné quelque chose dans un petit carnet noir. Ensuite, elle a écouté ma respiration et a testé mes réflexes. Son expression est devenue de plus en plus inquiète au fur et à mesure de son examen.

"Luna, peux-tu t'allonger sur le lit s'il te plaît ?" A-t-elle demandé en continuant d'écrire dans son carnet. J'ai fait ce qu'elle avait demandé et j'ai posé mes mains sur mon estomac.

"Tu peux m'appeler Lily." Ai-je dit. Elle a levé les yeux et a souri.

"Lily, donc." Mettant son carnet de côté. "Je vais devoir examiner ton abdomen... Je vais avoir besoin que tu enlèves ta chemise. Ce n'est pas invasif, et ça ne prendra pas longtemps, je te le promets."

"Euh... oui, d'accord. Bien sûr." Je me suis redressée et j'ai enlevé ma chemise, me rallongeant ensuite. Les yeux de Thara se sont écarquillés en me fixant. Un petit soupir est sorti de ses lèvres avant qu'elle ne reprenne ses esprits et se mette au travail. Tâtant et palpant avec ses doigts, elle m'a demandé si certains endroits étaient sensibles, douloureux. Quand j'ai répondu non, elle m'a regardée d'un air sévère, alors je me suis résignée un peu et j'ai été honnête. Alors qu'elle griffonnait fébrilement dans son petit carnet, elle m'a demandé de me retourner sur le ventre. Quand je l'ai fait, le son du stylo contre le papier s'est arrêté brusquement.

"Ma Déesse..."

J'ai fermé les yeux de honte et d'embarras. Je savais à quoi ressemblait mon dos. Quand l'Alpha Theo était dans une humeur particulièrement violente, il utilisait un couteau en argent sur moi. Seulement sur mon dos, car c'était la partie la plus facile à dissimuler. Ma peau était marquée de cicatrices qui ne guériraient jamais complètement. Elles s'étendaient de sous mes omoplates jusqu'en bas de ma colonne vertébrale, partout.

"Comment... Comment as-tu eu ça ?" A demandé Thara. Elle a passé son doigt sur une cicatrice particulièrement profonde.

"De l'argent." Ai-je murmuré.

"De l'argent comment ? Un couteau ?"

J'ai hoché la tête en silence.

"Qui t'a fait ça ? Tu n'aurais pas pu le faire toi-même. Qui ?" A-t-elle demandé.

Que devais-je dire ? Je ne pouvais pas accuser l'Alpha Theo. Je doutais que Thara me croirait de toute façon.

"Qui ?" A insisté Thara d'une voix plus dure.

"Un membre de Snow Moon." Ai-je dit.

"Quel membre ?"

J'ai secoué la tête. Elle a poussé un soupir exaspéré. Je me suis redressée et j'ai remis rapidement ma chemise.

"D'accord. Tu n'as pas besoin de me le dire. Mais je te dis maintenant que Dimitri voudra savoir."

"Pourquoi ? Ce n'est pas comme s'il se préoccupait de toute façon. Juste une autre chose répugnante à mon sujet."

"Qu'est-ce qui te fait penser ça ?" A-t-elle demandé les yeux grands ouverts.